Historique
1. La réalisation d'un nouveau lycée stéphanois
Le projet d’un nouveau lycée de garçons à Saint-Étienne a été une préoccupation de la municipalité tout au long du 19e siècle, soumise tout à la fois aux aléas politiques et au difficile statut de ville minière de la cité.
Dès 1802, Saint-Étienne dispose d’un collège communal, transformé en collège royal avec une nouvelle construction érigée en 1841-1842 ; cette autorisation de construction était conditionnée au transfert de l’établissement dans le clos Pélissier, mais l’engagement non tenu par la municipalité entraina l’interruption des autres projets liés à l’établissement (REJANY, Pierre, 2001, p. 439).
Un nouveau projet fut élaboré dès 1860 après l'achat par la ville du clos Chantegrillet d’une surface de 17.914 m², considéré comme le lieu idéal pour la construction d’un lycée. Mais ce projet n'a pas été poursuivi. Le clos Chantegrillet est situé à l’emplacement actuel du lycée Etienne-Mimard dont seule la rue Étienne-Mimard le sépare du lycée Claude-Fauriel.
La nécessité de construire un nouveau lycée se justifie par une croissance régulière des effectifs – hormis pour l’année 1870 – de 1858-1859 à 1885-1886 (Tableau statistique des pensionnaires, AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M4)). En 1874, la construction d'un nouveau lycée fut enfin décidée, mais il fallut attendre les années 1880 - comme l'indiquent les bulletins municipaux – pour qu'elle se concrétise sur le clos Chantegrillet. L'architecte Charles Le Coeur est évoqué comme membre de la commission d'inspection en 1880 et nommé à plusieurs reprises pour les années 1880 à 1882 dans les régistres de délibérations et bulletins municipaux (AC Saint-Etienne (Bulletins municipaux : 1D60 p.158, 1D61 p. 232 et 238, 2 C 2 2 p.125 à 133). De nombreuses hésitations ajournèrent la construction pendant deux ans, jusqu’en 1882. Pour la réalisation, trois endroits furent alors évoqués : le clos Chantegrillet, les jardins de l’hôtel-Dieu et le clos de l'hospice de la Charité.
La prise en compte de différents facteurs comme la stabilité du sol ou la proximité du centre-ville, firent porter le choix sur les jardins de l’hôtel-Dieu. La construction du lycée de garçons à cet endroit a entraîné des modifications urbaines : un nouveau tracé de certaines parcelles et l’élargissement, voire même la création de rues, comme la rue de Lyon, actuelle avenue de la Libération, reliant les places du Peuple et Fourneyron (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M4 et versement 5934 : 5934W5)). Ces modifications ont pu être entreprises grâce à l'expropriation des terrains de l'hôtel-Dieu et de propriétés privées dont les parcelles furent acquises par la ville (Ibid.). Les expropriations furent onéreuses. L’État participa au chantier en versant une partie de la somme prévue pour le lycée.
1.1. Le projet
Après la sélection de l'emplacement idéal, on put commencer à réfléchir à la construction du lycée. La réalisation d'avant-projets commença en 1885. Une héliogravure sans indication lisible sur les auteurs montre un avant-projet avec vue en perspective aérienne d'un lycée et de son plan masse (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M4)).
Héliogravure : Avant-projet du lycée avec plan (AC Saint-Etienne, 9 M 4)
La présence de certains éléments architecturaux permet de supposer qu'il s'agit d'une création du duo d'architecte parisien Denfer-Friesé. L'ensemble imposant est conçu sur un plan à symétrie axiale, sur laquelle se positionnent entrée principale et chapelle. Deux longues ailes de bâtiments parallèles interrompues par de courtes ailes, forment un ensemble rectangulaire avec quatre cours intérieures. S'y ajoute une cour d'honneur avec chapelle et jardin en demi-cercle.
Les archives du cabinet Denfer-Friesé étant détruites pour cette période (comm. écrite de Madame Denise Noël, Institut Français d’Architecture), seuls les documents des architectes conservés aux archives municipales peuvent fournir des informations sur le déroulement de la construction du lycée. Finalement, c’est une version signée du seul Paul Friesé, réduite en surface et modifiée pour la disposition des ailes, qui est retenue. L'entrée principale a été déplacée sur le côté. L'organisation des cours intérieures par différentes sections est prévue. Par ailleurs, un internat, une chapelle, un gymnase et une construction pour l’enseignement de chimie sont également créés (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M4)).
1.2. La construction par les architectes Denfer-Friesé
Paul Friesé, à la fois ingénieur et architecte, débuta sa carrière dans le cabinet de Jules Denfer, dont il s’engage à reprendre le cabinet en 1885. Le lycée stéphanois est une des premières réalisations (FIBLEC, Hugues, 1991, p. 17). Malgré les affirmations venant de la société minière sur la stabilité du sol exploité adjacent au périmètre sélectionné, le duo a mis l'accent sur la solidité du terrain à bâtir et a conçu un système de consolidation du bâtiment (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M4)).
Le projet est approuvé le 24 juillet 1886 par délibération du conseil municipal et le 30 mars 1887 par le Ministre de l’instruction publique (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M4)).
La construction débute donc vers le milieu de 1887 et se termine pour l’extérieur des bâtiments en 1889. Le lycée a été conçu pour une capacité d’accueil de « 180 internes, 240 demi-pensionnaires, 400 externes, soit un total de 820 élèves » (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M4)). Une description sommaire non datée donne plus de détails sur la réalisation des architectes : « Le lycée occupe à cette époque un terrain de 192,60 m de longueur et 98,00 m de largeur soit une superficie de 18835,60 m2. Il se compose de deux séries de bâtiments distincts, le lycée technique et l’internat. » Le lycée technique correspond à l’actuel bâtiment A. L’internat, se compose de plusieurs unités : « L’internat comprenant les études, dortoirs, infirmerie, cuisines et dépendances, réfectoire, chapelle, gymnase, cours de récréation, d’exercices et de service et jardin de l’infirmerie. » Les bâtiments de l’internat longent en partant du nord du bâtiment A, les actuelles avenue de la Libération et rue Claude-Lebois pour se terminer du côté de la rue Etienne-Mimard. Au centre se situe une vaste cour intérieure. Dans les ailes du côté avenue de la Libération et rue Claude-Lebois s’élèvent sur deux étages les salles d'études et dortoirs mais aussi des logements de fonction. L’infirmerie se trouve dans l’angle rue Claude-Lebois et rue Etienne-Mimard. Les pavillons des réfectoires se situent du côté rue Etienne-Mimard et sont disposés en partie de manière perpendiculaire aux autres bâtiments de l’internat. Le gymnase et la chapelle s’annexent à l’est de l’aile nord du bâtiment A. Au sud-est du périmètre est installé le bâtiment de chimie.
En 1888, Paul Friesé propose d'utiliser de la brique de Bourgogne et Montereau plutôt que de la brique locale, de qualité inférieure car gélive. En guise de compromis, la commission décide alors que la brique de Bourgogne pourra être utilisée pour les frises, bandeaux et axes, mais que la brique rouge du pays serait employée pour d'autres éléments (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M4)). Pour le suivi du chantier, Denfer et Friesé eurent recours à l'architecte Chapelon à Saint-Etienne. Il faudra attendre la rentrée d'octobre 1890 pour l’inauguration à cause de retards pris dans l’installation des sanitaires. Les architectes se sont souciés du moindre détail en présentant, en partenariat avec des fournisseurs, des modèles pour le mobilier et instruments des cours de sciences et de dessin, ainsi que le mobilier destiné aux bureaux administratifs et logements de fonction du proviseur, censeur et personnel administratif (cf. cyanotypes, lithographies et aquarelles conservés aux archives municipales de Saint-Etienne (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M8)). La remise définitive du bâtiment est effective en 1892.
A la même période, le lycée de garçons de Roanne (IA42003303) a été agrandi. Les architectes sollicités furent Charles Le Coeur, puis Henry Bellet pour une première extension, puis Denfer et Friesé pour une seconde. La construction a été réalisée de 1887 à 1888. Malgré la différence entre les deux établissements, au niveau du plan et de la structure des élévations, on retrouve une similitude dans les éléments utilisés, telle la galerie avec toit en appentis, la structure en fonte et briques rouges utilisée comme matériaux de soutien mais aussi comme ornementation si l'on considère ainsi la frise de briques en biais, à l'intersection du rez-de-chaussée et du premier étage.
De l'ensemble de tous ces bâtiments, seul le bâtiment avec la cour d'honneur a subsisté. De nos jours, le périmètre du lycée est resté plus ou moins fidèle à celui de la fin du 19ème siècle.
2. Les modifications et agrandissements du lycée au 20e siècle
Les sources documentaires manquent pour la première moitié du 20e siècle, hormis la construction du monument aux morts en 1922. La première modification date de l'année 1949 avec l'installation de sanitaires dans le sous-sol du bâtiment A (AC Saint-Etienne (Série 9M : 9M12)).
2.1. Le bâtiment B : le préfabriqué lourd des sciences naturelles (1966)
Le préfabriqué lourd des sciences naturelles est un bâtiment remarquable puisque ce fut la première construction de ce genre dans le département de la Loire, réalisé par les architectes Ferraz et Seignol. Le préfabriqué lourd se caractérise par la rapidité de la mise en place grâce au gain de temps généré par la préfabrication des éléments de la structure en atelier. Ainsi une partie du travail sur place est épargnée et les temps morts liés par exemple au coffrage, coulage et séchage dans les constructions classiques sont évités. Cette façon de procéder entraîne également une réduction des coûts.
La première maquette fut montrée en 1965. Le début des travaux a eu lieu le 1er octobre 1966 – avec une préparation des fondations le 27 juin 1966 (AC Saint-Etienne (série 9M : 9M12)). La mise en œuvre fut ensuite rapide puisque les travaux ne durèrent que trois mois et demi et ne dérangèrent pas le fonctionnement normal du lycée. Des prises de vue datant de la phase de construction et l'inauguration du bâtiment conservées aux archives municipales montrent l’état des travaux à cette époque (AC Saint-Etienne (série 9M : 9M ICONO 12)).
2.2. Les bâtiments C, D, E, F : agrandissement et modifications par l’agence B.E.H.C. Architectes Rhône-Alpes Pierre Chomette – 1989 -1994
La dernière étape de construction et d'aménagement a été réalisée par l'agence B.E.H.C. Architectes Rhône-Alpes Pierre Chomette de 1989 à 1994. Celle-ci fut commanditée par la région Rhône-Alpes.
La rénovation et mise aux normes des bâtiments existants ainsi que la construction de quatre nouveaux modules ont été réalisées en plusieurs étapes. Des ailes datant de la première phase de construction du lycée ont été démolies. Il s’agit de l’ancien internat, les annexes sportives, le petit gymnase et la chapelle, de l’ancien bâtiment de chimie, ainsi que du pavillon nord-ouest de la cour d’honneur (AC Saint-Etienne (versement 5934 : 5934W10)). En comparant avec le projet des architectes Denfer-Frisé, on voit que les architectes modernes ont suivi certaines orientations du plan masse initial pour le choix de l'emplacement des bâtiments.
Le bâtiment des classes préparatoires, l'internat, la nouvelle entrée et loge du concierge sur l'avenue de la Libération ont précédé la construction de la cantine et du gymnase, côté rue Étienne-Mimard. La réalisation du terrain de sports et de places de parkings derrière le bâtiment B furent les derniers grands travaux entrepris pour cet établissement. La question d’une aumônerie à la demande de parents d’élèves catholiques a été discutée mais abandonnée. La cantine et les cuisines sont construites à l'emplacement de la chapelle fermée depuis 1972 et du bâtiment prévu pour les cours de chimie (AC Saint-Etienne (versement 5934 : 5934W5)).
Actuellement, le lycée porte le nom Claude Fauriel en hommage à l'historien, linguiste et homme de lettres stéphanois, célébrité nationale, né en 1772 et décédé en 1844. Le nom est évoqué à partir des années 1960 pour l’attribuer au lycée mais aucune donnée concrète n’a été trouvée qui permettrait de préciser quand le choix a été fait.
Description
Le lycée est composé de six unités édifiées entre le dernier quart du 19e et le dernier quart du 20e siècle. Les bâtiments sont répartis sur un plan rectangulaire régulier et occupent la parcelle EN01 du cadastre actuel. On constate un léger dénivelé entre les différents bâtiments : le bâtiment A se situe à un niveau inférieur du bâtiment C. Plan masse chronologique
Le bâtiment A : réalisation Denfer-Friesé
Le bâtiment est conçu sur un plan presque carré, à quatre ailes dessinées autour d’une cour d’honneur arborée (quatre rangées de trois arbres au centre). Une des ailes longe l’avenue de la Libération, la façade principale est orientée vers le cours Hippolyte-Sauzéa au sud. Elle est devancée d’une grille d’entrée et d’un jardin architecturé. Au croisement de l’avenue de la Libération et du cours Hippolyte-Sauzéa se situe le monument aux morts, construit hors du périmètre scolaire. Il forme ainsi au sud-ouest une des quatre délimitations du périmètre du lycée. Les deux autres ailes sont construites à l’intérieur de l’établissement.
On accède par le bâtiment A par six entrées : une entrée sur la façade principale et cinq passages dont quatre ouverts en permanence. La façade principale, rythmée de quatorze travées, est articulée sur une symétrie axiale presque parfaite : cinq travées sont réservées au corps central, la partie ouest comptant une travée supplémentaire par rapport à la partie est. Le corps central s’élève sur deux étages, contrairement aux deux pavillons latéraux et autres ailes du bâtiment ; les chainages d’angle sont soulignés par un bossage à grand chanfrein. Le rez-de-chaussée, surélevé sur un soubassement également à bossage à chanfrein est accessible par un escalier à neuf degrés.
Trois portes similaires permettent l’accès à l’intérieur. La porte centrale est flanquée par une colonne double, les deux autres par une demi-colonne accolée à un pilastre. Chacune a un cadre de bois surmonté d’une imposte en verre et fer forgé. Leur linteau est timbré d’une agrafe. Chaque porte est flanquée d’un lampadaire suspendu et d’une fenêtre rectangulaire sécurisée par de longs barreaux encastrés dans le mur. Une belle frise de triglyphes et métopes timbrées d’un disque central marque la séparation entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Chacune des cinq fenêtres du premier étage est encadrée en pierre, surmontée d’un fronton triangulaire et clôturée par un balcon en fer forgé. Plus sobres, les fenêtres du second étage sont ornées d’agrafes au-dessus. Sous le toit légèrement en appentis cadencé de cheminées court une frise constituée d’une guirlande végétale contenant en son centre l’inscription en toutes lettres : LYCEE CLAUDE FAURIEL.
La structure des deux pavillons latéraux est identique : rez-de-chaussée avec bossage et fenêtre à barreaux, frise avec cercles, séparant le rez-de-chaussée et le premier étage, fenêtre avec balcon en fer forgé au premier étage et corniche. La façade sur la cour d’honneur est légèrement différente ; elle est conçue sur une rupture de niveaux entre le premier et le second étage. Le rez-de-chaussée est éclairé par neuf baies vitrées à huit carreaux, flanquées de pilastres et protégées par une galerie vitrée qui court sur toute la façade. Un toit en appentis couvert de tuiles mécaniques rouges protège l’ensemble.
Le premier étage est éclairé par neuf fenêtres ornées dans leur partie supérieure de briques jaunes et rouges. Les cinq travées centrales se poursuivent au deuxième étage, tandis que les travées latérales, ornées d’une frise de briques jaunes et rouges, s’achèvent sur un toit en appentis recouvert de tuiles mécaniques rouges. Le second étage central est éclairé par cinq fenêtres avec garde-corps. La même frise de brique rouge et jaune court sous le toit légèrement en appentis.
À l’intérieur, le hall de l’entrée principale, dit la salle des pas perdus, est recouvert de son ornementation d'origine. Ce sont des cassettes en bois ornées de rosaces et cul-de-lampe, des poutres en fer, au sol un damier de carreaux de céramique rouge et blanc. Au mur, des stucs dessinant des pilastres et des éléments architecturaux répondent au décor extérieur. Une plaque commémorative est accrochée au mur à gauche de l’entrée de la loge du concierge, accessible par trois degrés. À droite, une baie vitrée avec balustrade assure la symétrie de l’ensemble. On accède à la galerie vitrée du rez-de-chaussée par deux escaliers symétriques à trois degrés. Là se trouve la partie administrative de l’établissement avec le bureau du proviseur et son secrétariat dans la partie sud-est; en face les bureaux de l’intendance; au sud-ouest, la salle des professeurs avec cheminée et miroir. La salle du conseil au premier étage est accessible par un escalier sans jour. La salle des professeurs et la salle du conseil ont encore leur lambris d’origine. D’une manière générale, l’ornementation d’origine est basée sur des teintes vert, blanc, rouge, marron.
Les premier et second étages de l’aile principale sont réservés aux logements de fonction, notamment l’appartement du proviseur et du censeur. Dans les appartements, seuls les cheminées, plafonds et parquets remontent à l’origine du bâtiment. Les WC ont été aménagés au sous-sol dans la partie sud-ouest.
Pour les trois autres ailes autour de la cour d’honneur, le premier étage est couvert d’un toit en appentis. De même que le rez-de-chaussée, ce premier étage est conçu comme une galerie couverte. Chaque travée est marquée par un pilastre, entaillé à l’intersection des étages pour recevoir un liséré de briques rouges disposées en biais ; ce procédé permet de souligner en façade les différents niveaux. Au premier étage une balustrade en fer forgé délimite la galerie. Les salles de classes situées au rez-de-chaussée et au premier étage sont partiellement munies d’estrades ou disposées en amphithéâtre. Le CDI se situe au premier étage dans l’aile faisant face à la façade principale. À l’intérieur, la charpente est visible. De ce côté, une horloge orne un avant-toit à pans de bois en chassé-croisé, située au-dessus d’un passage menant dans la seconde cour de l’établissement.
Les façades extérieures sont beaucoup plus sobres, dans les couleurs sable. Des éléments modernes ont été utilisés, tels le portique à double colonne et le blason stylisé de la ville de Saint-Étienne. La loge du concierge située au nord-ouest de la cour d’honneur a été refaite lors des travaux de réaménagement au début des années 1990. Inscrite dans un carré, et s’élevant sur quatre niveaux, elle fait partie de l’entrée principale actuelle située sur l’avenue de la Libération. Elle est conçue dans un style néo-grec, utilisant le vocabulaire antique (double colonne, superposition des ordres dorique et ionique, cannelures, fronton triangulaire). L’entrée, ornée d’une grille avec double colonne, est flanquée de deux pavillons identiques et symétriques ; en son centre, le foyer de l’internat assure la jonction entre le bâtiment A et le bâtiment D. Deux baies vitrées, en arc de cercle, éclairent l’espace ; celle ouvrant sur l’extérieur a son claveau sommital orné du blason de la ville de Saint-Étienne ; la disposition d’ensemble évoque une serlienne. Au rez-de-chaussée, les doubles colonnes doriques ornent l’espace entre les fenêtres, tandis qu’à l’étage les colonnes cannelées relèvent de l'ordre ionique. Des frises délimitent les différents niveaux, alors qu’au second et troisième étage les baies vitrées assurent l’homogénéité de l’ensemble. Le cabinet d’architecture en charge du réaménagement a bien veillé à réutiliser les éléments existant lors de la construction de la fin du 19e siècle.
Les bâtiments B à D s’agencent autour d’une seconde cour intérieure.
Le bâtiment B : préfabriqué lourd des sciences naturelles
Le bâtiment B n’est pas relié au périmètre extérieur mais s’inscrit dans l’enceinte de l’établissement entre la seconde cour et le parking des voitures. Il occupe un rectangle de 73 x 17,88 m. Il est raccordé par ses côtés latéraux aux bâtiments A et C, par le premier étage pour le bâtiment A et à tous les étages pour le bâtiment C. Par ailleurs il est disposé de manière parallèle au bâtiment D, l’internat.
Ce bâtiment des sciences est conçu sur quatre niveaux. Sur la cour intérieure, au rez-de-chaussée, un préau soutenu par des piliers polygonaux court tout le long de la façade et disparaît dans des buissons. L’accès à l’intérieur est assuré par des escaliers avec une main courante ornée de feuillages. La façade du rez-de-chaussée est marquée par une frise en bossage. Ces éléments ornementaux sont les seuls se rattachant à l’esprit néo-grec observé sur les autres parties du bâtiment. Les niveaux supérieurs présentent une façade homogène, scandée de baies vitrées alternant avec un revêtement sobre dans les tons sable. Le centre des deuxième et troisième étages est marqué par un oriel à angle aigu.
L’agencement linéaire de la façade ouvrant sur l’actuel parking et parallèle à la rue Étienne-Mimard est différent. Les baies rectangulaires couchées éclairent les cages d’escaliers, tandis que les autres sont disposées en frises verticalement ou horizontalement, certaines rehaussées par un fond coloré.
À l’intérieur, le rez-de-chaussée est occupé par des salles d’étude. Les collections de sciences naturelles et de géologie se situent au second étage. Les instruments scientifiques sont répartis dans les laboratoires, bureaux et placards des couloirs du troisième et quatrième étage. Un ascenseur est aménagé au sud-est du bâtiment. Au sud-ouest du bâtiment a été installée la sphère en fer forgé, correspondant au un pour cent artistique.
Le bâtiment C : classes préparatoires
Le bâtiment C est situé au croisement de l’avenue de la Libération et de la rue Claude-Lebois au nord-ouest du périmètre. Inscrit dans un périmètre rectangulaire, il clôture la seconde cour intérieure du lycée. L’entrée du bâtiment se fait par une petite allée agencée dans la cour, avec de chaque côté un lampadaire, une rangée de quatre arbres et une balustrade en fer forgé ornée de lierre enlacé. Deux accès sont possibles : l'un menant au sous-sol, l’autre menant au rez-de-chaussée. La façade principale se caractérise par une horizontalité stricte interrompue par le traitement pyramidal inversé de l’entrée centrale ; les quatre niveaux traités comme en encorbellement génèrent un vide central comblé par une paroi totalement vitrée. Cette monumentalité est répétée sur les côtés ouest et est du bâtiment, tandis que la façade nord reprend plutôt le style de la façade côté orientale du bâtiment B, côté parking. Une cage d’escalier circulaire est aménagée au centre des trois autres côtés. Des agrafes et méandres forment ensemble une frise longeant le dessous du toit. Une galerie vitrée court sur presque toute la longueur du bâtiment, assurant une grande source de lumière. Au sous-sol, à demi enterrée a été aménagée une salle en amphithéâtre. Aux étages, une ouverture centrale tantôt convexe tantôt concave, assure un effet dynamique à la façade ouverte sur de larges baies vitrées. Les murs sont partiellement revêtus de carrelage. Les teintes blanc, bleu et gris participent avec les formes abstraites à la modernité du bâtiment. Ce dernier est relié à tous les étages avec le bâtiment C, hormis le sous-sol.
Le bâtiment E : la cantine
Dessinée sur un plan en U, la cantine est parallèle au bâtiment A ; elle est composée de plusieurs entités : accueil des élèves et professeurs, salle de restauration, cuisines, espace de livraison. Le bâtiment ouvre directement sur la rue Étienne-Mimard. La façade sur le cours Sauzéa, avec ses doubles colonnes et frise, rappelle la façade principale du bâtiment A. Une fontaine a été aménagée dans la cour semi-intérieure. Il s’agit d’une colonne carrée dressée dans un bassin circulaire, surmontée d'une boule en pierre. Supposée avoir été installée lors de la création du lycée, celle-ci a été complétée par la représentation stylisée renaissance de dauphins sur les quatre côtés. Des éléments en fer forgé orné de lierre enlacé sont fixés sur la clôture extérieure de la cour.
Le terrain de sport et parking
Au gymnase (IA42003307) est associé un terrain de sport aménagé au nord-est du périmètre, à l’angle de la rue Claude-Lebois et de la rue Étienne-Mimard. Il est délimité par une clôture soutenue par les mêmes demi-colonnes doriques utilisées pour le gymnase. Deux passages permettent l’accès au parking placé entre le bâtiment B, le bâtiment F et le terrain de sport.
Chercheuse indépendante depuis 2003 auprès des services régionaux de l'Inventaire et de collectivités. A réalisé ou participé en tant que prestataire aux opérations suivantes : " Patrimoine des lycées " (avec la collaboration de Frederike Mulot), 2010-2015, " 1% artistiques ", 2019-2020 (avec la collaboration de Valérie Pamart), " Inventaire topographique de deux communes de l'ancien canton de Trévoux " (Pays d'Art et d'Histoire Dombes Saône Vallée, pour la communauté de communes Dombes Saône Vallée), 2019.