La voirie du secteur d'étude "Saint-André" présente plusieurs grilles viaires juxtaposées et témoigne de quatre campagnes successives.
On reconnait l'emprise des chemins et voies d'Ancien régime, tels qu'ils sont visibles sur le Plan général du bourg de la Guillotière (AC Lyon 2 S 13) daté de 1710 et décrits dans le Tableau des rues, places, quais, cours, avenues, routes et chemins de la ville et territoire de la Guillotière dressé en 1823 (AC Lyon, 4 WP 075/2). Il s'agit du chemin des Trois-Pierres (aujourd'hui rue Reinach, IA69006826), de la rue de Béchevelin (IA69006896), du chemin de la Croix-Jordan (aujourd'hui rue Cluzan, IA69006897), de la rue des Asperges (aujourd'hui rue d'Anvers IA69006892). D'autres axes actuels, comme la rue Montesquieu et la rue de la Thibaudière, perpétuent plus lointainement l'orientation de chemins de desserte secondaires. Ces chemins sont majoritairement orientés d'est en ouest, pensés pour relier le plat pays à la ville par le pont de la Guillotière.
Les voies ouvertes dans le 2e quart du 19e siècle à l'occasion d'opérations de lotissement variées témoignent du projet urbain de la commune de la Guillotière. On y distingue la trame du lotissement Combalot, organisée autour de l'épine dorsale du cours Saint-André (aujourd'hui rue de Marseille, IA69006822) ; et celle du lotissement Félissent, organisée autour de l'axe majeur de la rue de Chabrol (actuellement rue Sébastien-Gryphe, IA69006684). Ce réseau est pensé comme le prolongement sud de l'urbanisation des Brotteaux, dont il reproduit le plan en damier : les circulations dominantes sont orientées du nord vers le sud, parallèlement au cours du Rhône.
Dans la seconde moitié du 19e siècle, la Guillotière devient le 3e arrondissement de Lyon et le secteur est intégré au projet urbain du préfet Vaïsse. Cet héritage est matérialisé par les deux axes monumentaux bornant le secteur, le quai du Prince-impérial commencé en 1859 (quai Claude-Bernard, IA69006834) et le prolongement de l'avenue de Saxe engagé en 1865 (avenue Jean-Jaurès, IA69005191). Cette période voit le prolongement (vers l'est et le sud), le redressement et l'élargissement des voies déjà existantes, parachevant le maillage du secteur. La place Raspail (IA69006830), aménagée en 1865, est l'unique poumon vert du quartier.
Enfin, la Troisième république remodèle la partie sud du secteur transformée en quartier des Facultés avec le percement structurant de la rue de l'Université, achevée en 1902 (IA69006847) et bordée de la place Ollier et de la place Depéret. Le 20e siècle est traversé par le projet, jamais conduit à son terme, de prolongement de l'avenue Félix-Faure à travers le tissu ancien. A partir de 2003, des démolitions dégagent un espace ouvert qualifié d'Espace Mazagran.
Conservatrice du patrimoine, chercheure au Service de l'Inventaire (2014- ).