Matériel pédagogique et objets mobiliers

Le collège puis lycée de Tournon est riche d´une collection d'instruments scientifiques dont l´acquisition remonte au début du 18e siècle pour les plus anciens. Ceux utilisés par les jésuites semblent avoir disparu, même si l´on en connaît l'existence par les archives. Plusieurs inventaires ont en effet était réalisés entre les 18e et 19e siècle, notamment lors de l'expulsion des jésuites et de la saisie de leurs biens (1762, AD Ardèche D 32), puis lors de la reprise du collège par les oratoriens en 1777 (AD Ardèche, D 67 et D 72) et enfin en 1792 (AD Ardèche, T 3405 et 3409) ; des récolements réguliers auront lieu tout au long du 19e siècle, obligation légale accompagnant la chaque prise de fonction de chaque nouveau proviseur. Ils constituent de précieuses sources d'information tant sur l'histoire des objets mobiliers que sur le fonds ancien de la bibliothèque. Ce matériel ancien, conservé dans la bibliothèque historique du lycée, est valorisé par l´association Sauvegarde du patrimoine du lycée Gabriel-Faure de Tournon-sur-Rhône. Y sont présentés des télescopes dont un de type Cassegrain, construit par Carochez dans le 4e quart du 18e siècle et des machines de physique expérimentale.

La bibliothèque contient des volumes d'une grande richesse, tant par leur ancienneté que par la qualité de leur conservation. On y trouve entre autres ouvrages insignes la Description de l'Egypte dans l´une de ses éditions princeps, l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Son fonds a cependant connu quelques vicissitudes : les incunables et autres ouvrages des 16e et 17e siècles (notamment ceux que le Cardinal de Tournon avait légués au collège) ont été irrémédiablement perdus lors de l´incendie de 1714. Reconstitué par les jésuites, le fonds est saisi et vendu (AD Ardèche, T 3409, liasse 519 : " le collège avait une bibliothèque assez estimée, placée dans le local où est actuellement l'infirmerie des élèves (...) vendue aux enchères après la suppression des jésuites "). Les pères de l'Oratoire acquirent à nouveau 5000 volumes à partir de 1777, qui constituent le fonds actuel, parmi lesquels " un exemplaire de l'Encyclopédie imprimé in-quarto à Lyon, toutes les livraisons de l'Encyclopédie méthodique qui ont paru jusqu'au 1er mars 1792, la collection des oeuvres d'Antoine Arnauld, imprimée in-quarto à Genève, L'Histoire naturelle de Buffon (témoignages des affinités que l'Oratoire entretenait avec le jansénisme tout comme de leur ouverture au mouvement des Lumières).

Les objets mobiliers sont concentrés dans la chapelle, les anciens appartements et salles de réunion dans l´aile 18e, l'appartement du proviseur. Outre le mobilier religieux qui demeure en place dans la chapelle (chapelles latérales, choeur et sacristie), se trouve conservé du mobilier domestique d´une rare qualité, parmi lesquels un médailler et un écritoire à abattant, ainsi que deux coffres de voyage métalliques d'époque Renaissance. Plusieurs tableaux, dont certains sont accrochés dans la salle des actes (par exemple la marine de Raoul Ulmann) ont été déposés par l'Etat dans les années 1930.

Les pièces les plus remarquables sont les tentures, l'une présentée dans la salle des actes (verdure), les autres exposées en permanence dans la galerie dite des tapisseries, occupant au premier étage du bâtiment C le long couloir de desserte construit le long de la façade orientale de la chapelle. C´est un ensemble cohérent de cinq tapisseries d´Aubusson du 18e siècle d´une part et de deux tapisseries des Flandres, du quatrième quart du 16e siècle, d´autre part. Ces pièces classées monuments historiques ont été largement commentées à l´occasion de l´exposition présentant les collections de tapisseries en Rhône-Alpes (Catalogue de l'exposition Tapisseries anciennes en Rhône-Alpes, Musée de Brou Bourg-en-Bresse, Château des Adhémar Montélimar, Musée Déchelette Roanne, 1990). Elles ont surmonté bien des vicissitudes, dont celle d´avoir pour partie été utilisées comme décor de théâtre et comme ornement de l´estrade dressée à l´occasion de la remise des prix annuelle, dans la cour d´honneur. La tradition orale dit même que certaines jonchaient le sol et étaient piétinées par les semelles des heureux primés.