Dossier d’œuvre architecture IA63002802 | Réalisé par
Fougère Félicie (Contributeur)
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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  • inventaire topographique, La ceinture des boulevards de Clermont-Ferrand
immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 31 rue Charles-Fabre
  • Cadastre 2022 HS 135
  • Dénominations
    immeuble

La rue Charles-Fabre fait partie des voies ouvertes par la famille Fabre sur le vaste terrain qu'elle possédait à l'est de la rue de Rabanesse afin de le lotir en revendant des parcelles à bâtir. Elle s'inscrit dans un plan orthonormé, orientée est-ouest comme les rues Vermenouze et Raynaud, les perpendiculaires nord-sud étant les rues Ledru et Kessler. En novembre 1912, le traité passé avec la Ville afin de lui céder ces rues, qu'elle devra viabiliser, indique que "ces rues ont été tracées pour faire le lotissement de parcelles à vendre ou qui ont été vendues comme terrain à bâtir. Des maisons sont actuellement construites ou en cours d'exécution, en bordure de ces voies". Si le plan de ce lotissement est globalement régulier (à gauche du plan de voirie), le projet d'ouverture du boulevard Cote-Blatin, validé en 1913, puis celui du prolongement du cours Sablon (actuel cours Raymond-Poincaré) acté en 1919, en perturbe le secteur sud-est. Les îlots prennent une forme carrée qui s'amenuise en s'approchant du boulevard au point de former un délaissé triangulaire, situé au débouché de la rue Charles-Fabre (petit triangle de la propriété Meynial à gauche sur l'extrait du plan de numérotage des rues). Les façades des n°31 et 33, disjointes du reste de la rue Charles-Fabre par le tracé de la rue Ledru, se dressent donc en retrait oblique par rapport au boulevard.

Les limites sud, ouest et nord de l'îlot sont clairement définies à la fin des années 1920. Les édifices qui garnissent ses bords sont construits au début des années 1930 par l'architecte Marius Lanquette (permis 1933 et 1934). En revanche, la lacune d'aménagement de voirie à l'est de l'îlot qui perdure jusque dans les années 1950 (visible sur la photographie aérienne de 1947 et commençant à se résorber en 1964, mais ne prenant sa forme définitive qu'en 1967 avec l'érection du viaduc Saint-Jacques) suspend le geste constructif pour l'angle nord-est de l'îlot. La forme architecturale de l'îlot le dote d'un point fort par l'immeuble de l'angle sud-ouest (n°31 rue Charles-Fabre) flanqué de deux édifices plus bas (n°33 rue Charles-Fabre et n°36 rue Vermenouze) tandis que l'angle nord-est reste vacant et ne présente que l'arrière des bâtiments. Il entretient donc cette similitude avec l'îlot placé de l'autre côté de l'actuel viaduc Saint-Jean d'être ouvert, ce qui définit une partie postérieure. Il est également le fruit d'une conception homogène par l'action d'un seul architecte (et de sa descendance pour l'îlot en vis-à-vis, voir dossier IA63002801).

L'immeuble du n°31 est conçu peu après la maison du n°33 rue Charles-Fabre (voir dossier IA63002803). Ils sont tous deux l'oeuvre de Marius Lanquette. La rupture d'échelle, pouvant être due à un effet de commande et ne pas émaner d'une planification de l'architecte, a pour effet de renforcer l'assise de l'immeuble d'angle (n°31)1. Les deux édifices participent de l'aménagement d'un délaissé formant placette sur le boulevard, placette dont l'angle sud-ouest est également occupé par un immeuble de Marius Lanquette (voir dossier IA63002804), ce qui achève d'harmoniser cet espace.

1Le règlement d'alignement stipule cependant que, conformément à celui de la ville de Paris, la hauteur maximale de 20 mètres autorisée sur la rue Ledru ne doit pas dépasser une longeur de façade égale à 15 mètres (au lieu de 18 mètres 10 indiquée au plan)

La décision de prolonger le cours Sablon et les rues du quartier Rabanesse devant y aboutir date de 1919. Le boulevard Cote-Blatin emporte la frange sud de la parcelle n°1280, section K (3ième feuille) du cadastre de 1831, vendue à la Ville en 1927 par Mme du Parquet (née Fabre). La demande de permis de construire de l'immeuble, placé au croisement des rue Ledru et Charles-Fabre, date du 3 juillet 1933. La demande de branchement à l'égout est déposée le 28 février 1935.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1933, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Lanquette Marius
      Lanquette Marius

      Architecte clermontois, membre de l'association provinciale des architectes français. Père de l'architecte Paul Lanquette et grand-père de l'architecte Jean-Paul Lanquette. Domicilié 38 (ou 18?) avenue de Beaumont à Clermont-Ferrand dans les années 1920, puis au 25 avenue Julien, Clermont-Ferrand dans les années 1930, enfin au 29 avenue Julien dans les années 1940. Dans les années 1920, ses immeubles et villas empruntent au vocabulaire néo-régionaliste que l'on peut retrouver dans les oeuvres de Valéry Bernard. Dans les années 1930, il adopte un style plus moderne avec ses immeubles d'angle pour lesquels il se fait parfois promoteur immobilier, la constuction étant édifiée sur un terrain dont il est propriétaire, selon le régime de la copropriété.

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      architecte attribution par source

Le règlement municipal de 1932 prescrivant l'aménagement de pans coupés aux carrefours importants ne s'applique pas à la parcelle du n°31 rue Charles-Fabre (contrairement au schéma du carrefour de la rue des Prés-Bas pourtant morphologiquement similaire). L'architecte s'écarte donc du traitement d'angle opéré sur ce type d'édifice par un pan coupé de rez-de-chaussée surmonté d'un encorbellement aux étages, tel qu'il apparaît dès 1933 pour l'immeuble du n°14 boulevard Cote-Blatin (Pincot architecte, 1933, voir dossier IA63002835) ou bien au n°68 boulevard Cote-Blatin (Marius Lanquette architecte, 1938, voir dossier IA63002804) ou encore au n°22 boulevard Fleury (Marius Lanquette architecte, 1937, voir dossier IA63002791). Aux trois premiers étages, la raideur de l'angle droit est simplement adouci par le galbe des balcons courbes. Le pan coupé est placé aux cinquième et sixième étages, prolongé par un balcon se développant en terrasse entre colonnes. L'arrondi s'affirme enfin pour la terrasse du dernier niveau. L'architecte opère ainsi une inversion du système du pan coupé surmonté d'un encorbellement en segment de cercle (comme on les trouve au n°22 boulevard Fleury et au n°68 boulevard Cote-Blatin) en traitant les volumes par un étagement en retiré progressif. Une graduation est également perceptible dans le traitement des lignes de l'édifice : si les premiers niveaux affirment une verticalité, rehaussée par les deux travées en saillie et à peine contrariée par les balcons d'angle, les derniers niveaux s'inscrivent dans une franche horizontalité rendue par le balcon filant, la saillie des corniches et des entablements. Ce principe que commande le traitement d'angle se retrouve sur les élévations de la rue Charles-Fabre et de la rue Ledru. L'immeuble étant conçu autant pour l'une que pour l'autre voie, il est délicat de le doter d'une façade. En effet, la symétrie globale et l'implantation de la porte d'entrée sur la rue Charles-Fabre, indistincte en ce lieu du boulevard Cote-Blatin, pousserait à en faire l'élévation principale, cependant que le nombre supérieur de travées fait pencher la balance vers l'élévation de la rue Ledru. De fait, le dessin d'élévation, titré "façade sur la rue Ledru" correspond à une vue développée sur laquelle les deux élévations sont représentées. La rupture d'échelle qui distingue cet immeuble des deux maisons mitoyennes est atténuée par ce rôle de connexion de l'édifice jouant comme une figure de proue de l'îlot sur le boulevard, rupture d'échelle également adoucie par le percement d'ouvertures dans les deux murs d'héberge.

La distribution intérieure reflète l'absence de primauté donné à l'un ou l'autre côté de l'édifice. L'absence de pan coupé d'angle recevant habituellement l'entrée crée un modèle qui diverge des autres immeubles d'angle conçus par Marius Lanquette. Les rez-de-chaussée des n°22 boulevard Fleury et 68 boulevard Cote-Blatin présente un alignement de l'entrée et de la cage d'escalier tandis que le plan du n°31 rue Charles-Fabre illustre un cas de décentrement du vestibule menant à l'escalier, ce dernier étant placé de façon similaire qu'aux deux exemples précédents. Il en résulte une emprise très réduite de l'appartement de droite et le privilège pour celui de gauche, donnant sur la rue Ledru, de posséder un salon en travée d'angle. Cette inégalité se résorbe à l'étage et le plan s'égalise avec celui du n°22 boulevard Fleury et plus encore avec celui du n°68 boulevard Cote-Blatin : l'appartement qui au rez-de-chaussée était de taille plus réduite, se développe à l'étage, prenant en écharpe l'angle pour loger le salon, voire annexe la première travée du retour. Ces appartements font précéder l'escalier d'un hall distribuant les pièces, modèle dérivé des intérieurs des maisons individuelles bourgeoises (n°31 rue Charles-Fabre et n°21 boulevard Cote-Blatin, voir dossier IA63002803). Malgré la présence d'un ascenseur facilitant l'accès aux étages supérieurs, le sixième et dernier étage semble consacré au logement des domestiques, dans un schéma conforme à celui du n°68 boulevard Cote-Blatin. Nous ne sommes pas encore à l'heure où cet étage se voit privilégié. Le projet non réalisé de Marius Lanquette pour le n°76 boulevard Cote-Blatin (voir dossier IA63002840) reprend, en 1941, ce schéma et explicite la destination du petit appartement du rez-de-chaussée, il s'agit sans doute de la loge du concierge.

  • Murs
    • béton enduit
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    6 étages carrés
  • Couvrements
    • dalle de béton
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • AC Clermont-Ferrand, 1 O 70, Alignements : quartiers de Rabanesse et de Coubertin, 1909-1929

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 70
  • AC Clermont-Ferrand, 1 O 743, Acquisition de deux terrains à Madame du Parquet cadastrées section K - n°1280, 1283 et 1284 pour l'assiette du boulevard Sud - C.V.O n°108, 1927

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 743,
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°2365 21A, demande d'alignement, maison, 33 rue Charles-Fabre, 1933

    AC Clermont-Ferrand : O216 2365 21A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°19 22A, demande d'alignement, immeuble, 31 rue Charles-Fabre, 1933

    AC Clermont-Ferrand : O216 19 22A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°587 22A, demande d'alignement, immeuble angle boulevard Cote-Blatin et avenue Léon-Blum, 1933

    AC Clermont-Ferrand : O216 587 22A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1144 22A, demande d'alignement, maison, 36 rue Vermenouze, 1934

    AC Clermont-Ferrand : O216 1144 22A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°219 23A, demande de branchement égout, immeuble, 33 rue Charles-Fabre, 1935

    AC Clermont-Ferrand : O216 219 23A
  • AC Clermont-Ferrand, O216 1016 24A, demande d'alignement immeuble 22 bd Fleury, 1937

    AC Clermont-Ferrand : O216 1016 24A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1563 24A, demande d'alignement, maison, 21 boulevard Cote-Blatin, 1938

    AC Clermont-Ferrand : O216 1563 24A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1564 24A, demande d'alignement, immeuble, 68 boulevard Cote-Blatin, 1938

    AC Clermont-Ferrand : O216 1564 24A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1961 25A, demande d'alignement, immeuble, 76 boulevard Cote-Blatin, 1941 (projet non réalisé)

    AC Clermont-Ferrand : O216 1961 25A

Documents figurés

  • AC Clermont-Ferrand, 1 O 70, Alignements : quartiers de Rabanesse et de Coubertin,1909-1929. Plan d'alignement et de nivellement, 1912, tirage papier, ech. 0.002 p. mètre

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 70
  • AC Clermont-Ferrand, 1 O 90, plan de numérotage des immeubles et maisons, quartier Rabanesse, 1925, mairie de la ville de Clermont-Ferrand, service de la voirie. Ech: 0,002 m/m, tirage sur papier.

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 90
  • AC Clermont-Ferrand, boîte 1 O 222 à 1 O 225, dossier n°1 O 224, 1916-1928, boulevard sud (partie comprise entre le Pont de Naud et le boulevard Duclaux, expropriation des immeubles ou parties d'immeuble, droits de toutes natures et servitudes diverses), plan du calcul des surfaces. Crayons et impression papier, échelle 0.002 pm, mars 1926

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 224
  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 69, Alignements : quartiers des Paulines (1881-1935), pans coupés à chaque carrefour du boulevard Sud (1932 - plan d’alignement : 1932), impression sur papier, échelle 0.002 pm

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 69
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Fougère Félicie
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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Articulation des dossiers
Fait partie de