L'urbanisme et l'implantation
L’architecture péri-urbaine naît au milieu du 19e siècle autour de lieux satellites agrégés à la vieille ville fortifiée, tels la rivière du Vizézy, le canal du Forez, la gare de marchandises et de voyageurs.
Alors que Montrond-les-Bains, commune voisine de Montbrison à laquelle elle est reliée par une ligne de chemin de fer, connaît une deuxième phase de croissance à la fin du 19e siècle, grâce au thermalisme qui engendre une architecture de villégiature, le territoire de Montbrison se transforme progressivement par l'activité commerciale, industrielle et artisanale que la ville développe.
Les boulevards extérieurs et les axes rayonnant vers la périphérie tels que Chavassieu, Carnot, Gambetta, Lachèze, l'avenue de la Libération, la rue République (ancienne route de Lyon) ou la rue du faubourg de la Madeleine, sur les sections cadastrales BL, BN, BO, AW, montrent des alignements de maisons où se succèdent demeures de notables ou petits immeubles pouvant associer commerces et logements au-dessus. Ailleurs, l'architecture se diversifie.
Ainsi, sur les sections AT, AW, soit à proximité de la rivière du Vizézy, entre l'avenue d'Allard et le quai des Eaux minérales, le long du chemin des Meuniers et à la Guillanche, s'installent tout au long du 19e siècle plusieurs moulins, tels les anciens moulins de l'Estiallet, Maillon, Pagnon, l'ancienne usine de velours Morel, ou encore l'ancien moulinage Couchoud et Bethenod. Sur les sections BL et BM, qui bénéficient de la création de la gare en 1866, se déplace la minoterie Maillon et Barbier, s'installent aussi de nombreux ateliers dont des ateliers de métallerie, de tonnellerie, etc.
Dans cette seconde moitié du 19e siècle et jusqu'au milieu du 20e, l'investissement progressif des faubourgs se fait sur un maillage lâche de terre agricole desservi par un réseau viaire composé de nouvelles rues, de chemins ruraux, d'impasses pour lotissements. Le percement de l'avenue de la Gare (devenue avenue d'Alsace-Lorraine) est lié à l'implantation de la gare tandis que sur le secteur de Rigaud, la création de la rue de Bichirand en 1914, pour des besoins militaires, fait naître un habitat pavillonnaire.
Au cours de cette période, la maison individuelle va essaimer sur tout ce territoire, d'abord dans le secteur d'Alsace-Lorraine, sur les sections BL, BM, BN, BO, mais aussi dans les faubourgs de la Croix et de la Madeleine, sur les sections BH et BI, puis progressivement sur toutes les autres sections AT, AY, AW, AX, AY, AZ, BC, BD, BE, BI ; les zones de Beauregard, des Royats, Randin, Montaud, Maupas et Matel deviennent des lieux où l'habitat pavillonnaire de la 2e moitié du 20e siècle se densifie particulièrement.
L'architecture des faubourgs
Les maisons
Avec le développement de la maison individuelle, de nouvelles références architecturales s'installent pour des milieux socialement modestes voire un peu bourgeois. Désormais la vie quotidienne est séparée du lieu de travail. Des quartiers résidentiels naissent, installés sur un parcellaire desserré, sans obligation d'alignements, où chaque maison a son jardin afin de pouvoir vivre dans une "ville à la campagne".
Le bâti et le non-bâti, le banal et l'ostentatoire, le modeste et le moderne se côtoient. Les lotissements se multiplient : chacun veut faire "comme nulle part ailleurs". Les lotissements de type Castor, du milieu du 20e siècle, succèdent aux maisons bourgeoises du début du 20e siècle, comme la demeure "Les marronniers", construite en 1906 pour l'ingénieur civil Francisque Courbière, dans l'avenue de Pleuvey, la "Villa de M. Dubost", édifiée en 1929 sur les ruines du prieuré Saint-Eloi, "La Sapinière", rue Sainte-Claire ou encore, dans la rue de Feurs, la villa des Roses, des Tilleuls, "Sam Su Fy", "Bon Accueil", "Saint-Antoine" et "Mon Refuge", de 1925 à 1928.
L'éclectisme se répand. C'est la naissance d'un style néo-régional dont le référentiel de base intègre le chalet suisse, la maison normande ou alsacienne qui se juxtaposent et cohabitent avec des maisons de style néo-classique. La notion hygiéniste s'impose, à laquelle est associée celle du bien-être : logis au rez-de-chaussée ou à l'étage, avec en-dessous ou à côté un garage. La maison, parfois jumelle, s'orne de balcon, de véranda, de galerie, voire d'un escalier extérieur tandis qu'un jardin parfois agrémenté d'un mobilier de plein air, est délimité par un mur de clôture lui aussi d'une grande diversité de formes et de matériaux.
Parmi les matériaux employés on remarque la brique vernissée, les pierres posées sur le champ ou sur la rive, les enduits colorés, les carreaux de ciment, les faux pans-de-bois, le fer forgé, le métal, et en couverture les ardoises ou les tuiles. Les plans sont généralement de forme carrée ou rectangulaire. Lorsque la maison compte deux corps, ceux-ci sont le plus souvent disposés en L ; parfois un corps plus haut que l'autre peut évoquer timidement le pittoresque d'un belvédère.
Châteaux et loges
Face à cet habitat pavillonnaire répétitif qui constitue la majorité du bâti montbrisonnais, émergent deux propriétés importantes : le domaine de "Montchenu" (actuellement maison Saint-Joseph, rue du Faubourg de la Croix) édifié en 1830 pour M. de Saint-Genest, et l'hôtel d'Allard (aujourd'hui musée, boulevard de la Préfecture) construit vers 1810. Ces édifices, installés dans des parcs formés par l'achat de plusieurs parcelles situées en bordure des nouvelles voies d'accès, constituent encore aujourd'hui les poumons verts de la cité ; celui de l'hôtel d'Allard devient en 1857, un parc public conçu par le paysagiste Denis Bülher.
Deux châteaux historiques s'implantent dans la campagne : celui de Vauberet au 16e siècle, celui de La Tuilière, connu au 13e siècle et surtout au 17e, remodelé au milieu du 19e siècle. Seul le "château Lachèze", construit en 1874 pour l'industriel Louis Lachèze, sur la nouvelle avenue de la Gare (avenue d'Alsace-Lorraine), conjugue la notion de château et de maison de plaisance campagnarde.
Dans ce paysage péri-urbain subsistent encore des éléments de ruralité dont les meilleurs exemples sont les loges : cabanes de vigne généralement entourées d'un mur de clôture - le clos - afin d'en protéger le vignoble. Ce particularisme architectural édifié au milieu du 19e siècle demeure une caractéristique des Côtes du Forez ; il subsiste sur les sections AT, AV et BD, zones restées rurales grâce à leur situation géographique en limite des communes viticoles de Champdieu, Essertines-en-Châtelneuf, Bard, Ecotay-L'Olme. Quelques fermes éparpillées sur le territoire, et plusieurs concentrées au hameau de Curtieux en bordure de Champdieu (section BC) rappellent ce passé agricole ; un puits isolé, une croix de chemin sont aussi les signes historiques et architecturaux d'une vie précédemment rurale.