Dossier d’œuvre architecture IA63002793 | Réalisé par
Fougère Félicie (Contributeur)
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, La ceinture des boulevards de Clermont-Ferrand
Maison
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 1 boulevard Cote-Blatin
  • Cadastre 2022 EV 184
  • Dénominations
    maison

La jonction du boulevard Cote-Blatin et du boulevard Lafayette s'est faite en dernier lieu, entre 1927 et 1930, alors que la portion sud-ouest de ce même boulevard était déjà ouverte. Elle s'opère par redressement et élargissement de l'ancienne rue d'Issoire. La présence d'une voie antérieure au boulevard explique celle d'édifices, dont les contours se lisent sur le plan d'alignement du boulevard sud, qui sont alors détruits ou remaniés. C'est le sort réservé aux deux maisons d'un et deux étages qui occupaient alors la parcelle dont les vestiges servent d'assise à la maison du n°1 boulevard Cote-Blatin (n°3 sur le plan d'alignement). L'ouverture du boulevard rabote assez largement l'îlot constitué de nombreuses petites parcelles adossées à la voie ferrée. La présence de bâti, la fragmentation du terrain en de multiples propriétés et l'emprise assez considérable que le boulevard enlève à chacune expliquent sans doute la lenteur de la procédure d'acquisition de cet îlot triangulaire ne comportant qu'une simple rangée d'édifices. Le plan de chronologie des cessions des terrains indique en effet une majorité de transactions effectuées dans la seconde partie des années 1920 (en haut à droite du plan, par vente, en bleu; par expropriation en rouge). Pour autant, certaines constructions perdurent (en rouge sur le plan de chronologie des constructions) au prix de remaniements qui offrent une adaptation quelque peu imparfaite à la nouvelle voirie, imperfections qui se traduisent par les irrégularités d'alignement créant un effet de façades en accordéon. On aurait pu penser que l'édification à partir du pivot que constituent les édifices préexistants au boulevard s'opèrerait de façon continue jusqu'à atteindre la parcelle la plus difficilement aménageable, à savoir la pointe exigüe du triangle sur laquelle se trouve le n°1 boulevard Cote-Blatin. Cependant, le n°3, à l'emprise bien plus confortable, reste, durant une dizaine d'années, une dent creuse (édification dite en damier sur le plan du mode d'édification). En dehors du fait qu'entre l'expropriation en 1927 et l'édification de la maison en 1939 le terrain reste dans la même famille, on peut envisager que propriétaire et architecte étaient conscients, au vu de la contrainte qu'exerçait la morphologie parcellaire, de relever une sorte de défi architectural.

A l'origine, occupée par de modestes édifices et un lavoir sur la Tiretaine, la rive opposée ne commence à prendre un caractère urbain que dans les années 1960, ce phénomène ne s'achevant véritablement qu'à la fin du XXe siècle. Il en résulte une dichotomie morphologique : les édifices de la rive orientale inaugurée par le n°1 conservent un aspect faubourien tandis que ceux de la rive occidentale développent une forme urbaine plus conforme aux attentes d'un centre-ville. Limiter notre attention aux deux premiers édifices du boulevard Cote-Blatin, les n°1 et 3, permet d'illustrer ce que peut être le caractère faubourien de ce qui, jusque dans le dernier quart du XXe siècle, constituait une frange urbaine. La franche horizontalité de la façade de l'immeuble du n°3, construit dans les années 1950, contraste avec l'accent vertical donné à la façade du n°1. Les baies ne s'accordant qu'un bandeau peint en encadrement prennent une forme barlongue et sont réparties en une symétrie écartant toute fantaisie. Les étages surmontent un rez-de-chaussée qui, à l'origine, s'ouvrait en vitrine commerciale, dispositif encore perceptible bien que brouillé par le partiel aveuglement actuel des baies. Sa forme, qui pourra volontiers être adaptée dans les années 1960 à des habitations, correspond à sa destination première : au moment de sa construction, en 1949, ce bâtiment était un simple atelier de réparation d'électricité automobile, qui sera doté d'étages d'habitation à la fin des années 1950. Le projet de surélévation, daté de 1956, révèle qu'à l'origine l'architecte, Francisque Combe, s'était inspiré de l'architecture de la fin des années 1940. Le dessin nous montre une façade couronnée d'un fronton cintré en ressaut dont l'arc aurait pu constituer un élément de rappel au jeu de courbes observé en travée latérale du n°1 (voir le chapitre description ci-dessous). L'architecte semble prendre en compte le contexte lorsqu'il imagine cette maison d'artisan mitoyenne de l'habitation de type villa construite une quinzaine d'années plus tôt, dans la mesure où sa proposition semble la traduction d'une transition architecturale. Ainsi, s'établirait une sorte d'esthétique des abords de la ville qui ferait voisiner villa et artisanat sans pour autant se détourner d'un effet de style. Finalement, pour des raisons qui peuvent être financières – le second projet, daté de 1957 et effectivement réalisé, s'avère bien plus fruste – ou de changement de destination – les deux étages carrés permettant de loger deux appartements qui transforment le projet de maison en immeuble – ce recours à une architecture qui pour être fonctionnelle n'évacue pas la préoccupation de la forme ne verra pas le jour.

L'actuelle parcelle EV184 correspond à la parcelle 1237, section K (3ième feuille) du cadastre de 1831. L'expropriation de la frange occidentale de cette parcelle, appartenant à Mme Veuve Giraud, intervient en 1927. Il s'y trouvait deux "bâtiments de un et deux étages" (visible sur le plan d'alignement du boulevard sud) dont les locataires sont expulsés en novembre 1927. Le projet de construction sur ce terrain, rendu exigu par l'ouverture du boulevard, est déposé par M. H. Giraud, en 1939 et la demande de branchement à l'égout en 1940. La maison est déclarée "terminée et en état d'être habitée" le 15 août 1941.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1939, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Bosser Jean
      Bosser Jean

      Jean Bosser (Clermont-Ferrand, 22 février 1902, idem, 21 octobre 1984) suivit des études d’architecture à l’École spéciale des Travaux publics de Paris puis à l’École des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand. Il exerça de 1926 à 1980 à Clermont-Ferrand et plus largement dans le Puy-de-Dôme. A la fin des années 1930, il est domicilié au 72 rue Lamartine. En 1965, son adresse est au n°7 du boulevard Duclaux.

      A conçu en particulier, en 1951, les plans de certaines des maisons "Castor" de la cité ouvrière Michelin du Clos-Chanturgue à Clermont-Ferrand. Aurait également travaillé à des projets pour l'établissement thermal du Mont-Dore à la fin des années 1940. En 1933, il dessine les plans de l'immeuble du 16 boulevard Fleury. En 1938, il produit les plans de la maison du n°1 du boulevard Cote-Blatin. La contrainte parcellaire, un triangle donnant au bâtiment le profil d'un fer à repasser, l'amène à adopter une solution que l'on voit émerger en 1937 chez Valentin Vigneron (renfoncement de travée ménageant des balcons), au n°29 du boulevard Cote-Blatin ou au n°110 du boulevard Lavoisier, sans que pour autant le morphologie parcellaire ait induit ce parti pour ce dernier. En 1939, pour l'immeuble du n°64 boulevard Jean Jaurès, Jean Bosser persiste dans l'inspiration de Vigneron (traitement de la travée centrale rappelant celle du 24 boulevard Jean-Jaurès, V. Vigneron architecte, 1938). C'est également en 1939, qu'il s'écarte de cette source d'inspiration pour l'immeuble de la Caisse primaire de l'Union des sociétés de Secours mutuel, au 50 avenue d'Italie puis, au début des années 1960 pour sa surélévation. La même année (1939), il produit les plans d'un immeuble au n°9 boulevard Cote-Blatin. La réalisation s'écarte du projet d'origine et y perd son sobre équilibre. En 1955, il s'associe à Valentin Vigneron pour réaliser l'immeuble du n°31 boulevard Cote-Blatin. Si la symétrie de l'édifice peut renvoyer à la manière de Jean Bosser, le marquage des lignes horizontales et verticales de l'ossature en béton du bâtiment est volontiers employé par Valentin Vigneron. On retrouve cette affection pour la symétrie dans l'immeuble édifié dans le courant des années 1960 au n°3 du boulevard Jean-Jaurès. Dans la seconde moitié des années 1960, il est architecte d'opération de la résidence universitaire de jeunes filles, située au n°24 du boulevard Cote-Blatin (maître d'ouvrage, ministère de l'éducation nationale, direction de l'équipement scolaire universitaire et sportif, office public d'HLM de la ville de Clermont-Ferrand, architecte en chef Auguste Arsac, 180 bd Saint-Germain, Paris). Cette opération immobilière implantée sur une vaste parcelle ne s'affranchit pas totalement de l'alignement par rapport à la voirie mais adopte une non mitoyenneté ménageant un effet de dissémination en bord de rive.

      Le milieu catholique lui assura des commandes importantes, parmi lesquelles, à Clermont-Ferrand, dans les années 1930, les chapelles de la Maîtrise (école Massillon) et de l’évêché (rue Pascal), et dans les années 1950-1960, les églises Notre-Dame de la Route, Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus (avec Jean-Louis Douat), Sainte-Bernadette et Saint-Austremoine.

      Il construisit aussi à Clermont-Ferrand trois cinémas : l’« ABC », « L’Ambiance », « Le Globe », ainsi que la salle Saint-Genès (à l’arrière du n° 9 place Michel-de-l’Hospital). Il fut enfin le maître d’œuvre de nombreuses maisons (certaines très modestes) et d’immeubles d’habitation (par exemple à Clermont-Ferrand n° 9 place Michel-de-l’Hospital et n° 13 avenue des États-Unis).

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte attribution par source

La contrainte parcellaire, un triangle donnant au bâtiment le profil d'un fer à repasser, aurait pu entraîner l'absence de traitement de l'étroite élévation latérale composée d'une seule travée (ce qui est d'ailleurs le cas de l'immeuble situé de l'autre côté du carrefour et affecté d'un morphologie parcellaire similaire). Ce sort est en fait réservé à l'élévation postérieure, surplombant la voie ferrée, dépourvue d'enduit et uniquement percée de trois modestes jours. Il semblerait que l'architecte se soit attaché à la vue que l'on a depuis le pont de chemin de fer, position embrassant certes l'austère élévation postérieure mais guidant le regard vers le traitement de la travée latérale, traitement que l'on retrouve en façade sur le boulevard. Ainsi, sans qu'il ne soit désirer ou même possible d'élever un édifice imposant, la maison forme un organe de connexion entre le pont de chemin de fer et le boulevard, d'autant que l'élan vertical donné à cette travée latérale fait en quelque sorte oublier la modestie de sa taille (deux étages carrés). La terrasse sur pilotis du premier étage oppose sa courbe en saillie à la concavité du parement rendu plus manifeste par la doucine comblant l'avant-toit. Les deux éléments, terrasse et doucine, se répondent au moyen de la liaison des niveaux opérée par les bandeaux peints et le relais d'un balcon également renflé. Le regard atteint, par cet harmonieux guide, aux angles du toit semblant deux cornes pointées vers le talus et le pont de la voie ferrée. Il est fort probable que Jean Bosser ait puisé son inspiration dans le traitement de la travée d'angle, dont le renfoncement loge des balcons arqués, que Valentin Vigneron applique quelques années auparavant à l'immeuble du n°29 boulevard Cote-Blatin (dossier IA63002797).

La façade atténue le parti d'une franche verticalité, encore visible en travée centrale où des moulures peintes encadrent l'ouverture oblongue de la cage d'escalier, atténuation opérée par la poursuite de la corniche de la terrasse en limitation du rez-de-chaussée. L'absence de liaison entre les baies ainsi que la symétrie du traitement général de la façade place l'édifice dans un dessin équilibré. L'ouverture biaise du vestibule, procédé permettant le raccordement de la porte latérale à l'escalier central, joue comme une irrégularité animant, de concert avec l'oculus la jouxtant, l'austérité d'un rez-de-chaussée aveugle logeant une buanderie et un garage. On peut regretter l'abandon, ou la disparition sous le crépi, du bossage visible sur le dessin de l'architecte, renforçant l'équilibre de la composition par une ferme assise horizontale et par l'ancrage de l'oculus en continuité de l'étroite ouverture centrale. L'étroitesse de la parcelle commande une distribution simple en profondeur à escalier central dans laquelle la salle à manger ouvre sur la terrasse.

  • Murs
    • crépi
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    2 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour suspendu
  • Typologies
    Edification autonome ; alignement régulier ; Composition indépendante ; Elévation à plan vertical avec travées en retrait ; Frise, bandeau ou registre indépendant ; Traitement des angles: présence de courbes ; Baies non ornées ; Rez-de-chaussée aveugle ; Animation de l'élévation par jeu de volume ; Animation de l'élévation par symétrie ; Distribution intérieure simple en profondeur
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Maison inscrite sur la liste des éléments identifiés au titre de patrimoine du PLUI Clermont-Auvergne-Métropole, juin 2024

Documents d'archives

  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O, boîte, 1 O 531 à 1 O 575, acquisition, expropriation, dossiers individuels, n°1 O 563, Acquisition d'un terrain à Madame veuve Giraud rue d'Issoire quartier du Pont de Naud, cadastré section K - n°1237 p, pour l'ouverture du boulevard Sud, 1927

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 563
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°554 25A, demande d'alignement maison 1 boulevard Cote-Blatin, 1939

    AC Clermont-Ferrand : O216 554 25A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1538 25A, demande de branchement à l'égout, 1 boulevard Cote-Blatin, 1940

    AC Clermont-Ferrand : O216 1538 25A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, dossier n°200 28A, demande de construction d'un atelier de réparation d'étectricité automobile, 3 boulevard Cote-Blatin, 1949

    AC Clermont-Ferrand : O216 200 28A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°2491, permis de construire, surélévation atelier 3 boulevard Cote-Blatin, 1956

    AC Clermont-Ferrand : PC 2491
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Fougère Félicie
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers
Fait partie de