Ce petit écart est un bon exemple des écarts anthroponymiques constitués de fermes appartenant à des membres d'une même famille, qui y est toujours implantée. Il n'y a pas de bâti à l'époque de la mappe sarde (vers 1730), et le bâtiment le plus ancien actuellement existant dans l'écart daterait d'avant le milieu du 19e siècle (où il aurait brûlé en partie ; voir IA74002614). En 1875 est édifiée une seconde ferme, à bâtiments disjoints (IA74002613). La grande ferme à juxtaposition (IA74000615) située en milieu de parcelle est datable de la fin du 19e siècle. Chaque ferme avait son point d'eau (des bassins pour IA732614 et IA73002615, un puits pour IA74002613), mais il n'y avait qu'un four à pain sur le site. La propriété est ainsi divisée entre plusieurs branches de la famille ; les séparations de parcelles ne sont pas matérialisées et la cour donne le sentiment d'un grand espace partagé. En 1880, c'est cette famille qui cède le terrain sur lequel est édifiée la première fruitière de Chainaz-les-Frasses, en face de leurs fermes.
Lors de l'établissement de l'Etat de section du 1er cadastre français, les bâtiments sont répartis entre deux propriétaires : François, pour les n°654 et 658, et Etienne pour le n°656, mais le nom de ce dernier est barré quelque temps après et remplacé par François qui réunit donc l'ensemble des bâtiments, y compris le moulin (également barré sur l'Etat de section) et écluse (n°648 et 649). A l'époque, l'exploitation employait quatre commis, plus une femme de charge pour la lessive (oral) ; le cheptel était de 25 à 30 vaches pour une surface d'une quarantaine d'hectares. La propriété est divisée à la génération suivante.
Dans les années 1960, les trois petits-fils du François ci-dessus, François, Jean et Joseph Dupassieux, rassemblent la propriété pour fonder un des premiers GAEC de France. La moitié des terres est dédiée à la culture de céréales ; afin d'augmenter la production laitière, François Dupassieux accroît les pâturages de l'exploitation en reprenant un alpage partiellement enfriché, aux Granges de la Plume (Saint-François-de-Sales ; voir IA73004240). Cet alpage d'environ 20 ha est progressivement nettoyé et équipé de parcs de façon à accueillir une douzaine de génisses. L'orientation de l'exploitation vers l'élevage laitier est confirmé par les deux générations suivantes : au début des années 1990, la production céréalière est arrêtée ; 25 à 30 génisses sont montées en alpage, et jusqu'à 60 (une partie appartenant à un éleveur apparenté) dans les années 2010, de nouvelles parcelles ayant pu être adjointes à l'alpage après la sécheresse de 2003 (un arrêté préfectoral ayant établi la mise à disposition des pâtures non utilisées pour nourrir les troupeaux), portant son étendue à 50 ha de pâture et 20 ha de bois. A la fin des années 2010, le troupeau de laitières compte 60 vaches, pour une production journalière de 1200 à 1400 l de lait (renseignements oraux). Une habitation supplémentaire est édifiée à l'écart du site principal, au nord-ouest, dans le 4e quart du 20e siècle.
Le tabac faisait partie des productions de la ferme. Dans les années 1960, 4 à 5000 pieds y étaient plantés ; les travaux liés à cette culture étaient en partie réalisés par les nombreux enfants.
En 1891, la propriété comprend enfin un moulin (n°648, "moulin Dupassieux" sur le plan cadastral) qui appartient au même François Dupassieux, avec son écluse (n°649). Ce moulin a dû cesser son activité peu après, car il est rayé dans l'Etat de section.
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon