Dossier d’œuvre architecture IA74002575 | Réalisé par ;
Guibaud Caroline (Enquêteur)
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique, Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Maison forte dite château de Fésigny
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Parc naturel régional du Massif des Bauges

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hauts de l'Albanais
  • Commune Cusy
  • Lieu-dit Pré Château,
  • Adresse voie communale n° 2
  • Cadastre 1732 Su 1314, 1315 n° 1314 : Château, grange et cour n° 1315 : Jardin ; 1890 A6 643  ; 2015 A6 574

Jusqu’en 1465, le château appartient à Rodolphe De Fésigny et ensuite à son fils Guy De Fésigny, lequel fut condamné et exécuté par le comte De Montmayeur, le 6 février 1465.

De 1465 à 1880, le château appartient aux successeurs de Guy De Fésigny, et pour finir à Charles Hector Vincent De Fésigny, décédé à Veyrier le 29 décembre 1874, et depuis cette date, à son fils Clément Marie Joseph Albert Vincent De Fésigny, lieutenant de vaisseau demeurant à Brest.

La mappe sarde de 1732 nous montre l’emprise du château de Fésigny. François Michel Devincent, seigneur de Fésigny est propriétaire du château. On y trouve un long bâtiment flanqué de deux tours carrées, l’une au sud (celle qui nous reste), l’autre au nord, un peu décalée vers l’est par rapport à la première. Le manoir aurait eu, alors, une surface double de celle qui subsiste. Pas de trace aux angles des tourelles puisque celles-ci sont existantes à partir du second étage carré, et non pas au sol. Autour du château, un muret (une enceinte ?) clos la cour qui se développe sur ses côtés sud et ouest. Une grange clos la cour à l’ouest de celle-ci tandis qu’au sud se développe un grand jardin. Une petite construction carrée, à l’angle de la clôture est de la cour et du jardin, est non identifiée, pourrait-il s’agir d’un four à pain ?

Du 25 mai 1880 à 1917, par acte notarié passé par devant Me Jean-Louis Grivaz, notaire à Annecy, M. Émile Duparc mandataire général de M. Clément Marie Joseph Albert Vincent De Fésigny, propriétaire du château de Fésigny, vend à M. François Rey et à Mme Françoise Ramus son épouse ledit château de Fésigny, ainsi que 5Ha, 30 a, 64 ca de terres attenantes, pour le prix de 10 000 frs, payables 5 000 frs comptant et 5 000 frs dans un délai de 6 mois avec intérêts à 5% l’an. Les propriétaires habitaient déjà le château en tant que fermiers de M. Vincent De Fésigny depuis de très nombreuses années, puisque leurs fils Jean Rey y est né en 1858 et Joseph en 1860. François Rey décède à Cusy au château en 1917 à l’âge de 93 ans.

Le cadastre de 1890 nous montre le même bâtiment, renforcé par une construction sur la façade sud, à droite de la tour d’escalier actuelle avec, au-devant de la façade ouest, une remise accolée à un bâtiment dans son prolongement. Rey François, fis de Joseph est propriétaire du château en 1890 (matrices cadastrales). Cette configuration générale se retrouve sur la photographie représentant ladite maison forte avec une remise en toit de chaume sur sa façade ouest. La tour de l’escalier y est arasée, couverte par le long pan sud de la toiture qui recouvre l’ensemble du bâtiment. La façade sud du corps de bâtiment ajouté s’élève alors sur trois niveaux, un étage de soubassement (?) accessible par une porte centrale, surmonté d’un rez-de-chaussée surélevé (une habitation ?) avec une porte, encadrée de deux fenêtres, ouvrant sur un balcon en bois, peut-être accessible par un escalier en bois (non visible) ; enfin un étage de comble avec une fenêtre centrale unique. La photographie date de 1900.

Depuis 1917 à 1953, le château appartient aux deux fils de François Rey, château et terres pour moitié chacun.

De 1953 à 1958, Joseph Rey étant décédé à Cusy, et Jean Rey étant décédé à Cusy en 1953 à l’âge de 95 ans, le château appartient alors aux héritiers directs, soit pour Joseph, Desbroux fille et gendre, et pour Jean les frères Brunier ses petits-fils.

En 1958, par acte notarié de Me Julliand notaire à Cusy, les Frères Brunier ont vendu leur part (la moitié) du château et des terres à M. Gaston Perrière, originaire et domicilié à Doucy-en-Bauges (Savoie).

De 1958 à 1963, le château appartient pour moitié chacun à Mme et M. Desbroux et à M. Gaston Perrière, et en 1963 ceux-ci vendent à M. Strauss le château dans l’état où il se trouve ainsi que quelques ares de terres attenantes.

Jacques Strauss, antiquaire, dans une lettre adressée le 12 août 1997 au Docteur Patrick Mathieu, propriétaire du château, précise qu’en 1963 il avait acheté ce château avec l’espoir de lui redonner vie […] C’est alors que nous avons subi toute la merveilleuse inertie des services administratifs, en principe capables de nous aider dans notre projet. Ce qui restait de la toiture est tombé durant l’hiver 64-65. Une brèche, très légère à l’origine, s’est profondément ouverte dans un des angles de la grande tour carrée. En juin 1965, à la suite des fortes pluies, les murs nord et est de la tour carrée se sont écroulées, emportant de magnifiques plafonds de la Renaissance et des cheminées. Nous n’avons pas eu le courage de continuer… Une photographie de 1965 montre l’état du château, éventré. Sur une photographie datant de 1972, nous constatons la présence partielle, dans le prolongement de la tour d’escalier, du bâtiment plus récent. A part les murs ouest et sud. Tout le reste a disparu, et, au nord, un squelette décharné livre au regard l’agencement interne des étages.

D’autres photos montrent l’état de la maison forte, avec une dégradation des accès depuis la tour d’escalier aux différents niveaux ; la partie rajoutée à droite de cette tour n’existe plus.

1974, achat par Léon Grosjean à MM. Roux et Debard. L’actuel propriétaire a reconstruit en parpaing de béton les parties les plus croulantes. Il n’a pas pu terminer son œuvre car il est décédé écrasé par son tracteur il y a quelques années, en 1983 (Jean Gonnet).

Le nouveau propriétaire, en 1996 est le Docteur Patrick Mathieu. En juillet 1998, le château retrouve son toit, construit par l’entreprise de charpente Michel Grosjean et J.-C. Lapérousaz de Cusy. L’escalier intérieur en colimaçon style Renaissance est entièrement reconstruit imitation molasse, les fenêtres retrouvent leurs meneaux Renaissance. […] La restauration de la chapelle intérieure du château a fait l’objet de soins particuliers. En 2003, construction d’une grande salle à vivre à l’arrière du château, là où s’élevait jadis une deuxième aile à plusieurs étages, aujourd’hui reconstruite en rez-de-chaussée. Elle reçoit une immense cheminée (plaque du foyer de Bretagne) […] une belle porte Louis XIV s’ouvre sur l’extérieur avec pour encadrement des pierres avec pointe de diamant originaires de Saint-Offenge et datées du XVe siècle.

Description extérieure

Les murs de la maison forte sont en molasse. L’appareillage de revêtement est à alternances d’assises irrégulières allongées à joints fins. Quelques trous de boulin n’ont pas été obturé. Sur les angles nord-ouest et sud-ouest, deux tourelles circulaires à deux niveaux, sur cul-de-lampe à plusieurs assises circulaires pénétrantes, sont situées au niveau de l’étage de comble et s’élèvent d’un niveau au-dessus de la toiture actuelle. Plusieurs baies à meneaux et traverses ponctuent la façade sud de la maison forte. Au sommet des murs plusieurs consoles et corbeaux supportaient vraisemblablement des éléments défensifs de type mâchicoulis.

La façade ouest possède un léger fruit en partie basse sur une faible hauteur. Plusieurs trous de boulin sont encore visibles auxquels s’ajoutent deux jours verticaux chanfreinés en partie basse (meurtrières ?). En partie haute, deux baies chanfreinées rectangulaires ouvrent dans l’étage de comble ; entre elles, une importante console à cinq assises en ressaut supportait vraisemblablement des mâchicoulis.Les tourelles ont plusieurs ouvertures, celle au sud en possède une à l’étage de comble, et deux au niveau supérieur, certaines sont repercées. Une corniche en molasse, placée au sommet des tourelles supporte leur toit conique recouvert d’ardoises, et coiffé d’un amortissement en fer blanc. Au niveau du dernier ressaut de la console centrale, deux corbeaux en pierre devaient supporter des éléments en pierre ou en bois ; curieusement ils sont fendus dans leur épaisseur ! Au niveau supérieur nous retrouvons, au droit des premières, deux corbeaux identiques.

Adossée à la façade sud, une tour d’escalier hors œuvre dessert les différents niveaux. Elle s’élevait jusqu’au sommet de la façade mais ruinée au niveau de l’étage de comble elle a été reconstruite, plus haute qu’elle ne devait l’être à l’origine (?). L’appareillage des façades de la tour d’escalier est identique à celui de la façade ouest. Plusieurs ouvertures rectangulaires en calcaire blanc éclairent la cage d’escalier ; à sa base, à l’ouest, une porte en molasse et moulurée, accessible par quelques degrés, permet d’accéder à l’escalier en vis tournant à droite. Sur le mur opposé une autre porte, plus récente, est en calcaire blanc. La tour est coiffée d’un toit en pavillon couvert en ardoise.

La façade sud de la maison forte ne possède pas de parement en pierre de taille, la maçonnerie, en moellons de molasse et autres, est rejointoyée ; la pierre de taille en molasse se retrouve au niveau des baies qui se superposent à tous les niveaux : porte en arc brisé au rez-de-chaussée, fenêtre haute et rectangulaire en calcaire blanc et à traverse au premier étage carré, baie géminée en molasse surmontée d’un petit fenestron en son centre au second étage carré, puis fenêtre en molasse pour le dernier niveau encadrée du bec d’une pierre d’évier (?). Au sommet de cette façade, un léger corbeau en sailli est peut-être le reste d’une console plus importante qui aurait été supprimée lors de l’ouverture de la fenêtre de l’étage de comble.

La façade nord, presque entièrement détruite a été reconstruite, avec l’aménagement de baies rectangulaires (deux pour les trois derniers niveaux) ; seul subsiste un étroit jour vertical obturé par une grille en fer forgé au rez-de-chaussée. Au sommet de la façade des hourds ont été réalisés.La façade est, entièrement reconstruite possède quelques baies à croisée et traverse en calcaire blanc remployées.Le corps de bâtiment principale possède un toit à longs pans avec croupe côté ouest couvert en ardoise.

Descriptif intérieur

L’édifice étudié comporte quatre niveaux : un rez-de-chaussée, deux étages carrés et un comble. La communication entre les différents niveaux s’effectue par l’intermédiaire d’un escalier en vis suspendu au noyau central inscrit dans une tour carrée hors-œuvre. Une première porte, en arc déprimé et chanfreinée en calcaire pour les deux premières assises puis en molasse, percée dans l’angle intérieur de la façade ouest de cette tour, permet d’accéder à l’escalier tournant dans le sens opposé des aiguilles d’une montre, et dont les premières marches sont en calcaire puis en molasse. La seconde porte, dans le mur opposé, est en calcaire avec encadrement chanfreiné et fine accolade plate pour le linteau.Au rez-de-chaussée, un placard en molasse est aménagé dans la mur d’échiffre de l’escalier, et une porte en arc brisé en molasse, aménagée dans le mur sud du bâtiment auquel est adossé l’escalier, ouvre sur une première pièce rectangulaire comprenant un grand placard mural en molasse, une fenêtre à coussiège rapportée. Une porte dans le mur Est communique de plain-pied avec le nouvel espace adossé contre le mur est du bâtiment ; cette porte est recomposée : les piédroits extérieurs comportent une fine colonne adossée sur l’angle avec une base prismatique et le linteau est droit.Depuis celle-ci, par une porte percée dans le mur ouest en arc brisé, on accède par le biais de trois degrés descendants à une grande salle « ancienne » où une cheminée rapportée est adossée au mur ouest du bâtiment ; les deux ouvertures verticales existantes dans ce mur correspondent-elles à celles qu’occupaient deux anciennes consoles de la cheminée primitive ? Dans le mur nord, une petite ouverture possède de grandes embrasures. L’accès à cette grande pièce s’effectue également depuis la façade sud où une porte en arc brisé, chanfreinée et en molasse, à l’exception de la première assise en calcaire, est aménagée.

Quinze marches sont nécessaires pour parvenir à l’étage carré auquel on accède par une porte en molasse, aux piédroits arrondis et au linteau souligné d’une légère accolade. On note la présence contre le noyau de l’escalier, au droit de la porte et sculpté en bas-relief, un écu orné des armoiries peintes des Fésigny (de gueules à la bande d’argent (ou d’or) chargée de trois étoiles de sable), partiellement effacées. Une étroite et haute fenêtre éclaire l’escalier sur son côté droit (à l’est) ; son encadrement en calcaire blanc est orné extérieurement d’un écu sculpté sur son piédroit droit aux armoiries des Fésigny.

La disposition de l’étage est identique à celle du rez-de-chaussée et des niveaux successifs : une première salle rectangulaire ouvrant sur une grande pièce située à l’ouest. Au niveau présent la première pièce est éclairée sur sa droite d’une baie à demi-croisée et congés en calcaire avec sur le sommet de l’appui un tore ; des barreaux en fer forgé formant rectangles protègent les deux baies superposées. L’accès à la grande pièce, s’effectue par une porte située dans la partie sud du mur de refend : baie en molasse à chanfreins et linteau à accolade. Dans ce nouvel espace, contre le mur nord, se trouve un ensemble d’éléments architecturaux qui semble en grande partie recomposée, rapportée (?), à savoir : une cheminée monumentale en molasse avec un faux-manteau à claveaux (assemblage autobloquant par emboîtements circulaires) encadrée de deux voûtes surbaissées dont celle de droite abrite un placard mural, le tout surmonté d’un bandeau mouluré continu. Une baie à coussiège, demi-croisée située dans le mur sud, est en calcaire avec un encadrement à cavet et congés.

Le second étage carré est accessible depuis l’escalier en vis par une porte identique à celle située au premier étage, au même emplacement, un jour étroit et vertical dans le mur sud, en calcaire et chanfreiné, éclaire la cage d’escalier. Le premier espace, est éclairé à droite par une croisée en calcaire à encadrement chanfreiné avec congés et à l’appui avec larmier. La porte d’accès à la grande pièce est en molasse, chanfreinée, avec tore, congés et linteau à accolade. A l’intérieure de celle-ci se trouve une cheminée rapportée et une baie à double coussiège en molasse éclaire l’espace : baie à meneau central, surmontée d’une lucarne horizontale de largeur inférieure et centrée, extérieurement moulurée (chanfreins, congés, tore pour l’appui)

L’étage de comble enfin, également desservi par l’escalier en vis a son premier espace avec un jour latéral droit. Aucun encadrement de porte, sauf celles des tourelles, n’est mouluré. La grande pièce, divisée en plusieurs pièces est éclairée par un jour en molasse situé sur sa façade sud, chanfreinée et comportant une embrasure avec coussiège. La façade ouest comporte aux angles une tourelle construite en molasse et accessible par un passage ouvert adossé au nu du mur intérieur et ne comportant donc qu’un piédroit à cavet et congé. Une canonnière est ouverte dans la tourelle nord, une fenêtre repercée, à la place d’une ancienne cotonnière ? dans celle située au sud. Deux fenêtres en molasse et chanfreinées sont ouvertes dans la façade nord ; celle au nord possède un coussiège dans son embrasure. Coussiège qui se retrouve également dans l’embrasure de la fenêtre ouverte dans la façade sud, fenêtre à l’encadrement en molasse et chanfreinée.

En 2003, une grande salle à vivre en rez-de-chaussée est construite, adossée à la façade est, là où s’élevait jadis une deuxième aile à plusieurs étages. Plusieurs baies en remploi proviennent d’horizons différents.

  • Murs
    • molasse pierre de taille
    • molasse moellon
    • béton moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés, 1 étage de comble
  • Couvrements
    • voûte plate
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Autres organes de circulation
    carto PLUI
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Annexes

  • Descriptif de Fésigny par François Mugnier (1905)
  • Relevé artistique du canton d'Alby-sur-Chéran (Haute-Savoie), pour le Moyen Age et la pré-Renaissance [texte imprimé] / Abel Meyet ; sous la direction du professeur Maury
  • Armorial (Armorial et nobiliaire de l’ancien duché de Savoie. Par le comte E. Amédée de Foras ; continué par le comte F. C. de Mareschal, volume 2, 1863-1910
  • Jacques Strauss (74250 Bonnaz-Fillinges). Lettre du 12 août 1997 au Docteur Patrick Mathieu, propriétaire du château.[…]
  • Jacques Strauss, antiquaire. Lettre du 21 mai 1965 à M. Malraux
  • 26 décembre 1998, Dauphiné Libéré
  • Article journal, sa, sd.
  • Possessions du château de Fésigny (Georges Bruxier, Annecy) précisions suite aux articles parus dans le Dauphiné Libéré
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2019
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Parc naturel régional du Massif des Bauges
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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