A l'époque de la mappe sarde (vers 1730), l'emprise du bâtiment est occupé par plusieurs maisons (n°3534, appartenant à Melchior Giraud, de Montmélian ; n°3535 et 3357, deux maisons appartenant à Hiérome Domanget ; n°3536, maison ruinée de noble Marie Georgine Ruffin, qui occupait la partie centrale). La porte en arc plein-cintre chanfreiné donnant sur la rue du Pré de Miolans, de même que celle de la cave centrale (et son jour également chanfreiné), et les consoles chanfreinées de la cheminée de la cuisine au rez-de-chaussée sont sans doute des vestiges de ces premières constructions, datables de la fin du Moyen Âge. Le niveau de la cour a sans doute été rehaussé à l'époque moderne, faisant de l'étage de soubassement un sous-sol. Le bâtiment conserve encore une division dans le sens longitudinal en trois ensembles qui peut être héritée des partitions antérieures au 18e siècle.
Ces maisons se trouvent réunies sur la liste des propriétaires du cadastre de 1812 en une parcelle unique appartenant à François Victor et Gaspard Auguste Giraud : n°1188 maison, n°1189 et 1186 places, n°1190 jardin. Selon M. Messiez (Les Mystères...), les frères Giraud, natif de Moûtiers, sont issus d'une famille de bourgeois de Montmélian et de Chambéry qui obtient un titre de noblesse à la fin du 18e siècle. Ils sont peut-être des descendants du Melchior Giraud de la mappe. L'inscription G 1801 F gravée au-dessous de l'imposte de la porte de l'habitation principale peut être interprétée comme la date de réaménagement du rez-de-chaussée et reconstruction (?) du 1er étage des élévations actuelles du corps de bâtiment sur la Grand Rue (rue Louis Blanc-Pinget), par François Victor Giraud. Le réaménagement de la cuisine du rez-de-chaussée (linteau de cheminée en bois, potager) peuvent remonter au début du 19e siècle. Les escaliers extérieurs semblent avoir été plaqués contre la façade dans un second temps ; leurs garde-corps, comme la ferronnerie de l'imposte, sont très proches de ceux de la maison Chissé de Pollinge redécorée dans le 1er tiers du 19e siècle. Par la suite, Gaspard Auguste, officier dans le régiment de Savoie, achète le château de Menjoud en 1824 (Les Mystères...). Lorsque M. Messiez reprend l'historique de la maison dans La Combe de Savoie autrefois, il indique que le "baron Giraud" (qui semble être Gaspard Auguste) vend (avant son décès en 1835) la maison à François Perret, médecin formé à Paris, syndic de Saint-Pierre. Un plan conservé sur place donne cependant le notaire Eustache Bertet comme propriétaire ; ce plan n'est pas daté, mais le départ de la route du col du Frêne, aménagée entre 1833 et 1839, y est figuré. Le passage dans la propriété Bertet, impliqué dans l'adduction d'eau dite "réseau des Sixièmes" dans les années 1820, s'est peut-être intercalé entre les Giraud et les Perret. Anastasie, fille de François Perret, épouse en 1867 Charles René Perrier de la Bathie.
Sur le cadastre de 1890, on trouve Auguste Perret propriétaire du tènement, composé des parcelles E2 413 (maison), 411 et 412 (jardins, avec une "serre" au n°410, qui fait l'objet d'un ajout dans la liste) et 408 (verger). C'est sans doute vers cette époque que la maison est surélevée d'un étage et dotée d'un belvédère. Auguste Perret est présent au bourg de Saint-Pierre dès le recensement de 1876 (il a alors 30 ans et a la profession d'architecte ; le chef de ménage est sa mère, Andrée ou Andréanne née Noble, et ils ont deux domestiques, un jardinier et une cuisinière. AD Savoie, 6M 3241). Le recensement de 1890 précise qu'un autre ménage occupe la maison (sans doute la boutique), composé d'un "négociant" et d'un enfant (AD Savoie, 6M 3244). Le décrochement dans l'angle sud-est du bâtiment, visible sur la mappe, correspond en 1812 à un "cellier" (parcelle A1 1187, qui n’est pourtant pas lavée en rose sur le plan) appartenant à Jean-Claude Grassis (propriétaire de la maison située en face au n°1181) ; sur le plan non daté (2e quart 19e siècle ?), cet espace est recensé comme une "cour" appartenant à Eustache Bertet. En 1890 il fait désormais partie du bâtiment (une remise en rez-de-chaussée, surmontée d'une terrasse, y a été construite).
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon