Dossier d’œuvre architecture IA63002749 | Réalisé par
Renaud-Morand Bénédicte (Rédacteur)
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

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  • enquête thématique régionale, Patrimoine des lycées
Lycée classique et moderne, actuellement lycée général et technologique Murat, à Issoire
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Auvergne-Rhône-Alpes - Issoire
  • Commune Issoire
  • Adresse 27 boulevard Pasteur
  • Cadastre 2017 AY 215
  • Dénominations
    lycée
  • Précision dénomination
    général et technologique
  • Appellations
    Murat
  • Parties constituantes non étudiées
    cour

Lorsqu'en 1956 le conseil municipal décide la construction de bâtiments neufs pour le collège communal, un premier site est pressenti, celui dit de La Barrière. Les terrains sont acquis mais un représentant du ministère consulté sur ce point fait valoir les instructions ministérielles du 30 août 1949 dans l'article 1 desquelles il est stipulé que "le terrain destiné à recevoir une école doit être écarté des cimetières"1.

Le lieu-dit Murat est alors examiné. Il est plus éloigné du centre-ville mais d'une part l'extension de la ville est prévue de ce côté (le nord-ouest), de façon à rejoindre le site de la nouvelle usine SCAL, d'autre part, un prolongement du boulevard Pasteur (qui doit relier la "nouvelle ville" à l'ancienne, tout en la raccordant à la route de Clermont-Ferrand) était suggéré depuis le 19 février 1954 par l'ingénieur des Ponts et chaussées2, et arrêté par le préfet depuis le 31 octobre 19583. En outre, de façon à se dégager des "brumes montant du lit de l'Allier", le plan d'extension d'Issoire devait "se faire en remontant les pentes, non en les descendant", ce qui allait dans le sens d'autres instructions ministérielles plus ou moins explicites : pour le nouvel établissement, rechercher l'ensoleillement et la vue panoramique. En effet, les terrains du quartier de Murat présentent "une légère déclivité ouest-est, donc une exposition favorable"4, et l'époque est à l'ouverture sur le monde, préférée alors à l'image du lieu du savoir clos sur lui-même.

À cet endroit, qui allait constituer le noyau des équipements publics du nouveau quartier, le stade est le premier à avoir été programmé (dès le "plan d'aménagement et d'extension" daté de 1946, élaboré par l'architecte-urbaniste Minot5). Sur le plan d'aménagement de 1956, la zone est qualifiée de résidentielle, de construction en ordre discontinu. Une marge de reculement de 4 mètres par rapport au tracé du boulevard est à respecter.

Le stade, les gymnases, les écoles et le lycée ont été greffés de part et d'autre du nouveau boulevard.

En 1968, les architectes du lycée le décrivent ainsi : "à 1,5 km du centre-ville, dans le quartier neuf de Murat, desservi par deux voies. À l'est une façade de 190 m sur le boulevard Pasteur, voie nouvelle de 14 m de large, bitumée, à l'ouest, une façade de 180 m sur un chemin non goudronné de 4-5 m de large"6.

Le lycée Murat a été choisi dans le cadre de cette étude pour représenter les lycées de type "monumental, dont l'implantation des bâtiments sur la parcelle est plutôt centrifuge et dont la construction est liée à la création d'une voie". Un exact contemporain, le lycée Montdory de Thiers par exemple, pourrait être considéré comme plus monumental mais il ne conjugue pas ce caractère avec les deux autres énoncés. Les lycées du corpus, toutes périodes confondues, répondant simultanément aux trois caractères sont le lycée de garçons du Puy (1644, agrandi en 1878 au moment de la création d'une nouvelle rue), le lycée Claude-Fauriel de Saint-Etienne (1887-1889), l'école pratique de commerce et d'industrie devenue lycée Carnot à Roanne (1901-1903), le lycée Marie-Curie de Clermont-Ferrand (1951-1956) (en lien avec la création d'un boulevard prévu sur le plan d'extension de la ville de 1925).

1AC Issoire. 1 W 7. Dossiers des séances du conseil municipal. 28 mars 1956.2AD Puy-de-Dôme. 301 W 65/3.3AC Issoire. Non coté. Dossier "PUD 1952-1961".4AC Issoire. Non coté. Cité scolaire de Murat, carton 4. Courrier du directeur général des impôts au préfet, 25 février 1959.5AC Issoire. 1 C 11. Pourchon, J-B. "Issoire et ses projets d'urbanisme", Clermont-Ferrand : imprimerie régionale, 1947.6AC Issoire. Non coté. Lycée Murat. Carton 7. Note du 3 décembre 1968.

Depuis l'an XI de la République, le collège communal occupait les bâtiments de l'abbaye des bénédictins, séparée d'une rue de la basilique Saint-Austremoine.

Dans un premier temps, en 1960, date à laquelle le collège communal est promu "lycée municipal mixte", sa construction avait été confiée par le ministère à A-V. Blanc (architecte du lycée d'Ambert et du centre d'apprentissage masculin de Clermont-Ferrand). Une lettre du préfet au maire d'Issoire, datée du 29 avril 1960, en atteste. Une DUP avait été obtenue le 6 juillet de cette année-là. Les terrains avaient été acquis en 1961. En parallèle, les travaux du groupe scolaire du premier degré avaient été confiés à André Verdier (architecte DPLG) et J. Pérol. Les trois architectes intéressés s'étaient mis d'accord sur l'implantation des bâtiments du premier et du second degré, d'après le préfet, en attendant que le comité départemental des constructions scolaires donne son avis. Dans le P-V de la séance de ce comité était précisé que la marge de reculement de la façade par rapport au tracé du nouveau boulevard devait être de 4 m, la hauteur du bâtiment des logements de fonction, le plus proche de la voie, ne devait pas dépasser 10 m (même si une dérogation pouvait être obtenue, est-il précisé).

Le projet semble alors avoir été abandonné, puis repris en 1965, dans le cadre du Ve Plan (en accord avec la carte scolaire adoptée en juillet 1965). Le 22 mai 1968, l'administration central préconise la formule industrialisée (qui a déjà été utilisée pour la construction du CET de la ville, actuel lycée Henri Sainte-Claire-Deville, le procédé SERCOSI), car la réalisation sera plus rapide et à un prix de revient moindre : le conseil municipal vote en faveur de la construction industrialisée. Mais il demande que la construction "s'harmonise dans le contexte où elle sera édifiée avec le cadre et les constructions déjà en place". Pour la première tranche des travaux (externat et "bloc cuisines-réfectoire"), l'entreprise choisie est grenobloise (Pascal). Le dossier de marché de la seconde tranche est daté du 1er février 1970, modifié le 15 mars. Elle concerne les bâtiments d'internat, l'administration et les logements de fonction.

Le sculpteur Albert Ayme est celui auquel commande est passée pour la réalisation de l'oeuvre du 1% artistique (agréé par le ministère des Affaires culturelles par arrêté du 21 juillet 1969).

A la fin des travaux, une demande de nationalisation du lycée est décidée (le 27 décembre 1971).

Le 23 novembre 1973 le conseil municipal décide la création d'une salle polyvalente pour le lycée et le CES, mutualisée avec la mairie, qui pourra l'utiliser après 17 h (principe que l'on retrouve encore plus de dix ans plus tard, par exemple, au moment de la construction du lycée La Fayette à Clermont-Ferrand).

L'aménagement d'un CDI (centre de documentation et d'information) est programmé le 18 mars 1975, en application d'instructions ministérielles.

En 2009, le maître d'ouvrage a changé (il s'agit de la région Auvergne), des travaux de restructuration commencent, consistant en particulier à isoler les bâtiments par l'extérieur.

En 2021-2022, le lycée est agrandi par adjonction d'un bâtiment en rez-de-chaussée en avant de l'externat et s'articulant avec le bâtiment de l'administration et des logements de fonction.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1968, daté par source
    • 2009, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Beaudouin Eugène
      Beaudouin Eugène

      Architecte en chef des Bâtiments civils et palais nationaux. Premier Grand prix de Rome.

      (À noter, du point de vue de l'étude du service sur les lycées en Aura : auteur, avec Marcel Lods, de l'école de plein air de Suresnes. Ainsi que de l'école nationale des impôts et de la faculté de droit de Clermont-Ferrand. Auteur également de plusieurs plans d'aménagement urbain en France et à l'étranger.)

      Notamment : associé à P. Fournier, architecte DPLG, tous deux domiciliés à Paris (38 rue de l'Yvette, Paris 16e), auteurs des plans du lycée Murat d'Issoire datés du 10 décembre 1968. De même, le marché du 30 mai 1969 est signé des deux architectes, et Beaudouin y est mentionné comme ABCPN. Dans le dossier du marché (1er février 1970), il y est mentionné comme "architecte en chef du gouvernement". Sources : AC Issoire. Lycée Murat, cartons 7 et 8.

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      architecte des Bâtiments civils attribution par source
    • Auteur :
      Fournier P.
      Fournier P.

      Architecte, associé notamment à Eugène Beaudouin, pour la construction du lycée Murat à Issoire (1968) (AC Issoire. Non coté. Lycée Murat, plusieurs cartons).

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Ayme Albert
      Ayme Albert

      Sculpteur.

      Notamment :

      artiste auquel a été adressée la commande du 1% artistique du lycée Murat d'Issoire (63). Par arrêté du 21 juillet 1969 (AC Issoire. Non coté. Lycée Murat, carton 7).

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      sculpteur (incertitude), attribution par source

L'intérieur du lycée n'a pas été visité.

Le plan-masse rend compte de l'implantation plutôt centrifuge des bâtiments sur la parcelle d'approximativement deux hectares, ménageant néanmoins une étroite "cour d'entrée" au devant du bâtiment d'externat.

Le douze décembre 1968, les deux architectes signent une note de présentation du lycée : "Dans le parti général retenu, l'implantation des différents bâtiments est faite autour d'une grande cour plantée, ouverte au sud et se dégageant vers le groupe [scolaire] Murat existant et le gymnase qui vient d'être achevé. On trouvera le long du boulevard Pasteur, une cour d'entrée sur laquelle s'élèvera le bâtiment externat avec, à sa droite, le bâtiment des logements. Au rez-de-chaussée de ce bâtiment seront installés les bureaux de l'administration. [...]". La grande cour de récréation, à l'arrière de l'externat sera close par les deux bâtiments d'internat qui longe le chemin de Verrières.

Le plus haut des bâtiments, celui des logements de fonction, s'élève sur quatre étages-carrés. Une règle d'urbanisme ne prévoyait pas de hauteur supérieure à dix mètres dans ce quartier de Murat mais il avait été envisagé d'obtenir une dérogation.

Tous ces éléments pouvaient être vérifiés encore en 2020, sans avoir pénétré dans les lieux. L'agrandissement de 2022 a amputé sensiblement la cour d'entrée.

Les architectes décrivent le procédé de construction : il s'agit d'un procédé d'industrialisation poussée (autrement dit de préfabrication lourde) avec des panneaux de façade de la hauteur d'un étage et de 3,50 m de large (qui correspond à la multiplication par deux de la trame d'1,75 m, établie dans une circulaire de 1952). Le procédé SERCOSI indiqué sur les plans des études préliminaires semble avoir été adopté pour la première tranche des travaux et le procédé JCS de l'entreprise STRIBICK, qui a déjà donné lieu à la réalisation de bâtiments du lycée Claude-Fauriel de Saint-Etienne, pour la seconde tranche. Les panneaux préfabriqués seront revêtus de "pâte de verre ou de grès-cérame, gardant ainsi à l'édifice un caractère assez strict, en harmonie avec le caractère du pays et les bâtiments déjà existants du groupe scolaire Murat, donnant une unité à l'ensemble". Ces panneaux seront montés "par assemblage et joints coulés en place".

L'oeuvre commandée au titre du 1% artistique au sculpteur Albert Ayme (arrêté du 21 juillet 1969) a été réalisée conjointement entre l'artiste et l'entreprise chargé du procédé d'industrialisation pour la construction des bâtiments.

  • Murs
    • béton pan de béton armé
  • Toits
    bitume (incertitude)
  • Étages
    4 étages carrés, 3 étages carrés, 2 étages carrés, en rez-de-chaussée
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Typologies
    lycée monumental dont l'implantation des bâtiments sur le fonds est centrifuge, et lié à la création d'une voie (Epoque contemporaine)
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • représentation non figurative
  • Précision représentations

    Sur les pignons de deux des trois bâtiments principaux, relief sculpté abstrait commandé au titre du 1% artistique, intégré dans des éléments préfabriqués en concertation avec l'entrepreneur du gros-oeuvre.

  • Statut de la propriété
    propriété de la région

Sélectionné au titre de lycée représentatif d'un groupe de lycées "monumentaux, dont l'implantation des bâtiments est centrifuge sur la parcelle, et sont liés à la création d'une voie".

Documents d'archives

  • AC Issoire. Non coté. Lycée Murat. Carton 4 (1955-1966).

    Délibérations du conseil municipal 1955-1962, achat des terrains, expropriations, correspondance 1958-1969, plans [du premier projet de A. Blanc], 1960-1966.

    AC Issoire : Non coté
  • AC Issoire. Non cotés. Lycée Murat. Cartons 7 (1968-1969) et 8 (1962-1970) : construction.

    AC Issoire : Non cotés. (Lycée Murat, carton 7, carton 8).
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2023
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Renaud-Morand Bénédicte
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

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