Dans la rue Philippe-Glangeaud qui dessert le lotissement Rouganne (voir dossier IA63002847), Valentin Vigneron signe trois immeubles et une maison. Les immeubles des n°18 (voir dossier IA63002845) et 38 (voir dossier IA63002842), conçus en 1940 et 1941, sans mitoyen, en rupture de style et d'échelle avec les maisons voisines, sont d'une écriture très épurée, ne sacrifiant au décor que par la présence d'un fronton cintré à base interrompue. Une dizaine d'année plus tard (permis de construire en 1952), Valentin Vigneron édifie au n°16, un immeuble HLM représentatif de son adoption de l'affirmation du principe constructif par une façade à ossature formant un quadrillage de façade. La modestie de ces architectures est en cohérence avec leur implantation puisque le lotissement fait alors face à une zone artisanale constituée par les entrepôts des Economats du Centre (jusqu'à la fin des années 1970).
L'immeuble du n°16 rue Philippe-Glangeaud participe de la deuxième vague d'édification du lotissement Rouganne, période comprise entre 1950 et 1961 qui prend le relai de la première vague d'édification (1935 à 1941) après une césure que l'on peut expliquer par la Seconde Guerre mondiale. Le plan prévisionnel de découpage des lots du terrain Rouganne date de 1934, de l'eau a coulé sous les ponts, et l'on peut constater que les emprises parcellaires de cette seconde période de construction ne se conforment plus vraiment au dessin préalable. L'implantation de l'immeuble du n°16 s'établit par fusion de deux lots (n°30 et 31 du plan). Si l'on écarte la maison du n°30 (voir dossier IA63002843), les trois autres constructions de Valentin Vigneron dérogent à la morphologie globale de ces deux îlots formant le lotissement Rouganne : ce sont des immeubles qui, malgré leur modeste gabarit, excèdent l'enveloppe des maisons riveraines de la rue Philippe-Glangeaud. Ce phénomène s'incarne plus particulièrement dans le n°38, dépourvu de mitoyen, exposant ainsi deux importants murs aveugles (celui de gauche, au bas duquel s'ouvre la porte d'entrée, est crépi, tandis que celui de droite, jouxtant une parcelle qui aurait pu accueillir une construction, laisse à nu le matériau de construction) tandis que le n°16 atténue cet effet en venant compléter le n°18 dont il reprend l'enveloppe globale. Le bord de parcelle étant longée par l'allée de desserte du cœur d'îlot où se trouvent les parkings des immeubles donnant sur le boulevard Cote-Blatin (n°31, voir dossier IA63002826 et n°35), l'élévation latérale du n°16 aurait pu présenter une surface aveugle. L'architecte s'engage à traiter ce pignon comme une façade (cf lettre de V. Vigneron en annexe). Ces facteurs jouent dans la bonne intégration de l'immeuble dans le tissu urbain. Il clôt une séquence d'édification garnissant progressivement, en une quinzaine d'années, la rive de la rue Philippe-Glangeaud entre les deux repères que constituent le n°4 (1937) et le n°18 (1940).
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.