"Un nouveau service" inscrit au 5e Plan...
D'après l'INSEE, la commune de Pontaumur comptait 675 habitants en 2015 et elle est située sur la zone d'emplois de Clermont-Ferrand, dont elle est distante pourtant de 40 km.
Le secteur sur lequel est implanté le lycée, entre la rivière (le Sioulet) et l'avenue Gordon-Bennett (route de Clermont-Ferrand à Limoges), encore totalement vierge en 1954 (voir les données de la rubrique "Remonter le temps" de l'IGN), a fait l'objet de plusieurs aménagements dans les années 1960. Il est désigné du terme de "Grand pré" et correspond à une parcelle cadastrée au n°48 de la section C, que le conseil municipal se propose d'acquérir le 21 février 1962 afin d'y aménager un camping et un lotissement composé de 30 lots.Plan du lotissement, 13 février 1962, modifié le 1er juin 1962, par Georges Galinat, architecte de la ville de Riom. (Photo chercheure.) Cette opération représente "une extension et un équipement du bourg intéressant les particuliers, le commerce et le tourisme"1. La décision fait l'objet d'une modification en séance du conseil municipal datée du 12 janvier 1967. Une partie des lots non vendus du lotissement seront affectés à la réalisation d'un projet double, tous deux inscrits au 5e Plan : la construction d'une maison de retraite et d'un centre de formation professionnelle agricole (CFPA). Le conseil municipal met gratuitement à disposition des services du ministère de l'agriculture le terrain nécessaire à l'implantation "du nouveau service". Un arrêté préfectoral du 20 février 1967 entérine les modifications inhérentes aux deux nouveaux projets.Extrémité nord de l'établissement (la partie ouverte correspond à la salle du réfectoire, la partie aveugle aux cuisines). Au fond, on distingue le clocher de l'église de Pontaumur, située en contre-haut du centre-ville. La présence de la grue atteste des travaux entrepris afin de remplacer l'édifice étudié destiné à la démolition.
...Exemplaire de la discrétion des équipements publics des années 1960.
Le lycée se situe à un peu plus de 400 mètres à vol d'oiseau de l'église paroissiale et autant de la mairie.
Néanmoins, depuis le parvis de l'église, située pourtant en contre-haut du centre-ville, le lycée demeure invisible (certes en une période où le feuillage des arbres est à son maximum). Séparé en outre de l'avenue Gordon-Bennett par le lotissement de villas, le lycée, à tous points de vue, cultive la discrétion : un parti architectural qui en fait correspond aux années de sa construction. Cependant, il ne s'intègre pas à la pratique constructive en préfabriqués typique de ces années-là en matière d'établissements d'enseignement (hormis les planchers que les entrepreneurs pourront, s'ils le souhaitent, mettre en oeuvre sous forme de préfabriqués). La construction ne relevait pas du ministère de l'éducation nationale, mais de celui de l'agriculture : dans ce dernier, la technique du préfabriqué n'était peut-être pas autant préconisée.
Nous avons visité le site en juin 2019 alors que le chantier de construction de l'édifice de remplacement battait son plein, c'est ainsi que la lecture que nous avons eue du bâtiment initial a pu être perturbée.
Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).