L'église de Montcel aurait été fondée, comme chapelle rurale, par les religieux du prieuré de Saint-Robert. Elle est sans doute devenue paroissiale à la fin du 13e siècle.
L'ancienne église paroissiale
Le plan de l'ancienne église établi pour les travaux projetés en 1830 (AC) montre une petite église essentiellement composée de quatre modules de plan carré : la croisée, flanquée sur ses deux côtés de chapelles et donnant au fond sur le choeur, ce dernier étant prolongé derrière le maître autel par une sacristie. D'après les visites pastorales du 17e siècle, la chapelle sud existait en 1633 (visite pastorale de Jean François de Sales, 14 juillet 1633), sous le vocable de Saint-Bernard de Menthon, saint Sébastien et saint Antoine, utilisée par la confrérie du Rosaire (à la présentation de noble de l’Echeraine). Lors de la visite pastorale de Mgr Jean d’Arenthon d’Alex, le 14 septembre 1667, la chapelle nord est nouvellement construite par la paroisse et sans vocable. Selon l'abbé Dufourd, la "voûte de la partie inférieure de l’église ... avait des arêtes saillantes, en forme d’ogive, et sur la principale clef de voûte on voit cette inscription : Petrus Rubeus, curatus Moncelli" (Pierre Rouge, curé de 1619 à 1669). L'aménagement de la sacristie remontait peut-être au 2e quart du 18e siècle : en effet selon l'abbé Dufourd, le curé Baudry concède en 1729 un legs à la commune afin de construire une sacristie derrière le maître-autel. La façade de l'ancienne église, que le projet de 1830 prévoir de démolir, aurait été édifiée par le curé noble Jean Georges de Montfalcon, car la porte était encadrée de deux grands bénitiers dont un était daté de 1542 (Dufourd).
Entre 1816 et 1820, plusieurs lettres du syndic de Montcel signalent le mauvais état du toit de chaume de l'église et du clocher. En 1822, l'architecte Bernard Trivelli établit un projet pour la reconstruction du clocher, l'agrandissement et la réfection du couvert de l'église, pour 6335 £ neuves. La commune n'ayant pas les ressources nécessaires, elle demande un nouveau projet se contentant de reconstruire le clocher sur les murs existants et de refaire le toit en bon bois avec ardoises (devis du 3 juin 1822 ; AC) ; la dépense est ramenée à 3123 £ (avec des corvées des habitants qui offrent les gros bois, le sable et le transport des pierres), et 1000 £ sont donnés par le roi de Piémont-Sardaigne pour la construction. L'adjudication a lieu le 15 mai 1823 en faveur de l'entrepreneur Joseph Bollon, et le procès-verbal de réception définitive est passé le 24 novembre 1823 (AD Savoie, 11FS : 339). Le curé est alors Jean Jond. L'abbé Dufourd décrit ainsi le nouveau clocher : "une tour de clocher ayant trois mètres de vide sur quatorze de hauteur, reposant par trois angles sur les mauvais murs de l’église et de la chapelle du Rosaire". L'église restait trop exigüe : elle ne pouvait contenir "que 300 personnes au plus, or la population étant de 1000 habitants l’église devrait pouvoir en contenir 667 (les deux tiers)", selon le projet d'agrandissement donné dès 1830 par l'architecte Fournier (devis du 4 octobre 1830 ; AC). Le projet prévoyait la construction d'une nef devant l'église existante, avec une tribune au revers de la façade. Cependant, l'abbé Dufourd argue du mauvais état de l'édifice et le nouveau curé appelle sa reconstruction, effective en 1844-1848.
La nouvelle église
Le projet de reconstruire l'église prend corps dès 1838, grâce au testament de Mlle Andréanne Gavet, native de Rumilly, qui lègue le 28 décembre 1838 4000 F à la fabrique de Montcel, dont 3000 F pour réparer ou réédifier l'église (elle décède l'année suivante ; AD Savoie, 11FS : 342 et Dufourd). Dès décembre 1839, la commune se procure du tuf pour les voûtes, prévoit de fournir les matériaux du chantier (pierre, sable et chaux, bois de charpente, ardoises de l'ancienne église) et choisit de Justin, architecte et ingénieur à Annecy, comme architecte.
Celui-ci propose un premier projet de reconstruction en 1841 (Détail estimatif des travaux à exécuter pour la reconstruction de l’église paroissiale du Montcel (20 000 £) et Cahier des charges relatives aux travaux à exécuter pour la reconstruction de l’église paroissiale du Montcel, du 4 mars 1841). Cependant un second devis est dressé le 9 mai 1842 par l'architecte Besson (Pierre Louis Besson ?), avec pour but de modifier l'implantation de l'édifice : Besson tourne la façade de l'église vers le chemin public (mais pense que la proposition de Justin, qui plaçait la façade au sud, face au presbytère, était meilleure). En décembre 1843, la soumission de l'entrepreneur Jean Baptiste Sogno, de Chambéry, est acceptée (34 000 £, avec abandon de 100 m3 de tuf et de matériaux de la vieille église à l'entrepreneur).
Cependant le chantier connaît de nombreuses vicissitudes : le 14 mai 1845, l'architecte Besson rédige un rapport constatant un défaut d'exécution des plans (l'église est trop courte d'un mètre par rapport au plan) et le 6 juin 1845 l'intendant général de Chambéry ordonne la démolition des murs déjà construits (qui ont 2 mètres d'élévation). Un compromis est trouvé le 11 juin 1845 (AC) : les démolitions sont financées pour 200 £ par la commune, 100 £ par le curé Jacques Dufourd et 300 £ par Sogno ; parallèlement, le curé finance (1605,80 £) un agrandissement de l'édifice (approuvé le 20 juin 1845 par l'architecte Besson) visant à "allonger l'église d'1,80 m en éloignant les piliers à partir des gros piliers des chapelles d’un espace de 60 cm chaque en plus, donc pour les trois arcs qui sont à la suite des chapelles", avec une exhaussement des murs de 30 cm et le remplacement de la voûte en berceau par des voûtes d'arêtes (relayant pour cela l'avis établi par l'architecte Fournier à la demande de l'archevêque de Chambéry ; AD Savoie, 11 FS : 342). Cependant, en juillet suivant, l'intendant général écrit au syndic de Montcel pour lui signaler les manquements de Sogno à son contrat : emploi de mauvais matériaux, maçons en sous-effectif sur le chantier, travaux délégués à sous-traitant, Jean (ou Jean Baptiste) Faletto (parfois écrit Falletti). En novembre 1845, Besson visite le chantier et constate des malfaçons dans la construction, en particulier des murs et piliers de la nef. Le procès-verbal de vérification des travaux de l’église établi le 15 juin 1846 par les experts Charles Noé, élève ingénieur, et Hubert Flandin, architecte, confirme ces défauts. Un procès s'ensuit entre la commune et l'entrepreneur (en 1847, 1848). Un compromis est trouvé (rabais de Sogno de 3900 £ sur l'adjudication, en plus de la prise en charge à ses frais des "clefs et clavons en fer placés dans les murs pour les consolider") et les travaux achevés en août 1848 (mais la réception provisoire de Besson donne encore lieu à une contestation des métrés par la commune).
Le 5 janvier 1850, un rapport de l'architecte Flandin liste les malfaçons que présente la nouvelle église : "des lézardes aux arcs doubleaux et voûtes des basses nefs, et d'autres lézardes aux arcs des trois croisées à la vénitienne ; les murs des basses nefs se surplombent à l'extérieur, notamment celui du côté gauche ; malfaçons dont quelques unes existaient déjà lors de la réception d’œuvre faite par M. l'architecte Besson, les autres s'étant manifestées dès lors". Le rapport mentionne les travaux pour l’achèvement et la consolidation de l'ouvrage (dont le remplacement des châssis en bois installés dans les "croisées à la vénitienne" par des verrières à plombs ; AD Savoie, 11FS : 342). La commune reste en contentieux avec Sogno et Faletto.
L'église est consacrée le 13 mai 1854 par le cardinal Billiet (Dufourd). La date 1844 est gravée sur une pierre d'angle (non enduite), côté sud, en retour de la façade, avec les initiales P B (pour l'architecte Pierre Louis Besson ?).
Au 20e siècle, l'entretien de l'église est assuré par l'architecte Pierre Ramus, d'Aix-les-Bains : sol en ciment (1935), charpente et couverture (1935), avec Jean Delafontaine après guerre : réfection des façades (1949-1952), construction du tambour d'entrée en chêne (1953). A la suite de la réfection de la façade, celle-ci a été ornée d'une mosaïque réalisée d'après un dessin du peintre René Maria Burlet (signature à gauche ; à droite le nom du mosaïste est illisible : A Beri...).
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )