Conservé dans les archives du lycée professionnel Desaix, un extrait du Courrier de l'éducation paru en janvier 1978, portant sur les "Nouvelles architectures scolaires" et dans lequel figure un encadré sur les avantages de la construction industrialisée, entouré à la main, témoigne de l'intérêt de son lecteur pour le sujet. Il s'agit selon toute probabilité du proviseur en place à l'époque de la reconstruction. Celui-ci a pu se trouver rassuré puisqu'il y est relaté que le procédé a été perfectionné au point d'en garantir la qualité esthétique grâce à l'intervention d'un architecte d'adaptation et que des normes de sécurité ont été renforcées depuis la promulgation d'un décret en octobre 1973.
Sur cette double page conservée sont présentés également deux établissements dont les caractéristiques sont d'une part la construction en pavillons séparés (collège de Blagnac et lycée d'enseignement professionnel du Clos-d'or à Grenoble), d'autre part, la discrétion. Deux caractéristiques que l'on retrouve au lycée Desaix. Sur le premier des points, l'architecte d'adaptation choisi, Pierre Sirvin, avait écrit de son côté (au sujet d'un Centre d'instruction électrique construit avant 1977 à Gurcy-le-Châtel1) que ce type de composition architecturale où les pavillons sont séparés, "reliés entre eux par des constructions basses" [ici, par une passerelle sur poteaux] permet une "réalisation par étapes, une utilisation partielle, et a le gros avantage d'isoler les bâtiments en cas d'incendie". Sur le second point, la discrétion de l'établissement dans le paysage, on citera au sujet du Clos d'or "la véritable réussite de l'architecture", c'est qu'elle s'est notamment "pliée aux exigences du milieu extérieur, [...]", et surtout, l'auteur de l'article rapporte le propos d'un habitant du quartier : "On n'imaginait pas que c'était un lycée". On ne peut mieux exprimer l'absence de monumentalité et de symbole, qui contraste avec les recherches des périodes précédentes.
On peut ainsi se poser la question des effets de son aspect, conjugué à l'emplacement choisi par la ville. Certes, le lycée est en position haute (donc à l'abri des désordres du sous-sol ayant conduit à l'abandon du premier site occupé par l'établissement, et bénéficiant d'un air sain), à proximité d'un lotissement, d'un collège et d'un gymnase, mais il est surtout entouré de champs et bois. Le lycée se perçoit peu depuis l'extérieur et ne semble pas avoir exercé de pouvoir attractif. A moins que délibérément la municipalité n'ait décidé d'en faire une lisière plutôt qu'un pôle urbain structurant.
Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).