La construction du pavillon Léon Blanc est intimement liée à l’industriel américain John Pierpont-Morgan.
A la demande du corps médical aixois, demande relayée par le docteur Léon Blanc, médecin personnel de Pierpont-Morgan lors de ses séjours dans la station thermale (AP Grosse. Dossier n°231, boîte n°16), l’industriel offre en 1910 une somme nécessaire à la construction d’un pavillon isolé dans lequel seraient soignés les tuberculeux, alors abrités dans l’hôpital-Infirmerie (Délibération du conseil municipal, 23 mai 1910). Pierpont-Morgan fait don de 165 000 francs pour l’acquisition des terrains, l’élargissement de la chaussée du boulevard Pierpont-Morgan et l’édification du pavillon. La gestion financière et la conduite du projet sont confiées au docteur Guyenot, directeur de l’Institut Zander, chargé de collaborer avec l’architecte communal Jules Pin (AP Grosse. Dossier n°231, boîte n°16). Pierpont-Morgan émet par ailleurs des exigences concernant la construction du pavillon : le bâtiment doit être isolé, construit au même alignement que l’hôpital-Infirmerie et l’hospice Brachet, réservé aux tuberculeux et baptisé « pavillon Léon Blanc ». L’élaboration des plans doit être confiée au docteur Guyenot (voir annexe 1). Animé par la volonté d’édifier un établissement modèle, John Pierpont-Morgan invite le docteur Guyenot à réaliser des visites aux Etats-Unis et en Europe pour s’inspirer des derniers progrès de l’architecture hospitalière (voir annexe 3).
Le premier marché de construction est passé avec l’entreprise Léon Grosse en août 1911 et concerne la construction d’un corps central et d’une aile (aile est) (AP Grosse. Dossier n°231, boîte n°16) dont les travaux sont achevés en 1912. Suite à une visite effectuée au mois d’avril, John Pierpont-Morgan décide de financer la construction d’une seconde aile (aile ouest) comprenant, selon ses souhaits, un grand dortoir pour les dames éclairé par de grandes baies vitrées en glace et doté d’une seconde terrasse sur la façade nord. L’entreprise Léon Grosse signe le marché de construction en mai 1912 et s’engage entre autres à construire « une galerie souterraine destinée à relier l’hôpital Docteur Léon Blanc au sous-sol de l’Hôpital Principal » et à réaliser des « travaux de sculpture sur la façade principale du pavillon central » (voir annexe 2) (AP Grosse. Dossier n°231, boîte n°16). La première pierre de la seconde aile est posée le 30 avril 1912. A cette occasion, le Cercle d'Aix-les-Bains offre à John Pierpont-Morgan une bêche en bois et en argent, gravée, conservée aujourd'hui à la Morgan Library à New-York.
Le pavillon Léon Blanc est inauguré le 15 mai 1913 en l’absence de l’industriel américain, décédé le 30 mars précédent. A cette occasion, Theodore Reinach, député de la Savoie, qualifie la construction de « pavillon spécial, largement ensoleillé, moitié hôpital, moitié sanatorium, muni de toutes les installations qui permettent l’aération la plus complète et la désinfection la plus rigoureuse » (Le Démocrate savoisien. AD Savoie. 7 X 20). Les discours prononcés lors de cette inauguration sont largement relayés dans la presse locale mais aussi dans la presse spécialisée.
Le pavillon Léon Blanc se compose d’un corps central encadré de deux ailes et se développe sur un sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré. Un moyen relief représentant le Grand sceau des Etats-Unis ainsi qu’un attique couronnent le corps central. Au premier étage des ailes, deux larges terrasses pourvues d’une balustrade en béton et supportées par des piliers en béton abritent « un promenoir » au rez-de-chaussée. Elles sont fermées latéralement pour se protéger du vent et peuvent s’abriter du soleil par un système d’auvents mécaniques rétractables reposant sur des aisseliers en béton. Conformément au souhait de John Pierpont-Morgan, la façade postérieure de l’aile ouest (aile gauche) est également pourvue d’une terrasse. Des décors ornent la façade postérieure du corps central ainsi que l’intérieur du bâtiment dont les niveaux sont desservis par des escaliers et un ascenseur.
Pendant la Première Guerre mondiale, le pavillon Léon Blanc est d’abord affecté comme hôpital militaire pour les blessés rapatriés du front (Délibération du conseil municipal, 9 septembre 1914) puis occupé par les permissionnaires américains à partir de 1917 (Contrat de bail entre le gouvernement américain et la municipalité d’Aix-les-Bains. AD Savoie. 7 X 10).
A partir de 1922, la municipalité et la commission administrative de l’hôpital thermal Reine Hortense manifestent la volonté de procéder à des travaux de remise en état du bâtiment suite à son occupation pendant la guerre (AC Aix-les-Bains. 3 Q 1). Appuyée financièrement par John Pierpont-Morgan junior, acceptant d’offrir 50 000 francs (Délibération du conseil municipal, 19 janvier 1925), cette démarche n’aboutit qu’au début des années 1930 dans le cadre de la réflexion plus globale menée sur la réorganisation des services hospitaliers du site (voir dossier Centre hospitalier, dit Site Aix-Grand Port).
En 1932, le pavillon Léon Blanc est affecté à la médecine entraînant le réaménagement intérieur du bâtiment et sa surélévation d’un étage d’après des plans dessinés par l’architecte de la Ville, Francis Crochon. C’est certainement à cette occasion que l’attique situé sur le corps central, les décors extérieurs (Grand sceau des Etats-Unis et motifs sur la façade postérieure du corps central) ainsi que la terrasse placée contre l’élévation postérieure disparaissent. Les salles donnant sur le sud, c’est-à-dire sur les galeries du rez-de-chaussée et sur les terrasses du premier étage, sont réservées aux patients tandis que les pièces placées au nord sont dévolues aux services (AD Savoie. 7 X 12).
En 2014, les services logés dans le pavillon Léon Blanc ont déménagés. Le bâtiment est donc actuellement en grande partie inoccupé en attendant sa réaffectation. Les balustrades en béton des terrasses ainsi que leurs fermetures latérales, l’attique, les ferronneries des portes, les ornements extérieurs et intérieurs n’ont pas été conservés.
Né à Aix-les-Bains en 1881.
Nommé architecte de la ville d'Aix-les-Bains par arrêté du 1/2/1922 en remplacement de l'architecte Jules Pin.
Participe à la réfection de la toiture de l'église de Pugny-Chatenod en 1928.