L'église Saint-André
L'église Saint-André, qui datait du début du 13e siècle, n'est connue que par des documents d'archives et de rares représentations iconographiques, alors que son existence fut d'importance dans la ville.
Vers 1250, l´accroissement de la population est tel que l´église Saint-André devient insuffisante. Elle nécessite un agrandissement ou une reconstruction. L´église dépend alors du prieuré de Savigneux (voir IA42003479) et de ce fait ne peut célébrer les actes pastoraux. A la demande du curé Jean Puy, issu d´une famille influente de la ville, et avec l´approbation de l´archevêque Amédée de Talaru, le pape Martin V décide, par une bulle de 1423, que l´église Saint-André n´est plus soumise au prieuré de Savigneux pour procéder à ce qui constituait à cette époque les actes d´état civil (baptêmes, mariages, ensevelissements). Dès lors Saint-André devient la paroisse principale de Montbrison.
La vue de Montbrison par Guillaume Revel, vers 1450, montre l´édifice au coeur de la cité nouvellement fortifiée. L´église de plan allongé, terminée par un cul de four, est contre-butée par des culées et éclairée de baies en plein cintre. Le cimetière n´est pas visible. Ici Guillaume Revel insiste sur le pouvoir qu´exerce la paroisse dans la cité par la symbolique d´un clocher monumental, de plan carré, séparé du sanctuaire. La visite pastorale de 1614 complète l´information en évoquant l´existence d´un cimetière clos et la présence de 12 autels dans ce lieu de culte. Celle de 1662 mentionne une maison curiale à proximité de l´église, un cimetière à l´arrière et un clocher avec quatre cloches ; à l´intérieur, le bâtiment est pourvu d´un choeur avec tribune et d´une sacristie. Ensuite, la visite précise que la paroisse compte 1500 communiants, plusieurs confréries, chapelles, autels, objets de dévotions et ornements.
La vue de Montbrison en 1732 figure un édifice à chevet plat entouré d´un cimetière clos et, à proximité, un clocher plus élancé que celui représenté par Guillaume Revel en raison d´une flèche ajoutée au sommet de l´édifice. A cette date, le clocher de Saint-André domine la cité, et sa hauteur est comparable à celle du clocher de l´église des cordeliers : deux lieux de pouvoirs, pour quelques temps encore, reliés par la nouvelle rue de la Commune.
La transformation en abattoir
En pleine période révolutionnaire, l´église paroissiale Saint-André est fermée. En 1792, elle devient fabrique de salpêtre et de poudre tandis que cloches et ferrures sont déposées en 1793. Le 2 août 1795, par pétition « de tous les citoyens de la section de St-André et de Notre-Dame de Montbrison », il est demandé que soient remployés l´autel en marbre et le pavage en pierre de taille de l´ancienne église Saint-André dans la collégiale Notre-Dame (voir IM42002133), désormais réaffectée au culte catholique. Et, pour combler le fossé Saint-Jean, les pierres du cimetière Saint-André sont utilisées comme remblai en 1802.
En 1804, le conseil municipal fait une demande auprès du Ministre des Cultes afin d´acquérir ce bien national dans un « état de dégradation et de dépérissement journalier » pour y établir une boucherie. L´église est achetée en 1805 et le cimetière en 1807, pour servir de « materie » publique. Les plans sont réalisés par l´architecte Arnaud Meynis et l´adjudication donnée au maçon Cantat et au menuisier Mollin, de Montbrison. Ces derniers réalisent l´abattoir, sur l´emplacement du cimetière, et les boutiques de bouchers dans l´ancienne nef, en ne conservant que les murs extérieurs de l´église. Le plan cadastral de 1809 montre, sur ce site, deux parcelles rectangulaires (E 344 et 345) symétriques dont les extrémités concaves participent aux réaménagements de la place Saint-André tandis que dans la nouvelle rue des Boucheries s´alignent échaudoirs, séchoirs, dépôts d´immondices, tueries et 14 boutiques.
En 1834, la municipalité, poursuivant ses objectifs, souhaite l´aération et l´amélioration de la circulation dans la ville ; elle projette ainsi une communication directe entre la rue de la Boucherie et le boulevard Saint-Jean : l´ouverture de la rue de la Mure est réalisée. Profitant de cette création, le conseil municipal, dans une délibération de 1852 indique son « intention de faire disparaître la boucherie » afin d´améliorer les accès jusqu´à la place Saint-André. L´intention est double en réalité : il s´agit tout d´abord de retirer du centre ville le foyer d´infection qu´est l´abattoir, puis, par la destruction des boucheries désaffectées de réhabiliter l´ensemble de ce secteur.
Le lotissement concerté
Par délibération du conseil municipal du 15 janvier 1866, la ville met les bâtiments en vente avec un cahier des charges qui impose la construction de nouvelles façades ainsi que l´élargissement de la rue des Boucheries (voir plan de 1864 ratifié en 1866). Francisque Reymond (1829-1905), ingénieur civil de l´école centrale des Arts et Manufactures, devient adjudicataire de cet ensemble immobilier qui est achevé en 1867. La réalisation de ce lotissement concerté semble répondre au cahier des charges de la municipalité. L´élargissement de la rue dans sa partie nord est bien exécuté ; il supprime le pan coupé gauche, place Saint-André, provoquant une rupture de symétrie avec le pan coupé droit, probablement épargné pour préserver la fontaine installée en 1802 « près de l´église Saint-André ». Les nouvelles façades imposées sur rue montrent de petits modules architecturaux répétitifs, aux travées rythmées par des encadrements de briques saillants, des lambrequins et des garde-corps en fonte identiques. Les élévations postérieures sont encore la réutilisation des murs extérieurs de l´ancienne église Saint-André (voir vestiges de baies au n°3). Ce lotissement, composé d´éléments d´architecture in situ et de matériaux relevant de procédés industriels tels que la brique et la fonte, atteste de la modestie du projet urbain. Seul, se démarque de cet ensemble le logement de fonction de Francisque Reymond, installé sur une parcelle plus spacieuse et plus profonde, qui arbore un balcon orné d´un garde-corps en fer forgé (voir dossier). Au début du 20e siècle, l´extrémité nord-est du lotissement est affectée à l´hôtel des Postes.
Francisque Reymond est né le 15 mai 1829 à Montbrison (Loire). Il étudie à l'École centrale des arts et manufactures (dont il est directeur entre 1892 et 1895) puis entre comme ingénieur civil dans les compagnies de chemin de fer.
Il est député de la Loire de 1873 à 1888, puis sénateur de 1888 à sa mort en 1905.