...L'inspection du plan suffit pour faire reconnaître l'impossibilité d'une tête de pont en avant du pont de la Guillotière ; en effet plus de 150 m de ce pont (côté du faubourg) viennent d'être supprimés, comblés et les terrains adjacents relevés en grande partie au niveau du pont sont déjà couverts de maisons hautes de quatre à cinq étages qui plongeraient dans toute espèce d'ouvrage construits en arrière sur la rive gauche du Rhône.
On remarquera en outre que le seul terrain disponible pour construire un ouvrage se trouve en contrebas du pont de plus de 8 mètres Au reste ce terrain désigné au plan sous le nom de port submersible doit être laissé nu pour laisser un libre passage aux eaux surabondantes du Rhône dont le lit n'a été que trop rétréci par la suppression des six arches extérieures du pont.
Nous avons donc pensé qu'il n'y avait rien de mieux à faire que d'élever sur la pile du pont la plus rapprochée de la rive gauche une porte avec tours défensives d'une solidité telle qu'elle put résister pendant quelque temps à l'artillerie.
On trouvera indiqué sur le fragment de plan l'emplacement d'un pont-levis qui a existé pendant quelques années et que l'on a supprimé en 1816 ou 1817. Nous n'en proposons point le rétablissement attendu qu'à l'époque où il fut construit il était à peine tenable (faute de couverts) et le serait bien moins encore aujourd'hui à cause du relief des nouvelles constructions de la Guillotière et de l'extension prochaine de ce faubourg.
Les tours que nous proposons ne sont point trop élevées : il faut pouvoir contrebattre avantageusement les feux de mousqueterie partant des étages supérieurs des maisons en avant. la hauteur de ces tours résulte aussi de l'établissement d'une herse dont l'emplacement en arrière du passage est tel que le canon de l'assiégeant ne puisse la découvrir de la campagne. Cette herse précédée d'une forte porte en chêne placée à l'extérieur du passage resterait intacte pendant un assez long temps.
Nous ferons savoir d'ailleurs que la Ville qui depuis longtemps cherche à remédier à l'inconvénient de la rapidité de la descente du pont vers la rive droite se propose cette année même de remplacer par des travées en bois les deux premières arches du pont qui seraient démolies (A. Service historique de l'armée de terre. Paris. Vincennes. Art. 8, section 1, Lyon, carton 2 n° 30).
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon