Morphologie urbaine
Certainement édifiée dans le dernier quart du XIXe siècle, la villa qui s'élevait dans la cour de l'usine Parcelier est figurée sur le plan d'alignement de 1885 (l'entreprise est mentionnée pour la première fois dans l'annuaire du Puy-de-Dôme en 1888). Son implantation est donc antérieure à l'ouverture de l'avenue d'Italie. Placée en retrait de l'avenue Charras vers laquelle s'oriente son élévation principale, elle conserve un recul d'alignement non intentionnel à l'égard de l'avenue d'Italie dont l'ouverture s'effectue le long de sa limite parcellaire. L'en-tête des factures de la maison Auger, donne, au début du XXe siècle, une représentation de la villa et de l'usine. Malgré les précautions d'usage à l'égard de ce type de figuration volontiers enjolivée, on peut constater qu'alors la cour plantée entourant la villa patronale s'étendait en un vaste périmètre. Le dossier consacré au n°17 de l'avenue d'Italie analyse le progressif comblement de l'espace situé entre l'ouverture sur l'avenue d'Italie (à gauche sur le dessin Auger) et l'élévation nord de la maison, comblement qui s'achève, dans les années 1950, par l'édification d'un immeuble à l'alignement provoquant l'apparition d'un mur aveugle le long du jardin (voir figure IVR84_20236300291NUC4A). L'oeil perçoit de façon presque instinctive l'identité formelle de la villa du n°36 avenue d'Italie, décalée de quelques mètres vers le nord, formant une sorte d'effet miroir par son quasi vis-à-vis (voir plan cadastral, le n°36 parcelle HW26). Le schéma d'implantation est le même : un retrait d'alignement voisinant avec un immeuble à l'alignement, ce dernier présentant par conséquent une élévation aveugle surplombant le jardin (voir figure IVR84_20236300250NUC4A). L'histoire de la constitution de ce schéma redoublé n'est pourtant pas similaire. Le n°34 est édifié un an avant la villa du n°36 (en 1913 pour le première et 1914 pour la seconde) par des membres de la même famille. Cette famille de commerçants aisés (la veuve Gorce est propriétaire d'un commerce de luminaire et ameublement d'intérieur) entend sans doute marquer, par l'édification de cette villa, dont les plans sont de l'architecte Méridier et le portail sur l'avenue est signé par les ateliers Bernardin, son statut bourgeois. On peut s'étonner de la faute de goût consistant à laisser un mur latéral d'immeuble d'assez grande hauteur jouxter le jardin de la villa. Or, les dates de construction ne laissent pas de doute : il y a intentionalité du retrait, quel que soit par ailleurs l'effet peu urbain d'un mur aveugle visible depuis la voie. Il est fort probable que ce parti ait été pris en référence à la villa Parcelier, édifice cossu d'industriel se conformant aux canons de l'architecture bourgeoise de la fin du XIXe bénéficiant d'un retrait planté en jardin. Le modèle est rattrapé par la copie, puisque, dans les années 1950, l'implantation à l'alignement du n°21 dote également la villa Parcelier de la discordance d'un mur aveugle en bord de jardin.
Historique de l'édification
La villa et l'usine sont des éléments préexistants à l'avenue. Le mur de clôture entourant le jardin jusqu'aux élévations sur les avenues (sur l'avenue d'Italie les n°17 et 17bis, sur l'avenue Charras le n°25) sert de repère d'alignement aux n°46, 44, 27 avenue d'Italie et au n°31 avenue Albert-et-Elisabeth (voir figure IVR84_20236301184NUDA, les bâtiments de l'usine sont colorés en violet). L'édification de la villa et de l'usine, à l'époque où les parcelles environnantes n'étaient pas encore bâties, s'effectue de façon autonome et déterminera en partie l'implantation des bâtiments ultérieurs. Malgré le comblement de la cour de l'usine par des immeubles, la forme globale de l'édifice est encore lisible à l'heure actuelle. Les ouvertures en brique plein cintre de l'allée de desserte du cœur de la parcelle HW199 évoquent celles qui figurent sur le dessin du papier à en-tête Auger. L'élévation sud sur la cour de cœur de parcelle a fait l'objet d'une restauration après le départ de l'entreprise Cartonna dans les années 1990 (au début des années 90, à l'heure actuelle) ; restauration qui a préservé la modénature de façade. En revanche, la cheminée figurée tant sur le dessin de l'en-tête que sur le plan parcellaire de 1887 à l'angle angle nord-est de la cour n'existaient déjà plus. Sur l'avenue Charras, se trouve à l'emplacement du corps de bâtiment oriental de la cour de l'usine un édifice à caractère industriel (voir figure IVR84_20246300030NUCA qui fut des années 1950 au 1990 le site de l'usine Cartona).
Le morcellement parcellaire intervient après la cessation de l'activité de la confiserie (voir figure IVR84_20246300118NUDA, partie coloré à l'est de l'avenue avec date d'édification). En 1924, le bâtiment industriel donnant sur l'avenue d'Italie devient un garage de mécanique automobile et la cour de l'usine se trouve réduite par la construction d'une maison au n°19 (Amadon architecte). En parallèle, la villa change d'affectation ; l'autorisation de transformer et agrandir la construction précise qu'elle était "à usage commercial" et qu'il s'agit d'en faire une "maison à loyer". En 1925, une demande est déposée afin d'ouvrir le portail situé sur l'avenue d'Italie, indiquant sans doute une emprise parcellaire conforme à l'actuelle (l'immeuble du n°21 en fond de parcelle poursuivant l'amputation de la cour est édifié en 1928). Enfin, en 1935 la ville acte par délibération la réalisation d'un pan coupé de 6 mètres à l'angle de la parcelle en raison des "accidents [qui] se sont produits à ce carrefour, où la circulation est particulièrement intense".
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.