Au début du 16e siècle, Trévignin était desservi par deux chapelles, celle de Saint-Laurent "Très les Vignes", dépendant du prieuré de bénédictins Saint-Nicolas de Grésy en Genevois (Grésy-sur-Aix), et celle de Saint-Victor, dépendant du prieuré bénédictin Saint-Robert au Montcel. En 1513, Saint-Laurent devient église paroissiale, au profit de l'église Notre-Dame d'Aix lors de son érection en collégiale ; Saint-Victor passe à la paroisse de Mouxy (Histoire des communes savoyardes).
La chapelle était en ruines et sa paroisse unie à celle de l'église Saint-Laurent, au chef-lieu, lors de la visite pastorale de saint François de Sales, en 1606. Les habitants du hameau sont autorisés à la réédifier. Ils seront alors autorisés à récupérer "un calice d'argent avec sa patène", réclamé lors de la visite par deux habitants de Saint-Victor, Bertin Arthod et Antoine Feynier ; le calice leur est exhibé par deux paroissiens de Trévignin, "avec le pied séparé de la coupe, et l’inscription sur le pied : CALIX PARROCHIAE SANCTI VICTORIS ; mais "puisque l’on joint Saint-Victor avec la paroissiale de Trévignin, que n’est raisonnable que ledit calice soit rendu, ains doit demeurer en ladicte mère église de Trévignin".
La chapelle est présente sur la mappe sarde, au n°516, simple vaisseau terminé au sud en abside semi-circulaire, entouré d'un cimetière (n°515), les deux étant en propriété ecclésiastique. L'ensemble a sans doute été vendu à la Révolution.
La chapelle est reconstruite dans les années 1830 (elle est dite "construite il y a peu d'années" dans un acte de 1848), de l'autre côté de la route (au nord), avec un plan similaire à la chapelle préexistante, mais orientée (abside à l'est ; voir plan du premier cadastre français en 1880, parcelle n°727). La souscription faite en 1833, accompagnée d'une liste de dépenses en maçonnerie, toiture et fournitures diverses, correspond sans doute à ces travaux de reconstruction. Un compte de dépenses en 1837 mentionne des travaux à la voûte et à la fenêtre ainsi que des travaux de plâtrerie, complétés l'année d'après par la pose du plancher, de la porte et de l'autel (plâtrier Louis Balladaz). Les habitants demandent par la suite la permission de célébrer les offices dans cette chapelle qu'ils s'engagent à entretenir.
En 1874, les héritiers du propriétaire du terrain où a été édifiée la chapelle, Jean Marin, cèdent l'ensemble à la fabrique qui doit dès lors assurer l'entretien de l'édifice. La chapelle a disparu au début du 20e siècle (elle n'est déjà plus cadastré sur le cadastre rénové de 1936).
Dans la première moitié du 20e siècle, elle est remplacée par un petit local avec une abside arrondie vers le nord, représenté sur le cadastre rénové de 1936 et encore sur celui de 2014 (même parcelle, A5 541), qu'un témoin compare à une remise pour une voiture et qui était existant en 1967 ; cet édifice a été remplacé vers 1970 par un oratoire (IA73004281).
La chapelle aurait abrité un buste en bois (de Saint-Victor ?) ; celui-ci aurait été déménagé à la cure à la disparition de la chapelle, puis détruit lors des travaux de rénovation du presbytère (voir IA73004310) (renseignement oral).
AD Savoie. 48 F 657. Chapelles. Chapelle Saint-Victor.
- Souscription volontaire faite pour la chapelle de Saint-Victor en juillet 1833. Total 63 souscripteurs (parmi les plus gros donateurs : Aimé Laflèche, 80 £ ; Pierre Paris 90 £).
Sur la même double feuille, compte de dépenses : chez M. Ginet 600 clous, 14 livres de crosses ; Sollier et Vincent, maçons ; Laurent Guillermin pour la toiture ; Bourguignon maçon ; Laurent Dunand idem... total 110,70 £.
- Dépenses faites au mois d’octobre 1837. Claude Cler dit Pierrot, 10 journées à la voûte et façon de la fenêtre ; 400 clous ; Louis Ballada, plâtrissage et gips [sic].
- 1838. Plancher ; Claude Cler pour porte et ferrure ; Balladaz plâtrier pour l’autel.
- 16 juillet 1848. Soumission des sieurs Jean Marin, Joseph Marin et François Francoz, acceptée par révérend Gervais Cornillat pour l’entretien de la chapelle Saint-Victor de la commune de Trévignin. Lesquels à l’effet que l’archevêque de Chambéry daigne accorder la permission de faire célébrer la sainte messe dans la chapelle construite il y a peu d’année au hameau de Saint-Victor (au midi des n° 555 et 561 de la mappe), s’obligent solidairement à pourvoir perpétuellement à l’entretien de la chapelle (soit environ 5 £ neuves par an).
- 16 janvier 1874. Réunion du conseil de fabrique avec les héritiers de Jean Marin (Maurice Marin, Louis son frère et Noël son neveu, fils de Pierre), au sujet du terrain sur lequel est construite la chapelle et qui leur appartient. Terrain de 8 à 10 toises, cédé par les héritiers pour 40 F à la fabrique, signé Rochas curé.
- 17 décembre 1874. Acte de vente correspondant à l'accord passé avec les héritiers Marin. Reçu Desportes, notaire à Aix-les-Bains. Les vendeurs sont les héritiers de Jean Marin : Maurice Marin, Louis son frère et les enfants d'un autre frère, Pierre : Noël et Louise, veuve de Michel Marin, 16 ans. Origine de propriété : Jean Marin et ses ancêtres. La fabrique sera chargée seule de l’entretien de la chapelle qu’elle a fait construire sur le terrain. La fabrique pourra donner à sa convenance une seconde clefs aux vendeurs pour assurer l’ouverture les dimanches et fêtes. Prix de la vente : une messe à la mémoire de Jean Marin et ses successeurs, dite dans l’église paroissiale le jour de la saint Victor, à perpétuité. Évalué 3 F par an par l’enregistrement.
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )