De tous les villages disséminés sur le territoire de Cusy, celui de Lachat (autrefois La Chat) a toujours été l’un des plus peuplés et l’un des mieux individualisés, il s’est forgé une personnalité à laquelle ont contribué au fil des siècles sa chapelle, sa fruitière, son école.
Le 11 décembre 1849, au hameau de Lachat, Jean Grosjean est déjà maître d’école de garçons, ou instituteur ; une maîtresse pour l’école de fille est à venir. A nouveau en 1858, le 24 septembre, il est rappelé que Les écoles de garçons se tiendront, l'une au chef-lieu dans la maison de Joseph Collomb, l'autre au hameau des Christollets (Lachat) dans la maison du sieur Jean Christollet, toutes deux louées et déjà appropriées à ces fins. Celles des filles auront lieu, l'une dans la maison qu'habite l'institutrice Michelle Chappuis au chef-lieu et l'autre dans celle vacante de Jean Laubé, au même lieu, également louées à cette destination. ; et toutes pour une année seulement en attendant que la commune ait pu se procurer un local plus central par l'acquisition ou la construction d'une maison d'école, comme elle se propose de se faire au plutôt possible. Le cours scolaire dans les écoles sera de 8 mois seulement, du 1er novembre au 1er juillet, les enfants se rendant aux travaux de la campagne. Dans chaque école la classe aura lieu deux fois par jour, et durera trois heures et demie chaque séance. La classe du matin commence à 8 heures et celle du soir à 1heure. Pour les écoles, environ 70 enfants dans chacune.
En 1861, il est dit que le loyer de 50 F pour une salle de classe n’est pas exagéré et aucune des trois salles ne se trouve chez le maire, mais au chef-lieu chez François Chappuis (fille), et chez Jean Laubé (garçons) et au hameau de Lachat chez Jean Christollet (garçons) ; cette école a subsisté jusqu’en 1865, époque à laquelle des instituteurs et institutrices adjointe furent nommés aux écoles du chef-lieu (pp. 40, 122)
Dans une lettre au préfet l’inspecteur d’académie de la Haute-Savoie évoquait ces deux écoles que la commune entretenait jusqu’au mois d’avril 1864, l’une au chef-lieu et l’autre au hameau des Christollets, alors que dans son exposé du 26 janvier 1890 le maire Raymond Brunier rappelait que « dès longtemps avant l’annexion, une école était installée à Lachat ; cette école a subsisté jusqu’en 1865, époque à laquelle des instituteurs et institutrices adjointe furent nommés aux écoles du chef-lieu ».(p. 122)
Une pétition des habitants du hameau, le 2 janvier 1884, est adressée au préfet ; elle réclame la construction d’une école mixte dans leur village situé à 2 ou 3 km du chef-lieu et qui comprend 20 à 30 élèves. Le 26 novembre 1889 Les hameaux de Lachat et des Rey adresse à nouveau une pétition au préfet pour les mêmes motifs.
Une lettre de l’inspecteur académique est adressée le 11 mars 1890 au préfet, au sujet des écoles mixtes pour les hameaux de Lachat et Cusy : Le chemin entre les Rey et le chef-lieu est impraticable l’hiver pour de jeunes enfants. Population totale des deux hameaux 211, dont 38 enfants d’âge scolaire 5 à 13 ans. Le hameau de Lachat a possédé une école jusqu’en 1865. Un propriétaire de Lachat cède gracieusement un local à la commune : salle de classe, logement pour l’institutrice de 3 pièces, cave. Mais graves inconvénients : contigu un débit de tabac et boisson, classe trop petite. Mais ce local est accepté en attendant une construction neuve, à condition entre autres que la commune fasse faire une palissade de 1,50 m entre la cour de l’aubergiste et celle de l’école. Le préfet approuve le 28 juin 1892 le projet de création de cette école, abritée dans un local prêté gracieusement et le 24 octobre 1893, l’école ayant été visitée par l’inspecteur d’académie, elle est jugée conforme et peut donc être ouverte ; il est néanmoins suggéré d’en construire une prochainement.
Ainsi, le 20 novembre 1895, l’architecte (?) F. Raillon rédige le devis instructif, le cahier des charges et dresse le devis estimatif (12 200,40 F) d’une construction d’école à Lachat. L’architecte H. Mangé en dresse les plans à la même date.
Descriptif sommaire de l’édifice : Maçonnerie de moellon de roche dure hourdée de chaux hydraulique. Parements de maçonnerie crépis. Piédroits des portes, ébrasements, arcs et arrière-voussures en moellon de choix tétués construits sur cintres en charpente. Maçonnerie de pierre de taille : angles à pilastres en saillie. Pilastres pour encadrements de portes et fenêtres. Porte d’entrée et croisée en noyer, portes intérieures sapin. Deux cheminées pour chambres, cheminée avec hotte dans la cuisine, forme ordinaire dans les chambres avec chambranle et tablette en marbre, intérieur en molasse avec foyère, âtre et chenets. Evier sapin garni zinc. Charpente en sapin, tuile de Montchanin. Planchers en sapin. Escalier en noyer à filet et boudin entre limon, celui du côté du mur formant plinthe. Garde-corps à fuseaux en fer ou bois. Escalier des combles en sapin. Cloisons en brique pleine au rez-de-chaussée, brique creuse à l’étage. Sol du vestibule en ciment Vicat passé au rouleau et au fer pour former des losanges. Escalier pour la cave. Voûte de la cave en béton de ciment. Clôture de la cour à garde-corps en fer sur mur soutènement.
Le 28 novembre 1896, à Aix-les-Bains, est signé l’acte de cession gratuite passé entre Léon Brachet, docteur en médecine demeurant à Aix-les-Bains, et le maire Raymond Brunier, aubergiste : 6 ares de terrain à prendre au nord-ouest « soit en haut » d’une parcelle au lieu-dit la Cense E4 340, confinée au nord par le chemin, pour construire l’école ; le géomètre Gaime réalise le plan de situation de la parcelle en question le 25 juin 1898. Le conseil municipal approuve la cession le lendemain. Un rapport de l’expert Gaime, dressé le 30 juin 1898 à Hery-sur-Alby, sur demande du préfet, estime à 1 000 F le montant de l’emplacement cédé par L. Brachet, actuellement vergé planté d’arbres fruitiers ; deux années plus tard, le 19 juillet 1900, Mme veuve Brachet d’Aix-les-Bains le cède gratuitement à la commune, son mari ayant décédé le 26 septembre 1898.
En 1899 (?) l’architecte F. Raillon réalise les plans de l’école projetée au hameau de Lachat pour laquelle la mairie reçoit, après approbation du projet par le ministère de l’instruction publique du 1er juin 1899, une subvention de 9 845 F, et engage un emprunt de 2 335 F à la caisse des dépôts de consignation. Le procès-verbal d’adjudication du 28 novembre 1899, selon le projet dressé par M. Raillon du 31 octobre 1899, est en faveur d’Annibal Boggio, entrepreneur à Alby-sur-Chéran, moyennant un rabais de 19%.
Le 24 juin 1901, F. Raillon architecte du département, à Annecy, approuve le décompte des travaux de l’école mixte de Lachat à hauteur de 11 523, 91 F (maçonnerie des caves : cave sous le vestibule, cave du fond, refend de la cave sous la classe ; l’escalier a été fait en châtaignier et non en noyer)
Dans une lettre de l’inspection d’académie adressée au préfet le 23 décembre 1901, il est demandé que les sommes provenant du rabais de l’entrepreneur puissent être utilisé pour des travaux complémentaires : préau couvert, creusement puits avec pompe, porte extérieure à la cave, inscription du mot ECOLE sur le bâtiment et réalisation d’un bassin ciment de 100 X 70 X 70. F. Raillon dresse le devis de ces compléments.
L’école a fermé entre 1985 et 1992 puis a été vendue en 2001 (renseignement oral)
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon