Présentation
L'ensemble le plus remarquable des papiers peints occupait le salon au premier étage de la bastide. D’autres papiers occupaient la pièce contiguë au premier étage.
Les fragments du 1er étage
Ils subsistaient sur une double porte de placard et lors des réaménagements de l'ancien musée (1996). Bérengère Chaix, restauratrice spécialisée de papier et papier peint, fut appelée pour l'étude et la dépose d'urgence des différentes couches de papier qui s'y trouvaient. Les plus anciens éléments remontent aux années 1820-1840, les plus récents aux années 1940-1950.
Le papier peint du 19e siècle
À la fin du 18e siècle et au début du 19e siècle, les propriétaires du domaine du Pradel étaient des descendant par filiation et alliance à la famille de Serres. En 1888, le domaine appartenait en indivision à Mme veuve Millet et Melle de Malmazet de Saint-Andéol, selon l’acte reçu par Me Émile Marze et consorts, notaires à Aubenas, les 5 et 23 janvier 1888 (AD Ardèche, 2 E 21594). Cette Marie-Amélie-Constantine Malmazet de Saint-Andéol, née en juillet 1811, épouse en 1840 Léonce de Watré, cousin de Madame de Surville. Il est fort probable que la mention « LÉONCE DEC. 1857 » fasse référence à Léonce de Watré, mais sans que l’on puisse encore rattacher un quelconque événement à cette date (naissance ? réfection du papier par Léonce de Watré lui-même ?). On suppose que l’habitation du domaine a été repensée à la fin du 18e siècle, probablement après les évènements de la Terreur. Le salon offrant un écrin à cet ensemble peint paraît avoir été réaménagé dans les premières années du 19e siècle.
Une carte postale du début du 20e siècle, ainsi qu'un reportage photographique du milieu du 20e siècle (?), montrent la pièce dans son état d’alors, aménagée en musée dédié à Olivier de Serres. On y observe les figures allégoriques, la disposition générale du décor et la mise en scène pour la présentation du buste de l’agronome sur une souche de mûrier, dans l’angle de la pièce. Les sièges visibles sur la carte postale sont conservés par l’Institut Olivier de Serres.
Pour des raisons de conservation, ce papier-peint a été déposé en 1995 aux archives départementales de l'Ardèche. L'ensemble des lés déposés a été photographié lors de la campagne d'inventaire du lycée, en 2014.
Attribution
De Mme Georgette Pastiaux, à l’initiative de la Maison Joseph-Dufour à Tramayes, nous savons qu’un papier peint de tenture "aux Arts Libéraux" est passé en vente à l’hôtel Drouot à Paris en 2007 ; les deux lés sont ornés chacun d’un médaillon consacré à une allégorie d’un art libéral : la Musique pour l’un, l’Architecture pour l’autre ; chaque médaillon est cantonné d’une riche ornementation de tentures tendues sur de fines colonnes. Le trompe-l’œil des reliefs est accentué par un éclairage venant de la droite. Ce papier peint correspond à celui du Pradel ainsi qu’au projet de modèle conservé au Musée des Arts Décoratifs à Paris, figurant la peinture et la sculpture. L’ensemble est attribuable à la manufacture parisienne Jacquemart, auprès de laquelle l’architecte et ornemaniste Fontaine travaillait étroitement.
Pierre Jacquemart et Eugène Bénard de Moulinières, capitaine de grenadiers dans la garde nationale par la suite élu à la chambre des Cent-Jours sont les successeurs de la fabrique Réveillon, incendiée en 1789 ; ils en rachètent les installations en mai 1792. René Jacquemart succède à son père en 1804, puis en 1809 Eugène Bénard quitte l’affaire pour se consacrer à la politique. En 1813, la manufacture fait faillite, en même temps que deux autres sociétés auxquelles René Jacquemart est associé : la savonnerie du 135, rue de Montreuil (Auguste Jacquemart et compagnie), et le Comptoir commercial fondé par son père (Jacquemart et Fils et Doulcet Dégligny). Des accords sont cependant trouvés avec les créanciers, et ce n'est qu'en 1840 que la manufacture de papiers peints est définitivement fermée.
De nombreux fragments de papiers peints de cette manufacture sont conservés au Musée du papier peint de Rixheim.
Jacquemart et Bénard (ou Jacquemart seul) imprime autour de 1810 Les Saisons et Les Arts dessinés par Percier et Fontaine. Dans le Recueil de décorations intérieures publié en 1812 par les deux architectes, on trouve la « vue en perspective d’une chambre à coucher exécutée à Paris pour le citoyen V… » aux panneaux muraux identiques à certains papiers peints de la manufacture et identiques à ce papier peint.
Chercheuse indépendante depuis 2003 auprès des services régionaux de l'Inventaire et de collectivités. A réalisé ou participé en tant que prestataire aux opérations suivantes : " Patrimoine des lycées " (avec la collaboration de Frederike Mulot), 2010-2015, " 1% artistiques ", 2019-2020 (avec la collaboration de Valérie Pamart), " Inventaire topographique de deux communes de l'ancien canton de Trévoux " (Pays d'Art et d'Histoire Dombes Saône Vallée, pour la communauté de communes Dombes Saône Vallée), 2019.