La cité ouvrière de la rue Littré et de la rue du Bourbonnais se situe à Lyon Vaise, dans le 9e arrondissement, au centre d´un quartier industriel, et à proximité de la Gare de Vaise. La création de la rue Littré en 1908 fait suite à la demande d´un groupe d´ouvriers du 5ème arrondissement (rattachement au 9ème en 1954) constitué en Société. L´ouverture de cette voie de 12 m. de large sur 220 m. de long, à l´angle de la rue du Bourbonnais (BP 38/66) et dans le prolongement de la rue des Tuileries, est réclamée à la ville pour faire construire, sur le terrain de 9 068 m2 appartenant à la Société, 20 maisons hygiéniques à bon marché.
Lors des dépôts de permis de construire en 1908-1909, des maisons sur cour, jumelées pour certaines, sont conçues par les architectes MM. Victor Adrien Robert et Emile Auguste Chollat. Sa dénomination en rue Littré (Emile Littré, mathématicien, philologue (1801-1881)) date de 1910. La plupart des propriétaires regroupés sous le Groupement des Habitations Hygiéniques de Lyon-Vaise sont des ouvriers de la ligne Paris-Lyon-Marseille. Cependant ceux-ci sont rejoints par des employés municipaux et quelques cadres pour 10 constructions au Nord-Ouest de la rue. Ces maisons sont édifiées grâce au concours financier de la Caisse d'Epargne du Rhône qui accorde des facilités de prêt. C'est dans la région Rhône-Alpes, la première application de la loi sociale des habitations à bon marché.
Aujourd´hui, cette cité-jardin est donc composée de 30 maisons et de trois immeubles accolés. Ces maisons jumelles ou isolées sont élevées à partir d'un modèle donné par les architectes, mais chacun a pu les complétées par des éléments distincts. Pour certaines, un agrandissement (de type véranda, atelier, pièces supplémentaires) ou un garage ont été réalisés par la suite. Une typologie apparaît nettement dans leur construction et dans le décor des façades, même si certaines possèdent un décor plus fourni selon la catégorie socio-professionnelle du propriétaire. Cette rue correspond aux exemples de cités ouvrières où un modèle d'habitation est répété de façon symétrique mais qui sont rares à Lyon. Proche de la Gare de Vaise, cette rue est enclavée dans un quartier industriel notamment avec l´implantation de la Compagnie générale d´électricité et du gaz puis de l´usine Rhodiaceta devenant Rhône-Poulenc textile SA. Deux maisons (n°19/27) et un terrain (BP 48/128) donnant sur la rue Littré appartenaient à cette entreprise. La première maison donne accès directement à l'usine qui se situait à l'arrière, aujourd'hui encore cet accès existe et est utilisé, ainsi qu'un chemin au sud-ouest contournant l'impasse.
Ces maisons individuelles qui composent la rue en commençant par le retour de la rue du Bourbonnais sont insérées dans un tissu urbain et industriel dans la volonté d'une proximité du lieu de travail. La construction d'un immeuble d'habitation collectif, dès 1911 (date portée), au n°51, 53, 55 de la rue du Bourbonnais, à l'angle de la rue Littré suit les mêmes principes de proximité. Soutenue par les industriels lyonnais, la Société d'Habitations Hygiéniques à Bon Marché et pour familles nombreuses de Lyon-Vaise a été constituée en 1912. L'édification dite de 'trois maisons collectives ouvrières' de 5 étages abritant 40 logements de 2 à 4 pièces forme un immeuble collectif de 80 logements établi sur un terrain de 2 500 m2. Cet immeuble collectif est édifié par les mêmes architectes MM. Robert et Chollat, en 1911, alors que la rue Littré est percée et ses maisons pour la plupart achevées. Cet immeuble s´accompagne à l´arrière d´un jardin avec terrain d'étendage. Il a fait l'objet d'une récente réhabilitation et d'un ravalement de façade en 1995. Au 2 de la rue Littré, sur la même parcelle, de nouveaux immeubles seront édifiés plus tardivement en 1925-1927 par l'architecte Paul Bellemain. De nombreux ouvriers des chemins de fer (PLM) et employés divers furent les premiers locataires de ces appartements. Cette cité ouvrière garde une grande cohérence urbaine dans son emplacement et dans sa fonction.