Dans les années 1920, ce secteur, qu'entrecoupent quelques parcelles en jardin, est essentiellement dédié aux activités artisanales et industrielles : sur le schéma de demande de branchement à l'égout de la propriété de M. Crécy, dont les ateliers de fabrique de cartonnage sont alors en construction le long de la rue de la Rotonde, l'une des rives de la rue des Prés-Bas est occupée par les ateliers de la scierie Rouganne, tandis qu'à la gauche du croquis se situent les entrepôts Verdier (voir également le dessin en partie inférieure de l'image datant de 1955). Entre la fin des années 1920 et le début des années 1930, la parcelle occupée par la fabrique de mâchefer et de parpaings Paul Verdier, dont la bordure sud-orientale donne sur le boulevard se terminant alors en cul-de-sac, prend le visage qui sera le sien jusqu'à la fin des années 1960. Deux premiers entrepôts sont édifiés avant 1928 le long de l'actuelle rue des prés-bas, bientôt complétés par une troisième construction (1929). L'alignement sur le boulevard des entrepôts positionnés en fond de parcelle, le long de la rue des Prés-Bas, intervient à la fin des années 1930, par leur allongement jusquà la rive, le long de laquelle, au nord-est de la parcelle, est alors construit un dernier entrepôt. L'ultime vestige sur le boulevard de l'irrégularité d'alignement provenant de constructions effectuées avant l'ouverture de la voie est le retrait oblique affectant les maisons du n°48 dont la ligne de façade était en prolongement des deux premiers entrepôts Verdier. Cette cassure de rythme renforcée par la rupture d'échelle des bâtiments mitoyens est encore visible de nos jours.
L'ouverture du boulevard a donc pâti pendant un temps de l'orientation générale des constructions vers la rue des Prés-Bas, cette dernière souffrant à son tour d'un défaut d'alignement dû à l'avancée des terrains Verdier. Le recul d'alignement préconisé par le plan Cornudet ne sera effectué que lors de la construction de la résidence Hélios. La marge hachurée du plan de situation correspond à cette avancée sur rue qu'il convient de soustraire du terrain de l'immeuble pour la rendre à l'espace public (procédure de cession et aménagement du terrain frappé d'alignement sur la rue des Prés-Bas). La résidence Hélios est élevée de telle sorte qu'elle se place à la fois en recul et à l'alignement des deux voies qui la longe. L'immeuble A (à droite de la projection d'implantation) présente un recul d'alignement oblique par rapport au boulevard tandis que sa partie arrière est à l'aplomb de la rue des Prés-Bas. L'immeuble B (à gauche de la projection d'implantation) rattrape l'alignement sur le boulevard tandis que son élévation postérieur est en retrait oblique par rapport à la rue des Prés-Bas. Si ce positionnement crée objectivement une rupture d'alignement, l'effet en est grandement atténué par son caractère partiel et, dans une moindre mesure, par l'uniformité de l'orientation de la façade sur le boulevard. L'implantation non linéaire offre, de plus, l'immense avantage d'atténuer le volume et d'éviter la massivité qu'aurait pu présenter une façade élevant ses sept étages sur entresol en 19 travées d'un seul tenant. L'important mur d'héberge dominant la maison du n°40, non plus que le mur aveugle précédant la maison du n°48 ne pouvaient être éviter. Leur traitement par enduit blanc et l'importance de leur taille semblent en faire un acte volontaire qui présente l'avantage de s'affirmer.
Dans l'esprit de son architecte, André Verdier, la résidence Hélios, devait constituer le prélude à une "remodélation [sic] des propriétés de l'îlot compris entre le bd Cote-Blatin, rue des Prés-Bas et rue de la Rotonde" qui devrait être rendue possible par l'accord de 5 propriétaires sur 7 (lettre d'André Verdier à M. le sénateur-maire de Clermont-Ferrand, le 3 mars 1966). Dans la première moitié des années 1970, la villa voisine de l'architecte André Verdier (édifiée au n°6 rue des Prés-Bas dans les années 1930 et agrandie au début des années 1950) cède malheureusement la place à un immeuble (et l'on pourrait se demander s'il y a là un lien avec la présence, au sommet de la résidence Hélios, d'un appartement muni d'un espace professionnel comprenant une pièce consacrée au dessin). Le remaniement de la frange nord-ouest de l'îlot sera effectif dans les années 1990.
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.