La rue Charles-Fabre fait partie des voies ouvertes par la famille Fabre sur le vaste terrain qu'elle possédait à l'est de la rue de Rabanesse afin de le lotir en revendant des parcelles à bâtir. Elle s'inscrit dans un plan orthonormé, orientée est-ouest comme les rues Vermenouze et Raynaud, les perpendiculaires nord-sud étant les rues Ledru et Kessler. En novembre 1912, le traité passé avec la Ville afin de lui céder ces rues, qu'elle devra viabiliser, indique que "ces rues ont été tracées pour faire le lotissement de parcelles à vendre ou qui ont été vendues comme terrain à bâtir. Des maisons sont actuellement construites ou en cours d'exécution, en bordure de ces voies". Si le plan de ce lotissement est globalement régulier (à gauche du plan de voirie), le projet d'ouverture du boulevard Cote-Blatin, validé en 1913, puis celui du prolongement du cours Sablon (actuel cours Raymond-Poincaré) acté en 1919, en perturbe le secteur sud-est. Les îlots prennent une forme carrée qui s'amenuise en s'approchant du boulevard au point de former un délaissé triangulaire, situé au débouché de la rue Charles-Fabre (petit triangle de la propriété Meynial à gauche sur l'extrait du plan de numérotage des rues). Les façades des n°31 et 33, disjointes du reste de la rue Charles-Fabre par le tracé de la rue Ledru, se dressent donc en retrait oblique par rapport au boulevard.
Les limites sud, ouest et nord de l'îlot sont clairement définies à la fin des années 1920. Les édifices qui garnissent ses bords sont construits au début des années 1930 par l'architecte Marius Lanquette (permis 1933 et 1934). En revanche, la lacune d'aménagement de voirie à l'est de l'îlot qui perdure jusque dans les années 1950 (visible sur la photographie aérienne de 1947 et commençant à se résorber en 1964, mais ne prenant sa forme définitive qu'en 1967 avec l'érection du viaduc Saint-Jacques) suspend le geste constructif pour l'angle nord-est de l'îlot. La forme architecturale de l'îlot le dote d'un point fort par l'immeuble de l'angle sud-ouest (n°31 rue Charles-Fabre) flanqué de deux édifices plus bas (n°33 rue Charles-Fabre et n°36 rue Vermenouze) tandis que l'angle nord-est reste vacant et ne présente que l'arrière des bâtiments. Il entretient donc cette similitude avec l'îlot placé de l'autre côté de l'actuel viaduc Saint-Jean d'être ouvert, ce qui définit une partie postérieure. Il est également le fruit d'une conception homogène par l'action d'un seul architecte (et de sa descendance pour l'îlot en vis-à-vis, voir dossier IA63002801).
L'immeuble du n°31 est conçu peu après la maison du n°33 rue Charles-Fabre (voir dossier IA63002803). Ils sont tous deux l'oeuvre de Marius Lanquette. La rupture d'échelle, pouvant être due à un effet de commande et ne pas émaner d'une planification de l'architecte, a pour effet de renforcer l'assise de l'immeuble d'angle (n°31)1. Les deux édifices participent de l'aménagement d'un délaissé formant placette sur le boulevard, placette dont l'angle sud-ouest est également occupé par un immeuble de Marius Lanquette (voir dossier IA63002804), ce qui achève d'harmoniser cet espace.
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.