Après la destruction de l'église de la "Bienheureuse Vierge Marie", remplacée par la collégiale Notre-Dame '´Espérance dans la ville basse, il ne reste désormais sur la butte castrale que la chapelle Saint-Pierre, qui subsistera là jusqu'en 1258. A cette date, l'accroissement de la population urbaine oblige le transfert de la chapelle, appelée Saint-Pierre-le-Vieux, le long du Grand chemin de Forez, probablement dans l'espace réservé aux marchés. La construction de l'église Saint-Pierre commence vers 1260 ; elle est financée grâce aux legs de nombreux Montbrisonnais. Il semble cependant que le chantier avance lentement. Etienne Fournial rapporte dans son livre Les villes et l'économie d´échange en Forez ... qu'en 1316 le choeur n'est pas achevé et qu'un legs de 50 livres viennois est fait par Hugues Maurin pour le bâtir "à chaux, sable et pierre " dans un délai de trois ans.
Installée au nord de la ville, la nouvelle église paroissiale Saint-Pierre se situe près des pouvoirs administratifs et judiciaires naissants ; et c"est près de leurs institutions que les notables s"installent, dès le XVe siècle. Aussi la paroisse Saint-Pierre dessert-elle à cette époque une population en partie composée de familles nobles, d"officiers du baillage et de magistrats. En 1662, le procès-verbal de la visite pastorale de Monseigneur Camille de Neuville rend brièvement compte du bâtiment "Toute la fabrique de l'églize est en bon estat, le choeur est voûté et a le clocher au dessus (...)". Cette église, probablement reconstruite en 1606 (le chanoine Ollagnier précise que cette date était gravée à la base d'un pilier), avait une seule grande nef voûtée et trois chapelles : celles de Saint-Vincent, du Sacré-Coeur et des Morts. Au cours de la période révolutionnaire les églises de la ville sont fermées, excepté l'église Saint-Pierre. En 1801, le Concordat décrète l'existence de deux paroisses au lieu de quatre, soit Notre-Dame et Saint-Pierre-la-Madeleine. Ainsi à la paroisse Saint-Pierre s'agrège une partie de l'ancienne paroisse du faubourg de la Madeleine habitée par une société plutôt rurale composée d'artisans, de vignerons, de laboureurs, de journaliers. L'église Saint-Pierre, très endommagée pendant la Révolution, va être restaurée et remeublée grâce aux soins attentifs de ses curés, aux nombreux dons et au regain de ferveur religieuse : le Renouveau catholique. Dès lors le registre de la fabrique, de 1803 à 1811, mentionne de multiples dépenses de mobiliers et de fournitures usuelles. En mai 1836 l'Etat accorde un secours pour réparer l'édifice à partir des plans dressés par l´architecte du département Etienne Trabucco. Le rapporteur du ministère de l'Intérieur auprès du conseil des bâtiments civils, M. Rohault, précise que "cette église n'est pas régulière et n'a rien de remarquable. On démolit des chapelles qui sont en excroissance, pour en faire d'autres qui ne sont pas plus en harmonie avec le reste de l'église (...). Quoiqu'il en soit, la dépense étant minime, l'église, telle qu'elle est aujourd'hui, ne présente aucun intérêt sous le rapport de l'art, je pense que le projet d'agrandissement peut être approuvé". En 1843 le Journal de Montbrison indique que des améliorations de détails ont été réalisées, mais que l'église est trop petite et difficile à agrandir ; c'est pourquoi la sacristie est transformée en chapelle et la bibliothèque en tribune. En 1859, l'architecte de la ville M. Dulac dresse un devis des réparations à faire. Les subventions demandées à la mairie sont rejetées car les travaux envisagés ne correspondent pas aux besoins paroissiaux. Néanmoins, le conseil municipal partage avec les paroissiens le souhait de construire une église plus grande.
En 1861 le conseil municipal et le conseil de fabrique élaborent une convention autour du projet de reconstruction : la municipalité accorde une subvention de 30 000 F sans aucun dépassement possible ; les secours de l'Etat et surtout les dons des paroissiens vont assurer ce financement très coûteux. Le projet initié par l'abbé Barou, curé de la paroisse, brutalement décédé, est repris en 1862 par le chanoine Louis-Charles Ollagnier. Plusieurs emplacements sont proposés pour aboutir à une solution finale : la nouvelle église sera installée en partie sur l'ancienne parcelle (E 71), avec une orientation nord-sud au lieu de la traditionnelle orientation est-ouest. A partir de 1867, les plans et devis sont confiés à l'architecte diocésain Antoine Desjardins, dit Tony Desjardins, en étroite collaboration avec le chanoine Ollagnier. En 1869, six maisons (parcelles E 73 à 78), situées au nord de l´église, sont démolies par l'entrepreneur Reynaud. L'adjudication de la première tranche est confiée à M. Guichard de Saint-Etienne ; les travaux commencent en 1870 avec la construction du choeur, du transept et de la nef. L'église est bénie le 4 mai 1873 par le cardinal-archevêque de Lyon. La seconde partie des travaux s'effectue de 1874 à 1877 ; elle comprend la démolition de l'ancienne église et, sur une partie de cette dernière, la construction du porche et du clocher par les entrepreneurs Parot et Boudet. La réception définitive des travaux a lieu le 9 juin 1877, l'église de style néo-gothique est ensuite dotée de vitraux, de 1885 à 1886, et d'un mobilier néo-gothique, réalisé par le menuisier montbrisonnais Laurent. Ce mobilier est en partie démonté, tout comme le maître-autel, lors de la rénovation de l'église en 1993.
Architecte lyonnais. Ils se forme à Lyon (Ecole Saint-Pierre puis Ecole des Beaux Arts de Lyon) puis Paris (Ecole des Beaux-Arts et Ecole d'architecture). Il est architecte diocésain du Rhône de 1849 à 1882 et architecte en chef de la Ville de Lyon de 1854 à 1870.