Historique complémentaire
Beaurevert est cité comme fief à la fin du 17e siècle (Dufour) ; il appartient en 1755 à Pierre Regnard de Saint-Ange, seigneur de la Boulaine et Beaurevers (Salomon). Le fief de Beaurevert est représenté sur la carte de Cassini (2e moitié du 19e siècle), à la jonction de deux allées plantées d'arbres qui le relient à la ferme de Château-Gaillard (IA42003175) et au moulin de Beaurevert (IA42003172).
Après la Révolution, le domaine est acheté par Antoine Duguet : la matrice cadastrale de 1821 l´indique comme propriétaire du château et de ses dépendances (parcelles C 82, château, cour, bâtiments ruraux ; C 83, maison, cour, bâtiments ruraux ; C 84, jardin ; C 85 et 91, pièces d´eau), mais aussi de la ferme voisine de Château Gaillard, du moulin et ferme de Moulin Neuf et d´un étang (en bordure du chemin de Mornand à Chambéon). En 1826, Antoine Duguet revend Beaurevert à François Lucien Souchon du Chevallard (A. Duguet réinvestit le produit de la vente dans l´achat du domaine des Granges, également à Mornand, étudié ; A. privées les Granges). Ce dernier réside régulièrement dans son nouveau domaine et se consacre à sa mise en valeur (il est président de la Société d´agriculture de Montbrison). En 1896, son héritier Jules Souchon du Chevalard revend Beaurevert qui reste quelques années en possession d´Emmanuel Favre, rentier à Chaponost (Gerest ; A. privées Beaurevert), puis passe au tout début du 20e siècle à Jean Antoine Arbel, maître de forges à Rive-de-Gier (il a succédé à son père à la tête des forges de Couzon).
On sait peu de choses de l´architecture du château avant la fin du 19e siècle. Présent sur le cadastre de 1809, son implantation remonte sans doute au 18e siècle. Il s´agit alors sans doute d´une demeure de plan massé, assez petite, peut-être dévolue à de courts séjours pour la chasse ; la porte d´entrée côté cour, avec ses vantaux, ainsi que l´escalier en sont les vestiges les plus visibles. Elle a été agrandie latéralement, peut-être dès la fin du 18e siècle ou au début du 19e (plan rectangulaire en 1809), par l´ajout de corps de bâtiments plus bas. Au tout début du 20e siècle, son aspect correspond à l´état figuré sur deux cartes postales : un corps central de cinq travées à deux étages, couronné d´un entablement masquant le toit surmonté d´un petit belvédère avec clocheton, flanqué de deux petits bâtiments à un étage, à toitures brisées, en ardoise, avec oeils de boeuf.
Le Plan de la propriété de Beaurevers établi en 1901 (conservé sur place), sans doute à l´occasion de la prise de possession par A. Arbel, montre que les abords du château ont déjà été aménagés, peut-être par Lucien Souchon du Chevallard, avec un grand potager au nord de la cour et un parc en partie boisé à l´ouest, qui s´étend sur l´emplacement de l´ancienne ferme du granger (les dépendances, agrandies, se concentrent au sud-ouest du château) ; la forme de la pièce d´eau qui en occupe le milieu a été modifiée. Le plan indique également que le domaine recouvre alors les trois-quarts de la section C du cadastre, à l´exception de son extrémité sud (domaines du Bost et des Piars, sauf le moulin) et de quelques parcelles. La ferme de Saint-Ange, le moulin des Piars et la tuilerie située entre les deux sont donc venus s´ajouter à la propriété, avec les étangs de la Tuilerie et Sorlet (parcelles 1809 C 140 et 141 ; péchoire de l'étang de la Tuilerie sur 1809 C 142) ; une féculerie est installée dans l´un des deux moulins.
Antoine Arbel fait d´importants travaux d´aménagement et de décoration (sol du vestibule en granito orné d´un motif avec une roue et les initiales du couple Arbel), détaillés dans des mémoires rédigés lors de la vente du site et conservés sur place : installation de l´eau courante et de toilettes (grâce à un château d´eau), du chauffage central et de l´électricité (produite par la turbine installée à la scierie du moulin Neuf), plantation d´ormeaux le long de l´allée axiale (avec portail en fer forgé à l´entrée de la cour), réfection des toitures en toit à croupes en tuile plate mécanique (par les architectes parisiens G. Raguenet & C. Maillard, en 1921).
En 1923, la propriété est vendue par Antoine Arbel et ses enfants (Edouard, Emma et Jeanne) à Louis Chatin, directeur de la teinturerie Gillet-Thaon à Izieux (Loire). Le domaine comprend alors 266 ha, avec les fermes de Saint-Ange, la Tuilerie, la Basse-Cour et Château-Gaillard, et une scierie mécanique sur le Vizézy (au prix de 910 000 F plus 45 000 F de cheptel ; copie de l´acte de vente, A. privées Beaurevert).
Louis Chatin fait à son tour des travaux au château, qu´il fait agrandir de deux pavillons latéraux pour y accueillir sa nombreuse famille, modifier (création d'une salle à manger double) et redécorer (niche et revêtement à faux appareil dans la cage d´escalier ; nombreux dessins pour des lambris de revêtement, des miroirs... A. privées Mornand). Plusieurs projets sont proposés entre 1926 et 1928, par l´architecte lyonnais Georges Curtelin en septembre-octobre 1926 (A. privées Beaurevert, cotes 303 à 323 AD3), par la Société de constructions civiles et industrielle en novembre (société anonyme au capital de 200 000 F. Siège social : 140 rue du Chemin-Vert (10 passage René), Paris XIe ; A. privées Beaurevert, cotes 325 à 331 AD3), par le "Service d´architecture" en août 1926 et en 1927 (A. privées Beaurevert, cotes autour de 290 et 520 AD3) ; les archives contiennent également des projets sans nom ni date (A. privées Beaurevert, cotes 333 à 348 AD3 ; au crayon sur un de ces plans : MM. Lepetit et Pantoux).
L´aménagement des pavillons est finalisé en 1933 avec la création de loggias à colonnettes, dessinées par Claudius Girin. Enfin, les portes axiales sur cour et sur jardin sont monumentalisées vers 1930 par l´adjonction de portiques à colonnettes.
Beaurevert reste dans la famille Chatin jusqu´au décès de l´épouse de Marc Chatin, héritier de Louis, en 1996 (Gerest). Il est alors vendu et le château, avec ses dépendances (et une quinzaine d´hectares alentours) est séparé du reste du domaine.
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )