HISTORIQUE
Jusqu´en 1868, on passait le Rhône au bas du village de Collonges par un bac, auquel on accédait par chemin vicinal dit "de la saucisse", pour se rendre en Savoie.
A la suite du classement, le 31 août 1860, par Napoléon III, de l´actuelle R.D. 1206 reliant Collonges à Annemasse - l´Ain à la Haute-Savoie -, comme route impériale, les populations des communes riveraines demandent rapidement aux pouvoirs publics la construction d´un pont fixe sur le Rhône en remplacement du bac de Collonges. Une pétition est transmise au Ministre des Travaux Publics dès le 14 septembre 1860 (BROCARD, p. 63). On conserve aux Archives départementales de l´Ain la demande de construction d´un pont fixe d´un certain Famy, habitant de Collonges (AD Ain, 3S 1139).
Les premiers projets d´un pont sont établis par les services des Ponts et Chaussées, au lieu-dit "sous Villard", en aval de Collonges, vers le bac et le moulin Juillard.
En 1862, le choix d´un pont en pierre à cinq arches de 20 m chacune est arrêté. L´ouvrage portait le "N impérial" aux extrémités et ses quatre piles étaient ornées des aigles napoléoniennes.
Dans un procès-verbal de conférence militaire de la chefferie de Pierre-Châtel du 15 janvier 1862, les autorités font savoir que la position du pont est déterminée par sa visibilité depuis la fortification du Fort de l´Ecluse.
Après plusieurs autres projets, le pont sera finalement construit plus en aval qu´initialement prévu. Les travaux débutèrent en 1869 par l´entreprise Girard de Saint-Rambert-en-Bugey dans l´Ain (BROCARD, p. 63).
Le pont est constitué d´une grande arche en plein cintre de 40 m, accostée de deux pilastres et séparée des culées par deux coupures de 6 m de large, franchies par deux travées indépendantes (BROCARD, p. 63 et PRADE, p. 146).
La violence des crues du fleuve et les difficultés de fondation dans son lit justifient la construction d´une grande arche. Les deux coupures, entre les deux culées et les piles de l'arche que coiffent des tabliers métalliques amovibles, ont quant à elles été exigées par le Ministère de la Guerre, afin de limiter la destruction de l´ouvrage en cas de conflit (PRADE, p. 146 et Site internet La Salévienne, légende de la carte postale "Le pont Carnot, vue sur le mont Vuache").
Présentant une longueur de 100 m pour une largeur de 6 m, l´ouvrage, terminé et mis en service en 1873 (achevé en 1872 dans Brocard, p. 63 ; voir PRADE, p. 146 ; MONTENS, p. 63 et annexe n° 1), doit son nom au polytechnicien Marie François Sadi Carnot, nommé ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de Haute-Savoie en 1864, avant d´être élu Président de la République en 1887, à qui l'on doit le projet et l´exécution des travaux (BROCARD, p. 63 et PRADE, p. 146).
Le pont Carnot a coûté 465 362,50 F (PRADE, p. 146).
Il a subi des travaux de réfection en 1981 (BROCARD, p. 64).