Dossier d’œuvre architecture IA69000828 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
Pont de la Mulatière, actuellement pont autoroutier
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Confluent
  • Hydrographies Saône
  • Commune Lyon 2e
  • Lieu-dit Confluent
  • Adresse pont de la Mulatière
  • Cadastre 2000 BH non cadastré
  • Dénominations
    pont
  • Précision dénomination
    pont routier, pont de chemin de fer, pont autoroutier
  • Appellations
    pont de la Mulatière

Un pont franchissant la Saône à la hauteur de la Mulatière, jonction de la chaussée Perrache vers la route royale du Languedoc, est prévu dès le 1er projet d´Antoine-Michel Perrache de 1766 (cf. DOSSIER Aménagement urbain dit Entreprise Perrache ; SAROCCHI, p. 42-51 ; RIVET, p. 16-17). Dans son projet de 1770, Perrache propose un pont en chêne sur des culées de maçonnerie (AC Lyon : BB 338, fol. 9 ; annexe 1) ; les échevins insistent pour que le pont soit entièrement en pierre : A.-M. Perrache fait la construction à ses frais, reçoit le péage du pont et s´engage à le maintenir en état tant qu´il jouira de ce péage ; la Ville lui verse une indemnité de 250 000 livres, à raison de 10 000 livres par an (AC Lyon : BB 339, fol. 110-112 ; annexe 2).

Les fondements du pont (dit un moment de Bellevue) sont jetés en 1776. Le 16 août 1781, par acte notarié signifié à Mlle Perrache, Chabert, employé à la construction du pont, abandonne les travaux « engagés selon des procédés réprouvés par les règles de l´art ». Ses avis sont négligés (BM Lyon : Fds Coste ms 113 079). Le pont, à 5 arches, long de 120m, est mis en service en décembre 1782 (SAROCCHI, p. 41). Il est emporté par une crue de la Saône en janvier 1783 (BM Lyon : Fds Coste ms 113 079).

P. Sarocchi présente une reconstitution de ce pont : il présente trois grandes arches en anse de panier du côté de la Mulatière, et deux plus petites du côté de la presqu´île ; les arches en pierre, dont les culées reposent sur des rochers, sont appareillées en bossage et de fausses ouïes placées au droit de chaque pile accentue l´effet décoratif.

Le pont, reconstruit en 1792 par Jean-Michel et Jean-Marie Lallier (père et fils) à un emplacement légèrement plus au nord, reste en fonction jusqu´en 1830 (cf DOSSIER Pont de la Mulatière).

L´ordonnance royale de 1826 fixe le cahier des charges de la Compagnie Seguin et Biot chargée de construire le chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon. La construction des ouvrages d´art est soumise à l´approbation du conseil supérieur des Ponts et Chaussées.

Le 4 juillet 1827, le projet de pont suspendu présenté par Marc Seguin est approuvé par le conseil : pont de chemin de fer, il double le pont routier de Lallier, s´appuie sur les 2 piles occidentales subsistantes du pont de Perrache et présente une travée suspendue de 90 m.

En décembre 1827, Seguin propose de remplacer le pont suspendu par un pont fixe à 4 travées de charpente, plus sûr. L´ingénieur départemental Favier rédige un rapport s´opposant à ce changement et rappelant les problèmes causés par l´angle d´implantation d´un pont à arches. Malgré cela, et sans attendre l´avis du conseil supérieur, Seguin commence la construction de son pont et en 1828 propose de fusionner le pont routier et le pont de chemin de fer. Le 13 décembre 1829, une ordonnance royale autorise Seguin à construire un pont fixe à usage de pont routier et de pont de chemin de fer, et à démolir le pont de la Mulatière alors en service ; elle lui accorde la perception du péage pour 50 ans. Le nouveau pont est ouvert en septembre 1830 : c'est un pont en charpente de 8 travées ; chaque travée, de 18m 80 d'ouverture, est composée de 7 fermes en arbalétriers courbes, suivant le système du pont de Serin ; les piles sont terminées par des avants et arrières becs circulaires avec parements en pierre de taille de Villebois ; la largeur du pont entre les garde-corps est de 10m 82, 2m 26 pour le trottoir piéton, 6m 12 pour la voie charretière et 2m 43 pour la voie de chemin de fer (AD Rhône : S 2034). Il reprend les inconvénients du pont Perrache : étroitesse des arches rendant la navigation difficile et réduisant le débouché des eaux. En 1832, le Nouvel indicateur des habitants de la ville de Lyon... indique : " ...On traverse encore la Saône , à l´extrémité de Perrache, au confluent des deux fleuves, sur un nouveau pont en pierre et charpente, qui a remplacé un pont appelé de la Mulatière en bois peu solide. Ce nouveau pont est destiné au passage du chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon..." Une partie du pont (une pile et deux arches) est emportée par la crue de 1840.

Marc Seguin installe immédiatement 2 ponts suspendus provisoires, l´un pour le trafic ferroviaire, l´autre pour le trafic routier.

Le 25 février 1841, un rapport de la chambre de commerce demande la reconstruction du pont de la Mulatière selon les exigences nouvelles de la navigation. Seguin présente une reconstruction à l´identique, refusée par les ingénieurs des Ponts et Chaussées.

L´ingénieur Garella propose de supprimer une pile sur deux du pont de 1830 et d´ériger 4 arches métalliques plus élevées. Le 26 mai 1842, la chambre de commerce réitère sa demande de reconstruction du pont. Seguin accepte de reprendre le projet Garella et fait appel à l´ingénieur Antoine Polonceau, spécialiste du pont métallique en fonte depuis la construction du pont du Carroussel en 1834 : système d´arcs de fonte surbaissés, composés de cylindres creux assemblés par boulonnage. Le pont est mis en service en juin 1845. Le Guide de l´étranger à Lyon, de 1847, en donne une description assez précise (annexe 3). En 1854, le pont est élargi à une 2e voie de chemin de fer (AD Rhône. S 2034).

Les exigences de la navigation fluviale impose la surélévation de tous les ponts de Lyon en 1858. Les arcs de Polonceau sont remplacées par une simple superstructure métallique.

Jusqu´en 1914 le pont reste mixte, avec une simple barrière entre la voie ferrée et la voie empruntée par les voitures et les piétons ; à cette date on décide de le doubler : pont routier et viaduc ferroviaire. Après la construction du viaduc ferroviaire (cf. DOSSIER pont dit viaduc ferroviaire de la Mulatière), le pont reste utilisé pour le trafic routier jusqu´à sa reconstruction en 1936. Sa travée centrale, détruite en septembre 1944, est remplacée par une passerelle métallique.

Enfin, après la construction du tunnel de Fourvière et le passage de l´autoroute nord-sud le long de la rive droite du Rhône, la transformation du pont était indispensable : les ponts et chaussées ont choisi de le reconstruire en 1966 et de le doubler en 1972.

Le pont de la Mulatière, permettant le franchissement de la Saône pour la route royale du Languedoc, est prévu dès le projet d'Antoine-Michel Perrache de 1766. Construit en pierre en 1776, il est emporté par la crue de 1783. Il est remplacé, en 1792, par un pont édifié plus au nord (cf. dossier). Le cahier des charges dressé entre la Ville et la Compagnie Seguin en 1826 en prévoit la reconstruction. En 1829, une ordonnance royale charge M. Seguin de construire un pont fixe mixte, à la fois pont routier et pont de chemin de fer, dit un temps pont du Duc d'Orléans, ouvert en septembre 1830. Ce pont qui reprend l'orientation du pont de 1776, oblique par rapport à la Saône, est en partie emporté par la crue de 1840 ; provisoirement restauré, il est remplacé par un pont métallique, réalisé par l'ingénieur Joly, selon un projet d'Antoine Polonceau (1842). Le pont, surélevé en 1858, reste mixte jusqu'à la mise en circulation du viaduc de chemin de fer en 1916. Il est reconstruit en 1936. Sa travée centrale est dynamitée en 1944 ; reconstruit en 1966, il est doublé pour devenir pont autoroutier en 1972.

Le pont de 1776 comptait cinq arches en pierre. Le pont de 1830 est formé de huit arcs de charpente continus, reposant sur des piles et des culées en maçonnerie. Le pont de 1842 est composé d'arcs en fonte surbaissés, formés de cylindre creux assemblés par boulonnage. Ces arcs sont remplacés par une simple structure métallique lors de la surélévation des ponts rendue nécessaire par les progrès de la navigation en 1858. En 1936, un pont métallique de type cantaliver, à charge illimitée et à travées indépendantes est édifié. Le pont actuel, en acier coffré de béton précontraint, est composé de deux ponts accolés de 182 m de long, formé d'une grande arche centrale de 89 m et de deux arches latérales.

  • Murs
    • calcaire
    • bois
    • fonte
    • acier
    • béton précontraint
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • AD Rhône. S 2034. Pont de la Mulatière. 1825-1854

  • AD Rhône. 104 W 362. Pont de la Mulatière

  • AC Lyon. BB 338. Délibérations consulaires, 1770

    fol. 9
  • AC Lyon. BB 339. Délibérations consulaires, 1771

    fol. 110-112
  • AC Lyon. DD 275 / 61. Traité entre la compagnie de Perrache et Louis XVI, 1784

  • DEYRIEU, P. De l'inexécution de l'entreprise Perrache ou exposé des droits de propriétés conservés par la ville de Lyon sur les terrains concédés à l'auteur du projet et à sa compagnie, et de ceux que l'administrateur doit exercer contre les personnes qui prétendent représenter la Société éteinte et disposent sous ce faux prétexte des propriétés communales. 27 sept. 1814. / P. Deyrieu. Lyon : J. Buynand née Bruyset, 1814. 46 p. ; 26 cm (BM Lyon : Fds Coste ms 113 079)

  • A. Chambre de commerce, Lyon : Registres de délibérations du conseil de la chambre de commerce, 25 février 1841, 26 mai 1842

    25 février 1841, 26 mai 1842

Bibliographie

  • Nouvel indicateur des habitants de la ville de Lyon d´après le dernier recensement administratif. Lyon : Rusand, 1832. 401 p. ; 12 cm

    p. 8
  • COMBE, A., CHARAVAY, G. Guide de l´étranger à Lyon, contenant la description des monuments, des curiosités et des lieux publics remarquables, précédé d´un historique sur la ville. Lyon : Charavay frères, 1847. 332 p.-1 plan h.t. ; 15 cm

    p. 26-27
  • Après les jours tragiques de septembre 1944. La reconstruction des ponts de Lyon / Association des anciens Elèves de l'Ecole Centrale Lyonnaise. Lyon : Ed. de la Guillotière, 1945. 104 p. : ill. ; 30 cm

    (MALAFOSSE, Jean. Reconstruction du pont-route de la Mulatière, p. 59-61 : ill.)
  • LEMOINE, Bertrand. L'architecture du fer. France : XIXe siècle. Seyssel : Champ Vallon, 1986. 322 p. : ill. ; 27 cm (collection Milieux.)

    p. 104
  • PELLETIER, Jean. Les ponts de Lyon. L'eau et les Lyonnais. Le Coteau : Horvath, [1988]. 207 p. : ill. ; 26 cm

    p. 152
  • ROCH, Jean-Baptiste. Histoire des ponts de Lyon de l'époque gallo-romaine à nos jours. Le Coteau : Horvath, 1983. 167 p. : ill. ; 20 x 25 cm

    p. 79

Périodiques

  • SAROCCHI, Pierre. Les anciens ponts de la Mulatière à Lyon, 1782-1858. Bull. Soc. histor., archéol. et litt. Lyon, t. 29, 1999, p. 41-72 : ill.

    p. 41-51, 60-71

Documents figurés

  • Arrivée des Montbrisonnais / Guindrant del., Lavieille sc., 1845. Grav. sur bois. Dans : Histoire politique et militaire du peuple de Lyon pendant la Révolution française / Alphonse-Victor-Chrétien Balleydier. Paris : Curmer, 1845-1846

    pl. 6
  • Lyon. Confluent de la Saône et du Rhône pris du pont de la Mulatière / [S.N.] : [1er quart XIXe siècle]. Papier, mine de plomb, aq. 17,1 x 27,3 (Bnf Estampes : Res. Ve 26s-fol, Destailleurs-Province, t. 14, n. 3405)

  • FAVIER. Ponts de Lyon. Vues, coupes et plans des ponts de la Feuillée, de l'Ile-Barbe et de la Mulatière. [S.l.] : [s.d.]. 6 pl. (BM Lyon : Fonds Coste C 467)

    pl. 6. Projet d'un pont sur la Saône en remplacement de celui de la Mulatière
  • Elévation générale du pont de la Mulatière sur la Saône. Elévation d'une arche en fer fondu destinée à remplacer deux des arches en charpente du pont de la Mulatière / Clément Poy, 9 décembre 1839. Plan, coupes, élévations. Papier, encre, lavis, aq. 66,5 x 101 cm (AD Rhône. S 3034)

  • Plan du pont de la Mulatière présenté à l'administration en 1843. Vu par le préfet du Rhône, 24 décembre 1844. Elévation d'une travée, coupe. 1 : 100. Calque, encre. 40,3 x 62 cm (AD Rhône. S 3034)

  • Pont de la Mulatière. Plan en cours d'exécution en 1844. Vu par le préfet du Rhône, 24 décembre 1844. Plan, coupe. 1 : 100. Calque, encre. 48 x 63 cm (AD Rhône. S 3034)

  • Chemin de fer. Vue du Rhône avec le halage à la Mulatière et le pont Pierre Bénite et le chemin de fer - Givors / Béraud, lithographe, [vers 1830]. 85,6 x 29,5 cm (AC Lyon : 0002 S 00564)

  • Lyon. Pont du chemin de fer et de la Mulatière à la jonction du Rhône et de la Saône / Dessiné par T. de Jolimont. Figures par Adam. Lith. par Monthelier et Tirpenne. Litho de H. Brunet et Cie, [1833]. Lithographie. Dans : "Lyon. Vues principales des Ponts et Quais du Rhône et de la Saône" / T. de Jolimont, Lyon : 1833, n° 5. (Musée Gadagne Lyon : (9) 55.49.5, fonds Verzier)

  • Vue du Pont au Confluent de la Saône et du Rhône / Lauters del. ; lith. de Ch. Motte, [1835]. Lithographie. In : Cours de la Saône / Chapuy, Lauters, Lyon : 1835, n° 26. (Musée Gadagne : (9)55.51.26a et b fonds Verzier)

  • Pont de la Mulatière / lith. D'après un croquis / Duclaux, les figures / Bayot, grav. / Edouard Holstein. Dans : "Album lyonnais". Paris : impr. Lemercier, 1839 (BM Lyon : fonds Coste C 206)

  • Panorama de la ville de Lyon. [S.l.] : impr. Louis Perrin, [2e quart XIXe siècle] (BM Lyon : fonds Coste C 289)

    pl. 7. Pont d'Orléans, la Mulatière et voûte du chemin de fer
  • Lyon, jonction du Rhône et de la Saône / dessiné par Richard, grav. par Martens, [1ère moitié XIXe siècle] (BM Lyon. Fonds Coste 282, Vidéralp n° 6706)

  • Vue du Pont de la Mulatière / Dessin de A. de Courville ; Louis Perrin impr., s.d. [milieu XIXe siècle]. Lithographie bicolore. Dans : Vues de Lyon / A. de Courville, Lyon : [milieu XIXe siècle]. (Musée Gadagne : (9)53.865 fonds Justin Godart)

  • Lyon en 1850. - Pont de la Mulatière. Dans : "Lyon. Les vieilles estampes lyonnaises. Lyon en 1850" / S. F. [S.l.] : [s.d.], [1900 ?]. [50] f. de pl. : ill. ; 15 cm, pl. 13 (BM Lyon : 805 251)

  • Vue prise sous le pont de la Mulatière / Paul Saint-Olive, 1859. Dessin. 9 x 16,5 cm (BM Lyon. Fonds Saint-Olive 248. Vidéralp n° 08009)

  • 2260 - Environs de Lyon - La Mulatière - Le pont / B. F., Paris, [début XXe siècle]. Carte postale

  • Destruction des ponts par l'armée allemande, 1er et 2 septembre 1944 : vue des ponts de la Mulatière depuis le sud. 1944. Photogr. Nég. Sur verre (AC Lyon : 0003 Ph 00207)

  • Le pont de la Mulatière depuis le nord-ouest, [début XXe siècle]. Carte postale.

Annexes

  • Extrait des délibérations consulaires, 27 janvier 1770
  • Extrait des délibérations consulaires, 14 décembre 1771
  • Annexe n°3
Date(s) d'enquête : 2000; Date(s) de rédaction : 2001
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville de Lyon