Dossier d’œuvre architecture IA01000574 | Réalisé par
Guégan Catherine
Guégan Catherine

Chercheuse au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (2006-...)

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  • enquête thématique régionale, Patrimoine des lycées
École d'agriculture, ensemble d'édifices agricoles : ferme-école, fermes, ateliers, hangars
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rhône-Alpes
  • Commune Misérieux
  • Lieu-dit Cibeins
  • Adresse Domaine de Cibeins
  • Cadastre 1984 A 226 à 234  ; 2015 A 229 à 234, 237-238, 240-241, 722, 724, 726, 728, 730
  • Dénominations
    école d'agriculture, édifice agricole, hangar agricole, atelier
  • Parties constituantes non étudiées
    ferme, entrepôt agricole, étable à vaches, étable à chevaux, poulailler, chenil, jardin d'agrément

Construite sous l’impulsion du maire Édouard Herriot, la ferme-école de Cibeins a été conçue comme un lieu d'instruction permettant d'acquérir des compétences professionnelles dans le domaine de l'agriculture. Cette exploitation a alors un double objectif : former les jeunes à l’agriculture moderne et contrer ainsi l’exode rural par la professionnalisation, et développer un pôle agricole susceptible d’approvisionner les crèches et hôpitaux de Lyon en denrées alimentaires, notamment en lait. A la fois école et centre de production, elle a donc vocation à devenir un établissement rémunérateur pour la Ville. Elle a également un objectif social : 30 % des élèves inscrits dans les années 1920 sont orphelins ou pupilles de la nation.

Les bâtiments et les équipements de l'exploitation sont résolument modernes, appliquant au monde rural les concepts du monde urbain et industriel, tels que les a élaborés Tony Garnier. Sobriété, association entre architecture et nature, hygiénisme, séparation des modules de production et de transformation caractérise l'organisation de l'ensemble, strictement géométrique dans sa disposition : corps de bâtiments alignés, parallèles et symétriques par rapport à l'axe central que constitue l'esplanade plantée. Par ses formes et ses matériaux, l'architecture s'inscrit par ailleurs dans le courant régionaliste : moellons rustiques en soubassement, charpentes en bois apparentes.

L’École d'agriculture de la Ville de Lyon à Cibeins, laboratoire de l'enseignement agricole moderne.

En 1918, la Ville de Lyon entre en possession du domaine de Cibeins, comprenant un château, des terres, fermes et dépendances, acheté sur les bonis de la Commission municipale du Ravitaillement, dont les sommes ne pouvaient être versées au budget de la Ville (AC Lyon, 110 WP 018 : Extrait du Registre des délibérations du Conseil municipal, séance du 10 avril 1922). Cette acquisition va permettre au maire Édouard Herriot de réaliser son projet de création d'une école d'agriculture municipale, dans lequel il s'implique fortement. Pour ce faire, la Ville contracte un emprunt de 31 000 000 de francs nécessaires au financement des travaux pour adapter le domaine à sa nouvelle fonction, dont la maîtrise d’œuvre est confiée à Charles Meysson, architecte en chef de la Ville. La première année, des prisonniers de guerre seront employés comme main d'oeuvre (AC Lyon, 22 W>P 319). L'école ouvre dès 1918 ; afin de démarrer au plus vite, la Ville acquiert une grande partie du mobilier et du matériel d'enseignement (outillage, machines, véhicules agricoles) à des particuliers ou à l'armée (AC Lyon, 111 WP 028/2). En décembre 1918, Meysson réalise le relevé de l'existant et établit dans la foulée les plans de l'avant-projet, qui portent la date du 17 janvier 1919 (Ibid. : ill. IVR84_20170100022NUCA et 00023NUCA)

Au printemps 1919, l'introduction de nouvelles matières d'enseignement (géologie agricole, zootechnie, chimie analytique et technologie) nécessite de recruter de nouveaux professeurs, d'acquérir du matériel pédagogique et d'agrandir l'école par la création de nouveaux bâtiments et la réaffectation des fermes faisant partie du domaine ; dans le même temps un plan d'aménagement du parc est élaboré, intégrant la création d'un verger et d'un potager (voir lien web : Programme d'enseignement d'aménagements et d'acquisitions de 1919.pdf, AC Lyon 111 WP 028/2).

Les travaux s'échelonnent de 1919 à 1925. Une partie du bâtiment des dépendances du château est réaménagée et surélevée pour y installer des salles de classe, des dortoirs et un réfectoire. Un pavillon est par ailleurs édifié à proximité pour y installer les douches, la buanderie et le " cercle des élèves " (actuel " musée "). L'administration et les logements de fonction sont installés dans le corps de logis du château.

La création de la ferme modèle

Du 26 au 30 août 1919, la Sous-commission chargée par le Conseil d'administration de l’École de Cibeins d'établir le projet d’aménagement d'une ferme-modèle, se déplace pour un voyage d'étude dans l'est de la France et en Suisse et visite des établissements similaires à la réputation bien établie (Le Rhône, jeudi 4 sept. 1919, p. 1) ; Édouard Herriot est du voyage (AC Lyon, 110 WP 018 : Extrait du registre des délibérations du Conseil municipal, séance du 6 oct. 1919). La commission fait notamment étape à Rouffach (près de Colmar), dont la ferme modèle, adossée à l'asile d'aliénés conçu sur le modèle germanique de l'asile-village (LAGET, P.-L., LAROCHE, C., 2012, p. 461), inspirera celle de Cibeins.

Un nouveau plan de la ferme est établi par Meysson " en tenant compte des desiderata exprimés par la Commission dans la séance du 9 septembre 1919 " (AC Lyon, 110 WP 018). Il propose une disposition générale des différents bâtiments en rectangle, en plaçant la maison du chef de culture en position isolée au centre de l'entrée principale. Les bâtiments doivent se répartir de la manière suivante : 1er bâtiment : maison du fermier, écurie, sellerie, salle d'alimentation, bouverie ; 2e bâtiment : porcherie, poulailler, clapier, magasin à outils ; 3e et 4e bâtiments : vacheries dos à dos, salles d'alimentation ; à droite de l'entrée : laiterie, buanderie ; à gauche de l'entrée : boulangerie et salle d'élevage de poussins (qui peuvent profiter de la chaleur du four). Derrière les bâtiments 1 et 2, 5e bâtiment perpendiculaire avec magasin d'engrais, infirmerie vétérinaire, atelier de préparation mécanique des aliments pour bétail. Un hangar ferme la cour. Un chemin de fer agricole à voies étroites (dit Decauville) doit desservir tous les bâtiments. Les travaux réalisés en plusieurs tranches, s'échelonnent sur les années 1921 à 1925 (AC Lyon, 22 WP 319) ; un plan levé en 1946 (AC Lyon, 2 S 514) témoigne d'une réalisation conforme au projet de Meysson.

L’École d'artisanat rural (1927-1950)

L'apprentissage des métiers du bois et du fer devait permettre aux élèves de l'école d'agriculture de maîtriser les techniques utiles à la fabrication ou la réparation des outils et machines agricoles ; trois sections sont créées : ferronnerie, mécanique, menuiserie. La maîtrise d’œuvre est confiée à l'agence d'architecture lyonnaise Roux-Spitz (voir dossier IA01000578). Dix-neuf promotions se succèdent entre 1932 et 1950, date à laquelle l'école est transférée à Châtillon-sur-Chalaronne (AC Lyon, 978 WP 98).

En 1936, Henri Marcaire, directeur de l'école, réaménage le parc et la roseraie avec la participation de la Société française des roses, dont il était le vice-président (Woss, 2000, p. 350). Une statue élevée dans le jardin de la ferme modèle, à proximité de l'entrée du château, lui en rend hommage (voir dossier IM01001086).

En 1918, Edouard Herriot installe dans l'ancien château de Cibeins L’École rurale d'agriculture de la Ville de Lyon, dont la restructuration en établissement d'enseignement est confiée à l'architecte Charles Meysson. La part la plus importante de l'opération est la réalisation d'une ferme-école comprenant plusieurs bâtiments dont la construction s'échelonne entre 1919 et 1927.

En 1921 : Construction de la vacherie, de la porcherie et des hangars. Certains hangars proviennent des anciens abattoirs de Vaise (Lyon 9e), démontés et remontés sur le site de Cibeins.

En 1922 : Construction de la bouverie et de l'écurie, du cellier, du logement du chef de culture et des chambres du personnel agricole.

En 1923 : Construction de la laiterie.

En 1924 : Construction de la 2e vacherie.

En 1925 : Bâtiment de la pisciculture.

En 1927-30 : Bâtiments de l'École pratique d'artisanat rural, par Michel Roux-Spitz : maisons du directeur et des professeurs, atelier d'artisanat rural.

Entre 1967 et 1976 : construction et aménagement de la nouvelle stabulation.

L'école devient lycée agricole en 1960 et prend le nom d'Edouard-Herriot en 1963 ; les entrepôts agricoles rattachés au lycée, provenant des halles de Vaise, sont restés propriété de la Ville de Lyon.

  • Remplois
    • Provenant de Commune : Lyon 9e
  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1919, daté par source
    • 1930, daté par source
  • Auteur(s)

Ferme modèle composée de corps de bâtiments séparés, en moellons ou en pisé sur soubassement rustique en pierre de taille.

La maison la plus importante par ses dimensions est celle du chef de culture ; elle est située au centre d'une composition ordonnée autour d'une grande cour composition, dans l'axe autour duquel se répartissent les autres bâtiments. De part et d'autre de cette maison : boulangerie avec au 1er étage un espace réservé pour couver les poussins, à l'est, laiterie et buanderie, à l'ouest. Longeant la cour de part et d'autre de cet axe central, du nord au sud : à l'est, logement du fermier, remise à véhicule et poulailler, écuries ; à l'ouest, deux vacheries. La composition est fermée au sud par la porcherie. Des remises et hangars pour le stockage du matériel agricole, de l'alimentation animale et des récoltes sont édifiés à l'ouest de cet ensemble (voir ill. IVR84_20170100066NUCA).

Plusieurs autres fermes, anciennement présentes sur le domaine, sont en pisé, dont l'une avec colombier, dite ferme Jacon. Cette dernière, située de l'autre côté de la voie communale dite chemin de Cibeins (actuelle avenue Edouard-Herriot), fait également partie du complexe éducatif. Elle est visible sur le plan cadastral de 1823. Une autre ferme composée de deux corps de bâtiments indépendants, avec puits et jardin potage, est située dans l'enclos du château, à l'ouest.

Les rails du Decauville sont encore visibles sur les sols de l'exploitation : ils permettaient d'acheminer des wagonnets transportant du foin ou des produits destinés à l'alimentation et aux soins du bétail.

État de conservation inégal selon les bâtiments. Une partie des hangars est en mauvais état de conservation.

  • Murs
    • calcaire moellon sans chaîne en pierre de taille enduit
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile
  • Étages
    1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à deux pans croupe
  • Jardins
    pièce de gazon, pelouse
  • État de conservation
    bon état, mauvais état, menacé
  • Techniques
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, Terrain et bâtiments propriété de la Ville de Lyon
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • AC Lyon. 110 WP 018. Instruction publique. École d'agriculture de Cibeins : création et fonctionnement, 1918-1925

    AC Lyon : 110 WP 018
  • AC Lyon. 111 WP 028/2. Ecole d'agriculture de Cibeins : demande de subvention sur le produit des jeux applicable aux travaux de construction, agrandissement et aménagement des bâtiments. Devis, plans, textes officiels, 1921

    AC Lyon : 111 WP 028
  • AC Lyon : 22 WP 319. Ecole de Cibeins. Suivi financier 1918-1922, travaux 1930.

    AC Lyon : 22 WP 319
  • AC Lyon. 944 WP 5/3. École municipale d'agriculture de Cibeins : création, organisation, aménagements ; correspondance, rapports, 1920-1929

    AC Lyon : 944 WP 5/3
  • AC Lyon. 978 WP 98. Domaine municipal de Cibeins : fonctionnement, publicité, articles de presse, 1941-1985

    AC Lyon : 978 WP 98
  • AC Lyon. 426 WP 130. Ecole d'agriculture de Cibeins. Construction et aménagement d'une stabulation, 1967-1976

    AC Lyon : 426 WP 130

Bibliographie

  • DUHAU, Isabelle. LAGET, Pierre-Louis. LAROCHE, Claude. L'hôpital en France : histoire et architecture. Lyon : Lieux Dits, 2012. Cahiers du Patrimoine n° 99. 592 p.

    p. 461, 484-85
  • [Voyage d'étude de la Sous-commission chargée du projet d'aménagement de l'Ecole de Cibeins], Le Rhône, Journal républicain du Matin, jeudi 4 sept. 1919

    p. 1
  • WOSS, Nicolas. L'école municipale d'agriculture de Lyon à Cibeins (1918-1939). In Les enjeux de la formation des acteurs de l'agriculture, actes du colloque, ENESAD, 19-21 janvier 1999. Dijon : Educagri éd., 2000

    p. 350

Documents figurés

  • Nouveau plan de la ferme établi en tenant compte des desiderata exprimés par la Commission dans la séance du 9 septembre 1919 / 1919. 1 Dess. encre violette (AC Lyon, 110 WP 018)

    AC Lyon : 110 WP 018
  • Ferme-école - Chateau de Cibeins à Mizérieux - Ain / Meysson Charles, architecte en chef de la Ville de Lyon, 17.01.1919. 2 Plans, papier beige, encre noire, rehauts de couleur. Ech. 1 : 100 (AC Lyon, 111 WP 028/2)

    AC Lyon : 111 WP 028/2
  • [L'école d'agriculture de Cibeins] / Journal Le Populaire, 26 juillet 1939, p.1 (AC Lyon, 978 WP 98)

    AC Lyon : 978 WP 98
  • Ecole d'Agriculture de Cibeins. Internat et ferme modèle / Service Immobilier de la Ville de Lyon, 1946. 1 f. pap. 4 couleurs, 1,000 x 0,795. Ech. 1 : 1.000 (AC Lyon, 2 S 514)

    AC Lyon : 2 S 514
  • [Lycée de Cibeins. Plan masse de la ferme école] / photogr. numérique [en ligne]. URL. <http://decouvrir-dombes-valdesaone.fr/parcours-patrimoine/itineraire-val-de-saone/domaine-de-cibeins.html>

Documents multimédia

  • LEVY, Jean-Benoît. L'école d'agriculture de Cibeins. Film muet en n. et b., 1927. Prod. : Edition Française cinématographique, [en ligne]. URL : <http://www.ina.fr/video/VDD09005631>

    INA : VDD09005631
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Guégan Catherine
Guégan Catherine

Chercheuse au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (2006-...)

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