Le collège de Billom est le premier collège de jésuites construit en France, fondé par l'évêque Guillaume Duprat. En janvier 1555, un concordat est passé avec le chapitre de Saint-Cerneuf de Billom pour transfert de la régence de son université aux jésuites ; en 1556 et 1557, des lettres patentes royales confirment la délibération des consuls visant à imposer les Billomois pour la construction du collège. Les terrains sont achetés par Guillaume Duprat et la municipalité en 1555, dans la partie sud de la ville, à l'intérieur et à proximité de la deuxième enceinte, probablement édifiée au début du 14e siècle. Le terrain acheté par la ville, mitoyen de celui acquis par Duprat, doit permettre de construire un bâtiment pour les classes (ROLLAND D'ERCEVILLE, Recueil de plusieurs des ouvrages..., 1783, p. 402 et svtes ; BEAUREGARD, 1864, p. 20) ; il n'est nullement question de faire ériger un pensionnat. Le 5 février 1555, alors que les travaux sont en cours, Duprat écrit à saint Ignace pour lui demander des régents pour le collège (PRAT, 1885, p. 318) : quatre régents sont alors envoyés par Rome, rejoints par deux parisiens quelques mois plus tard. L'enseignement débute dans des locaux mis à disposition par la ville en attendant l'achèvement des travaux. Les premières classes (à l'exception de celle de philosophie, dont la chaire n'est créée qu'en 1613) ouvrent le 28 juillet 1556 (DELATTRE, 1949, vol. 1 col. 702), sous la direction du père Chanal, assisté du père Viola qui sera par la suite envoyé à Mauriac pour traiter avec les consuls de la ville de l'ouverture d'un nouveau collège, également fondé grâce à un legs de Duprat (voir dossier IA15000465). Le 19 novembre 1558 a lieu la fondation officielle du collège, suivie en mai 1559 de la bénédiction de la 1ère pierre de l'église (achevée en avril 1564). En 1560, Duprat lègue aux jésuites sa bibliothèque, une somme de 5000 livres pour l'achèvement du collège, ainsi qu'une somme permettant d'accueillir à Billom 18 boursiers choisis par le collège de Clermont, et d'acquérir ou louer une maison pour les héberger (ROLLAND D'ERCEVILLE, 1783, p. 402). Ces 18 boursiers seront réduits à 12 en 1613, huit en 1652, quatre en 1680 ; en 1698 la bourse est supprimée (Ibid., note 4).
Les bâtiments sont organisés en quadrilatères autour de cours fermées ; le premier, au nord-ouest, très transformé, abritait la partie scolaire autour de la cour des classes, avec salle de théâtre et chapelles pour congrégations des maîtres, écoliers et habitants de Billom ; le second, à l'est, le mieux conservé, se composait des bâtiments d'habitation et de l'église, dans l'angle nord-ouest, autour de la cour domestique avec jardin. En 1593, à la suite de la 1ère interdiction des jésuites en France, des chanoines les remplacent. Réintégrés en 1604, les jésuites reprennent possession du collège le 25 novembre 1605. Ce dernier prospère jusqu'au milieu du 17e siècle, mais subit à partir de 1663 la concurrence du collège de Clermont, dont les jésuites ont pris la direction : les effectifs chutent notablement, passant d'un millier entre 1560 et 1660 à moins de 200 après cette date (effectifs par décennies et analyse de la fréquentation et de la population scolaire grâce au catalogue des écoliers, l'un des rares exemplaires de ce type conservé, dans COMPERE, M.-M., JULIA, D., 1984, p. 134 et p. 136-137).
Durant l'hiver 1621, un incendie détruit apparemment une grande partie du collège. Les travaux de reconstruction ont lieu probablement peu après. Vers 1750, rénovation des bâtiments (pourtant signalés en mauvais état en 1762) et/ou ? construction d'un nouveau corps de logis.
Jaloustre : après expulsion jésuites collège Clermont tente de faire fermer celui de Billom (p. 385 et svtes) > parmi arguments : petit nombre écoliers, mauvais état des bâtiments (or en partie faux : venait de faire construire un nouveau corps de bâtiment) + accueillait élèves venant des villes voisines : Issoire, Lezoux, Vic le Comte, Ambert, etc. qui n'avaient pas de collège et avaient coutume d'y envouer leurs enfants car proximité et prix bas des denrées/Clermont > coût des études moindre pour ceux qui ne sont pas pensionnaires
[texte qui suit repris du dossier Clermont : A RECRIRE] la suppression du collège de Billom afin que les revenus octroyés à ce dernier viennent abonder la dotation du collège de Clermont-Ferrand. Leur argumentaire s'appuie sur la situation peu favorable et l'insalubrité du climat de Billom, " petite ville située dans un terrain gras et marécageux sous un climat très malsain "1, le nombre élevé de collèges sur le même territoire, sa faible fréquentation et la faible qualité de son enseignement. Dans cette optique, les élèves de Billom seraient rattachés au collège de Clermont2.
Lettres de confirmation 20 juin 1765 mais à charge pour le collège de Billom de reverser une partie de ses revenus au collège de Clermont
Compte rendu d'une mission d'inspection du collège en 1779 (Jaloustre, p. 399) : "le pensionnat diminue. Il n'y a pas de dortoir pour les enfants. La chambre d'étude m'a paru petite, obscure, peut-être humide. La cour nonpavée est le seul lieu de récréation des enfants et occasionne au bureau et aux enfants une dépense, parce que les vitres qui entourent la cour se cassent par les enfants (jeux de balle) et que la dépense de répération se paie par le bureau et les enfants. L'air renfermé de la cour n'est pas sain pour les enfants.
Rétablissement du pensionnat à partir de 1782
Rolland d'Erceville mentionne l'existence dans le collège d'une apothicairerie, laquelle est confiée après l'expulsion des jésuites, en 1762, au chirurgien apothicaire de la ville. Dires confirmés par Mémoire des échevins de Clermont du 6.8.1762 (B Patrimoine CAM, Ms 6060, fol. 139 v° : " Ce collège de Billom servoit aussi plutôt d'infirmerie aux ci-devant soi-disants jéuites de la province : infirmerie devenue inutile et dont les revenus ne sauroient être mieux employés qu'à la dotation du collège de la capitale ".
A partir de 1763, le collège, confirmé par lettres patentes de Louis XV le 20 juin 1765, est géré par un bureau d'administration : les cours sont de nouveau assurés par les chanoines du chapitre de Saint-Cernin, et un pensionnat est ouvert. Sans qu'apparemment aucun espace ne lui soit spécifiquement dévolu : un inspecteur missionné par Rolland d'Erceville en 1777 rend ainsi compte de l'état du collège : " il n'y a pas de dortoir pour les enfants, la chambre d'étude m'a paru obscure, petite, peut-être humide. La cour non pavée est le seul lieu de récréation des enfants (cité par COMPERE, M.-M., JULIA, D., 1984, p. 138)
A FINIR
Sous la Révolution, le collège ferme (de 1791 à 1795) ; restauré en 1802, il abrite la gendarmerie et les tribunaux jusqu'en 1803, puis rouvre à l'enseignement. Dans un premier temps comme école secondaire, en 1803, puis comme petit séminaire de jésuites de 1826 à 1828. En 1827, l'aile sud du bâtiment nord-ouest est reconstruite. Jusqu'en 1853, il est établissement communal, puis devient collège libre ; parallèlement, les bâtiments est et sud sont transformés en caserne de hussards vers 1843, 1844 ; caserne jusqu'en 1877 ; construction d'un manège et d'écuries, travaux d'aménagement divers. Au départ de la garnison, vers 1884, la totalité des bâtiments est affectée à une école d'enfants de troupe, l'église est divisée par un plancher et cloisonnée pour l'installation de dortoirs et d'une salle de spectacle. École militaire de Billom jusqu'en 1963, il devient après cette date, collège d'état. Un projet de rénovation et d'agrandissement était à l'étude au début des années 1990.
Chercheuse au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel d'Auvergne-Rhône-Alpes (2006-...)