• inventaire topographique, Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Grangerie viticole du prieuré de Bellevaux, puis demeure dite château de Charbonneau
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Combe de Savoie
  • Commune Saint-Pierre-d'Albigny
  • Lieu-dit la Plantaz
  • Cadastre 1730 5441  ; 1890 F3 340 à 343  ; 2018 YK 167 à 174, 178
  • Dénominations
    grange monastique, demeure
  • Genre
    de bénédictins
  • Parties constituantes non étudiées
    fontaine

Présentation historique

Selon Laurent Morand (Les Bauges : histoire et documents. Seigneurs ecclésiastiques, note 23), la Plantaz faisait partie de la "terre des Voltes" mentionnée comme ayant été donné au couvent de Bellevaux dès l'acte de fondation et de confirmation de 1090. La grangerie édifiée pour les moines sur ce site propice à la viticulture, et situé sous le col du Frêne, est attestée à partir de 1729 : le 3 juin 1729, l'acte par lequel le prieur dom Grégoire Charbonnel, assisté de dom Charles Sylve, achète à Philibert Rosset le martinet de Bellevaux (créé en 1654 par Louis Turinaz, voir IA73002794) est passé devant le notaire royal Mollot "dans la maison de la Plantaz appartenante aux Rd seigneurs prieur et religieux de Nostre-Dame de Bellevaux" (ibid. note 15). Lors de la levée de la mappe sarde, la maison apparaît au n° 5441 (mas "A la Plantaz de Belleveaux"), avec une vigne de 4,13 ha (n°5439).

Morand donne la transcription partielle d'un inventaire établi "au moment où la Révolution vint en déposséder les moines" : la maison comprenait alors une "chapelle, dont la porte s'ouvrait sur la troisième plate-forme", pourvue d'un autel avec devant d'autel, "six vases à fleurs artificielles, six chandeliers de bois, un tableau de la sainte Vierge et de l'Enfant Jésus, un crucifix d'ivoire avec sa croix en bois, une clochette, un calice avec sa patène en argent, les ornements nécessaires pour la célébration du saint sacrifice de la messe" ; un caveau à l'usage du prieur, contenant "cent-dix bouteilles de vin lutées, tant blanc que rouge, appartenant à dom Ract-Madoux" ; l'appartement du prieur, au 1er étage, avec un salon et une chambre contenant un lit, des chaises, des tables, des tableaux, un baromètre" (ibid., note 23). Une fontaine remontée dans la cour porte la date 1762 avec une croix trilobée et les clefs entrecroisées du monastère. La grangerie est vendue comme bien national le 3 vendémiaire an III (24 septembre 1794), à Benoît Bonin, de Montmélian. Le bien comprend trois lots : 1° une maison, avec cour, jardin, écurie, tinage, champ, verger, vignes, teppes, broussailles, murger, situés à la Plantaz, de la contenance de 17 journaux 117 toises, représentés par les numéros entiers de 5440 à 5442, 5413, de 5415 à 5417 et partie nord du numéro 5439 ; 2° des vignes, à la Pepinat, d'1 journal 180 toises, comprenant la partie médiane des numéros 5450, 5453, la partie nord du numéro 5448 et la partie sud du numéro 5449 ; 3° une vigne, aux Sapines, de 367 toises 3 pieds, sous le numéro 707, le tout payé 4760 livres.

Jusque dans les années 1830, avant la construction de la route actuelle, le chemin du col du Frêne, par où le minerai de fer des Hurtières transitait vers les hauts-fourneaux des Bauges, passe au pied des bâtiments.

En 1890 (Etat de section cadastral), le domaine appartient à la veuve d'Henri Pierre François de Charbonneau, qui y réside. La maison correspond au n° F3 340 (maison, cour et bâtiment, dont le bâtiment nord représenté hachuré et donc sans doute de construction ou modification récente en 1890 ; non repéré), avec la cour sud (n°341, jardin) flanquée de deux pavillons aux angles (n° 342 et 343, bâtiments). La famille de Charbonneau, du Dauphiné, anoblie en 1659, acquiert des biens à Saint-Pierre au 18e siècle : en 1718 Marc de Charbonneau et son épouse Barbe de Quintal y prennent possession de trois maisons issues d'un héritage (deux maisons au bourg et la propriété de Pau, voir IA73004482). Son petit-fils Maurice achète le domaine de la Pantaz en 1805 à la veuve de Benoît Bonin qui l'avait lui-même acquis en 1794. Au milieu du 19e siècle, les Charbonneau possèdent un vaste domaine sous le col du Frêne : Henri Pierre François réside à la Plantaz et son frère Joseph Antoine administre le domaine de la Saussaz. Henri Pierre François meurt en 1849, sa veuve Hélène de Villette se remarie en 1853 avec son domestique, Jean François Coutin. Le domaine est vendu trois générations plus tard, en 1949, à la Ville d’Aix-les-Bains en 1949 pour y installer une colonie de vacances. Une carte postale du milieu du 20e siècle indique "CHATEAU DE LA PLANTAZ Colonie d'AIX-les-BAINS en 1957". Il est revendu en 1966 à Henry Girard, qui le loue entre 1972 et 1984 au Centre Scolaire Éducatif de la Plantaz (voir Ecart de la Plantaz, annexe). A partir de 1999, le site redevient une demeure privée.

La moitié est de l'étage de soubassement présente plusieurs ouvertures chanfreinées, en plein-cintre ou à linteau en accolade, et un mur sud très épais dans la partie médiane, qui pourraient dater cette partie du bâtiment du 15e ou 16e siècle. L'escalier est comparable à ceux des immeubles du 18e siècle du bourg de Saint-Pierre. Messiez indique que la maison a été "embellie pour le passage de Charles Albert" (roi de Sardaigne de 1831 à 1849), ce qui pourrait correspondre à un remaniement de l'habitation au milieu du 19e siècle. L'inscription (voir description) sur le linteau de la "chambre du curé", citation du poète Le Chevalier de Saint-Gilles (ca 1670 - ca 1709), qui fait référence à l'art cynégétique, doit dater de cette époque, où la maison est devenue une habitation noble.

Sur le plan cadastral de 1890, la partie dépendance, à l'ouest, est figurée en bâti léger : une carte postale du début du 20e siècle montre l'aspect du bâtiment à cette époque, avec l'étage de soubassement en maçonnerie (On distingue une reprise horizontale indiquant une surélévation) surmonté d'un niveau ouvert, sans doute un fenil et remise. Il a été surélevé et converti en habitation entre les années 1950 et 1970 pour accueillir ses nouvelles fonctions de colonie puis centre éducatif, puis remanié à la limite des 20e et 21e siècles. La fenêtre située au milieu de l'étage de soubassement porte l'inscription RENO <o> 2018 indiquant des travaux de rénovation.

Description

La demeure est implantée parallèlement aux courbes de niveaux le long de la route montant au col du Frêne. Elle comprend une partie habitation dans un corps de bâtiment de plan massé, à trois niveaux, et une partie dépendance dans un corps allongé comprenant à l'origine deux niveaux. Une travée comprenant un vestibule desservant le 1er niveau (étage de soubassement) et un escalier pour les niveaux supérieures de l'habitation assure la liaison entre les deux.

L'habitation a un étage de soubassement comprenant une pièce au sud (elle-même coupée par un arc diaphragme) éclairée côté sud par deux fenêtres géminées à linteaux en accolade et desservant une cave voûtée dans le quart nord-ouest (porte et fenêtre à linteaux en accolade) ; le quart nord-est est remblayé. Le rez-de-chaussée surélevé n'a pas été visité. Le 2e étage est actuellement divisé en quatre pièces avec un mur porteur nord-sud au milieu, et un couloir est-ouest.

L'escalier tournant à retours, en pierre (marches maçonnées couvertes en lauze), est ouvert du côté nord : les paliers sud sont voûtés d'arêtes et desservent deux pièces superposées en demi-niveau. Celle du niveau supérieur est dite "chambre du curé" ; sa porte donnant sur l'escalier, avec inscription peinte (voir plus bas) et niche à statuette, est murée (une porte permet l'accès depuis le 1er étage de l'habitation). L'escalier est posé sur un vestibule voûté qui dessert les caves du soubassement.

Le bâtiment de dépendance comprend quatre caves voûtées en berceau : une petite cave (voûte transversale) dont la voûte est percée d'une trappe, reliée par un arc en plein-cintre chanfreiné à une une grande cave (voûte longitudinale). Les dernières deux caves ou remises (voûtes transversales) sont ouvertes côté sud par des portes en arc plein-cintre maçonnées. La dernière abrite encore un pressoir.

Dans la cour bordant le bâtiment au nord se trouve une fontaine : la dalle constituant la borne, en calcaire, a un décor sculpté : partie supérieure découpée en doucines, croix latine tréflée au centre au-dessus d'une coquille, avec à gauche la date 1762 et à droite deux clefs entrecroisées. Le jardin au sud est clos de murs avec aux angles de deux pavillon (à l'image de ceux du château de Menjoud, IA73005266) au niveau inférieur voûté en berceau et niveau supérieur en charpente, ouvert, sous un toit en pavillon.

Les bâtiments sont en moellon calcaire, enduit sur l'habitation, avec des encadrements en pierre de taille. Les toits sont à longs pans et croupes, en ardoise.

Inscription peinte sur le linteau de la porte de la "chambre du curé" : Ces jeux amis de la jeunesse / Du vice écartent les assauts / Jls nourrissent la hardiesse / Jls ont fait les premiers héros. Début d'un poème du Chevalier de Saint-Gilles, cité à l'article CHASSE du Dictionnaire de Trévoux, 1771, II, p. 474 :

Ces jeux, amis de la jeunesse,

Du vice écartent les assauts ;

Ils nourrissent la hardiesse,

Ils ont fait les premiers Héros.

Sous les yeux d’un Centaure habile,

De sa valeur le jeune Achille

Fit éclater les premiers traits.

Il prenait les cerfs à la course,

Il domptait la lionne & l’ourse,

Avant qu’il secourût les Grecs.

Le bâtiment a pour origine une grangerie viticole appartenant au prieuré de Bellevaux (Ecole), peut-être édifiée dès le 16e siècle (soubassement), puis agrandie au 18e siècle (fontaine datée 1762) et remaniée au milieu du 19e siècle pour la famille de Charbonneau. La partie agricole a été remaniée pour être transformée en appartements d'habitation à la limite des 20e et 21e siècles.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle , (incertitude)
    • Principale : 18e siècle , (incertitude)
    • Principale : milieu 19e siècle

Voir Texte libre.

  • Murs
    • calcaire enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, en rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • Représentations
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • MESSIEZ, Maurice. La Combe de Savoie autrefois. Montmélian : La Fontaine de Siloë, 2002.

    p. 135, 136
  • MORAND, Laurent. Les Bauges : histoire et documents. Vol. II : Seigneurs ecclésiastiques. Chambéry : Imprimerie savoisienne, 1890.

  • PAJEAN, Yves. TISSEUR, Evelyne, et al. Histoire de La Plantaz. Dactyl (support de conférence, 29 novembre 2015). Archives de l'Association Autrefois Saint-Pierre.

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2024
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Articulation des dossiers