Dossier d’œuvre architecture IA69006824 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
Église paroissiale Saint-André
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Guillotière-Marseille
  • Commune Lyon 7e
  • Lieu-dit Guillotière-Marseille-Saint-André
  • Adresse 19 rue de Marseille
  • Cadastre 1999 AN 10
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-André

Synthèse historique

La première église Saint-André

Sauf mentions contraires, l´historique de la première église Saint-André est tiré de la source suivante : Arch. mun. Lyon, 475 WP 020.

La construction :

Les terrains sur lesquels a été bâtie la première église Saint-André avaient été achetés par André Combalot père (1770-1841), propriétaire et brasseur à la Guillotière, en 1807 à la famille Potailler-Pierron et en 1823 à la famille de Plantigny-Lestrange. Son fils, André Combalot dit Adrien en hérite (succession réglée le 20 octobre 1841). Adrien Combalot donne en 1845 à Jean-Antoine Bermond de Vaulx, son beau-frère, Blaise Remy, Antoine Maulet et Jean-Baptiste Ballet une parcelle au centre afin d´y ériger une église. Combalot estime qu´« il est suffisamment indemnisé de la valeur du terrain qu´il abandonne par la plus value que la construction de l´église pourra donner à ses propriétés » (acte notarié du 2 août 1845). De plus, en 1850, il touche un loyer de la Ville afin de loger le curé dans un de ses immeubles.

Le terrain de 2 343 mètres carrés cédé l´est pour l´église, deux rues latérales et une petite place. Huvet, architecte, et Jangot, avocat, donnent également une bande de terrain permettant de rectifier l´ancien chemin de Béchevelin pour l´agrandissement et la régularité de la place.

Ainsi Bermond de Vaulx, Combalot, Remy, Maulet et Ballet, constatant l´insuffisance de Saint-Pothin, prennent l´initiative de la construction d´une église financée par des souscriptions, dans un but d´utilité publique. L´église est construite en 1845 sur les plans de Ballet, architecte installé 15 place Bellecour. Elle est située au lieu-dit de Béchevelin, au centre « des quartiers Combalot, Bechevelin, du Plâtre et du Prado » selon les termes des donateurs. En 1845, son coût de construction est estimé à 35 000 francs, dont 1 600 francs sont encore dus aux ouvriers. Il s´agit d´un édifice à trois vaisseaux, doté d´une abside et de deux sacristies ; elle comporte un plafond à la française à lattes.

Un passage au domaine public extrêmement difficile :

De 1845 à 1857, les donateurs s´efforcent de transférer la propriété de l´église à la municipalité de la Guillotière, puis de Lyon. Il s´agit d´une donation-achat puisque la Ville devrait s´acquitter du reliquat de 1 600 francs.

Parallèlement, certains habitants, « tous propriétaires et habitants de la Guillotière quartier Combalot » demandent le 4 septembre 1845 que la nouvelle église devienne succursale, étant dans un trop grand éloignement de Saint-Louis. Ils arguent du fait qu´ils viennent de faire construire à leurs frais et dans des proportions convenables une église qui est au moment de pouvoir être livrée au culte.

Le 6 décembre 1845, le préfet du Rhône adresse une lettre au maire de la Guillotière lui annonçant que l´autorité diocésaine a permis au conseil de fabrique de l´église curiale de la Guillotière de délibérer sur le projet d´érection de l´église Saint-André en succursale. De fait, le 15 janvier 1846, la paroisse est érigée en succursale (le chemin de croix l´étant le 31 octobre 1846) (Archives de l'archidiocèse de Lyon, I 1201). Une ordonnance royale du 15 juin 1846 entérine cette décision et définit le périmètre en dépendant. Le premier curé de la succursale est nommé alors, il s´agit de Claude Gorand. Le conseil de fabrique est mis en place : la population de cette vaste paroisse, qui se termine en pointe au nord, étant inférieure à 5 000 âmes, le conseil de fabrique ne compte que cinq membres (Arch. mun. Lyon, 4 WP 086 1 pochette P1). La paroisse est délimitée au nord par l´axe du pont Lafayette et son débouché, par le Rhône, le cours Bourbon (actuel cours de la Liberté) jusqu´à la place du Pont (place Gabriel-Péri), la Grande Rue de la Guillotière jusqu´à la rue de Chabrol (actuelle rue Sébastien-Gryphe, limites de la paroisse de Saint-Louis) et sa continuation jusqu´au chemin de Gerland jusqu´à la limite de la commune qui est aussi alors celle du département au sud. Les paroissiens demandent comme patronage secondaire Notre-Dame de Compassion par dévotion à la Vierge de Béchevelin (Archives de l'archidiocèse de Lyon, I 1353 Pochette 4C1). En 1855, le territoire paroissial est réduit par la création de la paroisse de l´Immaculée Conception et en 1873 par celle de Notre-Dame-des-Anges (cf. Laurent et Delmont).

Le don de l´église suscite des débats extrêmement houleux au sein du conseil municipal, dont Bermont de Vaulx et Rémy sont membres en 1845. Un des conseillers, opposé à l´érection en succursale, estime que Saint-Louis suffit et que Saint-André est issue d´une spéculation particulière et non d´une décision communale. Un autre y est favorable d´autant plus l´augmentation de la population est considérable dans ce quartier, depuis quelques années. L´église n´est alors qu´une chapelle desservie par les vicaires de Saint-Louis. La création d´une nouvelle église peut elle-même rendre le secteur plus attractif, mais elle représente aussi des charges pour la commune. Le don de l´édifice est estimé alors à un don correspondant à la somme de 60 000 francs.

Le 6 septembre 1845, 11 conseillers s´opposent au don, 10 y sont favorables. Surenchérissant sur leur offre, les habitants proposent, le 27 novembre, de donner également à la commune un autel et les ornements indispensables à la célébration du culte et financent une année de logement du desservant, ce qui équivaut à 70 000 francs de don au total.

Mais, lors du conseil municipal, un conseiller, M. Chanavard, évoque la rumeur publique qui dit que l´objet de la fondation de l´église serait la spéculation foncière et immobilière. Ce don constitue une charge pour la commune, d´autant plus que l´édifice est de toute façon insuffisant en l´état dans un quartier « qui ne se compose jusqu´à présent que de longues rues où sont distribuées des maisons isolées », mais qui va se développer. Jusqu´à l´abside, l´édifice mesure 18,75 mètres de long sur 17 mètres de largeur (pour comparaison les dimensions de Saint-Louis sont de 94 mètres sur 24) et ne peut contenir que 600 personnes : il s´agit plus d´une chapelle que d´une vraie église. Le chantier ayant été interrompu, la façade est provisoire et devrait être doublée. L´église est seulement constituée d´un voûtement en plancher et en cercles en bois, recouvert de tuiles, ne garantissant pas des intempéries. « Les abords de cette Eglise n´offrent que de vastes enfoncements et l´on arrive à sa porte que par une étroite chaussée. » Il manque une vraie façade, un clocher ; il faut refaire le système de couverture, améliorer les abords et prévoir des agrandissements. Les conseillers reprochent aux propriétaires d´avoir mis la Ville devant le fait accompli et demandent qu´ils achèvent eux-mêmes l´édifice dont le projet et le mode de construction (déficient) n´ont pas été soumis à la Ville. Une autre priorité est mise en avant : l´agrandissement du marché aux grains, l´intérêt public général étant alors opposé à l´intérêt particulier. Sur la même ligne, un autre conseiller souhaite également moins d´églises et plus de travaux publics, trouvant que Saint-Pothin, l´église des Brotteaux, a déjà beaucoup coûté.

Cependant, un autre conseiller, Collomb, est favorable à l´acquisition de l´église car elle représente un bienfait moral et matériel, « la commune n´y perdra pas en civilisation ». La donation et l´érection en succursale sont alors adoptées.

Mais dès la séance du conseil municipal du 29 novembre 1845, l´acceptation de la donation est contestée par neuf conseillers. De violentes discussions ont lieu, un conseiller qualifiant « de population peu morale celle qui préfère les Prado, rotondes et autres bastringues aux Eglises », soulevant la protestation d´un de ses collègues. La donation demeure finalement en suspens, malgré un procès-verbal d´estimation de l´église positif établi par l´architecte Christophe Crépet à la fin de l´année 1845 (AD Rhône, 2V21).

En 1847, les discussions sont relancées au sein du conseil municipal. A la séance du 12 novembre 1847, il se révèle que l´église n´est pas assez grande et il est proposé de voter 10 000 francs pour son achèvement. Un devis est demandé pour février 1848. Le 12 février 1848, les discussions reprennent afin de savoir s´il faut payer les 11 000 francs encore nécessaires. Finalement, il est prévu de donner 5 000 francs sur trois ans, sous réserve d´une donation effective à la Ville. Mais le 18 décembre 1848, celle-ci n´a toujours pas l´acte de propriété de l´église. Elle paie néanmoins un trottoir en bitume devant l´édifice. De même, le 9 décembre 1850, la donation n´est toujours pas réalisée, alors que les propriétaires de l´église réclament 14 000 francs à la commune.

A la séance du 16 août 1851, les positions demeurent très tranchées. Un conseiller retrace l´histoire de l´église et indique que le préfet Jaÿr était opposé à sa construction mais a cédé « sur les menaces qui lui ont été faites par les solliciteurs, d´entraver les élections par leur influence ». Un autre met en avant des éléments positifs : les arbres autour de l´église et la pompe située derrière. Un autre présente la « commodité que la paroisse de St André offre aux ouvriers qui en font partie, pour envoyer leurs enfants au catéchisme sans risque de perdre la place qu´ils occupent aux divers fabriques ». Les exigences des propriétaires augmentent puisqu´ils revendiquent désormais 16 000 francs. Une commission d´étude est alors formée.

Elle rend son rapport le 3 septembre 1851, rapport qui conclut en faveur d´un achat par la commune. Mais ses conclusions rencontrent de fortes oppositions, dans le contexte d´une crise commerciale, avec des secours sans doute à donner à 3 ou 4 000 ouvriers. L´ajournement est demandé jusqu´en 1852. D´autres voix s´élèvent à nouveau en faveur de l´achat : « Quand aux malheureux qu´il faut secourir, il est d´avis qu´il ne suffit pas de leur donner du pain, il faut, au contraire, se persuader que l´absence de consolations religieuses est pour le plus grand nombre des malheureux une privation des plus pénibles ». Les conclusions du rapport sont finalement repoussées.

Le rapport souligne également que des ouvriers sont toujours créditeurs des constructeurs de l´église. Ils ont entamé en 1847 une action en justice et en 1850, Bermond de Vaulx, Combalot, Ballet, Maulet et Rémy sont condamnés solidairement à payer les ouvriers (maîtres-maçons, tailleurs de pierre, charpentier, menuisier, plâtrier) pour solde des travaux. Rémi, Maulet, Bermond de Vaulx et Combalot se rendent insolvables et la veuve de Ballet, mort le 23 avril 1859, doit assumer le paiement des dettes, toujours non soldées.

Le 5 septembre 1851, le refus d´achat de l´église est entériné car les deniers communaux ne sont pas destinés à « enrichir quelques propriétaires ». L´architecte Ballet est mis en cause car il a fermé l´église par des briques et des portes de sapin clouées, sans réaliser une vraie façade : il s´agit d´une spéculation au détriment de la commune. Durant l´année 1852, les discussions se poursuivent, les propriétaires envoyant de nouvelles justifications aux conseillers municipaux. De leur côté, Ballet et Rémy écrivent au préfet afin que celui-ci fasse pression sur le conseil municipal.

Le contentieux se règle :

Le 28 juin 1854, le maire du 3e arrondissement se saisit de la question par une lettre adressée au préfet : la célébration du culte n´est plus possible car la pluie pénètre par vingt trous dans le toit. Il qualifie Saint-André d´« un des grands embarras de mon arrondissement ». Son état est un véritable scandale. Le quartier doit être doté d´un édifice en proportion avec la population, qui compte de 8 à 9 000 âmes. L´édifice est déjà insuffisant et ce sera pire lorsque la gare et les cours seront construits et aménagés. Il propose que la fabrique paie la dette de 16 000 francs, grâce à des souscriptions et des quêtes. La Ville pourrait ainsi récupérer la place et l´église à titre gratuit et se charger des projets d´achèvement et d´agrandissements envisagés en 1848. Il sollicite à titre de secours 30 000 francs sur 10 ans. Des démarches sont parallèlement entamées auprès des propriétaires voisins car le terrain est trop petit (seulement 10 mètres de large au nord et au midi).

En 1855 a lieu l´achèvement du cours Saint-André (actuelle rue de Marseille) et de la rue Chabrol (actuelle rue Sébastien-Gryphe), le cours est élargi de 5 mètres, des propriétaires cédant des terrains. Cet agrandissement obère la possibilité d´agrandissement de l´église. Le 16 août 1855, le maire parle de la nécessité de faire construire une nouvelle église. Des contestations sont émises par Adrien Combalot et les autres propriétaires.

La réponse du préfet est donnée le 18 février 1856. Il indique que Combalot est prêt à donner des terrains plus larges, selon l´indication de l´architecte de la Ville, à condition que les 16 000 francs soient payés. Le préfet conseille de ne pas les payer et souligne la nécessité d´un nouvel acte de donation fait sans conditions. Ainsi on aboutirait à une normalisation de la situation et l´édifice serait alors éligible aux crédits de restauration ou plutôt de reconstruction, dans les conditions légales.

Le 19 septembre 1856, la donation est effective, selon le registre des délibérations du conseil municipal de la Ville de Lyon. Mais cinq actes de donation ont été faits au fil du temps, d´où la nécessité de les unifier en un seul : ce qui est fait le 26 février 1857. La donation réunit les signatures d´André Combalot, Jean-Claude Huvet, Jean-Marie Jangot, J. Dulac, Bertin, Morel, Billioz, Maumené (ces deux derniers directeurs gérants de la Cristallerie de Lyon propriétaire également de parcelles limitrophes) et Milliat. 2 642,52 mètres carrés sont destinés à accueillir la nouvelle église, les rues et la place. En avril 1857, le curé décide d´ouvrir une souscription, lancée officiellement par imprimé le 7 juin 1857.

La première église est qualifiée de « bâti vulgaire que rien ne distingue d´une construction ordinaire », dans un rapport de l´architecte municipal Tony Desjardins, en date du 14 mai 1855. Il préconise une démolition et une reconstruction. Ayant la charge de la reconstruction, Desjardins se montre-t-il totalement objectif ? L´église est détruite par travées, au fur et à mesure de la construction de la nouvelle. En 1874 (séance du conseil de fabrique du 15 mars), il est mentionné que l´ancienne église subsiste encore partiellement et sert d´entrepôt pour les chaises et de couloir pour la nouvelle. Ce n´est qu´en août 1897 qu´est donnée l´autorisation de démolir ce qui reste de l´ancienne église, en vue de l´achèvement de l´église définitive (Arch. mun. Lyon, 954 WP 58).

La nouvelle église

Dès mai 1845 (Arch. mun. Lyon, 475 WP 020), l´architecte en chef de la Ville et du diocèse de Lyon, Antoine, dit Tony Desjardins, préconise la démolition et la reconstruction de l´église Saint-André, dont il est finalement chargé en 1860. Le conseil de fabrique examine le 5 février 1860 (extrait du registre des délibérations) le projet de Desjardin. L´édifice envisagé mesure 52 mètres de long sur 20,50 mètres de large. Il est conçu en « style ogival du 13eme siècle, parce qu´il réunit la grandeur, la dignité et en même temps la simplicité, qu´il [celui-ci] exclut la peinture qui ne pourrait résister à l´influence des brouillards et de l´humidité des bords du Rhône », également parce qu´il s´agit du style le plus simple et le plus économique.

Le projet est accepté mais l´énormité du devis de 500 761 francs étonne le conseil qui ne voit pas comment la paroisse pourrait rassembler une telle somme. Une souscription a permis de réunir 30 000 francs ; elle pourrait atteindre 60 000 francs. La Ville accorde de son côté 60 000 francs, en cinq annuités de 12 000 francs. Desjardin propose des tranches de travaux pour remédier à la pénurie de financements. L´église peut être commencée par le chœur qui serait ainsi rattaché à l´ancienne église par la démolition de l´abside de celle-ci. Un devis de 144 040 francs, concernant la partie orientale de l´église (transept, chœur et sacristies) établi le 8 mars 1860, est approuvé le 11 juin suivant par le préfet, ainsi qu´un cahier des charges pour soumission aux entrepreneurs. Mais le démarrage des travaux est retardé car il n´est pas possible de trouver des entrepreneurs en raison d´une augmentation subite des prix par rapport au devis initial. Finalement Rochette est choisi, l´adjudication étant agréée le 23 novembre 1860. Les travaux débutent en février 1861.

Un rapport de Desjardins, en date du 20 septembre 1862, permet de mesurer l´avancement des travaux qui sont en voie d´achèvement pour la partie orientale. Il pousse à leur continuation. Selon lui, si les travaux sont arrêtés définitivement, il est nécessaire d´étayer très fortement les ouvrages réalisés en raison des poussées. De plus, la construction actuelle équivaut à la taille de la première église, qui était trop petite. Dans son projet initial, il avait prévu de garder aussi l´ancien édifice mais l´alignement des rues a changé et la juxtaposition des deux serait inesthétique. En effet, l´élargissement de la rue de Bonald du côté nord effectué en octobre 1862 entraîne un décalage d´1,50 mètre, qui empêche le raccordement direct de la nouvelle église à l´ancienne. Aussi, il propose pour un devis de 88 761 francs la construction immédiate d´une demie travée en avant du transept et d´une travée complète de la nef. Cette nouvelle tranche permettrait ainsi la stabilité de l´édifice et au conseil de fabrique de réunir la suite des fonds. Desjardins rappelle également l´existence d´un devis approuvé par le conseil de fabrique le 21 juillet 1861 concernant les caves et la crypte destinée à recevoir la maîtrise des enfants de chœur.

Le 9 mars 1863, le préfet accorde 72 000 francs en annuités de 12 000 francs payables à partir de 1866 afin de financer les deux nouvelles travées. Le 27 mai 1865 la décision est prise d´un paiement accéléré des deux dernières annuités et du rajout d´une subvention de 100 000 francs. Le rapport de Desjardins en date du 5 novembre 1864 indique que la première partie de l´édifice (les travaux de grosse construction de la partie orientale, comprenant les deux travées) est presque achevée, pour un coût de 300 000 francs, dépassant le devis. Un changement a été apporté par rapport au projet initial : l´établissement de tribunes au triforium pour permettre d´accueillir plus de monde. Desjardins indique également que le mobilier de l´ancienne église n´est guère réutilisable dans la nouvelle.

Le financement de la construction n´est toujours pas assuré mais les membres du conseil de fabrique, réunis le 6 novembre 1864, se montrent optimistes car la Ville va s´enrichir, l´Etat venant de lui céder des terrains de la Lône dont la dessiccation vient d´être décidée. La Ville devient ainsi propriétaire d´immeubles très considérables tous situés dans la paroisse. La nécessité d´une église « plus convenable » se trouve réaffirmée.

Cependant, en 1865 le devis se trouve encore dépassé, et l´ameublement reste à prévoir. Le conseil de fabrique doit encore trouver 92 000 francs. Il demande la somme à la Ville qui consent, à partir de 1871 seulement, le paiement de quatre annuités de 20 000 francs. Reste 37 000 francs à trouver pour la fabrique.

En juillet 1866, un remblai est sur le point d´être créé afin de mettre au même niveau l´ancienne et la nouvelle églises, les matériaux devant être tirés de fouilles du canal (c´est-à-dire de l´égout) de la rue de Marseille alors en construction. Il existe en effet un mètre de dénivelé entre les deux bâtiments.

Le 15 octobre 1866, Tony Desjardins présente sa note d´honoraires détaillée. L´entrepreneur Rochette, qui a travaillé de 1861 à 1866, reçoit 331 118 francs, réglés le 6 août 1866. La sculpture sur pierre a été réalisée par Aubert qui reçoit 8 600 francs le 21 février 1866. Duret et cie, marbriers, touchent 375 francs, réglés le 31 mai 1866. Vicat et cie, auteurs des dallages en ciment, sont payés 3 250 francs le 13 octobre 1866.

Le 1er décembre 1866, l´église commence à être meublée, mais seule une partie du projet initial de Desjardins a été réalisée en raison du fort endettement de la paroisse. Celle-ci réitère sa demande auprès de la Ville d´un nouveau financement supplémentaire.

Le 26 octobre 1867 la Ville propose d´accorder 80 000 francs payables en 1867 à la fabrique. L´église est à cette époque ouverte au culte. Le coût de réalisation de l´édifice (pourtant non construit en totalité) est de 395 108 francs. Desjardins est pointé pour ses nombreux dépassements. De plus, des personnes, qui s´étaient engagées en 1859 et 1860, à donner de l´argent pour la construction n´ont toujours pas payé en octobre 1873, elles vont être poursuivies (sauf les insolvables) : mais il s´agit d´une petite somme, 2 296,80 francs.

La Ville a versé entre 1860 et 1870 inclus 312 000 francs et la paroisse 105 728 francs. Celle-ci, composée en très grandes parties d´ouvriers ou de petits boutiquiers, demeure pauvre. En 1872, sa dette est de 53 000 francs. Malgré l´endettement persistant, le 12 mars 1874, Desjardin établit un nouveau devis, de 341 000 francs, en vue de l´achèvement des travaux. Le conseil de fabrique se penche sur la question le 15 mars 1874. L´ancienne église subsiste et sert d´entrepôt pour les chaises et de couloir pour la nouvelle. La nouvelle église est dotée d´une table de communion, d´une chaire, de fonts baptismaux et de confessionnaux. Mais la place manque : pas plus de 600 personnes peuvent assister au culte pour une paroisse de 12 000 âmes. La fabrique et la paroisse ont épuisé leurs ressources et demandent que la Ville finance la totalité du devis de Desjardin. Le 3 août 1874 la préfecture accorde une subvention de 50 000 francs à la paroisse, « l´une des plus malheureuses de la ville », payable en cinq annuités de 10 000 à partir de 1874. Elle permet de payer les dettes mais pas de poursuivre la construction de l´édifice, qui ne reprend qu´en 1897, malgré des constats alarmants. En effet, en mai 1892, la façade provisoire tombe en ruine. Paul Desjardins se charge de sa « réparation », grâce à la générosité d´une paroissienne (Archives de l'archidiocèse de Lyon, I 1202).

A partir de 1897, l´architecte Paul Desjardins reprend la construction de l´édifice sur les plans de son père, plans des années 1859 et 1860 très légèrement modifiés (Arch. mun. Lyon, 954 WP 58 et Archives de l'archidiocèse de Lyon, I 1201), car une souscription a permis de réunir des financements (vote des fabricien en date du 1er avril). L´adjudication des lots de maçonnerie, charpente et serrurerie est fixée au 10 mai 1897. En août 1897, Desjardins reçoit l´autorisation de démolir l´ancienne église. Le 3 octobre 1897, les travaux de fondation sont commencés.

A cette même date, le choix est fait de ne pas réaliser une travée supplémentaire car la rue est trop passante et la présence d´« une petite place devant la façade rehaussera la beauté du monument et offrira un dégagement très utile à la sortie des offices surtout quand auront lieu des mariages et des enterrements [...] » (Archives de l'archidiocèse de Lyon, I 1201). Mais cette sage décision est dénoncée le 29 octobre 1897 : sous prétexte d´exiguïté, une ultime grande travée de 6,40 mètre est maintenue.

Fin 1898, le chantier est retardé en raison de problèmes de livraison des pierres de maçonnerie (pierres de Tournus). La façade est construite par l´entrepreneur Victor Vertadier (15 rue du Plat), qui est le moins cher. Cependant, Desjardins ne peut réaliser le projet ambitieux de 1859-1860 : le clocher est réduit de 10 mètres.

Le 20 octobre 1901, a lieu la cérémonie d´inauguration de l´église « achevée », qui est ensuite est bénie par Mgr Coullié. Toutes les sculptures intérieures sont alors terminées.

Le 27 janvier 1902 intervient le legs de Mademoiselle Marie Moreau, professeur à l´école normale d´institutrices, qui pourrait financer la chaire et le renouvellement du banc de communion ou participer au chantier du clocher. Mais les travaux ne vont jamais reprendre. En août 1902, un litige sur les sommes encore à payer se déclare entre l´entrepreneur et la paroisse. Le 30 mars 1903, le tribunal juge que Desjardins en est responsable et le conseil de fabrique le révoque jusqu´à ce qu´un compromis intervienne, en 1904, fondé sur l´expertise de l´architecte Feuga. La construction de l´église Saint-André aura été mouvementée jusqu´à la fin.

Le choeur a été réaménagé en 1963-1966 (Cf. Compte-rendu de la rencontre de la CDAS tenue en l´église communale de Saint-André Lyon 7e, le mardi 15 janvier 1991, Département du Rhône, Conservation du patrimoine) par l´architecte Jean-Gabriel Mortamet : c´est sans doute lors de cette intervention que l´avant-chœur a été supprimé, ainsi que le banc de communion, le maître-autel, les autels latéraux et la chaire. Un nouveau réaménagement insistant sur la place primordiale de la Parole (mise en valeur de l´autel et de l´ambon notamment) a été réalisé dans les années 1990.

Une première église Saint-André a été bâtie en 1845 par l'architecte Jean-Baptiste Ballet (?-1859). Mal construite et trop petite, elle est remplacée progressivement par un nouvel édifice. Celui-ci est érigé selon des plans et un devis établis en 1859-1860 par l´architecte municipal Antoine dit Tony Desjardins, entre février 1861 et 1866. La partie occidentale, en particulier la façade, est achevée par son fils Paul Desjardins entre 1897 et 1901.

La première église mesurait 18,75 mètres jusqu'à l'abside sur 17 mètres de largeur et pouvait contenir 600 personnes. Elle comportait trois vaisseaux, une abside et deux sacristies. L´église actuelle reprend les mêmes caractéristiques mais à une échelle beaucoup plus grande, en « style ogival du 13e siècle » (AC Lyon, 475 WP 020). Elle est dotée d'une abside polygonale et d'un triforium ; les collatéraux comportent des arcs-boutants. L'édifice a été surélevé afin d'éviter les risques d'inondation. En raison de l'absence de concertation entre les personnes privées qui ont fait ériger la première église et la commune, et de prise en compte de la possibilité d'agrandissement de la future rue de Marseille (alors cours Saint-André) et de la rue de Bonald par l´architecte de l'église bien qu'il fut également celui de la Ville, l´église Saint-André s'est retrouvée sans parvis, sans dégagement suffisant sur la rue. De plus, par manque de financements, seule la partie inférieure du clocher a été réalisée. Aussi l'impact monumental de l´édifice est assez réduit. La partie ouest a été construite par l´entrepreneur Rochette de 1861 à 1866 : il a coulé les fondations en béton à la chaux hydraulique. Il a utilisé du tuf et du Villebois en pierre de taille pour les corniches et les couronnements supérieurs. La pierre de Saint-Cyr a servi pour les allèges, celle de Villebois pour les bases ouvragées des piliers intérieurs et les encadrements, les escaliers, les croix et les perrons latéraux. La pierre de taille de Tournus a été employée pour les tourelles, les colonnettes et les marches, ainsi que la pierre de taille blanche du Midi. Les sacristies ont été couvertes de tuiles creuses.

  • Murs
    • béton
    • calcaire
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    3 vaisseaux
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours sans jour
  • État de conservation
    état moyen
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Edifice remarquable par ses vitraux.

Documents d'archives

  • Arch. mun. Lyon. 4 WP 086 1. Paroisse Saint-André, érection en succursale, composition du conseil de fabrique (1845-1848), logement du curé (1852-1854). 1845-1854

  • Arch. mun. Lyon. 475 WP 020. Eglise et presbytère Saint-André de La Guillotière, location du presbytère, demandes de subventions à la ville, cession de terrains et construction d'une nouvelle église. 1845-1874

  • AC Lyon. 321 WP 030/3. Rue de Bonald 3e arrondissement (1859-1885). Élargissement de la dite rue, de la rue Cavenne et du quai Claude Bernard : 1859-1881. Nivellement, affaires judiciaires : 1884-1885.

    AC Lyon : 321 WP 030/3
  • Arch. mun. Lyon. 954 WP 58. Eglises et presbytères, aménagements et réparations : rapports, correspondance, plans, pièces comptables, cartes postales, devis, dessins, mémoires des travaux, subventions municipales. 1791-1925.

  • Archives de l'archidiocèse de Lyon. I 1201. Fabrique : délibérations, 1846-1880

  • Archives de l'archidiocèse de Lyon. I 1202. Fabrique : délibérations, 1880-1906

  • Archives de l'archidiocèse de Lyon. I 1203. Fabrique : comptes, 1863-1868. 1863-1890

  • Archives de l'archidiocèse de Lyon. I 1206. Construction de l'église, travaux ultérieurs.Mémoires, factures. 1860-1874 ; Cahier des charges, 1897 ; Mémoires, 1890-1897, 1900-1909

  • Archives de l'archidiocèse de Lyon. I 1210. Factures, mémoires reçus, 1872-1877

  • Archives de l'archidiocèse de Lyon. I 1211. Factures, mémoires reçus, 1900-1914

  • Archives de l'archidiocèse de Lyon. I 1353. Cardinal de Bonald. Divers églises, dont le Bon Pasteur et Saint-André. 1839-1902

  • Arch. dép. Rhône. 2 V 21. Lyon : paroisses du 3e arrondissement. 1845-1899

  • Arch. dép. Rhône. 2 V 21(1). NoëllatNouveau plan historique de la Ville de Lyon. 1846

  • Arch. dép. Rhône. 2 V 25. Lyon : paroisses des 7e, 8e et 9e arrondissements. 1843-1896

  • Arch. dép. Rhône. 2 V 25(1). Circonscriptions ecclésiastiques : plans. 1856

  • Arch. dép. Rhône. 5 V 27. Administration des biens des fabriques. Lyon : Saint-André. 1879-1903

  • Arch. dép. Rhône. 5 V 111. Vérification des comptes des fabriques par le conseil de préfecture

  • Département du Rhône. La Conservation du patrimoine. Pré-Inventaire. C. BODET. Eglise Saint-André. 1992

Bibliographie

  • AUDIN, Marius. Bibliographie iconographique du lyonnais (extrait) : 3e partie : vues particulières : Fascicule 3 : Saint-André, Saint-François . Lyon : Imprimerie A. Rey, 1913

    p. 105 à 108
  • AUDIN, Marius, VIAL, Eugène. Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art de la France, Lyonnais. Paris : Bibliothèque d'Art et d'Archéologie, 1918. 2 vol. 891 p. ; 25 cm

    t. 1 p. 270
  • BEGHAIN, Patrice, BENOIT, Bruno, CORNELOUP, Gérard, THEVENON, Bruno. Dictionnaire historique de Lyon. Ed. Stéphane Bachès. Lyon, 2009. 1503 p.

    p. 385
  • BERTIN, Dominique. Guide des églises de Lyon. Lyon : Editions lyonnaises d´art et d´histoire, 2000

    n°32
  • CADIEU-DUMONT, Céline. Architecture des édifices cultuels lyonnais au XIXe siècle (1802-1905). Guide des sources. Lyon : Archives municipales de Lyon, Les guides du chercheur 2, 1996. 144 p. ; 28 cm

    p. 50, 51, 56, 58, 59
  • CADIEU-DUMONT, Céline. Architecture du sacré : les lieux de culte à Lyon au XIXe siècle. Catalogue d'exposition : Lyon, Palais Saint-Jean, 19 octobre - 18 décembre 1996, archives municipales de Lyon, 1996

    p. 54, 55
  • CHARVET, Etienne-Léon-Gabriel. Lyon artistique. Architectes. Notices biographiques et bibliographiques avec une table des édifices et la liste chronologique des noms. Lyon : Bernoux et Cumin, 1899. X-439 p.-[20] f. de pl. : ill. ; 28 cm

    p. 123, 127
  • JANIN, René. Les Paroisses de La Guillotière. La Paroisse Saint-André et son église. Lyon : Lugd Editions lyonnaises d'art et d'histoire, 1989

  • LAURENT, Jean, DELMONT, Théodore. La paroisse Saint-André de la Guillotière. Lyon : H. Lardanchet, 1910

  • MARTIN, Jean-Baptiste. Histoire des églises et chapelles de Lyon. Lyon : H. Lardanchet, 1908-1909. 2 vol., XXVI-372 p.-[5] f. de pl. : ill., 499 p.-[5]f. de pl. : ill. ; 33 cm

    t. 1 p. 197-200, t. 2 p. 210

Périodiques

  • MUSSET, Yves. Le Père Chevrier et la Guillotière. Rive gauche, juin 2007

    p. 5 à 15
Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2011
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