La délibération du conseil municipal du 26 mai 1919 affirme la nécessité de prolonger le cours Sablon jusqu'au boulevard sud1 et d'en dresser le plan d'alignement (cf. délibération en annexe). L'arrêt du préfet validant la démarche et ouvrant aux cessions ou expropriations de terrains est daté du 6 septembre 1919. Ce tracé est présent sur le plan d'aménagement de 1926, dit plan Cornudet. Il s'arrête au boulevard et laisse au cheminement sinueux de la rue de la Rotonde le soin de gravir le flan du plateau Saint-Jacques. Le plan Cornudet illustre également le prolongement vers l'est de la rue Reynaud, qui traverse l'extension du cours Sablon et termine de donner à l'îlot sa morphologie triangulaire. Cependant, si l'emprise du boulevard est concrétisée dans les années 1920, l'acte notarié de cession des terrains nécessaires à l'assiette des deux autres voies n'intervient qu'en 1938. Dans la foulée, le 8 avril 1938, le conseil municipal avalise la demande de lotissement de l'îlot ainsi délimité déposée par le propriétaire, M. Pradet. Le programme du lotissement, visé par le préfet en février 1939, précise que les lots prévus disposent tous d'un accès sur la voierie municipales, à savoir le boulevard Cote-Blatin, le cours Sablon prolongé et la rue Raynaud également prolongée. Cependant, les acheteurs devront attendre que la Ville ouvre et viabilise ces deux dernières voies (voir programme du lotissement Pradet en annexe). C'est sans aucun doute ce qui contrariera les plans du propriétaire. En 1947, une photographie aérienne de l'IGN nous montre qu'aucune construction n'est encore édifiée sur le lotissement et que le prolongement des voies n'est pas non plus effectué. L'état de la voierie est encore le même (travaux de prolongement toujours en attente, comme le montre la photographie aérienne de 1964) après que les terrains aient changé de mains et que les immeubles des n°56 et 58 aient été construit. C'est en 1965 que le projet d'ouverture des voies est enfin entamé, selon la trame donnée sur le plan d'aménagement de 1926 transformé dès 1967 en assise au viaduc menant en droit ligne au rebord du plateau Saint-Jacques (voir dossier IA63002572). Finalement, la morphologie parcellaire n'a plus rien de commun avec le découpage prévisionnel des lots de 1938. S'il l'on excepte l'irrégularité du lot n°10 en bordure de la rue Raynaud, il se présentait selon le schéma habituel des îlots triangulaires dit haussmanniens : parcelles perpendiculaires à la voierie, la ligne de partage en bissectrice de l’angle des rues, parcelle traversante à la pointe du triangle. La réalité est bien plus irrégulière : une grande parcelle en pelle occupe la plus grande part de l'espace et loge sur ses flancs trois parcelles rectangulaires. L'îlot offre un aspect urbain sur le boulevard qui va s'atténuant sur le cours Raymond-Poincaré et disparait par l'ouverture que créé l'implantation des garages sur la rue Raynaud. Cette morphologie d'îlot ouvert possédant un arrière peu investi rappelle celle de l'îlot situé de l'autre côté du cours Raymond-Poincaré (voir les n°31 (dossier IA63002802) et 33 (dossier IA63002803) rue Charles-Fabre ).
L'édification de l'îlot est tributaire de la lente mise en place de la voierie. Les immeubles des n°56 et 58, conçu en 1953, offrent leur façade au boulevard Cote-Blatin. Les atermoiements d'ouverture des deux autres voies longeant l'îlot créé une situation d'attente durant laquelle les terrains sont laissés en friche. Pourtant, dès 1953, le plan de situation des n°56 et 58, prévoient un bâtiment d'angle en arc de cercle d'un étage et un bâtiment de 30 mètres de haut sur le cours Raymond-Poincaré. Il faut attendre 1974, pour qu'un premier projet de construction à cet emplacement soit déposé par le propriétaire Pierre Vigneron (architecte urbaniste possédant des locaux à Paris, Boulogne, Clermont-Ferrand et Nice, domicilié à Neuilly-sur-Seine), avec pour architecte Michel Vigneron. Il s'agit alors d'édifier une résidence, baptisée "Alexandra" comprenant deux appartements et des bureaux. La propriété, par la SCI Sablon du n°58 boulevard Cote-Blatin, de l'angle et du front d'ilot sur le cours Raymond-Poincaré détermine la morphologie parcellaire, en pelle, qui perdure de nos jours. L'accès à la cour de l'immeuble, en A sur le plan du géomètre, devant s'opérer par une allée de desserte ouvrant rue Raynaud entre la parcelle des HLM du Puy-de-Dôme (n°56 boulevard Cote-Blatin) et la parcelle Verdier à l'angle de la rue Raynaud et du cour Raymond-Poincaré (ce qui occasionne par ailleurs des échanges de terrains entre ces deux propriétaires). En 1978, le maire envoie un courrier à l'architecte lui indiquant que l'abandon de la construction projetée alors que les fondations avaient été creusées crée "une mare nauséabonde et dangereuse dont se plaignent, à juste titre, les habitants de ce quartier" (voir annexe échange de courriers entre le maire et les architectes Vigneron, 1978). En 1979, le terrain passe aux mains du ministère de l'économie qui projette d'y établir les bureaux de la direction régionale de la concurrence et de la consommation du Puy-de-Dôme. L'architecte est toujours Michel Vigneron, ce qui permet de conserver un esprit commun à l'ensemble des bâtiments garnissant l'îlot. Les deux premiers édifices, les immeubles donnant sur le boulevard Cote-Blatin, sont combinés au point qu'on ne les distingue pas l'un de l'autre, la troisième construction les complète sans déparer, malgré son usage et son enveloppe différents. Tous s'établissent en devant de parcelles, garantissant ainsi un alignement sur la voierie, et participent d'une progression des construction s'étalant sur presque trente ans, ce qui rend assez exceptionnel leur communauté d'esprit.
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.