En 1794, un éboulement met à découvert une imposante masse de lignite presque aussitôt exploitée pour alimenter les manufactures d’Annecy, dont la manufacture d’armes installée dans l’ancienne abbaye de Bonlieu.
Cette nouvelle mine, décrite l’année suivante par Déodat de Dolomieu comme "l’une des plus heureusement située en Europe", devient au cours du XIXe siècle la plus importante de la région et l’on retrouve des traces d’exploitation sur près de 12 km.
L’exploitation, au départ empirique, suit les « filons » qui affleurent au niveau du ruisseau. Le lignite est initialement descendu au port de Lathuile à dos de mulets. Les frères Collomb, concessionnaires de la mine, font construire entre 1795 et 1806 une route empierrée de 5 km permettant de faire circuler des voitures tirées par un cheval contenant plus d’une tonne de charbon et freinées par un traîneau lui-même chargé de 280 kg de lignite (les traces laissées dans les pierres sont toujours visibles le long du chemin de la mine). Le lignite était ensuite chargé sur de larges barques à voile, qui croisent à partir de 1839 le « Chérubin », un bateau à vapeur fonctionnant grâce au charbon d’Entrevernes.
En 1860, la mine bat son plein ; les 78 ouvriers qui travaillent 11 heures pour 3 francs par jour (soit le prix de 1,5 kg de beurre) extraient 6 729 tonnes de lignite. Un puits de 55 m permet alors d’exploiter les couches en profondeur. Soumise à rude épreuve par la crise de 1872 et concurrencée par la houille venue de Saint-Etienne par le train, la mine d’Entrevernes ferme en 1880.
L’exploitation reprend entre 1917 et 1920 puis entre 1927 et 1930 grâce aux aciéries d’Ugine. Une galerie de 358 m de long, appelée travers-banc et permettant de joindre le bas du filon (118 m sous la surface), est alors percée et un téléphérique installé entre le village de Saury et les installations minières, facilitant le transport des hommes, des équipements et du minerai.
En 1940, après d’importants travaux de remise en état, la mine est à nouveau exploitée pour chauffer les habitations et alimenter les usines à gaz de la région. Les 40 ouvriers extraient alors près de 40 tonnes par jour, soit 15 121 tonnes en 1943. Les conditions de travail restent dangereuses et en octobre 1940 un ouvrier est grièvement blessé par une explosion de grisou. Peu rentable, la mine est définitivement fermée en 1948.
Chargé de mission patrimoine bâti au Parc naturel régional du Massif des Bauges, en convention pour réaliser l'inventaire du patrimoine bâti de 2009 à 2023.