Dès 1893, les concessionnaires du chemin de fer à crémaillère complètent la construction de la ligne et celle d’un restaurant par l’édification d’un hôtel comprenant deux bâtiments jumeaux (voir Station du Revard). C’est l’architecte genevois Henri Juvet qui en dresse les plans : les deux constructions, implantées à mi pente entre la gare d’arrivée et le sommet, abritent uniquement des chambres. Le service de restauration est assuré par le « chalet-restaurant », situé sur la même courbe de niveau à une centaine de mètres et relié aux hôtels par un chemin. Le bâtiment nord, appelé « Chalet Marie », accueille ses premiers clients en juin et le second, placé au sud, ouvre dans la foulée. L’ensemble est désigné sous le nom de « chalets-hôtels du Mont-Revard ».
En 1897, l’établissement fait l’objet de travaux d’embellissements. Les élévations sont recouvertes d’un essentage en tavaillons et les deux bâtiments sont reliés par la construction d’un corps central en rez-de-chaussée doté d’un élégant porche d’entrée.
Lors de la campagne de travaux menés en 1924-1925 par la Compagnie du Revard pour rénover la station (voir Station du Revard), l’hôtel fait l’objet d’un important chantier conduit par l’architecte annécien Fleury Raillon et exécuté par l’entreprise Léon Grosse. Les premiers plans sont dressés à l’automne 1923 et le chantier achevé à la fin de l’année 1925. La surélévation de l’ensemble de l’édifice et le remaniement des élévations modifient complètement sa physionomie extérieure et le rapport de ses proportions. Le corps central est reconstruit et doté d’un rez-de-chaussée, de trois étages carrés et d’un étage de comble ; chaque bâtiment placé de part et d’autre est surélevé d’un étage ; la disposition des saillies, pignons et balcons sur les élévations est supprimée ou modifiée. Par l’intermédiaire de ces transformations le corps central, simple bâtiment de liaison, devient le véritable pivot de l’édifice, encadré par deux ailes correspondant aux anciens bâtiments jumeaux. Ces modifications extérieures s’accompagnent d’un remaniement complet de la distribution intérieure. La création d’une grande salle à manger au rez-de-chaussée de l’aile sud, agrandie par l’adjonction d’un corps de bâtiment en rez-de-chaussée contre le pignon sud, entraîne la modification de la forme des baies ainsi que l’implantation de piliers pour soutenir le plancher. Les cuisines, situées dans une petite construction attenante au pignon nord, sont installées dans un corps de bâtiment en rez-de-chaussée construit contre une partie de la façade postérieure. Pour isoler et chauffer le bâtiment, des doubles-portes et des doubles-fenêtres ainsi qu’une chaudière sont installées. La terrasse placée devant l’édifice est reconstruite pour abriter un poste de transformation ainsi qu’une chambre à skis. Ces transformations, ainsi que la construction en 1928 d’un bâtiment pour loger le personnel, appelé La Gaillarde, s’accompagnent de la création dans chacune des ailes d’un étage de comble éclairé par des lucarnes. L’établissement est désormais appelé « Grand Hôtel PLM du Mont-Revard ».
En 1953, l’hôtel est racheté par la société Giore et divisé en une copropriété de 30 studios et un hôtel de 30 chambres rapidement transformé à son tour en copropriété (voir Station du Revard).
Si l’architecture des premiers bâtiments n’est plus lisible aujourd’hui, cet édifice pionnier de la station a conservé l’allure et les dispositions générales que lui ont donné les travaux effectués en 1925.
Architecte suisse
Biographie établie par Jean-Pierre Petit, (architecte CAUE 73):
Architecte suisse né et décédé dans le canton de Genève. Élève de L’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (matricule 2973), plusieurs fois primé et diplômé en 1882, avec Louis Jules André comme maître, mais aussi élève à l'École des arts décoratifs en 1875. Il réalise quelques immeubles locatifs et maisons particulières en France, mais c'est surtout en Suisse, où il fut aussi plusieurs fois primé en concours publics, qu'il opérera, souvent en collaboration avec son neveu Henri Garcin, créant l'un des cabinets les plus connus et occupés de Genève. Ses principales réalisations sont un ensemble d'immeubles sur les Quais de l'Arve à Genève ; des établissements industriels et scolaires ; le conservatoire botanique Ariana à la Console ; et l'asile d'aliénés de Bel-Air près de Genève. Il obtient mention honorable au Salon des artistes français à Paris en 1883. Membre de nombreuses sociétés et institutions, il préside notamment la Section des Beaux-arts de l'Institut national genevois, et est déclaré en France officier d'Académie. Amené au Revard par les grands entrepreneurs et administrateurs de la Société genevoise de chemin de fer à voie étroite, devenus concessionnaires de la ligne à crémaillère du Revard, on lui doit assurément les deux chalets hôtels et le chalet restaurant construits en 1893.