Le dernier hangar industriel de la première grande usine Gillet localisée du quai Serin créée en 1838, spécialisée dans la teinture et apprêt soie et mélangés, noirs et couleurs pour fabricant de soierie, du quai Serin sert actuellement de dépôt au théâtre des Célestins (sources orales R. Neyret). L'entreprise Gillet s'est spécialisée dans les extraits tinctoriaux secs ou liquides de châtaignier, de campêche surtout, de verdet neutre. Il s'agit d'extraits pour tannerie, décolorés et épurés, d'acide acétique des arts de 30 à 70 et acides acétiques divers, de pyrolignites de fer et de chaux, 60, 80, 92 % et de sel d'étain, bichlorure, rouille etc... François Gillet (1813-1895), le fondateur de cette dynastie, arrive à Lyon en 1830, pour apprendre la teinture sur soie. Il entre comme apprenti chez Plenest, teinturier en noir. Lors des émeutes de 1834, il est renvoyé parce qu'il est inscrit à la Société des ouvriers teinturiers. Ensuite il travaille pour la maison Michel, restée célèbre pour avoir introduit l'utilisation du tannin de châtaignier. Son mariage va lui permettre de créer son propre atelier en 1838 aux Brotteaux en se spécialisant dans la teinture où il met au point un nouveau procédé de teinture en noir pour la soie. C'est la naissance du "noir impérial", très à la mode sous le second Empire. L'entreprise passe de 70 à 350 salariés et l'atelier du quai Serin devient la principale usine de teinture de Lyon.
Son fils Joseph (1843-1923) va diversifier l'activité du groupe auquel il va donner une dimension internationale. C'est la création du Comptoir des textiles artificiels (CTA) en 1910. Les trois fils de Joseph, Edmond, Paul et Charles travaillent dans l'entreprise familiale. Edmond va remplacer son père, il participe à la création de Rhône-Poulenc en 1928. Son frère Paul (1874-1971) prend la direction des produits chimiques et fonde Progil (Produits Gillet) à Vaise en 1920. Charles (1879-1972) prend la direction du groupe à la mort de son frère Edmond.
Un permis de construire est déposé en 1920 pour la construction de : puits, galerie, chambre des machines au 9 quai Serin (AC Lyon 1641w34). Plusieurs usines Gillet sont implantées, une à Saint-Chamont-Izieux (1865), une à Villeurbanne chemin Sautin, une à Villefranche. La démolition de l'usine du quai Serin a lieu en 1977.