Le site est représenté sur la mappe sarde : il comprend alors trois bâtiments (n°2369) de plan rectangulaire, d'orientation similaire aux bâtiments actuels, et un jardin (n°2370) au sud, l'ensemble appartenant au marquis de Clermont Mont-Saint-Jean (tabelle-minute, 1730 : le bâti est désigné sous le terme de challeys, au lieu-dit Chernier ; AD Savoie, C 3318).
A la Révolution, les biens du marquis de Clermont sont séquestrés et affermés en 1793 pour 6 ans à François Mugnier (Lagrange, 2016). Sur le plan par masses de culture dressé en 1802-1807 (AD Savoie), le chalais est le seul représenté pour la commune ; il ne se compose que d'une parcelle bâtie, mais qui peut recouvrir un ensemble de bâtiments et leurs abords vu le degré de précision de ce plan. Le chalet est ensuite vendu comme bien national au baron Rambert du Mollard (AD Savoie, 11FS 340), peut-être en même temps que les biens du prieuré Saint-Robert, en 1811 (voir IA73003341). Cependant dans l’État de section du premier cadastre français (AC), les parcelles E 174 et 257 sont enregistrées comme des "bâtiments" appartenant à Raoul Clermont Mont Saint-Jean, à Paris.
En 1823, l'alpage et touché par une épizootie ; il est affermé à un groupement d'alpagistes de La Compôte (Jean-François Petit, Charles-François Petit, Anthelme Perrier, Jérôme Carret), qui y envoient un troupeau de bêtes appartenant à plusieurs propriétaires, sous la garde d'un berger : 70 à 80 bovins, chevaux et poulains, cochons. Il y a alors trois bâtiments : deux écuries, dont une comprend également la cuisine et la salle de fabrication, et une grange (fenil) où se trouvent les couchages. À la suite de l'épidémie, le préfet ordonne la démolition des bâtiments, impossibles à décontaminer : toutes les parties en bois (planchers, portes, cloisons « internes et externes », huisseries...) doivent être brûlées, seules les pièces de charpentes peuvent être réutilisées une fois passées au feu ou équarries. Les bâtiments peuvent être reconstruits au même endroit (Lagrange).
À la mort de Joseph-Henri de Clermont Mont-Saint-Jean, ses héritiers (vivant à Paris et en Belgique) vendent les alpages : adjudication le 18 juin 1889 à Joseph Perrin, industriel à Arras (Pas-de-Calais) et déjà propriétaire du Chalet des Côtes, villa de villégiature construite à Aix-les-Bains en 1884. à sa mort, ces deux biens (villa et alpage) sont vendus le 24 septembre 1918 à Antoine Besson, industriel (fabrique de boulons) au Chambon-Feugerolles (Loire). Les alpages sont des biens de rapport et sont affermés (toujours à des Baujus), par exemple en 1914 à Jean-Claude Petit, de La Compôte, pour 2000 F et 14 kg de beurre (1 kg de beurre par semaine pendant la durée de l’inalpage). Le bail mentionne les trois bâtiments formant écuries, laiterie, fromagerie (avec un fourneau système Lardet, deux chaudrons de cuivre, baratte, malaxeur, presse...), cave et chambre. Vers 1946, la montagne de la Clusaz est vendue à François, Louis et Roger Gonthier, de Doucy-en-Bauges. En 1971, la Mutuelle du Sud-Est (Mutasudest) achète la Clusaz et Crolles (347 ha, alpages et forêt) et donne les alpages à bail à des fermiers. En 1991, ces propriétés sont revendues à plusieurs acheteurs : le SIVOM du Revard, le syndicat mixte du GPN, l’État (forêt) et les communes du Montcel et d’Aix (39 ha d’alpage) (Lagrange).
Les bâtiments représentés sur le cadastre actuel existent pour partie dès le plan du premier cadastre français, daté de 1880 : habitation sur cave, à l'ouest ; étable, réaménagée en espace de fabrication et de vente (pignons refaits en parpaing de ciment aggloméré, ouvertures et distribution modifiées), de l'autre côté du chemin ; remise, actuellement vestiges, au sud-ouest. Le corps de bâtiment perpendiculaire à l'étable a disparu. Sur le plan cadastral de 1958 apparaît la grande étable située à l'est (partiellement sur l'emprise du corps de bâtiment perpendiculaire) et l'étable plus petite située au sud ; les deux étables ont été agrandies dans le 4e quart du 20e siècle.
Le chalet fonctionnait comme première étape de l'estive, les vaches montaient ensuite au chalet de Crolles (IA73003320) (renseignement oral).
Le chalet est en activité (fabrication et vente sur place).
Inscription sur la crémaillère du chaudron : A. LARDET / BOURG (AIN).
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )