Dossier d’œuvre architecture IA69001601 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Anciens jardins ouvriers de la Rhodiaceta entre Gorge de Loup et Loyasse
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon patrimoine industriel - Lyon
  • Commune Lyon 9e
  • Adresse 80 montée de L'Observance , 57 rue Sergent Michel Berthet
  • Cadastre 1984 BV 28 Les jardins ouvriers situés à Gorge-de-Loup sont localisés au : 57 rue Sergent Michel Berthet et au 80 montée de l'Observance. Deux entrées celles du haut et celle du bas.
  • Dénominations
    jardin ouvrier
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin ouvrier

Naissance de la Rhodiaceta de Vaise :

Le 22 octobre 1924, la société Brissac frères cède à la société Rhodiaceta le domaine de la pépinière Royale et du Faysant à Lyon-Vaise. On peut voir encore aujourd'hui la maison du Faysant (XVIe siècle) dite maison Bini du nom du marchand florentin qui l'a fait construire, protégée monuments historiques (inscrite en 1989), et qui correspondait à la limite sud de l'usine. L'ensemble était connexe aux jardins ouvriers de la Rhodia.

Les jardins ouvriers de la Rhodiaceta "Jardin Familial de la Rodhia" sont situés à Gorge-de-Loup dans la pente qui part du cimetière Loyasse et descendent jusqu'à la parcelle de l'ancienne usine disparue aujourd'hui. Deux accès sont localisés soient par le bas au 57 rue Sergent Michel Berthet, soit par le haut au 80 montée de l'Observance. Ils ont très certainement été créés dans la foulée de la création de l'usine entre 1928 et 1930. Actuellement la répartition des jardins "Les Coquelicots", est découpée en deux jardins dans le 9e arrondissement : l'entrée des jardins Voie ferrée est située au 110 rue Pierre Audry est rattachée à l'association des jardins familiaux de la ville de Lyon. Les Jardins du bas de Loyasse dont l'entrée est située au 13 rue du Bas de Loyasse appartient toujours aux jardins de la Rhodiaceta.

Cette filature de la soie artificielle est créée à Vaise (9e arrondissement), 45 rue du Tunnel, en 1927-1928. La Rhodiaceta, rattachée au groupe Gillet puis au groupe Rhône-Poulenc veut faire adopter aux soyeux lyonnais un nouveau traitement de la soie artificielle à partir d'acétate de cellulose avec emploi à froid de liquide inflammable. Cette usine servira de modèle aux filatures américaines de Dupont de Nemours. C'est là où va naître le premier nylon européen. On fabrique de la rayonne à l'acétate de cellulose. Les fils ainsi obtenus sont employés couramment dans la soierie, la rubannerie et la bonneterie. C'est en 1929 que le premier fil teinté dans la masse, le Nérane, est créé, puis en 1931, c'est la création de l'Albène et en 1935 apparaissent les fibres. Pour la fabrication du fil d'acétate, on utilise les linters de coton avec lesquels on produit la cellulose, ces linters seront remplacés par la pâte de bois dès 1940 pour les besoins militaires. Les métiers de filature seront adaptés à cette nouvelle fabrication. Au début des années 1930, l'attention du service de la répression des fraudes va être portée sur l'utilisation multiple des termes de soie artificielle, et sur le terme de soie pour des fils qui ne sont pas exclusivement le produit du bombix Mori (vers à soie). En 1932, l'entreprise doit rajouter le terme d'artificielle à sa raison sociale et pour faire disparaître toute allusion à la soie naturelle (en latin seta), le terme Rhodiaseta est orthographié Rhodiaceta. L'activité de l'usine s'arrête en 1981. Les bâtiments sont détruits à l'exception de l'ancien centre de recherche de la Rhodiaceta et du second site construit dans les années 1950 rue Joannès Masset toujours à Vaise. Le premier bâtiment est réutilisé par la Chambre du Commerce et de l'Industrie, puis à partir de 1987 par la société Fiducial, groupe qui vend de l'expertise et du service comptable et juridique aux petites entreprises. En 1994, le groupe Saci fourniture de bureau, rattaché au groupe Fiducial, s'installe et construit un bâtiment connexe au bâtiment d'origine. Le second site est réutilisé en grande partie par la société de fabrique de chocolat Voisin et par un parc d'activités multiples. Il reste également un volant de machine à vapeur sauvegardé par une association et installé comme une sculpture commémorative de cette usine dans la nouvelle rue Cassin (pas très passante). Au départ, ce volant aurait dû être installé à Gorge de Loup bien visible à la sortie du métro. Plaque du volant : "En ce lieu, pendant plus de 60 ans, de 1924 à 1987, la société Rhodiaceta, devenue ensuite Rhône-Poulenc textile, a produit des fibres artificielles (acétate de cellulose) et synthétique (nylon). Ce volant de machine à vapeur symbolise l'activité déployée par des milliers d'hommes et de femmes, chercheurs, ouvriers, techniciens, employés, ingénieurs et agents commerciaux, qui ont contribué au succès de cette industrie et à l'animation de ce quartier". Mais la mémoire de cette usine est encore vivace : nombre de rues porte le nom d'anciens travailleurs de la Rhodia : Laure Diébold, bibliothécaire à la Rhodia et résistante, déportée par les allemands, Pierre Audry, ingénieur au service recherche, mort pendant la Seconde Guerre mondiale, Daniel Decot, Mourad Mouradian, grand syndicaliste, et Michel Berthet mort en Algérie, l'ancienne rue du Tunnel porte son nom aujourd'hui.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
    • Principale : 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1928, daté par source
    • 1994

Section Rhodia : superficie : 36 134 m² équivalent à plus de 150 parcelles.

Jean-Christophe Bailly a écrit des pages remarquables sur les jardins ouvriers qu’il qualifie de surfaces de repos, réparties un peu partout dans la ville. Son regard les interroge et dépasse la dimension politique en les décrivant comme « des lieux à rêver », une sorte d’utopie montrant une autre façon d’habiter la terre. Il alerte toutefois sur les prémices d’une réglementation plus normative qui viendrait gommer une part du rêve en standardisant à outrance ces jardins locatifs qu’il qualifie de fragments discrets d’utopie.

  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Il reste de l'usine d'origine un volant de machine à vapeur situé aujourd'hui rue Cassin (à proximité de l'emplacement de l'usine démolie), exposé comme une sculpture et rappelant la mémoire de cette usine très importante de Vaise. Ce monument a été érigé à l'initiative des associations de retraités de Rhône-Poulenc, grâce à l'aide de la communauté urbaine de Lyon, de la ville de Lyon et de la mairie du 9eme arrondissement.

Documents d'archives

  • AD Rhône : sous-série 5M, dossier n° 324, établissements classés, Société anonyme Rhodiaseta, avec plan 1925

    AD Rhône : sous-série 5M, dossier n° 324

Bibliographie

  • Bailly J.-C., Le dépaysement, voyages en France, Points, 2011

    p. 57-67
  • CAYEZ, Pierre. Rhône-Poulenc, 1895-1975, Paris, Armand Colin/Masson, 1988

  • RHODIACETA Revue trimestrielle réservée au personnel de la société. N° 4 Hiver numéro spécial consacré à l'usine U.T.N. Lyon, 1966

  • JACQUET, V., LIZANET, G. Visages d'une usine textile à Lyon de 1924 à 1987. Cll. Mémoires locales, l'âge libre, Dittmar et cie, 1992.

Annexes

  • Réglement des jardins municipaux de 1916
  • Préface de Pierre Vourlat
  • Contexte urbain
  • La mémoire de la Rhodiaceta
  • Contexte de création des jardins ouvriers à Lyon
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville de Lyon