Dossier d’œuvre architecture IA63002804 | Réalisé par
Fougère Félicie (Contributeur)
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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  • inventaire topographique, La ceinture des boulevards de Clermont-Ferrand
immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 68 boulevard Cote Blatin
  • Cadastre 2022 HS 204
  • Dénominations
    immeuble

L'immeuble situé au n°68 boulevard Cote-Blatin comble, d'une certaine façon, une dent creuse. Il s'accote à celui du n°70 boulevard Cote-Blatin et répond à l'immeuble d'angle des rues Ledru et Charles-Fabre, l'une de ses élévations garnissant la découpe que forme la placette triangulaire sur le boulevard (voir dossier IA63002802). L'ensemble a été édifié en 1933 (voir plan de chronologie d'édification). Ainsi, l'immeuble du n°68 constitue une sorte de pièce manquante enfin réalisée en 1938-1939. Il s'adapte à son mitoyen gauche par l'alignement des niveaux. L'étagement de ses propres volumes, obtenu grâce aux derniers étages en retiré, fait oublier la rupture d'échelle qu'il engendre, son mitoyen comptant trois étages de moins, au point qu'on les dirait appartenir à un même ensemble (sur la photographie prise depuis le boulevard, le n°70 est au premier plan, le n°68 avec la découpe de ses étages en retiré semble naturellement dominer son mitoyen, sans heurt ni rupture). La prise de hauteur en angle qui en résulte rappelle, de plus, celle que l'on observe à l'autre angle de la placette de la rue Charles Fabre (au n°31 voir dossier IA63002802 et au n°33, voir dossier IA63002803), harmonie que l'on observe lorsque la vue plonge sur la placette depuis le viaduc Saint-Jacques. Bien que cette vue n'ait pu être préméditée, le viaduc n'étant construit qu'à la fin des années 1960, l'immeuble se présente alors comme un édifice de connexion guidant le regard vers celui du n°31 rue Charles-Fabre, selon un mouvement d'autant plus parfait qu'il encadre les flèches de la cathédrale.

La seule irrégularité de cette séquence architecturale s'établit à l'angle de la parcelle donnant sur la rue Charles-Fabre. Le découpage parcellaire est issu du plan de lotissement des terrains Fabre qui excluait la parcelle du n°68 mais prenait en écharpe l'angle des rues Ledru et Charles-Fabre. Si l'immeuble du n°68 respecte la préconisation de pans coupés donnée en 1932 afin d'aménager les carrefours, l'angle formé par la rue Ledru et la rue Charles-Fabre s'y conforme d'autant moins que la parcelle est alors déjà occupée par une maison placée en retrait de cet angle. Édifiée en 1923, on la voit figurer sur le plan de numérotage des rues (M. Vix propriétaire) alors que le boulevard n'est encore qu'à l'état de projet. Vu depuis la placette, l'immeuble du n°68 s'interrompt ainsi abruptement par un mur aveugle percé de jours de souffrance plongeant dans le jardin de la maison qui ne peut être qu'écrasée par la masse des immeubles qu'elle précède. Il faut y voir le reflet de deux chronologies d'édification : celle qui, à partir des années 1910, investit les terrains Fabre, celle qui dans les années 1930 gagne les rives du boulevard Cote-Blatin fraichement ouvert.

L'actuelle parcelle HS 204 est le résultat de la découpe par le boulevard de la parcelle 1285 section K (3ième feuille) du cadastre de 1831. L'échange de terrain nécessaire à l'ouverture du boulevard avec le propriétaire, la société d'alimentation "L'Union" - caves Meynial, intervint dès 1916 (voir dossier IA63002813). Sur le plan de numérotage des rues de 1925, le propriétaire de l'actuelle parcelle HS 204, dont la morphologie se fixe dès le projet de lotissement du terrain Fabre, en 1912, est Meynial. La demande de permis de construire de l'immeuble du n°68 est déposée le 27 janvier 1938 par l'architecte Marius Lanquette, devenu propriétaire du terrain. La demande de branchement à l'égout intervient le 20 décembre 1938. L'immeuble est achevé en 1939. Le permis d'habitabilité est délivré en septembre 1943 aux sept copropriétaires de l'immeuble (MM Guilliani et Clermont, propriétaires d'une entreprise de plâtrerie, peinture et vitrerie, M. Lenoir, M. Levadoux, M. Sagansa, M. Nodat et Demetez).

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1938, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Lanquette Marius
      Lanquette Marius

      Architecte clermontois, membre de l'association provinciale des architectes français. Père de l'architecte Paul Lanquette et grand-père de l'architecte Jean-Paul Lanquette. Domicilié 38 (ou 18?) avenue de Beaumont à Clermont-Ferrand dans les années 1920, puis au 25 avenue Julien, Clermont-Ferrand dans les années 1930, enfin au 29 avenue Julien dans les années 1940. Dans les années 1920, ses immeubles et villas empruntent au vocabulaire néo-régionaliste que l'on peut retrouver dans les oeuvres de Valéry Bernard. Dans les années 1930, il adopte un style plus moderne avec ses immeubles d'angle pour lesquels il se fait parfois promoteur immobilier, la constuction étant édifiée sur un terrain dont il est propriétaire, selon le régime de la copropriété.

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      architecte attribution par source

Cet immeuble d'angle est caractéristique des réalisations de Marius Lanquette dans les années 1930. L'ensemble du bâtiment est commandé par une symétrie s'établissant de part et d'autre de la travée d'angle (de fait le dessin de façade est fidèle à cet axe), symétrie qu'atténue d'autant moins la travée supplémentaire donnée à l'élévation sur le boulevard qu'elle est renforcée par les bow-windows flanquant le large arrondi de l'angle percé de baies en triplets. En un mouvement plus abouti qu'au n°22 boulevard Fleury (dossier IA63002791), dépourvu de bow-windows latéraux, ou au n°31 rue Charles-Fabre (dossier IA63002802), démuni de pan coupé d'angle sur lequel fonder un encorbellement, l'immeuble se déploie selon deux axes : la verticalité impulsée par les bow-windows laisse l'horizontalité s'exprimer frontalement par la travée d'angle à ligne presque continue de baies et s'épanouir dans le couronnement des terrasses des étages en retiré. L'austérité générale de cet édifice sans décor s'adoucie dans l'arc et le volume. L'entrée résume à elle seule ce mouvement global : l'arc de l'encorbellement surmonte les ressauts de l'embrasure, rappelant l'emploi de l'étagement des volumes supérieurs.

Le rez-de-chaussée applique le plan d'un vestibule placé dans l'axe de la cage d'escalier, espaces de distribution séparant deux appartements dont l'un, à droite, est plus exigu que l'autre situé à gauche (même si l'inégalité de taille se fait ici moins sentir qu'au n°22 boulevard Fleury). La prééminence s'inverse à l'étage : l'appartement de droite prend en écharpe la travée d'angle pour y loger un salon ainsi que la travée suivante, laissant peu de développement à l'appartement de gauche qui y perd son salon. Ceci répète le scénario du n°31 rue Charles-Fabre. Ainsi la prééminence accordée à l'élévation sur le boulevard, par la travée supplémentaire, est contredite par la taille des appartements, plus importante sur la rue Ledru, l'élément essentiel restant le salon logé dans l'angle. La répartition des pièces dans chacun des deux appartements du 6ième étage reste identique tandis que leur taille s'amenuise légèrement pour laisser place aux balcons, selon un schéma également identique au 5ième étage du 31 rue Charles-Fabre. Enfin, le dernier étage loge des chambres de bonne ouvrant sur la terrasse reprenant là encore le motif du 31 rue Charles-Fabre. La partition de l'espace se fait alors de façon égalitaire, la pièce d'angle étant cloisonnée en sa moitié. La destination de ces pièces, non précisée sur le plan, nous est révélé par les archives, le service de l'hygiène protestant, en 1943, contre la transformation non conforme d'une partie de ces chambres de bonnes en appartement. Cette solution est incluse dans les plans de l'immeuble du n°76 en 1941 (non réalisé), ce qui laisse penser que l'intérêt de ce dernier niveau ouvrant sur terrasse commence alors à se manifester.

  • Murs
    • béton béton armé enduit
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    7 étages carrés
  • Couvrements
    • dalle de béton
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour suspendu
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Immeuble inscrit sur la liste des éléments identifiés au titre de patrimoine du PLUI Clermont-Auvergne-Métropole, juin 2024

Documents d'archives

  • AC Clermont-Ferrand. Série O216 : 313 16A. [Demande d'alignement, maison, 28 rue Charles-Fabre]. 1923.

    AC Clermont-Ferrand : O216 313 16A
  • AC Clermont-Ferrand. Série O : 1 O 69. Alignements : quartiers des Paulines (1881-1935). [2ième chemise] Boulevard Sud : projet (1908, 1911, 1914, 1921) ; pans coupés à chaque carrefour du boulevard Sud (1932 - plan d’alignement : 1932).

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 69 [2ième chemise]
  • AC Clermont-Ferrand. Série O216 : 2365 21A. [Demande d'alignement, maison, 33 rue Charles-Fabre]. 6 avril 1933.

    AC Clermont-Ferrand : O216 2365 21A
  • AC Clermont-Ferrand. Série O216 : 19 22A. [Demande d'alignement, immeuble, 31 rue Charles-Fabre]. 3 juillet 1933.

    AC Clermont-Ferrand : O216 19 22A
  • AC Clermont-Ferrand. Série O216 : 141 22A. [Demande d'alignement, immeuble, 70 boulevard Cote-Blatin]. 1933.

    AC Clermont-Ferrand : O216 141 22A
  • AC Clermont-Ferrand; Série O216 : 1564 24A. [Demande d'alignement, immeuble, 68 boulevard Cote-Blatin]. 27 janvier 1938.

    AC Clermont-Ferrand : O216 1564 24A
  • AC Clermont-Ferrand. Série O216 : 277 25A. [Demande de branchement d'égout, 68 boulevard Cote-Blatin]. 20 décembre 1938.

    AC Clermont-Ferrand : O216 277 25A

Documents figurés

  • Plan d'alignement et de nivellement. Quartier de Rabanesse - Rues nouvelles cédées à la Ville par Monsieur Fabre / Mairie de la ville de Clermont-Ferrand, service de la voirie, l'ingénieur de la Ville. 11 octobre 1912. Dess. Extr. de [liasse d'archives] "Rues ouvertes dans les terrains Fabre, traité avec la ville, pétitions et réclamations des riverains (1912 à 1921 – plan d’alignement : 1913)", AC Clermont-Ferrand, série O : 1 O 70 [3ième chemise].

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 70 [3ième chemise]
  • Plan. Numérotage des immeubles. Quartier de Rabanesse / Mairie de la ville de Clermont-Ferrand, voirie urbaine, l'ingénieur de la Ville. 30 juin 1925. Dess. Extr. de [liasse d'archives] "Numérotage des immeubles et maisons, 1911-1925", AC Clermont-Ferrand, série O : 1 O 90 [5ième chemise].

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 90 [5ième chemise]
  • Plan du calcul des surface dressé en conformité du plan d'alignement approuvé par décision de la commission départementale en date du 18 octobre 1913, boulevard sud (partie comprise entre le Pont de Naud et le boulevard Duclaux, expropriation des immeubles ou parties d'immeuble, droits de toutes natures et servitudes diverses) / Mairie de Clermont-Ferrand, voirie urbaine, Alignements. 0.002 pm. mars 1926. Dess. Extr de [liasse d'archives] "Expropriations: boulevard sud, 1921-1929", AC Clermont-Ferrand, série O : 1 O 224.

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 224
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Fougère Félicie
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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Articulation des dossiers
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