Dossier d’œuvre architecture IA63002750 | Réalisé par
Renaud-Morand Bénédicte (Contributeur)
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, Patrimoine des lycées
Centre d'apprentissage masculin, puis collège d'enseignement technique Charcot, actuellement lycée professionnel Roger-Claustres
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Auvergne-Rhône-Alpes - Clermont-Ferrand Nord
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 127 rue du Docteur-Hospital
  • Cadastre 2017 MT 457 à 459
  • Dénominations
    centre de formation, lycée
  • Précision dénomination
    lycée professionnel
  • Appellations
    Roger-Claustres
  • Parties constituantes non étudiées
    gymnase, piscine

Le lycée n'a pas été visité. Seule l'analyse de sa relation à l'espace urbain a été menée (voir le dossier collectif et le dossier de présentation de l'étude).

La situation du lycée choisie au début des années 1950 apparaît presque comme une bizarrerie : relativement éloigné d'une artère importante, éloigné de la gare, dans un quartier pavillonnaire peu dense (alors que les ateliers amènent du bruit). Le choix tiendrait dans sa relative proximité avec l'emplacement du centre d'apprentissage dit de Bel-Ombre qu'il remplace. Ce dernier, situé 19 du rue du Bien-Assis, soit à environ un kilomètre, était réputé établissement d'enseignement de l'entreprise Michelin, et donc aux abords des usines.

Un projet de boulevard panoramique (le "boulevard des côtes") avait été prévu juste en contre-haut de l'établissement mais n'a pas été réalisé.

Plan de modification du PUD, où l'on voit, au centre, le "collège Charcot" (avant agrandissement) et en contre-haut, le boulevard des Côtes tel que projeté en 1971, mais pas réalisé. La limite indiquée en tireté noir est celle de "la zone à boiser".Plan de modification du PUD, où l'on voit, au centre, le "collège Charcot" (avant agrandissement) et en contre-haut, le boulevard des Côtes tel que projeté en 1971, mais pas réalisé. La limite indiquée en tireté noir est celle de "la zone à boiser".

La situation de lisière, en revanche, est commune (actuellement 22 lycées sur les 94 de notre corpus sont en lisière, après que 35 d'entre eux aient été implantés "à la campagne"). D'ailleurs, en juin 1960, au moment de l'estimation d'une parcelle destinée à étendre l'emprise du lycée (alors collège d'enseignement technique), le directeur des impôts écrit au préfet qu'il s'agissait naguère d'une "zone de transition qui s'interposait entre le secteur aéré de la zone de construction en ordre discontinu et la zone rurale". Ce n'était que récemment que la parcelle principale du lycée avait été englobée dans la limite de l'agglomération et rattachée au secteur dit aéré.

On comprend à la lecture du dossier d'expropriation d'une parcelle qu'elle était occupée par une vigne et une cabane de vigneron.

Dans le cas présent, l'éloignement des équipements communaux obligeait en outre à prévoir de la surface afin d'y établir gymnase et plateau sportif (et piscine en l'occurrence).

Du point de vue de la voirie, le permis de construire avait été accordé à condition d'observer un recul d'alignement d'au moins quatre mètres. C'est ainsi que les bâtiments sont implantés librement sur le fonds, à distance des rues (encore chemins ruraux en 1956), environnés d'un espace libre informel, aménagé en une succession de cours qualifiées sur les plans : d'entrée, des ateliers, des classes, de service, des cuisines.

Par ailleurs, comment, du point de vue de son inscription dans l'espace urbain, adapter les "règles générales d'aspect" afférentes au PUD (Plan d'urbanisme directeur) du Grand Clermont ? Roger Puget, l'urbaniste en chef du Groupement urbain avait prévu que l'on respecte "l'unité créée par les bâtiments existants et par le site, soit dans le quartier, soit dans l'ensemble urbain"1. Or comment s'y conformer lorsque d'autre part les architectes sont tenus d'adopter un procédé de construction industrialisée ? Il semblerait qu'André-Vital Blanc et Albéric Aubert aient résolu le problème en privilégiant des bâtiments longs mais peu élevés (R + 3 au maximum), "collés à la pente" (c'est l'expression utilisée par l'architecte Michel Corbière pour la construction du lycée Charles-et-Adrien-Dupuy au Puy-en-Velay). Il reste que l'établissement s'affirme comme repère dans le paysage par l'étirement de ses volumes peints en blanc.

Il semblerait finalement que le choix de l'emplacement par la ville ait le plus convaincu le ministère au motif que l'exposition était plein sud et que "la vue y est très étendue sur la plaine, la ville et les montagnes environnantes"2. Et en effet, la vue sur la butte clermontoise et les tours de la cathédrale d'une part, la vue sur le puy de Dôme et la chaîne des puys d'autre part, est imprenable. Il s'agit des monuments emblématiques de Clermont-Ferrand, le puy de Dôme pouvant être qualifié de monument naturel comme cela se lit dans les documents d'urbanisme du début du 20e siècle. Cela pouvait développer un sentiment d'appartenance à la ville, autrement dit cela répondait aux injonctions d'ensoleillement vivaces depuis le 19e siècle, et cela anticipait les injonctions d'ouverture sur la ville et sur le monde extérieur, qui seront particulièrement développées durant les deux décennies suivantes3.

1AC Clermont-Ferrand. 896 W 1.2AD Puy-de-Dôme.141 J 43. Note du secrétaire d'Etat aux Beaux-arts datée du 15 décembre 1952.3Voir par exemple : CROS, Louis, QUATRE, Michel, LE MEUR, Guy, et al. Architecture scolaire et aménagement de l’espace. [Paris] : La documentation française (coll. « Notes et études documentaires », n°4, 31 décembre 1974), p. 43-45. Dans cet ouvrage, on remarque la récurrence du  thème de l’ouverture grâce à plusieurs titres de paragraphes, tous auteurs confondus : « Ouverture sur la ville », « Ouverture sur l’extérieur », « L’ouverture sur le monde extérieur »…

A la date du 2 décembre 1952, le maire présente en conseil municipal le nouveau plan d'aménagement de la ville. A la suite d'un exposé concernant la voirie, vient le chapitre sur l'équipement scolaire et universitaire dans lequel apparaissent "les centres de formation professionnelle masculin et féminin" (devenus lycée Roger-Claustres et lycée Marie-Curie).

Le premier remplacerait le centre dit de Bel-Ombre, situé 19 rue de Bien-Assis, autrement dit un établissement d'enseignement lié à (voire créé par) la présence de l'entreprise Michelin. Il est rapporté que dans les locaux Michelin 440 élèves étaient accueillis quand à Charcot (du nom du boulevard sur lequel se branche la rue du Docteur-Hospital) la capacité est de 700 élèves.

En 1954, Albéric Aubert, architecte domicilié à Clermont-Ferrand et André[-Vital] Blanc, architecte domicilié à Paris, signent les plans et élévations joints à la demande du permis de construire. Il est obtenu en 1956. Sur un cliché de l'IGN daté du 17 décembre 1956, les travaux de terrassement ont commencé (voir le site en ligne "Remonter le temps").

Dans un courrier d'Aubert à Blanc du 9 novembre 1959, il est dit que le chantier pourra être considéré comme achevé à Pâques. Il ouvre aux élèves à la rentrée de 1960.

En 1965, un gymnase est construit.

En décembre 1971, il est décidé de désigner une équipe architecte-entrepreneur afin d'ajouter trois bâtiments à l'ensemble scolaire existant. La construction est industrialisée mais c'est le procédé Costamagna qui est utilisé "ayant fait ses preuves dans plusieurs CES et CEG de l'académie de Clermont-Ferrand". Les "Procédés Costamagna" sont donc désignés par le ministère de l'éducation nationale pour réaliser le CET avec A-V. Blanc, qu'il désigne aussi. Dans un courrier de l'entreprise à l'architecte, elle l'informe qu'elle nomme alors Barrat, entrepreneur agréé "membre de notre groupement national d'entreprises" pour l'exécution. "Nous ne pourrons établir les plans qu'après avoir reçu le programme particulier à cet établissement" est-il encore écrit. "Dès réception de ce programme nous prendrons nous-mêmes contact avec vous en vue de cette étude spéciale". A-V. Blanc signe seul le devis descriptif de l'extension. Les travaux sont menés entre 1972 et 1974.

En 1978, le lycée nationalisé d'enseignement professionnel de garçons devient le lycée Roger-Claustres (du nom du directeur du CET de Clermont et de Volvic). Un projet de stèle à sa mémoire avait déjà émergé en 1971.

Dans les années 2000, à l’occasion de la restructuration du lycée commandée par la Région, la ville de Clermont-Ferrand a demandé à l'architecte de l'agence CRR chargé du projet une simulation du point de vue que l’on en aurait depuis le centre-ville, manifestation avérée d'un intérêt municipal pour la perception de l'édifice dans le grand paysage.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1956, daté par source
    • 1965, daté par source
    • 1972, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Blanc André-Vital
      Blanc André-Vital

      Architecte DPLG, qualifié d'"ancien auditeur au conseil général des Bâtiments de France" le 20 février 1957 dans l'arrêté ministériel qui le désigne comme l'architecte de la construction du collège mixte d'Ambert et le coordinateur de l'aménagement des bâtiments existants. Qualifié d'architecte des Bâtiments civils et palais nationaux sur les plans de l'agrandissement du collège d'enseignement technique devenu lycée Roger-Claustres (1971-1972). Domicilié à Paris (au 110 rue Michel-Ange en 1954 ; au 26 rue Claude-Lorrain en 1971).

      En matière de lycées : auteur des plans du lycée municipal mixte, devenu lycée Blaise-Pascal d'Ambert, 1958-1965 (63), du centre d'apprentissage masculin devenu lycée professionnel Roger-Claustres de Clermont-Ferrand, 1954-1956 (en association avec Albéric Aubert) puis 1971-1972, et du lycée Jean-Monnet du Puy-en-Velay, 1960-1963.

      Un fonds de l'agence d'architecture Blanc a été déposé aux AD du Puy-de-Dôme. La famille Blanc serait-elle originaire de ce département ?

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Aubert Albéric
      Aubert Albéric

      Albéric Aubert devint architecte des Hospices de Clermont-Ferrand le 1er février 1930. Il occupa ce poste jusqu’au début des années 1950. Albéric Aubert est également l’architecte de l’hôpital-sanatorium Sabourin (1931-1934).

      Il est l’auteur de nombreux bâtiments publics et privés dans le Puy-de-Dôme.

      Il est l'architecte d'opération du lycée Roger-Claustres de Clermont-Ferrand, pour André-Vital Blanc, architecte domicilié à Paris.

      NB : de manière inattendue, car il n'est pas connu pour avoir fait oeuvre d'urbaniste, il est également l'auteur en 1936 d'un "Rapport sur les types de construction à adopter dans le plan d’embellissement de la ville de Royat". Ce court rapport est reproduit in extenso p. 164 de l'ouvrage Les villes en Auvergne [...], coll. "Cahiers du patrimoine", n°109.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte attribution par source

Le terrain est divisé en cinq plateformes reliées par des escaliers extérieurs isolés et des rampes. Sur les plateformes prennent place les bâtiments : ateliers et enseignement technique (A), administration (D), logement du directeur et garages à vélos, externat et enseignement général (B), terrains de jeux sur la quatrième plateforme et enfin internat, cuisines, autres services et autres logements (C).

Sur les élévations, on peut lire : "Les façades sont données à titre figuratif. Tous les éléments les composant étant standardisés, toutes les cotes sont à prendre sur le plan Z (détail) et les cotes d'ensemble sur les plans et coupes". Et en effet, dans la note descriptive des travaux, datée du 29 février 1956, A. Aubert annonce : "Le principe de la construction est l'emploi d'éléments strictement modulés, sur dimensions standard. Le principe de la construction est l'application d'une seulement dimension strictement modulée pour tous les éléments composant les bâtiments, gros oeuvre et aménagements intérieurs. Les murs, éléments préfabriqués, aspect pierre, forment parement de coffrage des parties en B[éton] a[rmé], sans ravalement, ni enduit -planchers en B[éton a[rmé] ainsi que les escaliers. Les éléments des façades donnent également les parements intérieurs -suppression des enduits, plâtres et peintures, les cloisons intérieures en éléments durs de même nature que les murs. Fenêtres et portes intérieures à dimensions uniques, en métal et bois. Charpente métallique standard, couverture zinc en bacs préparés d'avance. Revêtement intérieur des sols en dur dans ateliers et circulations. Linos et caoutchouc, dans salles de classe et dortoirs. [...] L'emploi très poussé d'éléments standard a permis d'abaisser au maximum le coût de la construction [...]".

Sur la coupe du bâtiment des ateliers figurent des sheds mais il est précisé que "le profil des sheds n'a rien d'impératif. Toutes les formes que la technique moderne permet de réaliser peuvent être envisagées".

Pour la campagne de construction datée de 1972, le procédé Costamagna a été adopté (comme pour l'immeuble clermontois dénommé Muraille de Chine), mis en oeuvre là aussi par l'entreprise Barrat agréée (voir un courrier de Costamagna à A-V. Blanc du 16/11/1971). Dans ce procédé, en plus du béton armé, de la brique creuse est utilisée.

  • Murs
    • béton béton armé
    • brique creuse maçonnerie
  • Toits
    zinc en couverture
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    2 étages carrés, 3 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours suspendu
    • escalier isolé : escalier droit
  • Typologies
    lycée monumental, repère à l'échelle du paysage et dont l'implantation des bâtiments sur le fonds est centripète
  • Statut de la propriété
    propriété de la région

Sélectionné au titre d'un lycée représentatif du groupe formé des lycées "monumentaux, dont la composition des bâtiments sur la parcelle est centripète, et qui forment repère dans le paysage".

Documents d'archives

  • AD Puy-de-Dôme. 141 J 43. Fonds Blanc. [Lycée Roger-Claustres,1952-1976].

    AD Puy-de-Dôme : 141 J 43
  • AC Clermont-Ferrand. 1986 W 108. Lycée Roger-Claustres (1954-1959). Dont Permis de construire n°2261.

    AC Clermont-Ferrand : 1986 W 108
  • AC Clermont-Ferrand. 783 W 1. CET de Bel-Ombre. Divers (1958-1984).

    Contient un dossier de bilan sur l'enseignement technique pour le Puy-de-Dôme (ressources de l'année scolaire 1959-1960).

    AC Clermont-Ferrand : 783 W 1
  • AC Clermont-Ferrand. 1857 W 48. Dossier général d'expropriation (1959-1972).

    AC Clermont-Ferrand : 1857 W 48
  • AC Clermont-Ferrand. 896 W 1. Dossier "Boulevard Côtes de Chanturgues/Dossier Taillandier", 1969-1971.

    AC Clermont-Ferrand : 896 W 1
  • AC Clermont-Ferrand. 536 W 1. CET de Bel-Ombre. Agrandissement (1971-1976).

    Non consulté.

    AC Clermont-Ferrand : 536 W 1
  • AC Clermont-Ferrand. 1561 W 38. Lycée Roger-Claustres (1972-1989).

    AC Clermont-Ferrand : 1561 W 38
  • AC Clermont-Ferrand. PC 9937. CET de Bel-Ombre. Construction d'une piscine (1973).

    Non consulté.

    AC Clermont-Ferrand : PC 9937
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2023
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Renaud-Morand Bénédicte
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.