Le projet de décoration a été élaboré conjointement par l'architecte Louis-Georges Noviant et le peintre et sculpteur Roger Bezombes dès 1967 (projet et plan d'implantation : ill. IVR84_20200100295NUCA). Deux murs-écrans décoratifs sur le thème du " soleil, compagnon des jeux " doivent être implantés devant l'externat, surplombant un " jardin japonisant reproduisant tel un reflet la grille graphique du thème initial du panneau vertical décoré " (proposition chiffrée de Roger Bezombes, 24 octobre 1968 ; AN 19880466/66). Les motifs du soleil et du poisson, toujours en place aujourd'hui, sont déjà présents. Placés sous les préaux face à la cour de récréation, ces ensembles décoratifs doivent délimiter les aires de jeux et de repos ; composés de matériaux variés souvent de récupération (terre cuite, dalles de verre de couleurs, céramique de couleur, marbre, grès) et ajourés, ils permettront de créer des jeux de lumière qui animeront l'espace. Ce projet peut être rapproché, quoiqu'à une échelle moins monumentale, de la décoration monumentale en céramique avec jardin de pierre réalisée par Bezombes pour la Banque centrale de Tunis (architecte P. Vago).

Le projet est présenté au Comité départemental des constructions scolaires le 20 février 1969, lequel émet un avis favorable sous réserve de la production d'une maquette, puis passe une première fois en commission nationale probablement dans le courant de la même année. Les avis sont dans l'ensemble négatifs et il est demandé à l'artiste et à l'architecte de reprendre l'ensemble des problèmes soulevés lors de l'examen : juxtaposition d'éléments disparates, manque d'unité et "des qualités requises pour s'adresser à des jeunes gens qui ont un certain niveau d'instruction et d'éducation". Le binôme présente sa seconde proposition au rapporteur de la commission, M. Eschapasse, début 1970 ; Bezombes semble n'avoir pas renoncé "aux éléments d'un effet décoratif un peu facile (poisson, soleil) ; par contre il a modifié les sols qui deviennent uniquement une mosaïque de galets avec un jeu particulièrement soigné sur les couleurs et les formats " (note de M. Eschapasse à Mlle Lallier, administrateur civil, 29 janvier 1970 ; AN 19880466/66). Les panneaux ont été retravaillés dans le sens d'une plus grande légèreté, la plupart des éléments étant perforés.

Ce second projet, qu'aucun dessin ne documente, est présenté en commission nationale le 12 février 1970 et reçoit son arrêté d'agrément le 9 mars suivant. Commande est passée à l'artiste de " deux murs sculptés de 3,20 m x 3 m chacun, et au pied de chacun, un jardin de "cailloux" de 4 m x 4 m, " traité comme le reflet transposé de la sculpture et dans l'esprit " japonisant " d'un lieu destiné à la méditation" (Rapport de présentation de G. Noviant, 12 février 1970 ; AN 19880466/66). Afin de leur ménager un éclairage naturel, l'architecte a prévu une découpe dans la toiture du préau, dispositif qui doit permettre d'éclairer les panneaux, de les dresser à la verticale et de corriger l'effet perspectif, la hauteur des panneaux étant en effet supérieure de 20 cm à la hauteur sous toiture.

Le dessin des panneaux sur le plan d'implantation dessiné par Noviant en 1967 ainsi que le libellé de l'arrêté d'agrément ne correspondent pas à l'état actuel des deux sculptures. En effet, Bezombes a modifié son projet pourtant agréé, et réduit les murs à des "sculptures-totems" reprenant leur motif figuratif central (un poisson et un soleil), monté sur un pied fait d'un IPN perforé de trous de formes irrégulières, chacun disposé au centre du jardin de cailloux originel. Cette modification est attestée dans le devis établi par l'artiste pour la seconde décoration qui lui a été commandée pour le restaurant scolaire du lycée, daté de janvier 1971 (dossier IM01001112).