Dossier d’œuvre architecture IA63002799 | Réalisé par
Fougère Félicie (Contributeur)
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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  • inventaire topographique, La ceinture des boulevards de Clermont-Ferrand
Entrepôts de la fabrique de parpaings Paul Verdier, actuellement immeuble, résidence Hélios
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 42-46 boulevard Cote Blatin
  • Cadastre 2022 HS 114
  • Dénominations
    entrepôt industriel
  • Genre
    de manufacturier
  • Appellations
    Résidence Hélios
  • Destinations
    immeuble

Dans les années 1920, ce secteur, qu'entrecoupent quelques parcelles en jardin, est essentiellement dédié aux activités artisanales et industrielles : sur le schéma de demande de branchement à l'égout de la propriété de M. Crécy, dont les ateliers de fabrique de cartonnage sont alors en construction le long de la rue de la Rotonde, l'une des rives de la rue des Prés-Bas est occupée par les ateliers de la scierie Rouganne, tandis qu'à la gauche du croquis se situent les entrepôts Verdier (voir également le dessin en partie inférieure de l'image datant de 1955). Entre la fin des années 1920 et le début des années 1930, la parcelle occupée par la fabrique de mâchefer et de parpaings Paul Verdier, dont la bordure sud-orientale donne sur le boulevard se terminant alors en cul-de-sac, prend le visage qui sera le sien jusqu'à la fin des années 1960. Deux premiers entrepôts sont édifiés avant 1928 le long de l'actuelle rue des prés-bas, bientôt complétés par une troisième construction (1929). L'alignement sur le boulevard des entrepôts positionnés en fond de parcelle, le long de la rue des Prés-Bas, intervient à la fin des années 1930, par leur allongement jusquà la rive, le long de laquelle, au nord-est de la parcelle, est alors construit un dernier entrepôt. L'ultime vestige sur le boulevard de l'irrégularité d'alignement provenant de constructions effectuées avant l'ouverture de la voie est le retrait oblique affectant les maisons du n°48 dont la ligne de façade était en prolongement des deux premiers entrepôts Verdier. Cette cassure de rythme renforcée par la rupture d'échelle des bâtiments mitoyens est encore visible de nos jours.

L'ouverture du boulevard a donc pâti pendant un temps de l'orientation générale des constructions vers la rue des Prés-Bas, cette dernière souffrant à son tour d'un défaut d'alignement dû à l'avancée des terrains Verdier. Le recul d'alignement préconisé par le plan Cornudet ne sera effectué que lors de la construction de la résidence Hélios. La marge hachurée du plan de situation correspond à cette avancée sur rue qu'il convient de soustraire du terrain de l'immeuble pour la rendre à l'espace public (procédure de cession et aménagement du terrain frappé d'alignement sur la rue des Prés-Bas). La résidence Hélios est élevée de telle sorte qu'elle se place à la fois en recul et à l'alignement des deux voies qui la longe. L'immeuble A (à droite de la projection d'implantation) présente un recul d'alignement oblique par rapport au boulevard tandis que sa partie arrière est à l'aplomb de la rue des Prés-Bas. L'immeuble B (à gauche de la projection d'implantation) rattrape l'alignement sur le boulevard tandis que son élévation postérieur est en retrait oblique par rapport à la rue des Prés-Bas. Si ce positionnement crée objectivement une rupture d'alignement, l'effet en est grandement atténué par son caractère partiel et, dans une moindre mesure, par l'uniformité de l'orientation de la façade sur le boulevard. L'implantation non linéaire offre, de plus, l'immense avantage d'atténuer le volume et d'éviter la massivité qu'aurait pu présenter une façade élevant ses sept étages sur entresol en 19 travées d'un seul tenant. L'important mur d'héberge dominant la maison du n°40, non plus que le mur aveugle précédant la maison du n°48 ne pouvaient être éviter. Leur traitement par enduit blanc et l'importance de leur taille semblent en faire un acte volontaire qui présente l'avantage de s'affirmer.

Dans l'esprit de son architecte, André Verdier, la résidence Hélios, devait constituer le prélude à une "remodélation [sic] des propriétés de l'îlot compris entre le bd Cote-Blatin, rue des Prés-Bas et rue de la Rotonde" qui devrait être rendue possible par l'accord de 5 propriétaires sur 7 (lettre d'André Verdier à M. le sénateur-maire de Clermont-Ferrand, le 3 mars 1966). Dans la première moitié des années 1970, la villa voisine de l'architecte André Verdier (édifiée au n°6 rue des Prés-Bas dans les années 1930 et agrandie au début des années 1950) cède malheureusement la place à un immeuble (et l'on pourrait se demander s'il y a là un lien avec la présence, au sommet de la résidence Hélios, d'un appartement muni d'un espace professionnel comprenant une pièce consacrée au dessin). Le remaniement de la frange nord-ouest de l'îlot sera effectif dans les années 1990.

L'acquisition de la portion de terrain nécessaire à l'ouverture du boulevard Cote-Blatin, passant au milieu de la parcelle 1248 section K (3ième feuille) du cadastre de 1831 qui appartenait à M. Jean Ballofy, expert-géomètre, et à son épouse Mme Brun, est actée en juin 1923. L'ouverture du boulevard crée un îlot, de forme triangulaire, entre la rue de la Rotonde et le débouché de la rue des Prés-Bas. La parcelle transversale au centre de l'îlot est occupée dès les années 1920 par l'entrepreneur Paul Verdier. Des entrepôts y sont édifiés jusqu'à la fin des années 1930. Le dépôt de permis de construire de la résidence Hélios, œuvre de l'architecte André Verdier, intervient en 1966. Le coefficient d'utilisation du sol dépasse celui prévu par le plan d'urbanisme de 1962. Il est donc demandé le versement d'une indemnité compensatrice (voir annexe). L'entreprise Verdier déménage dans le quartier du Brézet à Clermont-Ferrand entre 1966 et 1968. Elle dépose cependant, en 1974, une demande d'aménagement d'un bureau au rez-de-chaussée rue des Prés-Bas. Cet espace est repris, en 2003, par le club privé "le Viaduc".

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1966, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Verdier André
      Verdier André

      Architecte DPLG, domicilié à Clermont-Ferrand, 6, rue des Prés-Bas (en 1951).

      Né à Chamalières en 1906, mort à Clermont-Ferrand en 1971. Etudes d’architecte à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, diplômé en novembre 1934. En 1936, il dessine les plans de la villa sise au 6 rue des Prés-Bas sur un terrain appartenant à Paul Verdier (entreprise de matériaux de construction, dont le site se trouve sur une parcelle voisine, au 42-46 boulevard Cote-Blatin). Le rez-de-chaussée comprend un studio affecté au bureau de l'architecte. En 1949, les plans d'extension de cette villa sont encore plus explicites puisqu'ils comprennent une salle d'attente et un bureau de dessinateur. Cet édifice a été détruit ou profondément remanié dans la première moitié des années 1990.

      Il est l'auteur d'un maison d'habitation au 74 boulevard Lavoisier vers 1935, détruite vers 2007 pour laisser place à une résidence. La maison du 21 boulevard Jean-Jaurès, dont il livre les plans en 1938, est toujours en élévation et vaut qu'on s'y arrête. En 1953, il s'associe à Antoine Fustier pour l'édification de la barre d'immeuble du 1-7 avenue d'Italie. Probablement issu de la famille d'industriels Verdier (fabriquant de matériaux de construction), il dresse les plans de la résidence Hélios, en 1966, à l'emplacement du siège de l'entreprise, au 42-46 boulevard Cote-Blatin, cette dernière déménageant en 1968 dans la zone industrielle du Brézet.

      Notamment :

      Auteur, en 1944, d'un plan d'aménagement de la place de Jaude de Clermont-Ferrand impliquant un déplacement de l'hôtel de ville. Voir l'article en ligne : "Un projet d'aménagement urbain méconnu (Clermont-Ferrand, 1944)". www.auvergne-inventaire.fr/Les-inventaires/Villes-en-Auvergne

      Le Plan d'aménagement du Mont-Dore (63) de 1947 est présenté au conseil municipal de la station le 20 juin de cette année-là, par "M. Verdier, architecte".

      Auteur, entre 1951 et 1956, des plans pour le "Centre d'apprentissage féminin de Montferrand", devenu lycée professionnel Marie-Curie (Clermont-Ferrand, 63).

      Auteur, avec les sculpteurs Raymond Coulon et Marius Petit, du monument à la gloire des combattants et des victimes de la Guerre, à Clermont-Ferrand : voir délibération du conseil municipal du 1er février 1952 (par laquelle la municipalité fixe à 10°% du prix des cartes postales dudit monument par la Librairie Hachette, éditrice, les droits que la ville percevra, ces droits lui ayant été cédés par les artistes).

      Il est associé, comme architecte d'opération, à Georges Noël, pour la construction du lycée Ambroise-Brugière de Clermont-Ferrand, 1962-1964, puis 1967-1969 (le prénom Jean qui lui est donné dans le rapport justificatif des dispositions proposées du ministère de l'Education nationale serait une erreur). Associé à l'architecte J. Pérol pour le projet d'agrandissement du lycée de Saint-Flour en 1967.

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"Le projet comprend un programme de 140 logements se répartissant pour la commodité de la lecture des plans, en 2 corps de bâtiments se rejoignant sur l'entrée et la distribution centrale des étages" (introduction à la présentation du projet). Le gabarit et la distribution centrale, formellement associée à la symétrie, aurait pu entraîner un aspect massif. Or, l'architecte rejette précisément la symétrie en décalant les deux corps de bâtiment. Il en résulte un volume jouant sur l'articulation de façades diversement implantées et si dissemblables qu'on pourrait les dire opposées, l'une structurée par l'horizontalité des registres superposés de balcons-terrasses, l'autre, à l'inverse, animée par la verticalité de la juxtaposition des travées en redan. L'architecte parvient cependant à éviter la désarticulation qui aurait pu résulter de ce parti. Le recul d'alignement de la façade-épaisse, dont la frontalité est atténuée par le retrait traité en esplanade, permet à la déclivité se poursuivant sous les pilotis du rez-de-chaussée de se transformer en un socle au bâtiment qui s'élève ainsi plus légèrement. Ce procédé d'allègement des volumes est repris et amplifié par l'effet de travées biaises de la façade implantée à l'alignement du boulevard. La reprise du motif en V des pilotis pour les ouvertures visibles au fond du parking de rez-de-chaussée, encore perceptible en verticalité par le traitement en dent de scie de la façade sur le boulevard, participe de la variation sur un même thème donnant sa cohérence à l'ensemble tout en évitant la monotonie d'une parfaite homogénéité. L'élévation postérieure sur la rue des Prés-Bas présente, en revanche, un front homogène que tempère la saillie du rez-de-chaussée animée par l'encadrement en bâtière des portes de garage et les claustras en V alternés. L'emplacement d'un ancien espace de bureau, aménagé dans les années 1970, clos cette séquence par une porte dont la plaque indique: "le Viaduc, club privé", accès précédant une série de baies rigoureusement fermées (visible au premier plan de l'image de l'élévation postérieure). Une rapide recherche sur internet permet de découvrir qu'il s'agit d'un "sauna libertin" également référencé comme club échangiste.

Le nom de la résidence est en soi programmatique, le terme Hélios, qui promet les bienfaits du soleil, renvoie aux principes de l'hygiénisme. L'implantation sur une ancienne parcelle industrielle n'y est peut-être pas étrangère. En tout cas, l'omniprésence de balcons orientés au sud-est, la circulation d'air du rez-de-chaussée évidé en retrait du boulevard, prolongé à l'alignement par l'habillage carrelé du mur, s'inscrivent dans les préconisations hygiénistes. De fait, les appartements du bâtiment en retrait (à droite du plan des étages types) rappellent, dans un tout autre contexte et pour d'autres raisons, des chambres de sanatorium, chacune disposant de sa baie vitrée ouvrant sur le balcon. On pourrait également penser à un immeuble de location saisonnière n'était l'absence de la mer ou de la montagne. Seul le corps de bâtiment à l'alignement du boulevard offre des appartements un peu plus vastes, pouvus d'un séjour et d'une ou deux chambres (à gauche du plan). Le dernier niveau constitue l'exception puisqu'un seul logement l'occupe qui prévoit un espace professionnel vraisemblablement lié au métier d'architecte (une pièce est désignée par le terme "dessin"). La proche installation des universités en ce milieu des années 1960 influe sans doute sur la prédominance du logement de type studio, pouvant cependant être aisément remodelé en véritables appartements (comme figuré à gauche du plan de distribution intérieure).

  • Murs
    • béton béton armé enduit
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    entresol, 8 étages carrés
  • Couvrements
    • dalle de béton
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • Autres organes de circulation
    ascenseur, monte-charge
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Immeuble inscrit sur la liste des éléments identifiés au titre de patrimoine du PLUI Clermont-Auvergne-Métropole, juin 2024