Dossier d’œuvre architecture IA15000477 | Réalisé par
Renaud-Morand Bénédicte (Contributeur)
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

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Guégan Catherine (Rédacteur)
Guégan Catherine

Chercheuse au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (2006-...)

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  • enquête thématique régionale, Patrimoine des lycées
Lycée de garçons, actuellement lycée mixte d'enseignement général Emile-Duclaux
Œuvre recensée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Auvergne-Rhône-Alpes - Aurillac-3
  • Commune Aurillac
  • Adresse 16 Avenue Henri-Mondor
  • Cadastre 2017 BM 274
  • Dénominations
    lycée
  • Précision dénomination
    lycée de garçons
  • Appellations
    Emile-Duclaux
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, jardin

Le lycée n'a pas été visité. Seule l'analyse de sa relation à l'espace urbain a été menée (voir le dossier collectif et le dossier de présentation de l'étude).

Suite à l'invitation de l'Etat, le 6 janvier 1880, de proposer un emplacement pour la construction du lycée, l'architecte-voyer est missionné une première fois dans ce sens. Un terrain est choisi, entre la Jordanne (la rivière) et une route nationale : "sa position très pittoresque" et la possibilité de l'apercevoir "de presque tous les environs surtout à l'arrivée de la gare" finit par le faire préférer à l'enclos Falvelly (celui qui sera finalement adopté) dont on redoute que "le voisinage imminent de l'hospice" fasse reculer "l'autorité académique". Les proportions du plan sont établies par le conseil municipal sur la base des renseignement qu'il a pris auprès de lycées de villes similaires à Aurillac en nombre d'habitants, et notamment de celui de Guéret, estimant nécessaire d'éviter une saturation rapide des locaux. Il est ainsi demandé à l'architecte d'élaborer son projet sur la base d'un. établissement de 250 internes et 150 externes1

Des plans sont produits par l'architecte J-J-G. Lisch mais des sondages révèlent ensuite que des "plateaux en béton" seraient nécessaires pour porter la masse de l'édifice, ce qui entraînerait un fort surcoût. Le ministère de l'Instruction publique insiste pour l'abandon de ce premier choix.

Le 18 novembre 1883, l'architecte-voyer est missionné une seconde fois. Il doit tenir compte de quatre critères principaux : la surface (au minimum 2 hectares 50 ares), la nature du terrain, les moyens d'accès et la valeur approximative.

C'est ainsi qu'après un vote en conseil municipal, l'enclos Falvelly, malgré son voisinage, est définitivement retenu. Une réflexion est faite à son sujet, par M. Cabanes, conseiller municipal, qui témoigne de son évaluation à l'échelle du paysage : le lycée, sur son versant de colline, apportera un "beau pendant" à l'école normale d'institutrices qui se dresse "d'une façon splendide sur les hauteurs du château Saint-Etienne" (école normale construite en 1882, par le même architecte que le lycée).

Il reste qu'à l'échelle d'un piéton se déplaçant avenue de la République, le lycée est invisible, un projet d'axiation sur son avant-corps central, pourtant prévu par l'architecte Lisch, ayant échoué. On en trouve encore la trace dans le plan d'aménagement de la ville de 1922 mais il reste lettre-mort. Seul le prolongement de la rue Beauclair avait été acquis, qui mène du centre-ville, via le tribunal vers le lycée, et encore sans l'élargissement de 12 à 20 mètres qui avait été proposé de façon à planter l'avenue Henri-Mondor sur laquelle ouvre l'établissement.

Extrait du plan exécuté en application de la loi Cornudet (1919), par Maurice Fournier, de l'Union urbaniste, Croizet, architecte départemental, et Terrisse, ingénieur municipal, 1922 (AD Cantal. 1 Fi 13). Le lycée de garçons est en haut du cliché, le lycée de filles en bas. Au centre du cliché, en rose, jaune et bleu figure un projet d'escalier monumental (non réalisé) qui aurait mis en scène l'entrée du lycée tout en le reliant plus significativement à l'avenue menant à la gare (actuelle avenue de la République).Extrait du plan exécuté en application de la loi Cornudet (1919), par Maurice Fournier, de l'Union urbaniste, Croizet, architecte départemental, et Terrisse, ingénieur municipal, 1922 (AD Cantal. 1 Fi 13). Le lycée de garçons est en haut du cliché, le lycée de filles en bas. Au centre du cliché, en rose, jaune et bleu figure un projet d'escalier monumental (non réalisé) qui aurait mis en scène l'entrée du lycée tout en le reliant plus significativement à l'avenue menant à la gare (actuelle avenue de la République).

Ce "branchement" raté sur la ville n'a pas empêché la fierté des conseillers aurillacois, qui envoient le 30 janvier 1899 un cliché de la façade du lycée pour l'Exposition universelle de 1900, dans le cadre de la rétrospective sur l'enseignement secondaire en France. De la même façon, Vincent Flauraud a eu l'occasion de remarquer lors d'une conférence sur l'iconographie d'Aurillac aux 19e et 20e siècles2 que le lycée, figurant sur une carte postale datée de 1906 Chez Castanié et Vacher, représentait le "pôle majeur de l'identité aurillacoise" à cette date, soit plus de 10 ans après son achèvement, étant associé à l'avenue de la République qui symbolisait l'extension de la ville.

1AC Aurillac, 1 D 1/16 : Registre de délibération du conseil municipal, 6 nov. 1880, fol. 209.2Flauraud, Vincent. "Regarder la ville. L'iconographie aurillacoise, XIXe-XXe siècle". Texte aimablement transmis par son auteur.

En 1811, la transformation du collège communal en lycée est évoquée (relatée dans une délibération du Conseil général du 26 août 1882). Le projet est repris en 1878 : les villes voisines de Clermont, Le Puy, Rodez et Cahors qui ont leur lycée sont citées de façon à faire adhérer le conseil municipal. Lorsqu'il est admis que l'établissement sera construit (le 3 juin), se pose la question de le faire à l'emplacement du collège. Mais celui-ci présente une surface insuffisante : 4000 m2, alors que l'Etat réclame au moins deux hectares 50 ares. Il sera donc construit ex-nihilo à un emplacement différent (décision du 12 juillet).

Le ministère de l'Instruction publique donne son accord de principe le 10 décembre 1879 à condition, comme la procédure le veut, que la ville fournisse le terrain. L'Etat s'engage fermement le 6 janvier 1880 en précisant que le choix définitif du terrain est "laissé à l'Etat en accord avec la ville".

Le maire informe le conseil qu'il va rencontrer sur le sujet l'architecte Jean-Juste-Gustave Lisch à Paris, au vu de "ses compétences et de sa connaissance particulière de notre pays où d'importants travaux l'ont plusieurs fois appelé" (l'école normale d'Aurillac, par exemple).

Le 8 novembre 1884 Lisch demandait un mois supplémentaire pour finir ses plans. En supposant donc qu'il les avait livrés en décembre de cette année-là, l'architecte Chieze avait soumis à une commission spécialement nommée une variante pour la façade principale qui consistait à supprimer le bâtiment central "en vue de donner à la cour du milieu une aération plus large en y permettant l'accès du soleil sur la plus grande partie de sa surface". En effet, des auteurs comme Léonce Raynaud préconisait depuis 1858 les cours ouvertes sur un côté au moins de façon à garantir un ensoleillement maximal aux cours des élèves. La commission avait refusé la variante le 31 mars 1885 au motif que le lycée était implanté sur un terrain relativement élevé et que "la déclivité du sol contribuait à créer un effet d'amphithéâtre dans les cours intérieures". En outre, cette suppression reviendrait à éliminer la "seule partie de l'édifice qui comprenne un motif architectural, [...] qui donne un cachet artistique à notre lycée". Il était en outre prévu dès cette date (et cela sera repris sur le plan d'aménagement de la ville de 1922) de prolonger la rue Guy-de-Veyre de façon à "faire de cette partie de la construction le motif central et embelli de l'établissement". En d'autres termes, le corps central aurait bénéficié d'une axiation depuis l'avenue de la République.

Finalement, le 27 juillet 1885, l'inspecteur d'académie rapporte une dépêche ministérielle : le bâtiment central serait maintenu "tel que le demande la municipalité mais on atténuera cette disposition vicieuse, qui entrave l'ensoleillement de la cour centrale, en diminuant autant que possible la hauteur du bâtiment de cette cour au sud-est". En compensation, la longueur du bâtiment au sud devait être augmentée d'une travée.

En 1963, un "bâtiment scientifique" et un gymnase sont ajoutés sur la parcelle, au nord (maître d'oeuvre : Jacques Porcher). Pour la décoration de ce nouveau bâtiment, commande est passée au peintre Michel Four pour la réalisation de deux "fresques" destinées au hall d'entrée, au titre du 1% artistique.

En 1976, le lycée devient mixte par fusion avec le lycée de jeunes filles d'Aurillac, transformé en C.E.S. 600, entrainant une restructuration des locaux, et notamment de l'internat : séparation filles/garçons à chaque niveau, nouvelles installations sanitaires (douches jusqu'alors inexistantes) et remplacement des grandes chambrées pour des chambres plus intimes de 3 à 4 lits avec espace de travail, imposé par la mise en place de nouvelles normes d'hébergement des lycéens. La maîtrise d'oeuvre de ces travaux est assurée par l'arcitecte Jacques Porcher

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1887, daté par source
    • 1963, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Lisch Jean Juste Gustave
      Lisch Jean Juste Gustave

      Voir : https://agorha.inha.fr/

      Notamment :

      architecte du lycée Emile-Duclaux d'Aurillac (1887-1891), où il collabore avec l'architecte Chieze (Source : AD Cantal. E DEP 1500/1475 à 1478). Mais aussi, à Aurillac, de l'école normale au château Saint-Etienne (plans de 1882) et de l'asile d'aliénés et hospice (Source : Juste Lisch (39910) | Musée d'Orsay (musee-orsay.fr)).

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      architecte attribution par source, attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Chieze L.
      Chieze L.

      Architecte domicilié à Aurillac.

      Notamment : à Aurillac, architecte qualifié "du lycée" sur des coupes datées du 23 février 1892 (AD Cantal. E DEP 1500/1476). Ailleurs, il est dit "conducteur de travaux", ce qui l'assimile à un architecte d'opération. Les plans du lycée ayant été demandés en 1880 à J.-J. Gustave Lisch, fournis par lui en 1885, le lycée construit entre 1887 et 1891, on peut en effet supposer que L. Chieze était son relais local.

      Il est par ailleurs rapporteur de la commission des alignements dans les années 1880, chargé de superviser l'exécution des plans d'alignement par M. Bétancourt (AC Aurillac, 1 D 1/17)

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Porcher Jacques
      Porcher Jacques

      Jacques Porcher (Nesle, Somme, 12 juillet 1909 - Aurillac, 23 mars 1981), architecte diplômé de l’École spéciale des Travaux publics en juin 1933 (Études spéciales de béton armé), du Conservatoire national des Arts et métiers en mai 1935 et de l’Institut d’urbanisme de l’université de Paris en décembre 1936, patenté à partir de 1932, inscrit à l’Ordre des architectes le 12 juin 1943.

      Jacques Porcher travailla de 1932 à 1938 à Beaumont-sur-Oise, en association avec l’architecte David, puis il s’installa à Villefranche-de-Rouergue. Fait prisonnier de guerre en 1940, il resta plusieurs années en captivité. À partir de 1946, il exerça dans le Cantal. Le 8 avril 1946, il fut nommé architecte de la ville d’Aurillac. À ce titre, il dessina le plan d’urbanisme et le plan des maisons « type HLR » de la cité des Camisières, mais aussi les plans du groupe scolaire voisin (Maison-Neuve). En collaboration avec Pierre Terrisse et Pierre Croizet, il conçut les immeubles HLM de la rue de Marmiesse (détruits en 2020-2021) et de La Remonte (cité de Limagne). Jacques Porcher fut également architecte départemental du Cantal. Son agence se trouvait n° 32 avenue Jean-Baptiste-Veyre à Aurillac.

      Auteur des plans du CET féminin (actuellement intégré dans le lycée J. Monnet/J. Mermoz, d'Aurillac).

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      maître d'oeuvre attribution par source

Le plan du lycée est dit en grille. Trois cours sont délimitées par des préaux, les faisant dénommer cloîtres en 1883.

L'accès au lycée évoque ce que Pierre Soissons, un historien du lycée, a appelé "l'élévation vers le savoir" : un degré rectangulaire à l'extérieur, suivi à l'intérieur d'un escalier tournant à trois volées droites (une première volée centrale puis une deuxième volée double à montées divergentes) composent l'accès principal de l'établissement.

D'après le seul plan du rez-de-chaussée consulté (qui ne semble pas être le plan définitif de surcroît), une série de six escaliers tournants avec jours sont installés à différents points d'articulation.

Les corps de bâtiments au sud sont moins élevés (deux étages-carrés sur un étage de soubassement traité avec un enduit plus foncé) que les corps de bâtiments nord et les ailes.

Au sud, les trois travées centrales et l'étage de comble concentrent les effets décoratifs. Le niveau du vestibule auquel on accède par l'escalier d'honneur est éclairé en façade par un triplet de verrières dont la centrale présente une allège décorée d'un cuir portant l'inscription "LYCÉE", ainsi que des écoinçons ornés de cuirs qui portent le chiffre R.F. Cette travée, celle de la porte d'entrée, est couronnée d'une lucarne en façade qui interrompt l'avant-toit et porte un cadran d'horloge. L'étage de comble est éclairé par une série de lucarnes à fermettes débordantes qui animent le toit, de même qu'une série de souches de cheminées en brique et d'épis de faîtage. Les autres corps de bâtiments sont traités plus sobrement : les encadrements des baies ne sont plus systématiquement traités en chaînes harpées. En revanche les chaînes horizontales formant bandeaux ceinturent l'ensemble de l'édifice.

On retiendra du devis estimatif, concernant son aspect extérieur et donc son inscription dans l'espace urbain, qu'une plus-value était comptée pour le bâtiment principal à cause de "la décoration en pierre de la porte principale avec consoles, attiques, corniches etc". De la "pierre de failleton" devait être utilisée "pour chaînes, bandeaux, encadrements des fenêtres [...] fronton principal". Alors que dès le 23 avril 1881, le conseil municipal invitait M. Lisch à éviter les "dépenses de luxe" telles que l'utilisation de la "pierre de failleton" quand on pouvait lui substituer la "pierre de Murat", que "les murs de façade pourraient être construits en bonne maçonnerie ordinaire au lieu de moellon piqué", qu'il fallait de toutes façons "moins prodiguer la pierre de taille".

Nous n'avons pas consulté, ou que partiellement, plusieurs cotes qui concernent la construction de l'édifice (E DEP 1500/1476, 1477, 1478 (1887-1903)) ainsi que plusieurs cotes qui concernent de grosses réparations, des litiges avec des entrepreneurs et les "jardins français de la façade principale".

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan symétrique
  • Étages
    étage de soubassement, 2 étages carrés, 3 étages carrés, étage de comble
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier symétrique en maçonnerie
  • Typologies
    lycée monumental, repère à l'échelle de la rue et dont l'implantation des bâtiments est dépendante du tracé viaire
  • Techniques
    • ferronnerie
    • sculpture
  • Représentations
    • cuir découpé
  • Précision représentations

    Deux cuirs découpés dans les écoinçons de l'arcade en triplet de la façade comportant l'inscription RF pour République française. Cuir découpé comportant l'inscription LYCÉE sur l'allège centrale de la même arcade.

  • Statut de la propriété
    propriété de la région

Sélectionné comme lycée représentatif du type dit D "lycées monumentaux jusqu'à tenir un rôle de repère dans la rue et dont l'implantation sur la parcelle est dépendante du réseau viaire".

Documents d'archives

  • AD Cantal. E DEP 1500/1475. Lycée Emile-Duclaux, 1878-1888.

    AD Cantal : E DEP 1500/1475
  • AD Cantal. E DEP 1500/1476. Lycée Emile-Duclaux. Construction et aménagements, 1878-1893.

    AD Cantal : E DEP 1500/1476
  • AD Cantal. E DEP 1500/1478. Lycée Duclaux. Aménagements divers, 1890-1893.

    AD Cantal : E DEP 1500/1478
  • AD Cantal : 1114 W 380. Lycée Emile-Duclaux. Grosses réparations. Travaux de décoration, 1972-1978

    AD Cantal : 1114 W 380
  • AC Aurillac : 1 D 1/16. Registre des délibérations du conseil municipal, 1874-1881

    AC Aurillac : 1 D 1/16
    fol. 209

Bibliographie

  • Soissons, Pierre. Le lycée Emile-Duclaux. Aurillac : éditions de la Maison des lycéens, 2015.

    B Patrimoine CAM : A 56265
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2023
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Renaud-Morand Bénédicte
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

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Guégan Catherine
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