L’actuel pavillon Le Revard est l’un des trois bâtiments les plus anciens du site Aix-Grand Port (voir dossier centre hospitalier). Sa construction, demandée par la commission administrative de l’hospice-hôpital thermal Reine Hortense, est financée conjointement par la Ville, par l’Etat, par l’intermédiaire du pari mutuel, et par des dons privés issus en grande partie de la clientèle anglophone fréquentant la station thermale.
Les premiers plans sont dressés en 1898 par l’architecte de la Ville Jules Pin (AD Savoie. 7 X 15) et approuvés en 1899 par le ministère de la Santé (AD Savoie. 7 X 7). Malgré cette approbation, l’élévation de la façade principale est modifiée en 1900 : les lucarnes percées dans l’étage de comble et la composition des trois avant-corps sont redessinées (AD Savoie. 7 X 7).
La première pierre est posée le 5 mai 1900 (AC Aix-les-Bains. 3 Q 1). Le gros-œuvre est achevé par les entrepreneurs François et Joseph Bonna en 1903. Le second œuvre est quant à lui terminé en 1906 par Fillard Père et Fils pour les travaux de plâtrerie et de peinture, et par Georges Bogey pour ceux de menuiserie et de quincaillerie (AD Savoie. 7 X 16).
En 1906, étant donné l’épuisement des fonds alloués à la construction, l’équipement intérieur et l’ameublement de l’établissement sont pris en charge par un emprunt de 80 000 francs effectué par la Ville ainsi que par des dons privés collectés par le médecin aixois Léon Blanc.
L’inauguration en 1907 de ce bâtiment, appelé Hôpital-Infirmerie mais également hôpital municipal, ainsi que celle du pavillon d'isolement et de l'hospice Brachet, donne naissance à l’hôpital communal d’Aix-les-Bains.
D’après les plans de 1900, l’hôpital contient 52 lits : 22 lits pour les femmes, dont 2 pour les « accouchées », 20 lits pour les hommes et 10 lits dont l’attribution n’est pas précisée ; les lits sont répartis dans deux dortoirs pour les hommes et les femmes, dans deux chambres individuelles et dans des chambres à 2, 4 ou 6 lits (AD Savoie. 7 X 7). Outre les salles d’eau, le bâtiment comprend également une salle d’opération, une salle d’attente, un bureau destiné au médecin, des lits pour les surveillants de salles, et des chambres ainsi qu’une salle à manger réservées au personnel.
Grâce au financement de l’industriel américain John Pierpont-Morgan, l’hôpital municipal est doté en 1909 d’un corps de bâtiment attenant à l’ouest (bât. F'), dessiné par Jules Pin. Le sous-sol abrite alors une lingerie et le rez-de-chaussée surélevé des salles d’électrothérapie et d’hydrothérapie (voir annexe 1). Dès 1909, l’industriel finance également l’installation d’un ascenseur hydraulique dans l’Hôpital-Infirmerie, commandé à Abel Pfifre, concessionnaire en France des brevets Otis (AD Savoie. 7 X 16). D’après un mémoire de travaux produit par la Société Bertin, Bouché et Cie, en 1909, les salles de l’annexe sont également décorées de « mosaïques romaines » et de grès provenant des fabriques de Paray-le-Monial (AD Savoie. 7 X 10). L’ascenseur a été depuis remplacé et le corps de bâtiment attenant à l’ouest a quant à lui été démoli en 1980.
Au cours des années 1930 et dans le cadre de la réorganisation des services hospitaliers (voir dossier centre hospitalier), le bâtiment est affecté à la chirurgie. Deux petits corps de bâtiment sont alors construits contre la façade postérieure. En 1980, alors que le site s'agrandit (voir dossier centre hospitalier), la construction est exhaussée : un étage de comble supplémentaire est créé tandis que l’ancien étage de comble est transformé en étage carré. Ces travaux ont entraîné la modification de la toiture et la démolition des pignons coiffant le corps central et les deux pavillons.
Aujourd’hui, une partie du pavillon Le Revard est occupée par une maison de retraite accueillant des personnes âgées dépendantes (EHPAD). Les hommes sont logés au rez-de-chaussée surélevé et les femmes au premier étage. Le second étage abrite différents services comme l’aumônerie et la médecine du travail.
Financier, banquier et industriel américain.