Dossier d’œuvre architecture IA63002790 | Réalisé par
Fougère Félicie (Contributeur)
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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  • inventaire topographique, La ceinture des boulevards de Clermont-Ferrand
Maison
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne - Inventaire général du Patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 20 boulevard Fleury
  • Cadastre 2022 HT 55
  • Dénominations
    maison

L'occupation de l'angle de la rue Michalias et du boulevard Fleury s'opère à la fin de la chronologie d'édification des rives de ce dernier (années 1930). La position en angle, pourtant perçue comme avantageuse par la double exposition qu'elle offre, n'a pas attiré d'acquéreur dans un premier temps. Il est vrai que le plan d'alignement de la rue Michalias n'est réalisé qu'en 1932. Ainsi, même si le lotisseur1 réclame à la Ville dès 1926 que soient effectués les travaux d'aménagement de la rue Michalias, si le plan de bordures des trottoirs et le numérotage de la rue datent également de 1926, il est possible que la mesure d'alignement de son angle ait retardé la vente du terrain (voir plan IVR84_20246300953NUCA, en 1926, le lotisseur, M. Chomette, est encore propriétaire de la parcelle et voir plan IVR84_20246300952NUCA, des angles à couper sur les parcelles des carrefours).

Le premier projet de la maison (J. Bertrand et A. Poirier, architectes) propose un plan de construction disjoint du tracé de la parcelle. Il n'offre aucun marquage d'angle, le bow-window couronné d'une terrasse se trouvant sur l'élévation latérale, en recul de la ligne de façade (voir figure IVR84_20246300944NUCA, projet d'élévation sur le boulevard et figure IVR84_20246300946NUCA, projet d'élévation latérale donnant sur la rue Michalias). Le projet qui sera finalement réalisé adopte une tour hors-œuvre (Gabriel Girard, architecte) marquant l'angle de la parcelle sans pour autant se conformer à sa morphologie en pan coupé (voir figure IVR84_20246300941NUCA). La maison reste en retrait d'alignement de la rue Michalias. Ainsi, considérée depuis le boulevard Fleury cette construction se place en retrait d'alignement régulier alors que prise du point de vue de l'élévation sur la rue Michalias, elle est en rupture d'alignement. On peut ici relever la similarité avec la maison du n°41 avenue d'Italie, marquant l'angle par une tour hors-œuvre et se refusant à un rôle de connexion entre les deux voies qui la bordent par l'espacement dû au jardin latéral (voir dossier IA63002777). Il existe également un intervalle entre le n°20 et la maison voisine, le n°18 (1923, Etienne Nivat, architecte). Le mur latéral aveugle du n°18 est figuré sur le dessin d'élévation de 1923 alors même que le garage entre les deux maisons n'est pas construit. En 1934, l'architecte du n°20 reprend ce parti d'un mur aveugle bordant l'espacement entre les deux constructions sans doute pour respecter les règles de visibilité entre mitoyens (voir image IVR84_20246300943NUCA). Il en ressort un mode d'édification plaçant l'unité avant l'ensemble, l'individuel avant le collectif, comme on l'attendrait davantage en secteur périurbain.

La construction se plie parfaitement à la contrainte contractuelle architecturale du boulevard Fleury (voir annexe du dossier sur le boulevard Fleury) : elle est de style villa, se place en recul d'alignement de façon à ménager un jardinet en façade et accueille le cabinet du médecin qui en est propriétaire. C'est d'ailleurs cette activité médicale qui suscite, dans les années 1950, une initiative risquant de créer une entaille au contrat architectural passé au moment de la vente. Le médecin souhaite modifier l'accès à son cabinet en créant une avancée du rez-de-chaussée de la travée de droite, produisant ainsi une saillie qui empièterait sur le recul d'alignement (voir figure du projet en élévation et en plan). Il est surprenant de constater que des voisins s'émeuvent de ce projet au point d'adresser des réclamations au maire de la ville. Les courriers soulignent que le fait de construire sur la bande de reculement des constructions "détruit l'esthétique du boulevard et porte préjudice à tous les autres propriétaires du boulevard Fleury qui ont respecté les clauses imposées par le donateur du terrain" (en l'occurrence le lotisseur, M. Chomette). Il y est fait mention de la beauté de la ville et d'éviter de créer un précédent qui déparerait le boulevard Fleury (courriers et engagement contractuel de servitude annexés à la demande de permis, O216 PC 2150). Le maire répond qu'il ne peut rien faire pour imposer le respect d'une servitude à caractère privé. Cependant la pression collective semble l’emporter puisque l’extension projetée sera amputée afin de respecter les trois mètres de retrait par rapport au trottoir. Elle n'occupe en définitive que la largeur du renfoncement de la travée et s'alignement sur le plan de façade.

1M. Chomette est le lotisseur de la vaste parcelle sur laquelle les emprises du boulevard Fleury et de la rue Michalias ont été prises.

L'actuelle parcelle HT 55 provient de la fragmentation par lotissement de la vaste parcelle 1257, section N (1ière feuille) du cadastre de 1831 (Chomette propriétaire). Un premier projet, signé par les architectes J. Bertrand et A. Poirier, est déposé en juin 1932. Il n'y est pas donné de suite. Un nouveau projet, dessiné par l'architecte Gabriel Girard intervient en mars 1933. Il est accompagné d'une demande de raccordement à l'égout. Le certificat d'achèvement des travaux intervient le 22 juin 1934. En 1955, Fernand Carpentier livre les plans d'un agrandissement du rez-de-chaussée dont l'extension sera réduite afin d'éviter d'empiéter sur le recul d'alignement.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1934, daté par source
  • Auteur(s)

Une année seulement sépare les deux projets d'édification de cette maison. Le second projet présenté par l'architecte Gabriel Girard se démarque pourtant fortement du précédent. La tour d'angle équilibre les volumes épurés sans déparer le caractère géométrique de l'ensemble. La ligne verticale de la tour est renforcée par la liaison des baies, procédé que l'on retrouve sur le corps de bâtiment dont l'horizontalité est également soulignée grâce à la liaison du niveau supérieur. Le motif de tores quart-de-rond des allèges fait écho aux simples garde-corps tubulaires tout en inversant leur orientation. Le dialogue des courbes et des lignes apparait comme pleinement développé par les colonnes supportant l'auvent rectangulaire de la porte d'entrée. Des garde-corps proposés en premier lieu, il n'a été retenu que le décor de la porte sans couvrement ouvrant le jardin (les garde-corps prévus pour les baies ont été dessinés par les architectes du premier projet, ce qui est assez rare pour être souligné, voir figure IVR84_20246300957NUCA).

Les deux projets se rejoignent par la distribution des espaces de circulation permettant de dissocier l'entrée des habitants, s'effectuant par l'arrière, de celle des patients du cabinet médical pénétrant par l'entrée sur le boulevard, cette dernière faisant l'objet d'un soin tout particulier (perron abrité d'un auvent) (voir plan du rez-de-chaussée du projet réalisé). L'adjonction du vestibule d'entrée du cabinet médical, dans les années 1950, provoque un effacement du renfoncement de la travée de droite. Il en résulte un effet de volume plus massif qu'à l'origine ainsi qu'un effacement partiel du jeu d'alternance des largeurs de baies qui contribuait au caractère équilibré de la composition de façade.

  • Murs
    • crépi
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour suspendu
  • Typologies
    Edification linéaire ; Alignement régulier avec espacement ; Composition indépendante ; Elévation à avant-corps ; Niveaux liés ; Frise, bandeau ou registre indépendant ; Traitement des angles: jeu d'association ; Baies non ornées ; Rez-de-chaussée à baies indépendant ; Animation de l'élévation par jeu de volume ; Distribution intérieure double avec couloir
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 38, Alignements : quartier des Ormeaux, 1925-1940, Aménagement rues Michalias et de Montaudoux: devis cahier des charges, bordereau de prix, 1926. Contient un courrier de M. Chomette.

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 38
  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 91, numérotage des immeubles et maisons, 1926, rue Michalias

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 91
  • AC Clermont-Ferrand, O216 1118 21A, demande d'alignement maison 20 bd Fleury, 1932

    AC Clermont-Ferrand : O216 1118 21A
  • AC Clermont-Ferrand, O216 2277 21A, demande d'alignement maison, 20 bd Fleury, 1933

    AC Clermont-Ferrand : O216 2277 21A
  • AC Clermont-Ferrand, O216 2277 21A, demande d'alignement maison, 20 bd Fleury, 1933

    AC Clermont-Ferrand : O216 2277 21A
  • AC Clermont-Ferrand, PC 2150, construire une salle d'attente en agrandissement de son immeuble, 20 boulevard Fleury 1955

    AC Clermont-Ferrand : PC 2150

Documents figurés

  • AC Clermont-Ferrand, O216 1479 15A, demande d'alignement maison 18 bd Fleury, 1923, élévation latérale (sud), cyanotypie, échelle 0,02 mm

    AC Clermont-Ferrand : O216 1479 15A
  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 1586, Etablissement de bordures de trottoirs, plan 1926, tirage sur papier, échelle 0,002 mm par mètre.

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 1586
  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 85, Alignements : 1927-1942 ; chemise n°183, rue Michalias, plan d'alignement 1932, tirage sur papier, échelle 0,002 mm par mètre.

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 85
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Fougère Félicie
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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