Contrairement à ce que pourrait laisser croire un article du journal l’Avenir d’Aix-les-Bains de 1902, cette villa dénommée Maison Grise n'a pas vraiment été construite pour Raoul Mourichon et son épouse Meta Kahn. Si ces derniers sont effectivement propriétaires du terrain en 1901, la maison est, quant à elle, construite en 1903 pour le compte d'Auguste Rabuteaux, beau-frère de Raoul Mourichon. Mais c'est vraisemblablement bien ce dernier, entrepreneur de travaux publics, auteur de réalisations prestigieuses dans la capitale, qui s'est chargé de la direction des travaux. Néanmoins M. Mourichon semble avoir régulièrement séjourné dans cette villa au début du XXe siècle. Un deuxième bâtiment plus modeste (6 ouvertures) est bâti en 1904, en haut de la propriété, le long du boulevard Périn à l'est (BX 196). Il s'agissait sans doute des communs de la villa, dont ils sont séparés lors de la vente de la propriété en 1952.
La villa, qui semble avoir été laissée à l'abandon, au moins durant les années 1980, est rachetée en 2002 par une société civile immobilière qui confie à l'architecte Michel Viand d'importants travaux de rénovation. Six logements sont créés dans la villa et un garage est construit dans la cour à l'est, au pied du rocher.
Mourichon Louis-Denis dit "Raoul" :
- Né le 5 mai 1857 à Thorigny (Seine-et-Marne)
- Décédé en novembre 1918 à Paris, à l’âge de 61 ans
- Entrepreneur de travaux publics, entrepreneur général des bâtiments de l'Exposition Coloniale (1889), officier d’Académie, Chevalier de la Légion d'Honneur (1889), explorateur
Source : http://gw.geneanet.org/fab21?lang=fr;p=louis+denis+raoul;n=mourichon
- Archives nationales : base de données Léonore (Légion d'honneur)
Mourichon Louis Denis Raoul, Chevalier de la légion d'honneur (décret du 29/10/1889), dossier 19800035/205/26890.
Résumé des services : Officier d'Académie, Bachelier-ès-lettres, membre du conseil syndical de la chambre syndicale des entrepreneurs en maçonnerie du département de la seine, […]. Membre du comité formé pour la construction d'un monument à Mirabeau, à Montargis (Loiret), constructeur du bâtiment. Constructeur du monument élevé à Gambetta, place du Carrousel à Paris. Entrepreneur général du ministère de la Guerre (Poudres et Salpêtres), laboratoire central de la Marine. Entrepreneur général du Génie (Ecole Polytechnique). Entrepreneur de l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures. […] Entrepreneur général des nouvelles serres du Muséum d'Histoire-Naturelle, des bâtiments Civils et des Palais Nationaux, a fait à ce titre le déblaiement d'urgence de l'Opéra Comique, lors de l'incendie. Entrepreneur de la Ville de Paris, écoles, lycées et facultés, usines et bâtiments spéciaux : Menier […]. Hôtels Menier, Potocki, Ephrussi, […], magasins du Bon Marché, grand nombre de maisons de rapports. Entrepreneur général des bâtiments de l'Exposition Coloniale de 1889 à l'Esplanade des Invalides. Membre fondateur de la Société Française de Colonisation […].
Source : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/leonore_fr
- Bibliothèque nationale de France : Gallica (bibliothèque numérique)
Tribunaux. Les surprises de la loi. Journal des débats politiques et littéraires, 9 décembre 1902, n° 340, p. 3.
M. Mourichon, l’explorateur bien connu, fut en premières noces le mari de Mme Civet, dont on sait à quel point le chanoine Rosenberg exploita la crédulité. M. Mourichon épousa en secondes noces une Américaine fort riche, Mme Cruger : il avait au moment de ce second mariage 615.000 frs de dettes, dont 311.000 frs dus à sa première femme. Mme Cruger, américaine, et ne connaissant que les lois de son pays, crut qu’en se mariant sans contrat elle adopterait le régime de la séparation de biens, ainsi qu’il est de règle dans l’Etat de New-York. Elle se maria donc sans contrat, et, tombant sous le coup de la loi française, se trouva avoir adopté la communauté légale qui est en France le régime des mariages sans contrat. Toute la fortune de Mme Cruger devenait ainsi commune, de même toutes les dettes de M. Mourichon. Mme Cruger s’empressa de demander la séparation. Mais le tribunal repoussa sa demande, et le jugement vient d’être confirmé par la cour.
Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4810301.langFR