Situation
Le lycée Hector Guimard est implanté à l´extrémité nord est du 7e arrondissement de Lyon. Occupée par des terres, jardins et vergers jusqu´à la fin du 19e siècle, cette partie de l´arrondissement se caractérise ensuite par l´implantation d´usines et d´ateliers. Ce n´est que vers les années 1960 que l´urbanisation s´intensifie dans ce secteur. La voie ferrée au bord de laquelle est situé le lycée a été aménagée dans les années 1850. Elle délimite actuellement le 7e arrondissement du 8e. Mais bien plus qu´une limite administrative elle est une fracture de l´espace urbain. Le lycée est donc pris en étau entre la densité urbaine du 7e et la tranchée ferroviaire. Des immeubles d´habitations, des bâtiments dédiés à l´enseignement ainsi que d´anciens entrepôts en vue de réhabilitation composent aujourd´hui le quartier.
HISTORIQUE
A. De l'Ecole de Métiers au lycée Hector Guimard
L'Ecole de Métiers a été créée le 14 juin 1922, lors d´une réunion de la Chambre syndicale des industries métallurgiques, dans l'esprit de la loi Astier (25 juillet 1919), relative à l'enseignement de l'apprentissage (Compte-rendu des travaux de la Chambre de Commerce de Lyon, année 1922, 1923, p.670). Les premiers cours eurent lieu au 119 rue Boileau, siège de la Société d´Enseignement Professionnel du Rhône, jusqu´en 1925, date à laquelle l´école fut déplacée au 40 boulevard des Hirondelles, aujourd´hui boulevard des Tchécoslovaques (AD Rhône, 4M 579). La Chambre syndicale des industries métallurgiques acquit pour l'Ecole de Métiers un bâtiment sis sur l´îlot d'une ancienne usine de caoutchouc et pneumatiques désaffectée, Arnaud Soly et Cie. L'entreprise avait été dissoute lors d'une assemblée générale le 17 décembre 1924 (AD Rhône, 6 Up/729, voir aussi la notice du 38 boulevard des Tchécoslovaques IA69006752).
Ecole de Métiers privée, elle devint une école d´enseignement technique privée reconnue par l´Etat suite à un arrêté du 18 février 1931 (AM Lyon, 95 WP 030 06). Enfin, suite à une convention signée entre le Sous-secrétaire d´Etat à l´enseignement technique et le Président de la Chambre syndicale des industries métallurgiques du Rhône, l'Ecole de Métiers des Industries Métallurgiques vit le jour le 30 septembre 1936 ; elle acquit alors le statut d'établissement public (AM Lyon, 95 WP 030 04). Elle prit l´appellation de Lycée Technique des Industries Métallurgiques en 1967, puis Lycée Technique d´Etat des Industries Métallurgiques en 1970 (AM Lyon, 95 WP 030 07).
Parallèlement, la Chambre syndicale créa un atelier-école en 1936, qui fut transformé en établissement public en 1937 (AM Lyon, 95 WP 030 04). En 1946, que cet atelier-école fut converti en Centre d´apprentissage, annexé à l´Ecole de Métiers (AP Lycée Hector Guimard). L´Ecole et le Centre cohabitèrent donc dans les mêmes bâtiments. Le Centre d´apprentissage reçut le statut de Collège d´enseignement technique en 1960, puis celui de Lycée d´enseignement professionnel en 1975 et enfin celui de Lycée professionnel en 1985 (AP Lycée Hector Guimard, notes de M. Schmitter).
B. Les différentes étapes de la construction
1. L´Ecole de métiers
Dès 1925, la Chambre syndicale commanda à l´architecte Barboyon l´établissement d´une entrée à voiture, au droit d´un portail à créer dans le mur de clôture de son immeuble, ainsi que la construction d´une conciergerie (AM Lyon, 344 WP 179, PCA 1925 0622). Cette dernière fut érigée en 1930, perpendiculairement au boulevard des Hirondelles, au sud de la parcelle (AM Lyon, 1097 W 575).
Les premiers travaux documentés d´aménagement de l´école débutèrent en 1936 (AM Lyon, 95 WP 030 04). Le bâtiment concerné était celui au nord de la parcelle, parallèle au boulevard des Hirondelles, mitoyen de la maison de l'industriel Soly (numéro 38 du boulevard). Le fronton décoratif sur lequel était inscrit le nom de l´ecole a été créé lors de cette campagne de travaux.
En 1949, les architectes Francisque Chevallet et Robert Fauvet agissant comme mandataires de la Chambre syndicale, projetèrent puis réalisèrent un nouvel agrandissement (AM Lyon, 1097 W 575). Le bâtiment prit place au sud de la conciergerie, parallèle au boulevard des Hirondelles. Haute de deux niveaux sur un sous-sol, cette construction s´étire sur quatre travées. D´après les plans conservés, il semble que ces travaux aient eu pour objet principal de chauffer le réfectoire, la fonderie ainsi qu´un autre bâtiment, disposés en fond de parcelle, à l´ouest. Une chaufferie et un atelier occupaient le sous-sol ; la totalité de la surface du rez-de-chaussée était également destinée à un atelier, tandis que l´étage accueillait trois salles de cours.
En 1951, un autre projet d´agrandissement fut établi par les mêmes architectes. Il concernait le bâtiment principal donnant sur le boulevard des Tchécoslovaques et un atelier de modèlerie (AM Lyon, 345 W 48, 470/1951). Les plans destinés au bâtiment principal n´ont pas été exécutés contrairement à l´atelier qui fut construit dans la cour, à l´angle nord ouest de la parcelle. Le rez-de-chaussée a été conçu pour servir de garage à vélo tandis que la modèlerie occupait le premier étage.
En 1954, deux autres ateliers, dits de démonstration, furent conçus et réalisés par Chevallet et Fauvet (AM Lyon, 350 W 14, 167/1954). Les ateliers ont été placés contre la chaudronnerie sur un local existant, c´est-à-dire contre le bâtiment donnant sur la cour, situé au nord de la parcelle, perpendiculaire au boulevard. Le générateur d´acétylène, indispensable pour les travaux de soudage et découpage à l´aide de chalumeaux, a également été déplacé à ce moment là. Un local fut créé contre les nouveaux ateliers, à l´ouest, parallèlement à l´atelier de fonderie.
Entre 1956 et 1959, la dernière campagne d´aménagement de l´Ecole de Métiers s´appliqua à agrandir le bâtiment principal donnant sur le boulevard (AM Lyon, 352 W 33, 454/1956 ; AP Lycée Hector Guimard). Chevallet et Fauvet projetèrent deux ailes au bâtiment construit en 1949. Ces travaux exigèrent la destruction de la conciergerie qui datait de 1930. Désormais, la façade s´étendait sur vingt-trois travées. Au premier niveau du bâtiment sud furent installés la cuisine et le réfectoire, une salle de dessin et un atelier au deuxième niveau, des salles de sciences et de lettres, un laboratoire et une bibliothèque au troisième. La seconde construction, à l´emplacement de l´ancienne conciergerie, était occupée par un hall, la loge du concierge, un espace de dépôt et la salle des professeurs au premier niveau ; le deuxième niveau était dédié à trois salles de cours et le troisième à l´administration (bureau du directeur, de l´adjoint, le secrétariat). Le permis de construire concernait également la construction d´un logement pour le directeur et le corps enseignants. Celui-ci ne semble jamais avoir été exécuté.
En 1964, la salle des fêtes qui se trouvait dans la cour, à l´ouest de la parcelle, fut démolie et remplacée par trois bâtiments de classes préfabriqués (AM Lyon, 95 WP 030 07). En 1965, un projet d´aménagement de l´atelier de fonderie et de la modèlerie en salle de technologie et laboratoire fut mené par l´architecte Marin, puis abandonné en 1967 (AM Lyon, 372 W 68, n°566 65). Des travaux ont cependant été exécutés puisque, suite à la réunion du Conseil d´administration du 26 juin 1967, les membres du conseil visitèrent l´atelier de mécanique qui avait été transformé depuis le départ de la chaudronnerie pour l´établissement Frédéric Faÿs à Villeurbanne (AM Lyon, 95 WP 030 07).
Le collège d´enseignement technique possédait deux annexes situées rue Théodore Lévigne et rue Laënnec. Des cours de menuiseries étaient dispensés rue Lévigne et un enseignement de prothèse dentaire rue Laënnec (AM Lyon, 95 WP 030 01). En 1971 la section prothèse dentaire quitta la rue Laënnec vers l´établissement Jean Lurçat et la section menuiserie ferma en 1983 (AP Lycée Hector Guimard, notes de M. Schmitter).
2. Extension et restructuration du lycée
Le projet d´extension et de restructuration du lycée a été déposé par le cabinet d´architecte Curtelin, Ricard & Associés en juin 1992 (AM Lyon, 1780 W 186, PC 69 387 92). Les travaux débutèrent au mois de septembre 1993 par la démolition des salles de classes préfabriquées qui se trouvaient dans la cour (AM Lyon, 1780 W 235, PD 69 387 92). La construction du bâtiment A a ensuite été entreprise. Il est situé parallèlement à la rue Claude Veyron, au sud de la parcelle. Haut de six étages, il abrite l´accueil, la salle des professeurs, le Centre de documentation et d´information, des salles de classes, l´internat, ainsi que les logements. Le bâtiment B, situé le long du boulevard des Tchécoslovaques au sud de la parcelle, est livré en 1995. Il accueille les ateliers d´outillage et de plasturgie. Les nouveaux ateliers de fonderie à coquille et sous pression, ainsi que ceux d´électrotechnique, sont aménagés dans le bâtiment C, mitoyen du B, longeant le boulevard des Tchécoslovaques (AM Lyon, 1780 W 187, PC 69 387 95). Les bâtiments D et E sont exécutés en 1997, suite à la démolition de l´ancien atelier de mécanique qui se trouvait dans les locaux de la chaudronnerie au nord de la parcelle, ainsi qu´à celle de la modèlerie à l´ouest (AM Lyon, 1780 W 187, PC 69 397 96). La sablerie occupe le bâtiment D et l´atelier de modelage le bâtiment E.
Le Lycée Technologique des Industries Métallurgiques a reçu l´appellation d´Hector Guimard lors de cette restructuration en 1993.
DESCRIPTION
Le lycée est composé de quatre corps de bâtiments disposés sur une seule parcelle. Les bâtiments sont placés autour d´une cour centrale, formant un polygone. Depuis l´extension et la restructuration du lycée à partir de 1993, une lettre désigne chaque bâtiment ou une partie de celui-ci. Nous reprenons ici ces appellations pour faciliter la description.
1. Le bâtiment A
L´entrée principale du lycée s´effectue par le bâtiment A, orienté est-ouest, qui longe la rue Claude Veyron sur 71 mètres. Il est rythmé par quinze travées qui s´élèvent sur trois puis cinq niveaux. Bâti ex nihilo en 1993, il est l´élément architectural fort, désiré par les architectes. Pour cela, un second volume de six niveaux, totalement vitré, bâti en arc de cercle, semble s´extraire du premier volume cubique qui accueille l´entrée principale. La courbe, dessinée par le second volume, tend vers l´angle de l´îlot. Le long bâtiment qui s´étire sur le boulevard des Tchécoslovaques vient alors transpercer ce volume courbe. La couverture de ces bâtiments est en terrasse. La monotonie de la façade sur cour du bâtiment A est interrompue par le toit du préau ondulé. L´angle sud-est de cette façade est largement occupé par la cage vitrée et arrondie de l´escalier. Ce dernier est suspendu ; un large palier, qui dessert les couloirs, se trouve entre chaque volée en arc de cercle. Le sous-sol de ce bâtiment accueille la cuisine, le réfectoire ainsi que le garage. Un important hall d´entrée occupe le rez-de-chaussée. Il donne accès à la salle des professeurs et au CDI. Les autres niveaux sont occupés par l´administration et la vie scolaire (étage 1), par des salles de cours d´enseignement général (étages 2 et 3), par l´internat et l´infirmerie (étages 4 et 5) et par les logements de fonction (étage 6).
2. Les bâtiments B et C
Les bâtiments B et C n´en constituent en réalité qu´un seul. Ce dernier s´étend sur toute la longueur est de la parcelle, jouxtant le boulevard des Tchécoslovaques. La façade, qui s´étire sur 130 mètres de long, est rythmée par 23 travées, s´élevant sur trois niveaux, couvert par une toiture à deux pans. La monotonie du rythme est interrompue entre la dizième et la douzième travée par la présence de quatre colonnes engagées. Ces éléments architecturaux sont l´unique trace de l´ancienne façade, et en particulier de celle du bâtiment d´entrée construit entre 1956 et 1959. La façade est recouverte de plaques en fonte d´aluminium sur lesquelles apparaissent en relief des courbes d'ondulation. Ces plaques sont serties dans une structure métallique, renforçant l´idée de panneau. La façade sur cour ne présente aucune régularité d´ouverture et ne comporte pas de décoration si ce n´est la peinture de Catherine Noizet-Faucon sur la façade extérieure de la cage d´escalier du bâtiment C (voir la notice IM69001564). Une extension a été ajoutée au second niveau du bâtiment B en 1997 : deux colonnes soutiennent l´avancée vitrée. Cette dernière a été exécutée dans le but d´intégrer une machine à fabriquer des sacs plastiques dans l´atelier de plasturgie (voir la notice IM69001565). Celui-ci occupe le second niveau du bâtiment B avec l´atelier d´outillage tandis que, la maintenance et le magasin général, occupent le rez-de-chaussée et des salles de technologie, le deuxième étage (voir les notices IM69001552 et IM69001568).
L´atelier de fonderie à coquilles et sous pression occupe la majorité de l´espace du rez-de-chaussée du bâtiment C (voir la notice IM69001566). Cet atelier est divisé par quatre piliers en deux parties égales. Au sud du bâtiment sont réparties des salles de métallographie, d´analyse thermique et de spectrographie.
3. Le bâtiment D
Le bâtiment D, destiné à la productique des alliages moulés, est orienté sud nord et situé à l´angle nord ouest de la parcelle (voir la notice IM69001567). Il est séparé du bâtiment C par le bâtiment E. Le bâtiment D s´élève sur deux niveaux. L´accès principal s´effectue par la passerelle du bâtiment E, amenant directement au second niveau dans lequel se trouve l´atelier fonderie sable. La façade principale, sur cour, ne présente que de rares ouvertures. Seules deux baies sont percées au rez-de-chaussée. Une seconde oeuvre de Catherine Noizet-Faucon est peinte sur le mur extérieur sud du bâtiment. Un escalier métallique en vis se détache au centre de la façade. Il correspond à une issue de secours de l´atelier fonderie. Un palier extérieur, à hauteur du second niveau et jouxtant l´escalier, accueille un pont roulant, facilitant l´apport de matière première dans l´atelier. A l´intérieur de ce dernier, l´éclairage principal est zénithal. Pour répondre aux normes de sécurité, plusieurs lucarnes d´aérateur sont perceptibles sur le toit.
4. Le bâtiment E
Le bâtiment E, positionné entre le D et le C, occupe le nord de la parcelle. Il s´élève sur deux niveaux et est couvert par trois toits à deux pans. Sa façade présente un bandeau unique d´ouvertures au premier étage. L´ensemble est fortement marqué par le jeu des couvrements d´un second préau, qui précède le bâtiment, et celui de la passerelle qui longe le premier étage. Comme en écho au préau du bâtiment A, les couvrements, de taille décroissante, sont également ondulés. Un escalier droit en fer qui s´insère parallèlement entre le préau et le mur sud du bâtiment, permet d´accéder à la passerelle qui dessert le premier étage de ce bâtiment mais également celui du bâtiment D. Le rez-de-chaussée sert de dépôt de fourniture tandis que le premier étage abrite l´atelier de modelage et une salle de classe (voir la notice IM69001569).
CONCLUSION
Le lycée Hector Guimard est le témoin d'un riche passé, lié à l'histoire de l'éducation et plus particulièrement à celle de l'enseignement technique. Né de la volonté de la Chambre syndicale des industries métallurgiques le lycée répond aujourd'hui aux attentes pointues des industriels spécialisés. Les bâtiments qui l'accueillent ont été profondément remaniés à la fin du 20e siècle, gommant l'oeuvre pourtant remarquable des architectes Chevallet et Fauvet, caractéristique des années 1950-1960.
adresse bureaux : 3 quai Claude Bernard Lyon (en 1940)