HISTORIQUE
La passerelle du Collège est le plus ancien ouvrage franchissant le Rhône encore en place et un des deux qui ait conservé son nom d´origine, avec le pont Morand.
Son édification résulte de la demande des habitants du quartier des Brotteaux en rive gauche qui ne disposaient pas de lycée public sur leur rive et désiraient accéder directement au lycée Ampère situé sur la rive droite. L´ouvrage doit son nom à cet établissement, qui était, sous l´Ancien Régime, le Grand Collège tenu par les jésuites, puis Collège royal, et sur lequel il permet de déboucher (PELLETIER, 1986, p. 199-200). Il s´agit en outre de répondre à l´urbanisation croissante de la rive gauche et à la nécessité d´une liaison entre la presqu´île et le quartier Morand (Fiche de synthèse MFR, p. 2).
La première requête officielle est émise en 1840, notamment par MM. Desgaultières, Poulet et Peyre, mais butte contre l´opposition de la Compagnie des Ponts sur le Rhône qui fait valoir le privilège de 1771 accordé à son prédécesseur, la Société Morand. Devant la pression locale, elle doit pourtant céder aux instances du Conseil municipal et, le 28 mai 1842, elle s´engage à construire deux ouvrages, le pont de Saint-Clair et la passerelle du Collège. Le cahier des charges est fourni dès le mois de juillet par l´ingénieur en chef du département, M. Cailloux. Il prévoit que la passerelle aura 3,50 m de large et comptera au plus trois travées. Le système des fils de fer doit être employé pour la suspension.
Les travaux sont menés par l´entrepreneur Santil, avec le concours, depuis août 1843, de l´ingénieur du 3e arrondissement Garella. Le 7 décembre 1844, la fin des travaux est marquée par un tragique accident causé par la rupture d´un boulon retenant un câble : la passerelle s´effondre entre les piles et huit ouvriers se noient. On reconstruit rapidement l´ouvrage selon les plans prévus et la réception est effectuée le 2 septembre 1845, cinq jours avant l´ouverture à la circulation (PELLETIER, 1988, p. 165-166).
Un décret impérial en date du 6 octobre 1860 fait mention du rachat par l´État du péage de la passerelle, en même temps que ceux des autres ponts sur le Rhône (Site Art et Histoire).
En 1944, la passerelle est dynamitée par l´armée allemande : le tablier s´écroule entièrement, les câbles sont rompus et les piles sont très endommagées, surtout dans leur partie supérieure ; les lions qui marquaient l´entrée de l´ouvrage sont également détruits (PELLETIER 1988, p. 165, ill. et p. 166).
Une reconstruction à l´identique quant à l´aspect général est menée, mais les ornements sculptés ne sont pas restitués, et le dispositif "raidisseur" placé sous le tablier n´est pas repris (PRADE, p. 115, légende ill.).
La passerelle est rendue au public dès 1945.
En 1965, on installe un passage souterrain en rive droite "pour répondre aux problèmes posés par les débouchés sur le quai, pour l´écoulement des eaux pluviales et pour la traversée des piétons" (PELLETIER, 1988, p. 165).
En 1985-1986 (1987 dans la Fiche de Synthèse MFR), la Société Arnodin effectue une remise en état qui vise pour l´essentiel à remplacer le platelage en bois par un "alliage recouvert par une moquette routière gravillonnée" (notice CROS, LUGINBUHL). Cette opération nécessite la fermeture de la passerelle pendant plusieurs semaines (Fiche de Synthèse MFR, p. 2)
Une nouvelle rénovation intervient en 1996 (MONTENS, p. 134).
Parmi les travaux d´entretien indispensables, on compte les consolidations périodiques des enrochements situés à la base des piles (PELLETIER, 1988, p. 166, légende ill.).
"La passerelle est gérée par le Grand Lyon, Direction de la Voirie, cellule Ouvrage d´art, chargé de l´entretien et de la maintenance". Des visites annuelles sont ainsi menées pour surveiller l´ouvrage tant dans ses structures aériennes que subaquatiques. Outre l´entretien des enrochements, le changement de la structure porteuse et du revêtement, une rampe d´accès pour cyclistes a été aménagée depuis le quai Jean Moulin. Ainsi, si l´usage de la passerelle est essentiellement piéton, il s´est ouvert à la circulation cycliste (Fiche de Synthèse MFR, p. 2).
"La passerelle n´est jamais investie lors des manifestations culturelles et festives [...] pour des raisons de sécurité, elle reste en effet limitée en charge" (idem, p. 4).