Dossier d’œuvre objet IM07001436 | Réalisé par
Dandel Elisabeth (Rédacteur)
Dandel Elisabeth

Chercheuse indépendante depuis 2003 auprès des services régionaux de l'Inventaire et de collectivités. A réalisé ou participé en tant que prestataire aux opérations suivantes : " Patrimoine des lycées " (avec la collaboration de Frederike Mulot), 2010-2015, " 1% artistiques ", 2019-2020 (avec la collaboration de Valérie Pamart), " Inventaire topographique de deux communes de l'ancien canton de Trévoux " (Pays d'Art et d'Histoire Dombes Saône Vallée, pour la communauté de communes Dombes Saône Vallée), 2019.

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  • enquête thématique régionale, Patrimoine des lycées
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rhône-Alpes - Villeneuve-de-Berg
  • Commune Mirabel
  • Lieu-dit Le Pradel Ardèche
  • Cadastre 2012 ZE 28
  • Commune : Privas Adresse : place André-Malraux

Présentation

L'ensemble le plus remarquable des papiers peints occupait le salon au premier étage de la bastide. D’autres papiers occupaient la pièce contiguë au premier étage.

Les fragments du 1er étage

Ils subsistaient sur une double porte de placard et lors des réaménagements de l'ancien musée (1996). Bérengère Chaix, restauratrice spécialisée de papier et papier peint, fut appelée pour l'étude et la dépose d'urgence des différentes couches de papier qui s'y trouvaient. Les plus anciens éléments remontent aux années 1820-1840, les plus récents aux années 1940-1950.

Le papier peint du 19e siècle

À la fin du 18e siècle et au début du 19e siècle, les propriétaires du domaine du Pradel étaient des descendant par filiation et alliance à la famille de Serres. En 1888, le domaine appartenait en indivision à Mme veuve Millet et Melle de Malmazet de Saint-Andéol, selon l’acte reçu par Me Émile Marze et consorts, notaires à Aubenas, les 5 et 23 janvier 1888 (AD Ardèche, 2 E 21594). Cette Marie-Amélie-Constantine Malmazet de Saint-Andéol, née en juillet 1811, épouse en 1840 Léonce de Watré, cousin de Madame de Surville. Il est fort probable que la mention « LÉONCE DEC. 1857 » fasse référence à Léonce de Watré, mais sans que l’on puisse encore rattacher un quelconque événement à cette date (naissance ? réfection du papier par Léonce de Watré lui-même ?). On suppose que l’habitation du domaine a été repensée à la fin du 18e siècle, probablement après les évènements de la Terreur. Le salon offrant un écrin à cet ensemble peint paraît avoir été réaménagé dans les premières années du 19e siècle.

Une carte postale du début du 20e siècle, ainsi qu'un reportage photographique du milieu du 20e siècle (?), montrent la pièce dans son état d’alors, aménagée en musée dédié à Olivier de Serres. On y observe les figures allégoriques, la disposition générale du décor et la mise en scène pour la présentation du buste de l’agronome sur une souche de mûrier, dans l’angle de la pièce. Les sièges visibles sur la carte postale sont conservés par l’Institut Olivier de Serres.

Pour des raisons de conservation, ce papier-peint a été déposé en 1995 aux archives départementales de l'Ardèche. L'ensemble des lés déposés a été photographié lors de la campagne d'inventaire du lycée, en 2014.

Attribution

De Mme Georgette Pastiaux, à l’initiative de la Maison Joseph-Dufour à Tramayes, nous savons qu’un papier peint de tenture "aux Arts Libéraux" est passé en vente à l’hôtel Drouot à Paris en 2007 ; les deux lés sont ornés chacun d’un médaillon consacré à une allégorie d’un art libéral : la Musique pour l’un, l’Architecture pour l’autre ; chaque médaillon est cantonné d’une riche ornementation de tentures tendues sur de fines colonnes. Le trompe-l’œil des reliefs est accentué par un éclairage venant de la droite. Ce papier peint correspond à celui du Pradel ainsi qu’au projet de modèle conservé au Musée des Arts Décoratifs à Paris, figurant la peinture et la sculpture. L’ensemble est attribuable à la manufacture parisienne Jacquemart, auprès de laquelle l’architecte et ornemaniste Fontaine travaillait étroitement.

Pierre Jacquemart et Eugène Bénard de Moulinières, capitaine de grenadiers dans la garde nationale par la suite élu à la chambre des Cent-Jours sont les successeurs de la fabrique Réveillon, incendiée en 1789 ; ils en rachètent les installations en mai 1792. René Jacquemart succède à son père en 1804, puis en 1809 Eugène Bénard quitte l’affaire pour se consacrer à la politique. En 1813, la manufacture fait faillite, en même temps que deux autres sociétés auxquelles René Jacquemart est associé : la savonnerie du 135, rue de Montreuil (Auguste Jacquemart et compagnie), et le Comptoir commercial fondé par son père (Jacquemart et Fils et Doulcet Dégligny). Des accords sont cependant trouvés avec les créanciers, et ce n'est qu'en 1840 que la manufacture de papiers peints est définitivement fermée.

De nombreux fragments de papiers peints de cette manufacture sont conservés au Musée du papier peint de Rixheim.

Jacquemart et Bénard (ou Jacquemart seul) imprime autour de 1810 Les Saisons et Les Arts dessinés par Percier et Fontaine. Dans le Recueil de décorations intérieures publié en 1812 par les deux architectes, on trouve la « vue en perspective d’une chambre à coucher exécutée à Paris pour le citoyen V… » aux panneaux muraux identiques à certains papiers peints de la manufacture et identiques à ce papier peint.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 19e siècle , daté par travaux historiques
  • Lieu d'exécution
    Commune : Paris
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Jacquemart Pierre
      Jacquemart Pierre

      Manufacturier de papiers peints. Pierre Jacquemart et Eugène Bénard de Moussinières, capitaine de grenadiers dans la garde nationale par la suite élu à la chambre des Cent-Jours sont les successeurs de la fabrique Réveillon, incendiée en 1789 ; ils en rachètent les installations en mai 1792. Probablement l'auteur des motifs du papier du Pradel (IM07001436).

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      manufacture attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Jacquemart René
      Jacquemart René

      René Jacquemart reprend la manufacture installée 39 rue de Montreuil par son frère Auguste Jacquemard, de 1838 à 1840. Sa manufacture est réputée pour ses papiers moirés et veloutés, les imitations des ornements en or.

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      manufacture (incertitude), attribution par travaux historiques, attribution par analyse stylistique
    • Auteur :
      Fontaine Pierre François Léonard
      Fontaine Pierre François Léonard

      Architecte et décorateur français. Associé avec Charles Percier. Longue carrière officielle. Architecte de l'empereur Napoléon 1er et du roi Louis-Philippe Ier.

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      peintre, auteur du modèle (incertitude), attribution par source, attribution par analyse stylistique

Le papier peint a été découpé en 72 lés dont les dimensions varient de 24 x 69 à 151 x 58. Il est en camaïeu de brun, bleu, rouge et gris. Le décor s’organise selon un schéma traditionnel : une frise et une plinthe encadrent des tableaux centraux. Les ornementations structurent les différents pans du papier.

  • Catégories
    papier peint
  • Matériaux
    • papier, en plusieurs lés peint
  • Mesures
    • h : 150 cm (unité la plus grande)
    • la : 58 cm (unité la plus grande)
    • h : 24 cm (moyenne)
    • la : 69 cm (moyenne)
  • Iconographies
    • zoomorphe, ornementation, vue d'architecture, recto, représentation végétale, allégorie
  • Précision représentations

    Le décor s'organise suivant une thématique néo-classique. Pour les bordures horizontales supérieures, une frise de frontons sur entablement alternant avec des atlantes gainés ailés retenant des oiseaux par un fil rouge ; frontons et atlantes reposent sur un entablement gris supporté par des colonnes à fût bleu et aux chapiteaux corinthiens rouge. La face de l’entablement est timbrée d’un rinceau végétal bleu et rouge sur fond gris. Chaque fronton est timbré alternativement d’un putto appuyé sur un lion ou le retenant à l’aide d’un bâillon barrant sa gueule.

    La bordure horizontale inférieure est structurée autour des bases des colonnes alternant avec une draperie retenue aux colonnes par des lacs à pompons et d’une paire d’atlante gainé tenant la patte d’un protomé de lion lui faisant face ; au-dessus de la paire est dessiné un immense vase canthare relié aux atlantes par un faisceau de perles. Les tons sont là encore bleus, rouge, gris, rehaussés de noir.

    Des bandes verticales et/ou horizontales rattachent les différents motifs entre eux ; ce sont des tentures liées par des lacs à des colonnes.

    Ces motifs décoratifs soutiennent des motifs verticaux plus importants, représentant dans un octogone étiré les allégories d’arts libéraux : la gravure (2 fois), la musique (1 fois), la sculpture (2 fois), l’architecture (3 fois, dont une moitié), l’agriculture (2 fois), la peinture (3 fois). Chaque tableau est traité en camaïeu de gris sur un fond brun. L’allégorie est identifiée à la fois par les attributs du personnage et un cartouche en dessous. La scène est traitée de façon identique : une femme vêtue et coiffée à l’antique s’affaire, assise sur un siège curule, à la tâche correspondante : la sculpture, tournée vers la gauche, cisèle au burin et au marteau un portrait de guerrier posé sur une sellette ; la musique, tournée vers la gauche, joue de la harpe en lisant une partition ; la gravure, attablée à un pupitre, trace sur la planche le motif projeté par un panneau incliné retenu par un ange devant lui ; l’architecture, tournée vers la droite, examine les plans d’un projet déroulé sur sa table de travail, éclairée par un luminaire en forme d’aigle ; l’agriculture, tournée vers la droite, contemple et présente les fruits de la terre : corne d’abondance, gerbes de blé, bouquets de fleurs, devant une figuration de la moisson ; enfin la peinture, tournée vers la droite, exécute le portrait d’un guerrier armé (le dieu Mars ?) debout devant un arbre.

  • Inscriptions & marques
    • inscription concernant le propriétaire, sur l'oeuvre, d'origine, manuscrit
    • marque de marchand, sur l'oeuvre, d'origine, partiellement illisible, imprimé (incertitude)
  • Précision inscriptions

    C’est en dessous de l’une des trois représentations de la peinture que l’on lit, sur le côté droit de l’octogone : LÉONCE DEC. 1857. Lors de la dépose, la restauratrice a relevé au verso la marque d’un tampon avec un lion et initiales entrelacées : LAF.

  • État de conservation
    • bon état
    • oeuvre déposée
    • oeuvre mutilée
  • Précision état de conservation

    Le papier peint a été déposé avec beaucoup de soins par la restauratrice Bérengère Chaix en 1995. Certains éléments sont toutefois à l'état fragmentaire. Les lés (55) sont stockés à plat dans deux cartons plats ; chaque lé est séparé du précédent par un papier japon. Les deux cartons sont entreposés au-dessus d’un meuble haut au sein des magasins des archives départementales de l’Ardèche. Une restauration sera nécessaire dans le cadre de leur repose.

    L'ensemble des éléments (lés, frises) a été sorti des cartons en mars 2021, et leurs dimensions prises à cette occasion. Les relevés (photographie immatriculée et dimensions de chaque élément) sont conservés au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon.

    Etat en mars 2021: sur quelques éléments, perte de matière et pulvérulence

  • Statut de la propriété
    propriété de la région
  • Protections
    inscrit au titre objet, 1983/03/15
  • Référence MH

Les papiers peints ont été déposés en 2009 aux Archives départementales de l'Ardèche, lors de la restructuration de la bastide dans l'objectif d'installer un musée consacré aux techniques agricoles promues par Olivier de Serres. Sa remise en place in situ est hautement souhaitable. Cependant le projet du lieu d'exposition ne prévoit pas sa réintégration. Un projet de repose dans la pièce dont dispose l'Institut Olivier de Serres (ancienne maison du Cocher) a été proposé par Bérengère Chaix en 1998.

Documents d'archives

  • AP Bérengère Chaix. Le papier peint du musée Olivier de Serres au Pradel : dépose et conservation. État des connaissances. Lyon, juin 1995. 1 document dactylographié A4, 29 pages. Ill. n. et b. et coul.

    AP Bérengère Chaix
  • AP Bérengère Chaix. Étude des papiers peints du 1er étage pièce nord-est. Institut Olivier de Serres au Pradel. Mirabel-Ardèche. Lyon, décembre 1996. 1 document dactylographié A4, 33 pages. Ill. n. et b. et coul.

    AP Bérengère Chaix
  • AP Bérengère Chaix. Rapport d’étude sur les possibilités et les conditions de repose du papier peint du salon de l’ancien musée du Pradel dans l’ancienne maison du Cochet. Lyon, mars 1998.

    AP Bérengère Chaix

Bibliographie

  • DE BRUIGNAC Véronique. Le papier peint, arts et techniques. Massin, Paris, 1995, p.46.

    p. 46
  • COLLECTIF. Vente Hôtel Drouot, Coutau et Begarie. Papiers peints. Lot n°167 Rare papier peint de tenture "aux Arts Libéraux". Paris, Hôtel Drouot, 9 juillet 2003, p.18-19.

    p. 18-19
  • COLLECTIF. Art et artistes du papier peint en France. Répertoire alphabétique. Gourcuff Gradenigo - Les Arts Décoratifs. Montreuil, Paris : 2007.

  • PERCIER Charles, FONTAINE Pierre François Léonard. Recueil de décorations intérieures comprenant tout ce qui a rapport à l'ameublement, comme vases, trépieds, candélabres, cassolettes, lustres, girandoles, lampes, chandeliers, cheminées, feux, poêles, pendules, tables, secrétaires, lits, canapés, fauteuils, chaises, tabourets, miroirs, écrans, etc., etc., etc., par C. Percier et P.F.L. Fontaine. Exécutés sur leurs dessins. [Paris] : 1812.

  • Digital Library for the Decorative Arts and Material Culture. http://digital.library.wisc.edu/1711.dl/DLDecArts.PercierI.

Documents figurés

  • Le Pradel : le salon orné de papiers peints / s.d. : photographie noir et blanc. 1 tirage (photographie). (AD Ardèche. 7 Fi 281).

    AD Ardèche : 7 Fi 281

Annexes

  • Percier Fontaine : Recueil de décorations intérieures 1812
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Dandel Elisabeth
Dandel Elisabeth

Chercheuse indépendante depuis 2003 auprès des services régionaux de l'Inventaire et de collectivités. A réalisé ou participé en tant que prestataire aux opérations suivantes : " Patrimoine des lycées " (avec la collaboration de Frederike Mulot), 2010-2015, " 1% artistiques ", 2019-2020 (avec la collaboration de Valérie Pamart), " Inventaire topographique de deux communes de l'ancien canton de Trévoux " (Pays d'Art et d'Histoire Dombes Saône Vallée, pour la communauté de communes Dombes Saône Vallée), 2019.

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