Justification du parti (Maurice Parant, AN 19910237/26)

Nous avons étudié ce projet en accord avec l’architecte, M. Palais, le maître d’ouvrage délégué, le syndicat de communes et les professeurs de l’école. Un projet de fontaine dépassait malheureusement le budget et nous avons dû envisager une deuxième solution, tout en conservant les principes retenus qui tiennent compte des particularités du site.

- la présence d’un parc riche d’une harmonie naturelle excluait une œuvre mettant en vedette des matériaux « industrialisés »

- le vieillissement du cadre bâti, la simplicité de l’architecture n’appelaient pas non plus une solution clinquante.

Un lieu se prêtait plus particulièrement à une intervention, le passage très fréquenté entre les anciens et les nouveaux bâtiments. Si cet espace n’avait bénéficié d’aucun soin particulier jusqu’ici, sa disposition faisait apparaître, après la pénombre d’un préau, un carré de lumière, coupé par un pilier axial. Cet effet méritait d’être repris comme le début d’une phrase plastique.

En revanche nous devrions affronter la disposition des lieux, qui nous a fait renoncer à un décor sur les murs du passage. Le manque de recul et la présence d’un pilier contre ces murs - non axial, lui - ne permettait pas de retenir cet emplacement. En outre, nous voulions éviter l’effet de cage colorée au sein d’un environnement en grisaille, arbitraire trop fréquent lorsque la décoration ne tient pas compte de l’ensemble de l’espace, de sa valeur urbanistique globale.

Le traitement du sol de passage, prolongé sous le préau, guidé par les piliers, nous a paru présenter une meilleure logique plastique.

Dans un lieu multidirectionnel des formes rondes convenaient mieux que des formes rectangulaires. Un décor pleine page aurait présenté l’inconvénient de ramener à l’esprit de l’œuvre d’art isolée, qui cherche à s’imposer sans souci d’échelle.

De cet ensemble de considérations résulte une proposition dont voici le descriptif.

Descriptif

Un sol de carrelage en grès sera posé dans le passage puis sous le préau jusqu’à la cour. Couleur grise mouchetée 30 x 30 peu dérapant, inusable. Le sol, actuellement inégal, pourra être traité d’abord au marteau piqueur et enduit d’une chape.

Les piliers serviront de guide pour le choix de la largeur du sol, sous le préau, puis les murs du passage qui sont sur le même alignement.

Deux ronds décoratifs de taille inégale, l’un de 1 m 80 de diamètre, l’autre de 2 m 20 environ. Le premier sera situé au milieu du passage, de diamètre proportionné à la largeur donnée, le second ornera le préau, avec effet de seuil et de plus grand diamètre puisqu’il sera dans un espace dégagé.

Les décorations seront en émaux de Briare, pâte de verre inusable, traitée à haute température. Trois teintes. Couronne pour sertir le motif.

Le pilier axial du passage sera arrondi pour supporter des pastilles or qui seront comme une lueur artificielle barrant le carré de lumière naturelle qui lui sert de fonds. Cette rencontre symbolique et l’émergence de la surface du sol nous ont parues source de beauté.

Au total, il y aura donc rencontre de formes carrées, de carrelage et de formes rondes en deux matières, pâte de verre et or.

Conclusion

Le sol, espace concret de la marche, implique un contact avec l’œuvre très différent et non moins « esthétisant » qu’une décoration murale ou qu’un volume rapporté. Sans trancher sur les mérites absolus des deux formules, nous avons choisi la première pour diversifier un certain style d’intervention où la signification psychologique sert de guide à l’intégration formelle.

Devis

Réalisation complète : 138.000 Frs

M. Parant