Un corpus de 94 lycées publics en espace urbain construits entre 1802 et 1988 ayant été établi à partir des quatre départements de l'Auvergne et la Loire, le dossier de ce lycée a été ouvert au titre essentiellement de sa représentativité du type "lycée dont l'implantation des bâtiments sur le fonds est plutôt centrifuge, et dont des bâtiments sont alignés et font l'objet d'une axiation". En outre, le lycée Théodore de Banville présente une double singularité : il est le premier lycée ouvert hors Paris, et son porche est en forme d'arc monumental, avec décor parlant.
Rappelons que la municipalité de Moulins semble l’avoir emporté sur celle de Clermont-Ferrand pour l’obtention du premier lycée du centre de la France car, d’une part la ville était située sur la route de Paris à Lyon, mais de surcroît le bâtiment qui devait lui être affecté, le couvent des visitandines, présentait l’avantage « d’issues sur le cours de Bercy, une des plus belles promenades de France par sa longueur comme par la beauté de ses proportions et le long de laquelle coule une rivière navigable qui n’en est séparée que par une levée superbe »1. Tout semble être dit sur la situation du futur lycée alors que la proximité de l'hôpital général, considérée au 19e siècle comme une nuisance importante, aurait pu être retenue contre elle. Certes l'hôpital est (toujours actuellement) situé au nord du lycée, la direction principale des vents le met donc théoriquement à l'abri. Il reste qu'il offre une situation aux portes de la ville (mais intra-muros), lorsqu'on hésitait déjà à placer les lycées à la campagne, en centre-ville ou en périphérie2.
La relation à la voirie est forte : le bâtiment principal (d'abord hérité de l'ancien couvent) est aligné sur la rue de Paris (ancienne route ou traverse royale). Un front de rue opaque caractérise la construction comme ils ont caractérisé les lycées au début du 19e siècle puisque le monde du savoir devait être clos sur lui-même, à la manière des couvents. L'évolution est celle d'une ouverture sur le monde et sur la cité, qui commencera dans la seconde moitié du 19e siècle avec les cours de récréation ouvertes au moins d'un côté pour des raisons hygiénistes.
Par ailleurs, le plan d'alignement de la ville, élaboré en 1822 en application de la loi du 16 septembre 1807 qui oblige toutes les villes (de plus de 2000 habitants à partir de 1813) à se doter d'un tel plan, porte le projet de percée de la rue Regnaudin. Même si un doute subsiste quant à son percement effectif (puisqu'elle est figurée sur le plan cadastral de 1819), le projet d'axiation sur la façade de la chapelle du lycée ancrait a fortiori l'équipement public dans la structure urbaine. A partir des années 1950, ces ancrages deviennent de plus en plus lâches. L'entrée du lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand dans l'axe de la rue Audollent (lycée construit prinicipalement entre 1953 et 1958) est la dernière axiation du corpus.
Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).