L'implantation en retrait parallèle au boulevard permettant de ménager un front de jardinet n'est pas sans évoquer l'option choisie pour le boulevard Fleury1 (dossier IA63002773) qui résultait alors d'un règlement contractuel imposé par le lotisseur M. Chomette. Or, rien de tel n'est attesté pour l'ensemble de constructions édifié du n°23 au n°23 ter du boulevard Cote-Blatin. Le terrain, issus du fractionnement d'une vaste parcelle (1248, section K (3ème feuille), redécoupé ensuite en étroites lanières appartient à un seul et même propriétaire, M. Pétavis. Etrangement, il se conforme à cette découpe peu confortable obligeant à loger des constructions développées en longueur et ne possédant qu'une étroite façade de deux travées sur le boulevard. La première phase de construction concerne la villa jumelle des n°23 et 23 bis, en 1929. Puis, en 1930, M. Pétavis fait édifier un immeuble au n°23 ter. Au nord, sur l'emprise des actuels n°21 et 19, le terrain appartient à M. Faure, qui fait entériné un plan de lotissement le 7 décembre 1937, modifié en 1939, comportant trois lots ayant façade sur le boulevard, se conformant à la découpe en lanière opérée par M. Pétavis, si ce n'est une plus grande largeur parcellaire et l'ajout d'un quatrième lot semblant desservir le fond de parcelle. Le lot n°1, en blanc sur le plan de lotissement, est acquis par Mme Pons qui y fait édifié sa villa en 1938. Le règlement de lotissement ne comprend aucune clause concernant le type d'édifice et le mode d'implantation. Pourtant, l'architecte de Mme Pons, Marcel Rabany, reproduit le recul d'alignement et se conforme au gabarit des maisons Pétavis. Au sud du n° 23 ter, un passage de desserte de fond de parcelles et l'établissement de la compagnie générale des pétroles de Marseille (dite Rouganne, du nom de son propriétaire) ne laissent qu'une parcelle à la morphologie similaires à celles de M. Pétavis, sur laquelle son propriétaire, M. Tronche, fait construire un immeuble, en 1953, gagnant une travée supplémentaire par la transformation de l'allée de desserte en passage. L'architecte, H. Gannat, se conforme là encore au recul d'alignement et au gabarit des édifices voisins. Ainsi se constitue une séquence homogène le long du boulevard, homogénéité qu'encadre à l'origine un terrain laissé en partie en friche et la société générale des Pétoles, comme l'atteste la photographie aérienne de 1953 (séquence à droite de l'image), homogénéité encore perceptible après l'édification des immeubles du n°19, à l'alignement du boulevard, et le n°25 en profond recul d'alignement, provoquant l'apparition du mur aveugle du 23 ter, au début des années 1970.
L'adoption d'un alignement en retrait similaire et d'un même modèle formel, consitués à l'origine par les 23 et 23 bis, ne préfigurent pas pour autant une égalité de destination des édifices. La villa jumelle révèle des intérieurs qui malgré leur exiguïté sont dotés d'un certain confort. Au n°21, la demeure de Mme Pons est d'une gamme plus relevée. Au-delà des volumes moins contraints, on y rencontre une distribution de pièces conforme au mode de vie bourgeois de l'époque : le rez-de-chaussée indépendant est aménagé en appartement pour la domesticité, les espaces de travail (loge, garage, buanderie, fruitier) étant associés à des cabinets d'aisance et de toilette, une chambre et une cuisine ; l'étage noble est doté d'un salon à l'avant, donnant sur le boulevard, et d'une salle à manger à l'arrière, ouvrant sur le jardin, auxquels s'ajoutent un "studio" et un vaste hall central précédant la cage d'escalier ; deux vastes chambres à coucher sont réservées à Madame et Mademoiselle, dipositif complété par une chambre d'ami. Cette précision de la destination des pièces est généralement le fait des plans de demeure s'adressant à un propriétaire préoccupé par le respect d'usages sociaux de réception. En revanche, les deux constructions qui s'établissent au sud de la villa jumelle sont d'un bien moindre standing puisqu'il s'agit d'assez rudimentaires immeubles-maison (un seul appartement par étage).
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.