La première gare d’arrivée du chemin de fer à crémaillère est élevée en 1892. Elle adopte la forme et l’architecture des haltes des tramways genevois construits par la Société de chemin de fer à voie étroite (voir Chemin de fer à crémaillère du Revard). En 1897, les concessionnaires de la ligne et propriétaires de la station procèdent à une campagne d’embellissement des installations : les élévations des hôtels du Revard, de la station intermédiaire de Pugny-Chatenod et de la gare d’arrivée sont recouvertes d’un essentage en tavaillons.
Lors de la campagne de travaux menés en 1924-1925 par la Compagnie du Revard, filiale de la Compagnie de chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) pour rénover la station (voir Station du Revard), la petite gare en bois est démolie pour laisser place à un nouvel édifice. Les dessins soumis en mai 1924 par l’entreprise aixoise Léon Grosse, chargée des chantiers conduits sur le plateau, ne sont pas retenus et la conception de la nouvelle gare est confiée à l’architecte parisien Pierre Patout.
Suite à l’ouverture du téléphérique et à la désaffection du chemin de fer à crémaillère à la fin des années 1930, la gare est reconvertie. Il semble qu’un projet de brasserie y ait été envisagé avant qu’une supérette, baptisée La Crémaillère, ne s’y installe.
Lors de la vente morcelée de la station en 1953, l’ancienne gare d’arrivée, son parvis au sud et les terrains au nord sont réunis dans le lot n°60, acquis par la société La Crémaillère (voir Station du Revard). Cette dernière divise à son tour le lot et vend le bâtiment de l’ancienne gare à la ville de Pantin en 1956. L’édifice est ainsi transformé, par l’architecte Collot de Paris et sous la surveillance du cabinet de l’architecte Laurent Chappis, pour accueillir une colonie de vacances : l’intérieur est entièrement réaménagé (création de cuisine et d’une salle à manger dans l’étage de soubassement ; aménagement de chambres en dortoirs et de sanitaires au rez-de-chaussée et dans l’étage de comble). A l’extérieur, les modifications portent essentiellement sur les ouvertures : les baies en plein cintre de l’étage de soubassement sont remplacées par des baies rectangulaires ; un bandeau de fenêtres se substitue à l’oculus percé dans la façade est (dans un second temps). En 1968, la ville de Pantin fait appel à l’architecte aixois Jo Maire pour agrandir la colonie de vacances. Un nouveau bâtiment, implanté au nord et relié à l’ancienne gare par un petit corps de liaison comprenant un appartement de concierge, est édifié pour abriter les cuisines et la salle à manger (transférées de l'ancienne gare dans ce nouveau bâtiment) ainsi que de nouvelles chambres. Aujourd’hui, ces bâtiments accueillent toujours les colons des séjours proposés par la ville de Pantin.
Architecte français
Biographie établie par Jean-Pierre Petit (architecte, CAUE 73) :
Architecte français originaire de Tonnerre (Yonne). Élève médaillé de l'Atelier de Jean Louis Pascal de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (matricule 4874), diplômé en 1903. Il pratiqua essentiellement en région parisienne où il co-fonda en 1910 le groupe "Art et construction" qui réalisa notamment vers 1918 un prototype de maison industrialisée. Il fut notamment architecte de la Ville de Rueil-Malmaison ; des Galeries Lafayette ; puis architecte en chef de la reconstruction de Tours. Il construisit nombre de villas et d'immeubles de rapport, et quelques équipements, mais il est surtout connu pour, d'une part, ses décorations de paquebots français (Ile-de-France en 1926, Atlantique en 1930 et Normandie en 1934-35), d'autre part, pour ses participations aux grandes expositions : Porte de la Concorde et pavillon du Collectionneur à l'Exposition des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 ; pavillon des Artistes Décorateurs à l'Exposition internationale de 1937 à Paris ; pavillon de la France à l'Exposition de New York en 1939, avec Henri Roger Expert. Haut représentant du mouvement d'architecture moderne de l’École de Paris, il est plus particulièrement considéré comme l'un des promoteurs du "Style paquebot". Membre, entre autres, du Comité des Architectes modernes, il exposa au Salon de la Société nationale des Beaux-arts à Paris en 1905. Il fut élevé au rang de chevalier de la Légion d'honneur en 1926, puis officier et officier d'Académie. On peut penser que la notoriété de Patout, ses liens avec H-J. Le Même, et son projet d'hôtellerie de montagne présenté au Salon d'Automne de 1923 au Grand Palais, ne sont pas indifférents au choix de la Société hôtelière et touristique P.L.M. de faire appel à lui en 1924 pour la nouvelle gare terminus du Revard.